Gregg Araki

Queenie a écrit:

Vous l'aurez compris : je ne jette rien dans ce film, je suis totalement subjective, et de toute façon je suis folle de Gregg Araki, j'ai envie de lui faire des poutoux, il est trop chouchou gentil et foufou dans ses films. C'est mon maître.

« Lynch a eu une grosse influence sur moi. Il y avait dans Twin Peaks notamment une liberté créative, une folie tellement originale mêlant tour à tour la comédie avec l'horreur, le soap opera avec l'enquête policière… J'ai voulu suivre ses traces, et créer un film en liberté. Je crois que Kaboom a créé son propre monde, un univers parallèle, drôle et moqueur.» Gregg Araki

Qu'Animal ne dise pas que je vois David Lynch partout Cette fois difficile de ne pas le trouver!



Araki nous a fait un bon petit délire lynchien parodique et pop sous acide, plein de couleurs, de sexe joyeux, de glamour kitsch, d'onirisme surréaliste foutraque (il cite même Bunuel avec un extrait du Chien Andalou), sans le gore de The Doom Generation. C'est flottant, tout tendre, vaguement flippant de temps en temps mais surtout complètement ludique et léger. La musique de Robin Guthrie est extra comme le reste de la bande son.

Je ne me risquerai pas à interpréter le film ce coup-ci (ça n'est pas vraiment nécessaire) mais disons qu'en gros Kaboom est à Araki ce que Eraserhead est à Lynch, le long rêve d'un réalisateur qui revisite toutes ses obsessions habituelles dans un super feu d'artifice. A ne surtout pas prendre au sérieux.

Ah oui! J'ai pas dit l'essentiel: J'adore Kaboom et Greg Araki!

WooHoo !

Les critiques du Cercle qui s'écharpent. Intéressante intervention de Jean-Marc Lalanne comparant Kaboom et Les Amours Imaginaires de Xavier Dolan: Le Cercle: Kaboom

Queenie a écrit:

Kaboom

Kaboom est juste ExCelLent !

Le côté bordélique de Kaboom n'est qu'apparent. Tout y est pesé, pensé avec une adresse diabolique pour faire fonctionner ce délire sous contrôle.

Sexe, drogues et paranoïa. Un cocktail explosif, porté par une vision hédoniste et sans tabous de l'existence, du genre "jouissons, avant que la fin du monde ne nous rattrape."
La dénouement laisse un peu perplexe, vaguement pompé sur En quatrième vitesse d'Aldrich, mais il fallait bien finir. Autant que ce soit radical.

Bon dosage entre plaisir immédiat et inquiétude du lendemain, le premier l'emportant haut la main.

Epatante bande d'interprètes, beaux, délurés et décomplexés. Rythme trépidant, dialogues crépitants, mise en scène aux taquets.

Un produit instantané, qui prend le risque de s'auto-détruire aussitôt consommé. Cela fait partie du fun et de l'époque. En attendant, la jouissance, c'est réjouissant.

Un joujou extra qui fait Kaboom Hue (copyright Dutronc).

traversay a écrit:

Un cocktail explosif, porté par une vision hédoniste et sans tabous de l'existence, du genre "jouissons, avant que la fin du monde ne nous rattrape."

C'est exactement ça et probablement la meilleure devise qui soit certainement !

Marko a écrit:

traversay a écrit:

Un cocktail explosif, porté par une vision hédoniste et sans tabous de l'existence, du genre "jouissons, avant que la fin du monde ne nous rattrape."

C'est exactement ça et probablement la meilleure devise qui soit certainement !

Je plussoie bruyamment !

-Kaboom-

Eh bien ça déménage! C'est la première fois que je vois un film de ce cinéaste et c'est carrément une expérience, quel rythme vain diou...
J'étais scotchée sur mon fauteuil sans savoir où j'allais, n'ayant retenu ce nom Kaboom que grâce à vos critiques toutes enthousiastes, mais sans en avoir lu réellement le thème. Donc ça l'a fait!

C'est complètement loufoque, survolté, drôle et quand même assez effrayant avec ces scènes masquées, bref, on se laisse embarquer dès les premières minutes dans le parcours de ce jeune (très sympathique et même touchant, à la fois naïf et assez frondeur) qui a du mal à retenir sa libido galopante. Ce n'est pas le seul d'ailleurs, ils sont tous délirants, à fond dans leur trip, et le rôle du surfeur n'est pas en reste -j'en ris encore rien que de l'imaginer!-

Bref, un petit moment de délire joyeux mêlé d'un fond d'angoisse parce que sans doute la meilleur façon de la contourner est de rire de ce qui dérange- la fin est plutôt radicale comme vous dites - Et je ne connais pas Buffy ni Twin Peaks mais si s'est dans cette lignée je veux bien y goûter moi!

aeriale a écrit:

Bref, un petit moment de délire joyeux mêlé d'un fond d'angoisse parce que sans doute la meilleur façon de la contourner est de rire de ce qui dérange- la fin est plutôt radicale comme vous dites - Et je ne connais pas Buffy ni Twin Peaks mais si s'est dans cette lignée je veux bien y goûter moi!

Twin Peaks? Mais c'est juste une des meilleures séries du monde! Normal c'est Lynch qui a piloté tout ça

animal a écrit:

(et question de goût et s'arrêter à la première saison.)

Justement pas! Il se passe encore plein de choses étranges après. Tout le monde a décroché une fois l'énigme résolue et c'est dommage.

je voudrais pas flooder (huhu...) mais se passer des choses maybe, mais des choses intéressantes c'est moins probable. on se réconforte avec le côté comique... plus ou moins suffisant. j'ai décroché de la seconde parce que c'était ch... au possible (vue jusqu'au bout mais j'ai du en causer sur le fil).

animal a écrit:

je voudrais pas flooder (huhu...) mais se passer des choses maybe, mais des choses intéressantes c'est moins probable. on se réconforte avec le côté comique... plus ou moins suffisant. j'ai décroché de la seconde parce que c'était ch... au possible (vue jusqu'au bout mais j'ai du en causer sur le fil).

Tiens ça me donne envie de me refaire toute la série! Fin du flood

Je me suis re-regardé Mysterious Skin.
Ce film est vraiment une perle de tendresse, de fêlure, de brûlure.

Un film pratiquement qu'en portraits et gros plans sur les visages, leurs expressions laissant imaginer les troubles intérieurs, la rage, la peur, la folie. Un procédé qui permet de ne pas être dans l'exhibitionnisme, dans une certaine pudeur, tout en marquant vraiment l'esprit du spectateur, parce que c'est lui-même qui crée l'image manquante. Terrible.

Terrible effectivement dans sa tendresse et sa cruauté. 2 enfants traumatisés mais de 2 façons différentes tout aussi destructrices. L'un qui a littéralement refoulé la relation pédophile et s'est morcelé jusqu'au délire et l'amnésie. L'autre qui l'a vécu comme une véritable histoire d'amour le laissant seul et abandonné sans pouvoir comprendre. Ce qui est d'autant plus terrible et terrifiant. Le portrait de l'adulte est également dérangeant dans son ambivalence. C'est difficile de ne pas tomber dans la caricature du monstre prédateur ou de nous mettre trop en empathie pour essayer de le "comprendre". Le roman et le film s'en tirent magnifiquement. Et encore quelle fin!

Greg Araki a voulu revenir à l'atmosphère de Mysterious Skin en adaptant le roman de Laura Kasischke. Malheureusement White Bird est loin d'atteindre l'envoûtement et l'intensité dramatique de ce précédent film. Faute probablement au récit de Kasischke qui ne me réconciliera pas avec sa littérature. Dès la mise en place des protagonistes on a le sentiment que tout est déjà joué (à l'exception du retournement final qui est difficilement envisageable d'autant plus que tout est fait pour nous en éloigner). Je commence à entrevoir ce que cherche cette romancière. A savoir créer une atmosphère à la lisière du réel et du fantasme, montrer les mécanismes du refoulement en oeuvre dans des histoires de traumatismes psychologiques... Mais elle ne fait qu'en dessiner les contours, délayer son idée de départ dans un quotidien banal et un style sans relief. Il devrait y avoir des abîmes, on devrait ressentir le trouble et le mystère de ces fragments de passé qui surgissent à la conscience mais il manque la force d'un style qui apporterait de la complexité et de la beauté. Ce ne sont que des canevas.

Heureusement Greg Araki a un univers un peu distancié et planant. Il y a quelques beaux moments dans ce film mais il est rendu bancal par les limites de son histoire. Il manque un peu aussi ses personnages secondaires qui n'ont pas beaucoup de consistance.

La musique d'Harold Budd et Robin Guthrie (ex Cocteau Twins) est ce qu'il y a de mieux avec le jeu de la jeune actrice principale. J'aime aussi les passages oniriques qui aboutissent malheureusement à une réalité triviale, prévisible et risible.

Spoiler:

Bref c'est un Greg Araki agréable mais pas très réussi. Il est peut-être meilleur dans le déjanté et l'excès.