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 Yorgos Lanthimos

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MessageSujet: Yorgos Lanthimos   Yorgos Lanthimos EmptyVen 4 Déc 2009 - 19:06

Yorgos Lanthimos 19191710

Canine

Une famille cloisonnée, les enfants (d'une vingtaine d'années, je dirais), ne connaissent rien du monde extérieur. Leurs parents leur inventent des jeux, des exercices, un vocabulaire, et une menace extérieure.

ça rappelle des synopsis comme Le village de Shyamalan.

Mais ça touche plus au ciné de Lars Von Trier, ou Pasolini, ou même Cassavetes. ça touche à la psychologie.

Et y'a vraiment des images intéressantes.

Et puis finalement... le spectateur ne sait pas tout et peut s'imaginer plein de choses.

Pas un mega coup cœur, mais une étrange surprise intéressante.
(Et les acteurs sont très forts)


Dernière édition par Queenie le Lun 22 Oct 2012 - 16:49, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Yorgos Lanthimos   Yorgos Lanthimos EmptySam 5 Déc 2009 - 16:30

Je ne connaissais pas du tout "Canine".

J'aime bien le résumé et ce que tu en dis, Queenie, en tout cas. Bien envie d'aller le voir.
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Marko
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MessageSujet: Re: Yorgos Lanthimos   Yorgos Lanthimos EmptySam 5 Déc 2009 - 18:15

Nancy a écrit:
Je ne connaissais pas du tout "Canine".

J'aime bien le résumé et ce que tu en dis, Queenie, en tout cas. Bien envie d'aller le voir.

idem...
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MessageSujet: Re: Yorgos Lanthimos   Yorgos Lanthimos EmptyDim 20 Déc 2009 - 16:26

Queenie a écrit:


Yorgos Lanthimos 19191710

Canine


Yourgos Lanthimos appartient à une race rare dans le cinéma contemporain, celle des réalisateurs qui n'ont pas peur de provoquer, quitte à aller trop loin, d'invoquer sexe, mensonges et violence pour construire des situations choquantes qui seront reçues avec toutes sortes de sentiments, hormis la tiédeur. Canine est le film d'un grand malade qui semble se cannibaliser lui-même à moins qu'il n'y ait une forte volonté d'auto-parodie (de nombreux indices le laissent accroire), ce qui rend l'objet encore plus déstabilisant (tant mieux). Ce huis-clos oppressant est aussi très ludique et est mis en scène avec de vrais partis pris (décadrage de l'image, disparition du son etc.). C'est vrai que c'est parfois un peu trop (admirez l'artiste sans filet) mais terriblement excitant dans sa forme. Le cinéma grec, avec également Strella, ne se réduit désormais plus exclusivement à Angelopoulos. Bonne nouvelle.
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MessageSujet: Re: Yorgos Lanthimos   Yorgos Lanthimos EmptySam 23 Jan 2010 - 0:51

Queenie a écrit:

Canine
Yorgos Lanthimos Film-c10

Une famille cloisonnée, les enfants (d'une vingtaine d'années, je dirais), ne connaissent rien du monde extérieur. Leurs parents leur inventent des jeux, des exercices, un vocabulaire, et une menace extérieure.

ça rappelle des synopsis comme Le village de Shyamalan.

Mais ça touche plus au ciné de Lars Von Trier, ou Pasolini, ou même Cassavetes. ça touche à la psychologie.

Et y'a vraiment des images intéressantes.

Et puis finalement... le spectateur ne sait pas tout et peut s'imaginer plein de choses.

Pas un mega coup cœur, mais une étrange surprise intéressante.
(Et les acteurs sont très forts)

Yorgos Lanthimos Canine10

Ce film me pose un problème. Il m'intéresse autant sur la forme que sur le fond mais ne me plait pas beaucoup. Je vais essayer de préciser.

Il s'agit d'un film très conceptuel qui serait un croisement entre l'univers plastique minimaliste d'un Jaime Rosales (le réalisateur se revendique plutôt de Bresson ou Cassavetes ), par le soin attaché au cadre et au dépouillement des plans souvent fixes, et la parabole sur les perversions que génère un système éducatif fermé et arbitraire comme chez Haneke (mais avec davantage d'humour). Le ton est ici souvent absurde jusqu'au grotesque, un peu dérangeant et intriguant, trop artificiel et fabriqué à mon goût. Une sorte de fausse bonne idée qu'il pousse jusqu'à son extrêmité avec conviction mais dont on peut trouver l'entreprise assez vaine malgré tout et presque un peu ridicule finalement.

Il nous donne clairement les clés de l'histoire. Le père de famille se rend dans un centre de dressage pour voir l'évolution du comportement de son chien (lequel est terrorisé! Le plan est très fort). Le dresseur explique qu'il y a 3 façons d'éduquer un chien: en faire un compagnon, en faire un chien de garde potentiellement agressif et soumis à l'autorité du maître ou le considérer comme un animal qui doit garder sa place d'animal. Il suffit de transposer à la nature humaine et on voit comment suivant le type d'éducation reçue l'individu aura plutôt tendance à développer de l'affectivité et de la dépendance, de la violence et de la révolte ou un certain équilibre entre les 2. C'est évidemment très schématique mais le réalisateur en fait la règle du jeu puisque de jeu et d'éducation il est question durant tout le film. En montrant forcément que la nature humaine tend à échapper à toute forme de conditionnement d'une manière ou d'une autre. Notamment par la violence et la transgression.

Il met en place ce jeu de rôle absurde et voici père, mère, soeurs et frère en train d'imposer ou subir un mode de communication où tout ce qui est refoulé, interdit ou rejeté dans la vraie vie semble aller de soi et créer une cohésion a priori au sein de cette famille déjantée. On peut donc se soumettre à des jeux idiots, accepter de ne pas dépasser le seuil de la maison vers le monde extérieur, se comporter comme des chiens qui aboient, lêchent, jouent à la baballe (ici un petit avion miniature sensé être un des avions passant au-dessus de la maison et tombé du ciel), considérer les chats comme des animaux barbares et menaçants à exterminer! On peut aussi y faire l'amour entre frère et soeur...

Jusqu'au jour où ce système s'effrite et ça fait mal. La scène finale est excellente dans son absurdité même.

Donc à l'arrivée on peut accepter la règle du jeu et s'amuser à cette histoire conceptuelle et grotesque ou se dire que c'est bien long et ennuyeux. Je me situe entre les 2.

Un réalisateur prometteur certainement mais j'attends mieux.
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MessageSujet: Re: Yorgos Lanthimos   Yorgos Lanthimos EmptyDim 31 Jan 2010 - 18:44

Marko a écrit:
Je reprends le post de Queenie sur Canine pour compléter (le fil 2009 est vérouillé...).


Queenie a écrit:

Canine
Yorgos Lanthimos Film-c10

Une famille cloisonnée, les enfants (d'une vingtaine d'années, je dirais), ne connaissent rien du monde extérieur. Leurs parents leur inventent des jeux, des exercices, un vocabulaire, et une menace extérieure.

ça rappelle des synopsis comme Le village de Shyamalan.

Mais ça touche plus au ciné de Lars Von Trier, ou Pasolini, ou même Cassavetes. ça touche à la psychologie.

Et y'a vraiment des images intéressantes.

Et puis finalement... le spectateur ne sait pas tout et peut s'imaginer plein de choses.

Pas un mega coup cœur, mais une étrange surprise intéressante.
(Et les acteurs sont très forts)

Yorgos Lanthimos Canine10

Ce film me pose un problème. Il m'intéresse autant sur la forme que sur le fond mais ne me plait pas beaucoup. Je vais essayer de préciser.

Il s'agit d'un film très conceptuel qui serait un croisement entre l'univers plastique minimaliste d'un Jaime Rosales (le réalisateur se revendique plutôt de Bresson ou Cassavetes ), par le soin attaché au cadre et au dépouillement des plans souvent fixes, et la parabole sur les perversions que génère un système éducatif fermé et arbitraire comme chez Haneke (mais avec davantage d'humour). Le ton est ici souvent absurde jusqu'au grotesque, un peu dérangeant et intriguant, trop artificiel et fabriqué à mon goût. Une sorte de fausse bonne idée qu'il pousse jusqu'à son extrêmité avec conviction mais dont on peut trouver l'entreprise assez vaine malgré tout et presque un peu ridicule finalement.

Il nous donne clairement les clés de l'histoire. Le père de famille se rend dans un centre de dressage pour voir l'évolution du comportement de son chien (lequel est terrorisé! Le plan est très fort). Le dresseur explique qu'il y a 3 façons d'éduquer un chien: en faire un compagnon, en faire un chien de garde potentiellement agressif et soumis à l'autorité du maître ou le considérer comme un animal qui doit garder sa place d'animal. Il suffit de transposer à la nature humaine et on voit comment suivant le type d'éducation reçue l'individu aura plutôt tendance à développer de l'affectivité et de la dépendance, de la violence et de la révolte ou un certain équilibre entre les 2. C'est évidemment très schématique mais le réalisateur en fait la règle du jeu puisque de jeu et d'éducation il est question durant tout le film. En montrant forcément que la nature humaine tend à échapper à toute forme de conditionnement d'une manière ou d'une autre. Notamment par la violence et la transgression.

Il met en place ce jeu de rôle absurde et voici père, mère, soeurs et frère en train d'imposer ou subir un mode de communication où tout ce qui est refoulé, interdit ou rejeté dans la vraie vie semble aller de soi et créer une cohésion a priori au sein de cette famille déjantée. On peut donc se soumettre à des jeux idiots, accepter de ne pas dépasser le seuil de la maison vers le monde extérieur, se comporter comme des chiens qui aboient, lêchent, jouent à la baballe (ici un petit avion miniature sensé être un des avions passant au-dessus de la maison et tombé du ciel), considérer les chats comme des animaux barbares et menaçants à exterminer! On peut aussi y faire l'amour entre frère et soeur...

Jusqu'au jour où ce système s'effrite et ça fait mal. La scène finale est excellente dans son absurdité même.

Donc à l'arrivée on peut accepter la règle du jeu et s'amuser à cette histoire conceptuelle et grotesque ou se dire que c'est bien long et ennuyeux. Je me situe entre les 2.

Un réalisateur prometteur certainement mais j'attends mieux.

Bien aimé ce film , ce qui m'a plu , c'est que j'ai ri de choses assez horribles et là pour moi il y a vraiment une performance du cinéaste .
Je ne vais pas reprendre ce qu'ont dit Queenie et Marko , je partage assez .

Cette espèce d'éducation murée , et toutes ces informations données à ces 3 enfants-ados empêtrés dans des corps d'adultes , (ils se livrent à des jeux vraiment idiots comme seuls les enfants sont capables , genre balader un avion miniature au dessus de la tête en mimant le bruit) qui finissent par s'entrecroiser provoquent un beau bordel dans leurs têtes , et aboutissent à des dialogues et des situations parfaitement absurdes , le tout est par moment assez jubilatoire .

Malheureusement les jeux finissent par être beaucoup plus glauques et on se doute bien que la soupape va bien éclater à un moment donné...

Question technique , je trouve que le film est une réussite et les acteurs sont assez troublants dans leurs imperfections dûes aux rôles qui leur sont confiés , je ne me suis pas ennuyée une seconde .
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MessageSujet: Re: Yorgos Lanthimos   Yorgos Lanthimos EmptyDim 25 Avr 2010 - 1:38

Bien sûr que c'est un film intéressant. Ou qui pourrait l'être , enfin, c'est ma vision, si le cinéaste ne se montrait pas si complaisant avec ce qu'il montre. Par la longueur , la répétition, et tous ces gros plans qui durent des lustres et finissent par transformer le spectateur en voyeur complice, c'est un peu le même principe qu'Haneke ,mais sans aucun clin d'oeil . Cela affadit énormément le propos et le message ( si message il y a..).La scène du chien , elle-même, est tellement appuyée! Reste finalement le côté humour noir et burlesque ,qui finit par faire rire de temps en temps , on n'a guère le choix . Et beaucoup d'ennui , le premier coup de couteau et le rouge sont la bienvenue dans cet univers malsain complètement aseptisé.
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MessageSujet: Re: Yorgos Lanthimos   Yorgos Lanthimos EmptyDim 25 Avr 2010 - 10:59

Marie a écrit:
Bien sûr que c'est un film intéressant. Ou qui pourrait l'être , enfin, c'est ma vision, si le cinéaste ne se montrait pas si complaisant avec ce qu'il montre. Par la longueur , la répétition, et tous ces gros plans qui durent des lustres et finissent par transformer le spectateur en voyeur complice,

ça fait un peu trop film d'étudiant en école de cinéma qui veut faire un truc original et barré. Il a le mérite d'une certaine cohérence dans son système artificiel de départ mais jai trouvé le temps un peu long aussi (mais pas tant que ça).
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MessageSujet: Re: Yorgos Lanthimos   Yorgos Lanthimos EmptySam 8 Mai 2010 - 18:15

Je viens de regarder Canine en Streaming.
Je suis tombée dessus un peu par hasard.

Je réfléchis à ce que je viens de voir.

Qu'est-ce que j'ai vu au juste?

Un monde très lisse, sans relief, tout en longueur, toute en lenteur, toute en obéissance, avec parfois un peu de rouge, avec parfois un peu de sang, avec parfois des violences blanches, qui viennent entacher le décors de ce théâtre fou.

Il faut chercher une symbolique à cette univers.

Je me suis prise à penser furieusement à L'Arrache coeur de Boris Vian. Là aussi il est question d'une éducation liberticide, d'un amour exclusif, protecteur et violent, d'un enfermement, d'une construction interne et malsaine. Les enfants sont des oiseaux enfermés de force dans une cage d'or et d'ignorance, privés de tout libre arbitre, condamnés à l'infantilisation à vie par excès d'amour maternelle de la part de leur mère, égoïste et folle, qui veut les protéger d'un ailleurs dans lequel elle perdrait sa toute puissance.
En ce qui concerne la discipline et les rituels qui règnent dans ce monde là, l'invention d'une autre langue, le mensonge omniprésent, le système de punition et de récompense, cela me fait penser à du Orwell, à ces dystopies totales, critiques de ce que sont nos dictatures, ici dictature perverse parce qu'aussi sentimentale.
Quant au côté douceâtre et violent, enferment ainsi qu'incestueux, c'est Cocteau qui me revient en mémoire... Nous ne sommes pas loin Des enfants terribles...
Et que dire de cette métamorphose de l'homme en chien, parallèle inévitable entre l'éducation qui tourne au dressage. L'homme qui privé de sa liberté et de sa conscience, parce que complètement aseptisé, devient un animal... l'image est saisissante... la frontière est donc si fine.... On peut aussi penser au Rhinocéros de Ionesco, mais là la cause de cette transformation est plus à rechercher à travers les rouages d'une idéologie montante entretenue par un chef, ici un patriarche.

Il y a sûrement la possibilité d'effectuer une lecture de ce film à plusieurs niveaux. On peut interpréter de plusieurs manières l'échec de ce microcosme pseudo utopique. Je parle d'échec parce que peu à peu l'univers créer s'effrite, et devient clairement monstrueux. Les lois sont transgressées et la volonté se révolte: finalement la canine symbole de la liberté est arraché dans le sang. Mais on ne sait pas si cette révolte aboutie, le mystère plane, et le noir se fait sans que l'on sache le devenir de la fille aînée.

Pour ce qui est de la construction totale, je ne suis pas enthousiasme, les longueurs sont complaisantes et inutiles. La provocation me paraît déplacer, elle n'ouvre pas de dimensions supplémentaires et si on prête au film un message, ce message là me semble avoir déjà été transcrit, en tt cas en littérature, autrement et de manière plus fine. J'ai été mal à l'aise pendant plus d'une heure et je ne sais pas si j'en retirerai un quelconque bénéfice, voir un apprentissage...
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MessageSujet: Re: Yorgos Lanthimos   Yorgos Lanthimos EmptyMer 19 Mai 2010 - 5:43

C'est vrai qu'il y a des longueurs un peu complaisantes... mais je les ai trouvées justifiées par le film lui-même. Une complaisance un peu malsaine, sadique, à faire que le temps est long et répétitif, comme pour les personnages.

Quand je l'ai vu, je n'en étais pas sortie enthousiaste, et pourtant, il m'en reste vraiment de fortes traces et sensations.

Il a quand même osé une esthétique radicale, pas évidente, pour un thème déjà très fort. Et cette façon de mettre en image donnée un aspect cynique, et distant, qui a permis que ce ne soit pas plombant.

Étrangement, la caméra semble souvent du parti du père, non ? De sa vision je veux dire...
Peut-être pas si étrange d'ailleurs, puisque c'est Son univers.

Faudrait que je le revois en fait.
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MessageSujet: Re: Yorgos Lanthimos   Yorgos Lanthimos EmptyLun 7 Juin 2010 - 13:19

Yorgos Lanthimos aurait été découvert à Belfort puis à Berlin avec un précédent film sidérant intitulé Kinetta.
Je viens de voir Canine. Prix Un certain regard, 2009.
Très éprouvant.
Alors que chez Haneke, selon moi, le hors champ a tendance à s’articuler autour d’éléments dont l’absence, si elle empêche une interprétation finale définitive, n’enlève cependant rien à l’intégralité du paysage cinématographique qu’il nous tend, ici j’accepte moins de ne percevoir aucune genèse indiquant pourquoi les parents ont agi ainsi depuis la naissance des enfants, comment et pourquoi ils en sont arrivés à créer la bulle.
Peut-être que la métaphore « dictature » peut se suffire à elle-même et peu importe alors comment se sont intellectuellement articulées les raisons de cette dé-construction familiale ?
Il me semble tout de même que la toute puissance paternelle, poussée à l’extrême et d’où surgit ici pour nous un certain humour décalé mais "jaune", existe dans d’autres sociétés que la nôtre. Or ici les personnages ont un profil terriblement occidental. Ni voile ni burqa pour les filles. Si la mère ne sort pas c’est qu’elle participe activement comme le père à cette étrange machinerie. Les enfants vivent en total mixité. Si l’une des filles est sacrifiée pour assouvir techniquement le désir sexuel de son frère ce n’est à d’autre fin que de retenir celui-ci, j’imagine. Reste que sa sexualité à lui est prise en considération, pas celle de ses sœurs.
Il me semble qu’à un moment, (après l’épisode du chat ?) il nous est révélé qu’un second frère s’est déjà échappé dont on restera sans nouvelle. Sa dispariion semblant si définitive à travers l’explication du père on peut imaginer le pire.
Les scènes de léchouillage -je te lèche si tu me donnes ça en échange (y compris avec le père -il ne s’agira que de son oreille lol), sont vraiment lourdes. Mais le détournement du sens des mots indique le déni des choses et renforce tout risque d’évasion (le téléphone n’a pas d’existence).
Canine est rude, choquant, dérangeant. Mais avec du recul il offre peut-être l’idée que toute famille renferme un totalitarisme dans le fait que l’enfant se construit d’abord en son sein (selon les actes, les opinions, l’inconséquence, la maltraitance, les psychoses ou simplement les fantasmes antérieurs des parents). Je pencherais pour ça. Famille je te hais…
Rude et noir, sans point de rupture et profondément désespérant car si, une fois la canine tombée, on peut courir et fuir, cependant personne ne s’en sort (c’est sûr !). Brrrr Un réalisateur qui surprend Lanthimos !
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MessageSujet: Re: Yorgos Lanthimos   Yorgos Lanthimos EmptyLun 7 Juin 2010 - 13:30

Babelle a écrit:
Mais avec du recul il offre peut-être l’idée que toute famille renferme un totalitarisme dans le fait que l’enfant se construit d’abord en son sein (selon les actes, les opinions, l’inconséquence, la maltraitance, les psychoses ou simplement les fantasmes antérieurs des parents). Je pencherais pour ça. Famille je te hais…

A la seule différence que la cellule familiale proposée ici n'autorise pas l'émancipation permettant de rompre le lien et d'éclater le cadre autrement que par une violence assez extrême.
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MessageSujet: Re: Yorgos Lanthimos   Yorgos Lanthimos EmptyLun 7 Juin 2010 - 20:25

Oui et c'est insupportable. On n'est même pas dans l'angoisse du thriller-fait divers où l'on pourrait espérer voir un jour débarquer la police... Lanthimos boucle froidement et laisse une traînée de pessimisme. Sachant qu'un chien dressé va arriver et peut-être aussi de nouveaux frères et sœurs, tout peut recommencer à l'infini, toute nouvelle rébellion se soldant de la même manière.
"Et que dire de cette métamorphose de l'homme en chien, parallèle entre l'éducation qui tourne au dressage" (Lara)
Ce parallèle ne vous a pas échappé, à moi si car sur le moment je recherchais plutôt la faille "psychiatrique" dans le couple pervers que forment les parents.
Sur la forme, lorsque le son est coupé, j'avoue qu'on ne s'y attend pas : je ne me souviens pas à quel moment clef cela arrive (ça veut dire que les parents se sont mis suffisamment en retrait pour faire le point (ils ont l'intelligence, la connaissance des réalités) et que les enfants ne peuvent les entendre?
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MessageSujet: Re: Yorgos Lanthimos   Yorgos Lanthimos EmptyVen 2 Juil 2010 - 22:08

J'ai vu ce film il n'y a pas très longtemps... J'en avais entendu parler et j'avais très hâte de voir le résultat. Sur le papier, le concept avait l'air très intéressant. L'idée de faire grandir ses enfants dans un monde inventé de toutes pièces et au sein duquel les mots ont un sens différent de celui que nous leur attribuons me semblait porteuse de grandes promesses... Mais j'ai été un peu déçue en voyant le film. Il ressemble trop à un film de thèse articulé autour d'un schéma rigide du type introduction-élément déclencheur-péripéties-conclusion. Et puis, beaucoup de scènes que le réalisateur a voulu provocatrices et qui ont fini par me lasser plus qu'autre chose par leur côté trop démonstratif.
Vraiment, je suis déçue. L'idée me paraissait si prometteuse...

traversay a écrit:
Queenie a écrit:


Yorgos Lanthimos 19191710

Canine


Canine est le film d'un grand malade qui semble se cannibaliser lui-même à moins qu'il n'y ait une forte volonté d'auto-parodie (de nombreux indices le laissent accroire), ce qui rend l'objet encore plus déstabilisant (tant mieux).

Ah bon ? Tu as des exemples ? J'aimerais penser que le réalisateur a voulu s'auto-parodier car certains passages sont vraiment trop grotesques.

Lara a écrit:
Mais on ne sait pas si cette révolte aboutie, le mystère plane, et le noir se fait sans que l'on sache le devenir de la fille aînée.


Je trouve ça d'ailleurs très dommage que l'on n'en sache pas un peu plus sur la suite de l'histoire... D'accord, le réalisateur nous interroge ainsi sur ce que nous avons retenu du film, sur ce que nous en avons compris, et il nous laisse la possibilité de former une foule d'hypothèses à ce sujet, mais j'ai aussi l'impression que lui-même ne savait plus quoi dire après cela...

Queenie a écrit:
C'est vrai qu'il y a des longueurs un peu complaisantes... mais je les ai trouvées justifiées par le film lui-même. Une complaisance un peu malsaine, sadique, à faire que le temps est long et répétitif, comme pour les personnages.

Je pense aussi que cet aspect du film est volontaire. L'atmosphère est plombant mais le sujet ne l'est pas moins, il y a donc une cohérence à ce niveau-là.

Babelle a écrit:


Canine est rude, choquant, dérangeant. Mais avec du recul il offre peut-être l’idée que toute famille renferme un totalitarisme dans le fait que l’enfant se construit d’abord en son sein (selon les actes, les opinions, l’inconséquence, la maltraitance, les psychoses ou simplement les fantasmes antérieurs des parents). Je pencherais pour ça. Famille je te hais…

La famille de Lanthimos devait vraiment être horrible alors Yorgos Lanthimos Icon_lol
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MessageSujet: Re: Yorgos Lanthimos   Yorgos Lanthimos EmptySam 3 Juil 2010 - 11:05

Pour répondre à ta question sur la dimension parodique du film et alimenter le débat, la parole au réalisateur:

Citation :
Après avoir étudié à l'école Stavrakou à Athènes et mis en scène des pièces de théâtre et des clips vidéo, Yorgos Lanthimos signe avec Canine un second long-métrage absurde et dérangeant qui emprunte beaucoup de ficelles aux surréalistes afin de décontenancer les spectateurs. Ça passe ou ça casse.

« Je cherche juste une émotion bizarre dans une gamme variée d'émotions. » YORGOS LANTHIMOS


Qu'est-ce qui vous a donné envie de faire du cinéma ?
Je l'ai découvert avec des films de genre réalisés par Sergio Leone. C'est grâce à des cinéastes comme lui et une tendance à aller vers des fictions moins mainstream et plus obscures, comme celle de Robert Bresson et Michael Haneke, que je me suis mis à étudier le cinéma et raconter des histoires avec un ton que j'espère personnel. Canine est mon second long-métrage après Kineta, une œuvre dans la même veine dans laquelle un flic, une femme de chambre et un photographe sont condamnés à répéter les mêmes actes dans une station balnéaire. De l'un à l'autre, je constate que j'aime essentiellement raconter des histoires sordides sur un ton très léger. C'est ce que je suis aussi dans la vie de tous les jours : je ne prends rien au sérieux. L'absence de limite m'est propre et je la montre dans Canine à travers le ludisme : comment le jeu, le plaisir de la découverte et de l'apprentissage permettent de connaître les autres et de se connaître ?


Le cinéma grec est encore confidentiel. En France, on connaît surtout Theo Angelopoulos (L'éternité et un jour, 1999), Nikos Nikolaïdis (Singapour Sling, 1990), Constantinos Giannaris (From the edge of the city, 1998) ou encore Dennis Illiadis (Hardcore, 2004). Vous vous situez où ?
Nulle part. Tous les cinéastes que vous venez de citer ne constituent pas une vraie influence, pas plus qu'ils appartiennent à un courant. Je les admire beaucoup. De la même façon, il y a peu de soutien entre artistes. Faire un film en Grèce est une lutte. J'ai eu un budget réduit de 250 000 euros et nous avons tourné essentiellement en plein été à Athènes. L'avantage, c'est que les rues étaient désertes et que tous les magasins étaient fermés. On ne sait pas s'il y a un avenir mais arriver à monter son projet et s'y tenir, ça relève déjà de l'exploit.

Comment expliquez-vous que personne ne comprend la même chose après avoir vu Canine ?
C'est une bonne chose, selon moi. Tout ce que je peux dire, c'est que Canine est un film sur la famille en Grèce qui témoigne de la force du patriarcat, toujours aussi prégnante depuis l'Antiquité. Cloîtrés chez eux, les enfants deviennent dépendants et crédules. L'extérieur n'y est jamais montré, son existence repose sur notre imagination. Il y a quelque chose de l'ordre de la manipulation psychologique et de l'ambiguïté des bonnes intentions : est-ce qu'en protégeant ses enfants du monde extérieur, on ne donne pas naissance à des monstres ? En même temps, les événements sont tellement allusifs que le spectateur a la liberté d'interpréter les scènes en fonction de sa sensibilité, voire de plaquer son propre parcours. Ce qui est sûr, c'est que je ne veux pas influer, donner trop de pistes, parce que je suis persuadé qu'un regard extérieur apporte plus que ce que je peux apporter.

Un film grec qui traite de la famille... Vous n'aviez pas peur des clichés ?
Ça m'amuse beaucoup. Justement, je joue beaucoup sur les clichés. Le mot d'ordre pendant l'écriture du scénario et le tournage consistait à rester le plus ouvert possible. De la même façon, la conclusion est extrêmement ambiguë : certains diront que c'est une fin positive, d'autres affirmeront qu'il s'agit d'une fin tragique. Je veux que le spectateur soit actif et non passif, qu'il ne gobe pas un message prémâché pour lui dire ce qu'il doit penser. Qu'il aime Canine ou pas ne m'importe pas, au fond : je ne cherche pas à séduire ni même à choquer, encore moins à donner de la chair à théorie aux intellectuels. Je cherche juste une émotion bizarre dans une gamme variée d'émotions.

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