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| Léo Ferré | |
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Auteur | Message |
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coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Léo Ferré Sam 20 Sep 2008 - 17:54 | |
| - Marie a écrit:
- Et puis Léo Ferré accompagné par Ivry Gitlis
ici Léo Ferré manque... (Marie je n'aboutis pas avec le premier lien que tu indiques.) | |
| | | Simone de beauvoir Espoir postal
Messages : 23 Inscription le : 29/12/2008
| Sujet: Re: Léo Ferré Lun 5 Jan 2009 - 21:18 | |
| Une de mes chansons préférées depuis que je suis toute petite (je vous rassure, je ne comprenais pas tout ce que ça impliquait sinon j'imagine que je serais beaucoup plus amochée que ça mais je la trouvais très belle)LA MORT DES LOUPS DEUX CONDAMNÉS À MORT ONT ÉTÉ EXÉCUTÉS UN MATIN À CINQ HEURES IL N'Y A PAS TRÈS LONGTEMPS. LES PRÉSIDENTS, MÊME NIXON, NE SE SONT PAS DÉRANGÉS POUR ASSISTER À CETTE FORMALITÉ LE DEUXIÈME PRÉSIDENT DE LA CINQUIÈME RÉPUBLIQUE EST MORT LE 2 AVRIL 1974. LES PRÉSIDENTS, MÊME NIXON, SE SONT DÉRANGÉS POUR ASSISTER À CETTE CÉRÉMONIE - LAISSEZ OUVERT... J'ARRIVE! - DE FAIT, IL ARRIVA Les villes sont debout la nuit dans les maisons de l'amour fou Des appareils marchent tout seuls branchés sur des soleils de volts Des enfants jouent à l'amour mort dans des ascenseurs accrochés À d'autres cieux à d'autres vies là-bas sur les trottoirs glacés Des assassins prennent le temps de mesurer leur vie comptée Perchés comme des oiseaux de nuit sur leur arme qu'ils vont tirer Comme on tire une carte alors qu'on sait qu'on est toujours perdant Dans le matin les coups de feu s'agitent comme des menottes Les loups les loups On ne les voit jamais que lorsqu'on les a pris Alors on voit leurs yeux comme des revolvers Qui se seraient éteints dans le fond de leurs yeux Alors on n'a plus peur de ces loups enchaînés Et on les fait tourner dans des cages inventées Pour faire tourner les loups devant la société Des loups endimanchés des loups bien habillés Des loups qui sont dehors pour enfermer les loups Je les aime ces loups qui nous tendent leur vie Les routes sont des chiffres bleus dans la tentation du printemps Du deux cent vingt à la Centrale À deux cent vingt vers l'hôpital Des drogués sortent dans la cour faire cent pas avec le vent Et la Marie dans les poumons ils se vendent pour trois dollars Des grues qui font le pied de nez aux maisons blêmes mal chaussées Des magazines cousus de noir ressemblent aux linges de la mort Les cathédrales de la nuit ont des Cafés au fond des cours On a flingué deux anges blonds dans un Café de Clignancourt Les loups les loups C'est eux toujours les loups qui dérangent la nuit Qui la font se lever dans le froid du métal C'est eux qu'on chasse alors qu'il ne tiendrait à rien À peine un peu d'amour sans le Bien ni le Mal Mais on les fait dormir au bout d'un téléphone Qu'on ne décroche pas pour arrêter la mort Qui vient les visiter la cigarette aux lèvres Et le rhum à la main tellement elle est bonne Je les aime ces loups qui nous tendent la patte On oublie tout et les baisers tombent comme des feuilles mortes Les amants passent comme l'or dans la mémoire des westerns Les images s'effacent tôt dans le journal que l'on t'apporte Et les nouvelles te font mal jusqu'à la page des spectacles À la Une de ce matin il y a deux loups sans queue ni tête Ils sont partis dans un panier quelque part dans un pays doux Où la musique du silence inquiète les hommes et les bêtes Ce pays d'où l'on ne revient que dans la mémoire des loups Les loups les loups Lorsque j'étais enfant j'avais un loup jouet Un petit loup peluche qui dormait dans mes bras Et qui me réveillait le matin vers cinq heures Chaque matin à l'heure où l'on tuait des loups Je les aime ces loups qui m'ont rendu mon loup | |
| | | Matthieu Main aguerrie
Messages : 304 Inscription le : 27/12/2008 Age : 37 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Léo Ferré Lun 5 Jan 2009 - 21:24 | |
| Ah Léo meilleur poète que chanteur en réalité. Même si l'entendre chanté les anarchistes donne toujours le frisson.
Les anarchistes : Video. | |
| | | la-lune-et-le-miroir Envolée postale
Messages : 287 Inscription le : 24/07/2008 Age : 57 Localisation : Dordogne
| Sujet: Re: Léo Ferré Mar 6 Jan 2009 - 8:16 | |
| Moi c'est l'affiche rouge qui me donne des frissons | |
| | | Matthieu Main aguerrie
Messages : 304 Inscription le : 27/12/2008 Age : 37 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Léo Ferré Mar 6 Jan 2009 - 11:07 | |
| Le drapeau du communisme libertaire? | |
| | | la-lune-et-le-miroir Envolée postale
Messages : 287 Inscription le : 24/07/2008 Age : 57 Localisation : Dordogne
| Sujet: Re: Léo Ferré Mar 6 Jan 2009 - 11:11 | |
| "L'affiche Rouge" Poème de Louis Aragon (1897-1982).
Vous n'avez réclamé ni gloire ni les larmes Ni l'orgue ni la prière aux agonisants Onze ans déjà que cela passe vite onze ans Vous vous étiez servis simplement de vos armes La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans
Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants L'affiche qui semblait une tache de sang Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles Y cherchait un effet de peur sur les passants
Nul ne semblait vous voir Français de préférence Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents Tout avait la couleur uniforme du givre A la fin février pour vos derniers moments Et c'est alors que l'un de vous dit calmement Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand
Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses Adieu la vie adieu la lumière et le vent Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses Quand tout sera fini plus tard en Erivan
Un grand soleil d'hiver éclaire la colline Que la nature est belle et que le coeur me fend La justice viendra sur nos pas triomphants Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant
Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent Vingt et trois qui donnaient le coeur avant le temps Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant
La campagne de l'affiche fait suite à l'arrestation des 23 membres du groupe Manouchian, affilié aux FTP - MOI (Francs-tireurs et partisans - Main d'œuvre immigrée). Les 22 hommes seront fusillés le 21 février 1944 au Mont Valérien, tandis qu'Olga Bancic, elle sera guillotinée le 10 mai de la même année à Stuttgart, une loi française interdisant alors de fusiller les femmes. L'affiche sert à la propagande nazie qui stigmatisera l'origine étrangère de la plupart des membres de ce groupe, principalement des Arméniens et des Juifs d'Europe de l'Est.
Le réseau Manouchian était constitué de 23 résistants communistes, dont 20 sont étrangers, des espagnols rescapés de Franco, enfermés dans les camps français des Pyrénées, des Italiens résistant au fascisme, Arméniens, Juifs surtout échappés à la rafle du Vel'd'Hiv' de 1942 et dirigé par un Arménien, Missak Manouchian. Il faisait partie des mouvements de Résistance communiste et était le responsable des FTP MOI de la région parisienne. [1] Ils sont enterrés dans le cimetière d'Ivry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne, où une stèle a été érigée en leur mémoire.
Bien des années après, en 1985, Stéphane Courtois et Mosco Boucault réalisent un documentaire, Des terroristes à la retraite [2]. Ce long métrage, qui met en scène Simone Signoret en voix-off, accuse la direction de l'époque du parti communiste français (PCF) d'avoir lâché voire vendu le groupe Manouchian.
Un documentaire diffusé sur France 2 le 15 mars 2007 veut contredire cette thèse, en suivant l'historien Denis Peschanski, lequel s'appuie sur de nouveaux documents dans les archives russes, françaises (aux Archives nationales et à la préfecture de police) et allemandes. D'après ces documents d'archives ouverts récemment, la chute du réseau est le fruit du travail de la seule police française. Ce sont les deux branches créées par les Renseignements généraux ; les Brigades Spéciales 1 et 2, la BS2, dirigée par Fernand David firent un travail de filatures pendant des mois. Lorsque Marcel Rayman commit avec Léo Kneler et Celestino Alfonso, l'attentat du 28 septembre 1943, il abat le docteur Von Ritter qui était l'un des principaux organisateurs du Service du travail obligatoire, il était déjà suivi, depuis deux mois, et ce n'est que plus tard à force de recoupements et au fil des arrestations, dont celle de Davidovitch qui avoua sous la torture, et fut libéré, que le groupe fut démantelé.
* Celestino Alfonso, Espagnol de 27 ans * Olga Bancic, Roumaine de 32 ans * Joseph Boczov (Boczor József; Wolff Ferenc), Hongrois de 38 ans - ingénieur chimiste * Georges Cloarec, Français de 20 ans * Rino Della Negra, Italien de 19 ans * Thomas Elek (Elek Tamás), Hongrois de 18 ans - étudiant * Maurice Fingercwejg, Polonais de 19 ans * Spartaco Fontano, Italien de 22 ans * Emeric Glasz (Békés (Glass) Imre), Hongrois de 42 ans - métallurgiste * Jonas Geduldig, Polonais de 26 ans * Léon Goldberg, Polonais de 19 ans * Szlama Grzywacz, Polonais de 34 ans * Stanislas Kubacki, Polonais de 36 ans * Arpen Tavitian, Arménien de 44 ans * Césare Luccarini, Italien de 22 ans * Missak Manouchian, Arménien de 37 ans * Marcel Rayman, Polonais de 21 ans * Roger Rouxel, Français de 18 ans * Antoine Salvadori, Italien de 43 ans * Willy Szapiro, Polonais de 29 ans * Amédéo Usséglio, Italien de 32 ans * Wolf Wajsbrot, Polonais de 18 ans * Robert Witchitz, Français de 19 ans
La postérité * Louis Aragon écrivit en 1955, à l'occasion de l'inauguration de la rue « du Groupe Manouchian », située dans le 20e arrondissement de Paris, un poème, Strophes pour se souvenir, qui a été mis en musique en 1959 par Léo Ferré. Il a également été chanté par Mama Béa, sur l'album Du Côté de chez Léo, en 1995 ; par Leni Escudero, chanteur français issu d'une famille de gitans espagnols, réfugiés républicains de la Guerre d'Espagne ; également par Catherine Sauvage et Didier Barbelivien.
* A l'initiative de Robert Badinter, une proposition de loi, votée le 22 octobre 1997 décide de l'édification d'un monument à la mémoire des résistants et otages fusillés (dont les 23 membres du Groupe Manouchian) au Mont Valérien entre 1940 et 1944. Le monument, réalisé par le sculpteur et plasticien Pascal Convert, est inauguré le 20 septembre 2003 par le premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, à la mémoire de ces 1006 fusillés. | |
| | | Matthieu Main aguerrie
Messages : 304 Inscription le : 27/12/2008 Age : 37 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Léo Ferré Mar 6 Jan 2009 - 11:18 | |
| Ah en fait je croyais que tu parlais du drapeau qu'on voit au début de ma vidéo, je me disais aussi c'est bizarre qu'elle ait pas vu que le noir. | |
| | | la-lune-et-le-miroir Envolée postale
Messages : 287 Inscription le : 24/07/2008 Age : 57 Localisation : Dordogne
| | | | Bellonzo Sage de la littérature
Messages : 1775 Inscription le : 22/07/2008 Age : 75 Localisation : Picardie
| Sujet: Re: Léo Ferré Mar 6 Jan 2009 - 21:03 | |
| Léo a écrit tant de choses fortes.Je l'aime.Il s'est aussi un peu fourvoyé.Je ne l'en aime pas moins. - Citation :
- Les gens,il conviendrait de ne les connaître que disponibles,à certaines heures pâles de la nuit,près d'une machine à sous,avec des problèmes d'hommes,simplement,des problèmes de mélancolie.Alors on prend un verre,en regardant loin derrière la glace du comptoir.Et l'on se dit qu'il est bien tard,qu'il est bien tard...
(Extrait de Richard et,pour moi,les plus beaux mots de Ferré) | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Léo Ferré Mer 7 Jan 2009 - 0:46 | |
| LA LETTRE
Ton ombre est là, sur ma table, Et je ne saurais te dire comment Le soleil factice des lampes s'en arrange Je sais que tu es là et que tu Ne m'as jamais quitté, jamais Je t'ai dans moi, au profond, Dans le sang, et tu cours dans mes veines Tu passes dans mon coeur et tu Te purifies dans mes poumons Je t'ai, je te bois, je te vis, Je t'envulve et c'est bien Je t'apporte ce soir mon enfant de longtemps, Celui que je me suis fait, tout seul, Qui me ressemble, qui te ressemble, Qui sort de ton ventre, De ton ventre qui est dans ma tête Tu es la soeur, la fille, la compagne et La poule de ce Dieu tout brûlant qui éclaire nos nuits Depuis que nous faisons nos nuits Je t'aime, je t'aime Il me semble qu'on m'a tiré de toi Et qu'on t'a sortie de moi Quand tu parles je m'enchante Quand je chante je te parle Nous venons d'ailleurs, tous les deux. Personne ne le sait. Quand je mourrai tu ne pourras Plus vivre que dans l'alarme Tu n'auras plus un moment à toi Tu seras mienne, par-delà Le chemin qui nous séparera Et je t'appellerai Et tu viendras Si tu mourais, tu m'appellerais Je suis la vie pour toi, et la peine, Et la joie, et la Mort Je meurs dans toi, et nos morts Rassemblées feront une nouvelle vie, Unique, comme si deux étoiles se rencontraient, Comme si elles devaient le faire de toute éternité, Comme si elles se collaient pour jouir à jamais Ce que tu fais, c'est bien, puisque tu m'aimes Ce que je fais, c'est bien, puisque je t'aime À ce jour, à cette heure, à toujours, Mon Amour, mon Amour. | |
| | | Charles Envolée postale
Messages : 118 Inscription le : 15/02/2009
| Sujet: Re: Léo Ferré Ven 20 Fév 2009 - 18:45 | |
| Le faux poète
Sans latitude, sans un sou, le cul cloué A cheval sur l'Atlas où mes filles besognent J'ai l'œil morne du voyageur qui s'est gouré Et qui rentre au bordel pour vider sa vergogne
Le slip barricadé et la pantoufle au vert Des cover-girls vissées au mur qui se lamente Une bible qui bâille un psaume de travers Et ma feuille d'impôts qui me ronge la rente
Il pleure dans ma cour des chats de Tahiti Des clitoris germains, des lèvres sous-marines Et ma sirène m'accompagne dans le lit Au son du pot-au-feu qui meurt dans la cuisine
Dans ses yeux Niagara, je noie l'alexandrin Dans sa gaine, je sens pourrir toute l'Afrique Mon sexe géographe et la carte à la main Je la viole à New York et m'endors en Attique
J'ai fait l'amour avec Saturne au Bal à Jo L'accordéon crissait des javas hérétiques Sur le mont de Vénus et ma croix sur le dos Je suis mort cette nuit en fumant des Celtiques
Neuilly, Honolulu, mon sperme s'est caillé J'ai shunté ma goualante aux îles Carolines Et porte ce matin mes sens dépareillés Au lave-heure du coin où sèche Proserpine
Les fleurs de Nouméa se fanent à Paris Les robinets suintants musiquent des tropiques Je suis là et mon âme est coincée à demi Entre un vieux pull-over et des couilles laïques
J'ai un railway dans l'âme et je tourne de l'œil Vomissant alentour mes reliefs migratoires La voie lactée a fait pipi dans son fauteuil Et je me suis cassé la gueule dans le square
Miserere de l'avenue aux pieds rivés Des albatros venus d'on ne sait où jouissent Des rimes de nylon au cul du vieil été Qui se meurt dans le ciel en vieilles cicatrices
Il y a des astres retraités chez Ripolin Qui cherchent un emploi en dorure sur tranche Et des étoiles d'or qui sont dans le pétrin Ça pue l'éternité sur les façades blanches
Ah ! l'avion qui là-haut métallise l'azur Les coliques de Dieu dégueulent du pétrole Je crois en toi, Seigneur, et j'ai mal au Futur Au quatre cent vingt-et-un, j'ai paumé l'Acropole
Le soleil s'est couché ce soir, avec ton gars Le fils de l'homme avait du spleen dans sa musette Un vieux compte à régler avec la lune en bas Qui se soûlait la gueule avec un faux poète
Dernière édition par Charles le Ven 20 Fév 2009 - 18:50, édité 1 fois | |
| | | Charles Envolée postale
Messages : 118 Inscription le : 15/02/2009
| Sujet: Re: Léo Ferré Ven 20 Fév 2009 - 18:50 | |
| La Marseillaise
Je connais une grue sur le Vieux Port Avec des dents longues comme la faim Et qui dégrafe tous les marins Qu'ont l'âme chagrine et le cœur d'or C'est à Marseille que je vais la voir Quand le soleil se fout en tweed Et que le mistral joue les caïds C'est à Marseille qu'elle traîne le soir Elle a des jupes à embarquer Tous les chalands qui traînent la nuit Et des froufrous qui font tant de bruit Qu'on les entend au bout du quai Il suffit d'y mettre un peu de soi C'est une putain qu'aime que la braise Et moi je l'appelle la Marseillaise C'est bien le moins que je lui dois
Arrête un peu que je vois Su tu fais le poids Et si j'en aurai pour mon fric Arrête un peu que je vois Si les étoiles couchent avec toi Et tu me diras Combien je te dois
Je connais une grue dans mon pays Avec les dents longues comme le bras Et qui se tapait tous les soldats Qu'avaient la mort dans leur fusil C'est à Verdun qu'on peut la voir Quand les souvenirs se foutent en prise Et que le vent d'est pose sa valise Et que les médailles font le trottoir Elle a une voix à embarquer Tous les traîne-tapins qu'elle rencontre Et il paraît qu'au bout du compte Ça en fait un drôle de paquet Il suffit d'y mettre un peu de soi Au fond c'est qu'une chanson française Mais qu'on l'appelle la Marseillaise Ça fait bizarre dans ces coins-là
Arrête un peu que je vois Si t'as de la voix Si j'en aurais pour mes galons Arrête un peu que je vois Et puis que j'abreuve tous vos sillons Et je vous dirai Combien ça fait
Je connais une grue qu'a pas de principes Les dents longues comme un jour sans pain Qui dégrafait tous les gamins Fumant leur vie dans leur casse-pipe C'est dans les champs qu'elle traîne son cul Où y'a des croix comme des oiseaux Des croix blanches plantées pour la peau La peau des autres bien entendu Celle-là on peut jamais la voir A moins d'y voir les yeux fermés Et le périscope dans les trous de nez Bien allongé sous le boulevard Suffit de leur filer quatre bouts de bois Et de faire leur lit dans un peu de glaise Et de leur chanter la Marseillaise Et de leur faire une belle jambe de bois
Arrête un peu tes cuivres Et tes tambours Et ramène moi l'accordéon Arrête un peu tes cuivres Que je puisse finir ma chanson Le temps que je baise Ma Marseillaise
Dernière édition par Charles le Ven 20 Fév 2009 - 19:04, édité 1 fois | |
| | | Charles Envolée postale
Messages : 118 Inscription le : 15/02/2009
| Sujet: Re: Léo Ferré Ven 20 Fév 2009 - 18:52 | |
| La mémoire et la mer
La marée, je l'ai dans le cœur Qui me remonte comme un signe Je meurs de ma petite sœur De mon enfance et de mon cygne Un bateau, ça dépend comment On l'arrime au port de justesse Il pleure de mon firmament Des années lumières et j'en laisse Je suis le fantôme jersey Celui qui vient les soirs de frime Te lancer la brume en baiser Et te ramasser dans ses rimes Comme le trémail de juillet Où luisait le loup solitaire Celui que je voyais briller Aux doigts de sable de la terre
Rappelle-toi ce chien de mer Que nous libérions sur parole Et qui gueule dans le désert Des goémons de nécropole Je suis sûr que la vie est là Avec ses poumons de flanelle Quand il pleure de ces temps là Le froid tout gris qui nous appelle Je me souviens des soirs là-bas Et des sprints gagnés sur l'écume Cette bave des chevaux ras Au raz des rocs qui se consument Ô l'ange des plaisirs perdus Ô rumeurs d'une autre habitude Mes désirs dès lors ne sont plus Qu'un chagrin de ma solitude
Et le diable des soirs conquis Avec ses pâleurs de rescousse Et le squale des paradis Dans le milieu mouillé de mousse Reviens fille verte des fjords Reviens violon des violonades Dans le port fanfarent les cors Pour le retour des camarades Ô parfum rare des salants Dans le poivre feu des gerçures Quand j'allais, géométrisant, Mon âme au creux de ta blessure Dans le désordre de ton cul Poissé dans des draps d'aube fine Je voyais un vitrail de plus, Et toi fille verte, mon spleen
Les coquillages figurant Sous les sunlights cassés liquides Jouent de la castagnette tans Qu'on dirait l'Espagne livide Dieux de granits, ayez pitié De leur vocation de parure Quand le couteau vient s'immiscer Dans leur castagnette figure Et je voyais ce qu'on pressent Quand on pressent l'entrevoyure Entre les persiennes du sang Et que les globules figurent Une mathématique bleue, Sur cette mer jamais étale D'où me remonte peu à peu Cette mémoire des étoiles
Cette rumeur qui vient de là Sous l'arc copain où je m'aveugle Ces mains qui me font du fla-fla Ces mains ruminantes qui meuglent Cette rumeur me suit longtemps Comme un mendiant sous l'anathème Comme l'ombre qui perd son temps À dessiner mon théorème Et sous mon maquillage roux S'en vient battre comme une porte Cette rumeur qui va debout Dans la rue, aux musiques mortes C'est fini, la mer, c'est fini Sur la plage, le sable bêle Comme des moutons d'infini Quand la mer bergère m'appelle
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| | | Charles Envolée postale
Messages : 118 Inscription le : 15/02/2009
| Sujet: Re: Léo Ferré Ven 20 Fév 2009 - 19:16 | |
| Les corbeaux
Seigneur, quand froide est la prairie Quand dans les hameaux abattus Les longs angélus se sont tus Sur la nature défleurie
Faites s'abattre des grands cieux Les chers corbeaux délicieux ! Les chers corbeaux délicieux !
Armée étrange aux cris sévères, Les vents froids attaquent vos nids Vous, le long des fleuves jaunis Sur les routes aux vieux calvaires
Sur les fossés et sur les trous Dispersez-vous, ralliez-vous ! Dispersez-vous, ralliez-vous !
Par milliers, sur les champs de France Où dorment des morts d'avant-hier Tournoyez, n'est-ce pas, l'hiver Pour que chaque passant repense
Sois donc le crieur du devoir Ô notre funèbre oiseau noir ! Ô notre funèbre oiseau noir !
Mais, saints du ciel, en haut du chêne Mât perdu dans le soir charmé Laissez les fauvettes de mai Pour ceux qu'au fond du bois enchaîne
Dans l'herbe d'où l'on ne peut fuir La défaite sans avenir ! La défaite sans avenir !
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Léo Ferré Jeu 30 Avr 2009 - 20:16 | |
| J'aime beaucoup ce chanteur et surtout ces textes et la façon qu'il a de poser les mots
La cigarette sans cravate Qu'on fume à l'aube démocrate Et le remords des cous-de-jatte Avec la peur qui tend la patte Le ministère de ce prêtre Et la pitié à la fenêtre Et le client qui n'a peut-être NI DIEU NI MAITRE
Le fardeau blême qu'on emballe Comme un paquet vers les étoiles Qui tombent froides sur la dalle Et cette rose sans pétale Cet avocat à la serviette Cette aube qui met la voilette Pour des larmes qui n'ont peut-être NI DIEU NI MAITRE
Ces bois que l'on dit de justice Et qui poussent dans les supplices Et pour meubler le Sacrifice Avec le sapin de service Cette procédure qui guette Ceux que la Société rejette Sous prétexte qu'ils n'ont peut-être NI DIEU NI MAITRE
Cette parole d'évangile Qui fait plier les imbéciles Et qui met dans l'horreur civile De la noblesse et puis du style Ce cri qui n'a pas la rosette Cette parole de prophète Je la revendique et vous souhaite NI DIEU NI MAITRE
ainsi que celle là: Une robe de cuir comme un fuseau Qu'aurait du chien sans l'faire exprès Et dedans comme un matelot Une fille qui tangue un air anglais C'est extra, Un moody blues qui chante la nuit Comme un satin de blanc marié Et dans le port de cette nuit Une fille qui tangue et vient mouiller
Refrain
C'est extra, c'est extra,
C'est extra, c'est extra
Des cheveux qui tombent comme le soir Et d'la musique en bas des reins Ce jazz qui d'jazze dans le soir Et ce mal qui nous fait du bien C'est extra Ces mains qui jouent de l'arc-en-ciel Sur la guitare de la vie Et puis ces cris qui montent au ciel Comme une cigarett' qui prie
Refrain
Ces bas qui tiennent haut perchés Comme les cordes d'un violon Et cette chair que vient troubler L'archet qui coule ma chanson C'est extra Et sous le voile à peine clos Cette touffe de noir jésus Qui ruisselle dans son berceau Comme un nageur qu'on n'attend plus
Refrain
Une robe de cuir comme un oubli Qu'aurait du chien sans l'faire exprès Et dedans comme un matin gris Une fille qui tangue et qui se tait C'est extra Les moody blues qui s'en balancent Cet ampli qui ne veut plus rien dire Et dans la musique du silence Une fille qui tangue et vient mourir
C'est de la poésie au sens de Verlaine "De la musique avant toute chose" |
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| | | | Léo Ferré | |
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