Jacques Roumain [Haïti]

Je viens de finir ce livre bouleversant; encore sous le coup de l'émotion, je ne puis que vous en recommander chaleureusement une lecture prochaine. Ne le manquez pas.
Le destin d'une poignée de paysans, dans leur humanité mise à nue: voilà ce que raconte Jacques Roumain avec force et simplicité.

Ravie que ce roman t'ai touchée. Une de mes grandes découvertes 2013, dommage qu'il ne soit pas plus connu.

Si tu savais, j'ai pleuré à chaudes larmes en lisant la fin.
Merci pour ta recommandation.
Un livre magnifique.

C'est vrai que la fin est très émouvante. Et je suis contente d'avoir pu déjà suffisamment cerné tes goûts, même si tu es là depuis moins longtemps que les grands anciens, pour te le conseiller.

Connu, moins connu, pas plus grave... c'est toujours possible de consulter ce que Dany Laferrière dit à propos de ses compatriotes haïtiens.

Je ne déparle pas, maman. Il y a les affaires du ciel et il y a les affaires de la terre : ça fait deux et ce n’est pas la même chose. Le ciel, c’est le pâturage des anges ; ils sont bienheureux ; ils n’ont pas à prendre soin du manger et du boire. Et surement qu’il y a des anges nègres pour faire le gros travail de la lessive des nuages ou balayer la pluie  et mettre la propreté du soleil après l’orage, pendant que les anges blancs chantent comme des rossignols toute la sainte journée ou bien soufflent dans de petites trompettes comme c’est marqué dans les images qu’on voit dans les églises. Mais la terre c’est une bataille jour pour jour, une bataille sans repos : défricher, planter, sarcler, arroser, jusqu’à la récolte, et alors tu vois ton champ mûr couché devant toi le matin, sous la rosée, et tu dis : moi untel, gouverneur de la rosée, et l’orgueil entre dans ton cœur.


Un village Haïtien qui se dessèche et ne donne plus assez aux habitants pour survivre. Certains s’en vont d’autres restent malgré tout. Le fils de l’un d’eux, Manuel,  revient après 15 ans d’absence et ne retrouve plus le village qu’il avait quitté.

Sa face se durcit, plaquée de sueur. Ce qu’il voyait c’était une étendue torréfiée, d’une sale couleur rouillée, nulle part, la fraicheur qu’il espérait, et ça et là, la moisissure éparse des cases.

Il décide de le sauver en trouvant l’eau. S’il la trouve il aura besoin de tous les hommes vaillants des deux familles ennemis du village pour la faire venir jusqu’aux cases….

L’envie le prenait de s’avancer et de dire : ho, cousins, ne me reconnaissez-vous pas, c’est moi Manuel, Manuel Jean Joseph lui-meme et pas un autre.
Mais leur face etaient comme des murailles, noires et sans lumieres.

Et puis s’il trouvait l’eau, le concours de tous serait nécessaire. Ce ne serait pas une petite affaire que de l’amener jusqu’à la plaine. Il faudrait organiser un grand coumbite de tous les habitants et l’eau les unirait à nouveau, son haleine fraiche disperserait l’odeur maligne de la rancune et de la haine ; la communauté fraternelle renaitrait avec les plantes nouvelles, les champs charges de fruits et d’épis, la terre gorgée de vie simple et féconde.

C’est un roman authentique avec son parlé authentique et qui nous fait entrer dans la vie et les coutumes de ces Haïtiens de Fonds-Rouge. Le roman s’enchevêtre petit à petit vers une fin qui explique tout et dont toutes les pièces du puzzle finissent par faire un tout en une fin bouleversante qui fait l’apologie du don de soi et le pardon pour le bien de tous, le besoin d’harmonie et la solidarité. Chose si simple pour ce Manuel qui après quinze ans d’absence, sent que l’éloignement lui a donné assez de recul pour être le seul à pouvoir résoudre ce conflit. Conflit dans lequel,  les autres du village, sont immobilisés comme dans une toile d’araignée.

Merci de ton commentaire Pia.

Tu as aimé Pia?
Le terme d'authentique que tu as choisi me fait penser que oui.
ça me ferait plaisir d'échanger sur ce livre que j'ai trouvé magnifique et m'a beaucoup émue.

Oui j'ai aimé. 

Qu'as tu aimé le plus?

La fin m’a bouleversée. Et comme je disais dans mon commentaire, Le don de soi de Manuel pour arriver à réconcilier et à sauver son village de la sécheresse. La solidarité qu’il impose pour y arriver. Et comme disait Arabella dans son commentaire, ce profond optimisme que l’auteur semble avoir en l’homme et qui transparait dans le livre.

pia a écrit:

La fin m’a bouleversée. Et comme je disais dans mon commentaire, Le don de soi de Manuel pour arriver à réconcilier et à sauver son village de la sécheresse.  La solidarité qu’il impose pour y arriver. Et comme disait Arabella dans son commentaire, ce profond optimisme que l’auteur semble avoir en l’homme et qui transparait dans le livre.

Oui, ça fait du bien!
Optimisme bien réaliste car il s'appuie sur les faiblesses de la nature humaine.
Je pense que la solidarité ne peut se révéler que dans l'adversité et pour des causes vitales.

Et bien je suis très heureux que Jacques Roumain vous plaise autant.