Puzzle [Natalia Smirnoff]

Puzzle de Natalia Smirnoff

Citation :

Maria del Carmen, femme au foyer, consacre sa vie à sa famille : son mari qu’elle aime toujours tendrement et ses enfants désormais adultes. Le jour de son anniversaire, elle reçoit un puzzle. Sa vie si bien organisée bascule.

Puzzle ressemble beaucoup à Joueuse (Maria Onetto est aussi brillante que l'était Sandrine Bonnaire). Même portrait de femme, entre deux âges, même triste routine quotidienne, même existence sans espoir particulier. Et puis le déclic, la passion de jouer qui s'installe, les puzzles dans un cas, les échecs dans l'autre, et la rencontre d'un mentor, une vie intérieure qui reprend des couleurs. Le film argentin se distingue de son homologue français par une grande finesse psychologique et se garde bien d'explorer toutes les pistes qui s'offrent à sa discrète héroïne. De la compétition que celle-ci dispute, Natalia Smirnoff ne montre presque rien, parce que là n'est pas l'essentiel, parce qu'elle aime laisser des blancs que chacun remplira à sa guise. A l'arrivée, ce splendide film sur l'émancipation tranquille d'une femme séduit par sa pudeur et son refus des clichés. Une pépite de plus dans le paysage de l'heureux cinéma argentin.

traversay a écrit:

. De la compétition que celle-ci dispute, Natalia Smirnoff ne montre presque rien, parce que là n'est pas l'essentiel, parce qu'elle aime laisser des blancs que chacun remplira à sa guise. A l'arrivée, ce splendide film sur l'émancipation tranquille d'une femme séduit par sa pudeur et son refus des clichés. Une pépite de plus dans le paysage de l'heureux cinéma argentin.

Oui un bien joli film tout en finesse!


Dès les premières images on voit en gros plans les préparations d'un repas. En fait il s'agit d'une fête et seule s'agite Carmen. Vient le gâteau et on est un peu surpris de constater que c'est le sien, elle aussi presque. En quelques images la cinéaste nous situe le personnage, une femme dévouée aux autres, qui n'a pas le temps ou l'idée même de penser à elle, qui vit un peu dans l'ombre sans faire de bruit ni se plaindre. transparente et indispensable à la fois.

Carmen va se reconstruire comme son puzzle peu à peu, retrouver la notion de désir, de liberté, prendre conscience que sa vie ne s'arrête pas aux simples désirs des siens, qu'il y a autre chose en dehors de ces murs, si même instinctinvement au début elle s'en cachera.

Bien sûr à première vue, le sujet peut paraître cliché mais tout est dans la façon de filmer (très délicate sans forcer le trait et en laissant des blancs comme dit Traversay) et surtout l'héroine Maria Onetto, y est excessivement touchante, toute en charme et discrétion. Pas de fausse note, c'est un peu lent mais je me suis laisser porter par cette douceur tranquille, où les machos ne le sont pas vraiment, et les romances restent ancrées dans la réalité.
Maria ne chamboulera pas sa vie mais la dernière image la montre seule sur une plage, consciente de ses propres limites, on est heureux ou triste avec elle.

Un joli petit film sans prétention plein de tendresse surtout, qui laisse le spectateur saisir les ressentis sans en faire trop, certains diront pas assez peut-être, mais moi il m'a paru très juste et surtout très sensible. J'ai retrouvé ce même sentiment Dans ses yeux: vive le cinéma Argentin alors!

traversay a écrit:

A l'arrivée, ce splendide film sur l'émancipation tranquille d'une femme séduit par sa pudeur et son refus des clichés. Une pépite de plus dans le paysage de l'heureux cinéma argentin.

aériale a écrit:

Oui un bien joli film tout en finesse! l'héroine Maria Onetto, y est excessivement touchante, toute en charme et discrétion. Pas de fausse note, c'est un peu lent mais je me suis laisser porter par cette douceur tranquille, où les machos ne le sont pas vraiment, et les romances restent ancrées dans la réalité.
Maria ne chamboulera pas sa vie mais la dernière image la montre seule sur une plage, consciente de ses propres limites, on est heureux ou triste avec elle..

Je me joins à vous pour recommander ce film. Imaginez une sorte de point de rencontre entre "Sur la route de Madison" (le mélodrame étant beaucoup plus contenu dans Puzzle) et l'univers des romans de Yoko Ogawa. Une courte passion silencieuse et pudique dans un climat un peu étrange où deux adultes s'adonnent à un rituel secret sous-tendu par une tension érotique latente. On pourrait se trouver face à un cas clinique de névrose obsessionnelle mais, au contraire, cette fascination envahissante pour le puzzle se révèle une ouverture vers une forme de liberté mentale et affective qui autorise à cette femme une respiration salutaire dans sa vie bien plus ritualisée finalement. J'ai aimé en plus ce sous-texte égyptien qui conduit Maria Onetto à s'identifier à la Nefertiti du Puzzle, à adopter subtilement son port fier, son message de liberté également dont on nous suggère qu'il avait fortement dérangé dans l'antiquité (mais c'est surtout le lien érotique entre eux et la façon dont l'amalgame peut se faire entre le désir qu'elle suscite chez cet homme et l'objet de son culte pour l'égypte antique et Néfertiti). Climat renforcé par une bande son inégale mais qui est une sorte de version modernisée de la musique égyptienne traditionnelle. Ces diverses dimensions enrichissent cette histoire touchante et portée par une actrice fascinante. J'ai juste été un peu dérouté par l'aspect très "délavé" de la photographie et un cadre qui systématiquement découpe le haut de la tête de l'actrice. Volontaire? Maladresse? Problème de projection dans la salle de cinéma? Un détail pour un film touchant et passionnant.