Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Marie Casanova

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Emmanuelle Caminade
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Emmanuelle Caminade


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MessageSujet: Marie Casanova   Marie Casanova EmptyLun 12 Avr 2010 - 19:39

Marie Casanova .MarieCasanova_t
Et l'odeur des narcisses est le premier roman de Marie Casanova , une jeune femme de 70 ans ayant beaucoup écrit pour la chanson française.
C'est un roman plein de vigueur et de démesure, un roman conquérant , incandescent et mené d'une main de maître, qui résonne comme un hymne au bonheur et à la « felicità ». Une prière qui rend grâce plus qu'elle n'implore. La vie comme victoire et comme liturgie !

Thérèse,l'héroïne, belle et boiteuse – on l'a amputée d'une jambe à 17 ans -, sainte et maudite, martyre et pécheresse, est submergée de désirs et de volonté. Toute à l'écoute de ses sensations, elle avale goulûment les odeurs : c'est une femme « taureau » que l' « appétit de vivre » et le « goût de vaincre » font remonter vers la lumière...
Dans son village corse qui la rejette et que lui a imposé le destin, l'héroïne vieillissante, « grande prêtresse éclopée » en sa « cour des miracles » raconte sa vie par bribes à un auditoire fasciné.
Et en « recyclant » ainsi ses souvenirs, en revivant une vie « pleine de goûts suaves, de risques, de folies, de douleurs, de chagrins », Thérèse respire l'odeur entêtante des narcisses qui « foisonnent » dans le petit cimetière du village, comme « un galop de promesses éparpillées » , et parvient à rallumer ce feu qui « favorise l'oubli », « incendie les remords » et « réchauffe l'âme » : le feu de la vie.

On ne s'abandonne pas à l'écriture de Marie Casanova. C'est une écriture exubérante, imagée, sensuelle et colorée, qui vous emporte, malgré vous.
L'auteure est une "laboureuse" qui , à l'image de son héroïne, trace hardiment un « sillon droit » s'inscrivant fortement dans le double champ sémantique du guerrier et du sacré. Imaginant des situations et des personnages atypiques et hauts en couleurs que son talent de conteuse réussit à rendre crédibles , proches, elle abuse des symboles, des contrastes et des dédoublements pour notre plus grand plaisir.

Marie Casanova 9782341760666
Et l'odeur des narcisses, Marie Casanova, éditions Galaade août 2009, 118 p.


Dernière édition par Emmanuelle Caminade le Sam 17 Avr 2010 - 17:45, édité 1 fois
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Emmanuelle Caminade
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Emmanuelle Caminade


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MessageSujet: Marie Casanova / Et l'odeur des narcisses   Marie Casanova EmptyLun 12 Avr 2010 - 19:45

EXTRAITS de Et l'odeur des narcisses

Ch.2, p. 18/19
(...)
La veille, il avait beaucoup plu. Régulièrement des mitrailles d'eau s'abattaient sur la végétation, la tabassaient,transformaient les rues en rivières de boue. Le soleil revenu, les larges feuilles charnues reprenaient leur souffle. Les fleurs qui avaient résisté relevaient la tête, les arbres en séchant lâchaient des vapeurs blanches rapidement aspirées par l'air brûlant. L'attaque passée, tout rentrait dans l'ordre. Dans l'atmosphère grande ouverte, c'était un silence de remerciements. Un alléluia de lumière. Par la fenêtre, Thérèse regardait les couleurs vives, les feuillages lustrés. C'est beau, ça brille. Madeleine était réticente à cette beauté. Pour elle, ce climat indompté, cet excès, ces désordres n'étaient pas l'oeuvre de Dieu. Du diable ? Enfin, des esprits maléfiques rodaient par là. Et puis tous ces bagnards qui ruminaient leur haines, qui engrangeaient leur violence, couvaient leurs vengeances, complotaient leurs évasions et se faisaient rattraper. Ceux qui se jetaient à l'eau, c'était mourir. Ces jours-là, la rumeur grondait, la tension montait, puis ça éclatait. Les hommes lâchaient les fauves, leur fureur. Madeleine les entendait. Jusqu'à elle arrivaient la colère, le vacarme, les cris, les martèlements, les piétinements. Elle avait peur pour Joseph. Et comment, lacéré par tous ces cris, pourfendu par toutes ces rages, réagissait le ciel. Eh bien, tiens, pensait Madeleine, il nous les renvoie sur la tête. Rien de comparable à Nice. La bienveillance de l'air. L'ordre, l'harmonie orchestrée par les anges. Les terrasses d'où l'on regarde le soleil se coucher, en sachant qu'il reviendra demain parce que, à Nice, le temps est rond, familier, de longue date civilisé à l'italienne. (...)

Ch 7, p. 42
(...)
Toujours Thérèse revoyait la lumière d'Italie, absolument pas la même qu'ailleurs. Le matin, le soleil grimpait à l'assaut des collines, passait par-dessus le toit de la maison et, installé dans le milieu du ciel, il lâchait sa liesse en paillette d'or qui tournoyaient dans l'air. Le soir, la brise avait des grâces de courtisane qui laisse derrière elle des traînées de parfums sucrés , poivrés, irrésistibles. La felicità c'est ça, ce n'est pas la même chose que le bonheur, la felicità c'est moins léger, moins fugitif que le bonheur. La felicità, c'est bien présent, c'est là, c'est palpable, la felicità, ça se vit, le bonheur, ça s'espère. Les nuits de pleine lune, Thérèse et Maestro Francesco restaient les derniers sur la terrasse. Ils la voyaient, immense et écarlate, se hisser lentement au-dessus de l'horizon. Plus tard, quand elle avait repris ses proportions normales et qu'elle brillait comme un sou neuf, Thérèse la saluait sept fois en faisant son voeu :
« Fais que je reste ici, fais que je reste ici. » (...)
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MessageSujet: Re: Marie Casanova   Marie Casanova EmptyLun 12 Avr 2010 - 19:48

Et bien quel engouement, cette lecture ne ta pas laissée indifférente c'est bien
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