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| Sigmund Freud [Psychanalyse] | |
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+11Chymère marc et cie Heyoka Igor Constance swallow tina shanidar bix229 toma colimasson 15 participants | |
Auteur | Message |
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Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Sigmund Freud [Psychanalyse] Ven 16 Mar 2012 - 10:45 | |
| Kierkegaard, Onfray n'a certes pas vocation à soigner, mais à se faire de la thune et laisser son empreinte dans l'histoire littéraire, c'est certain.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Sigmund Freud [Psychanalyse] Ven 16 Mar 2012 - 10:53 | |
| - Constance a écrit:
- Kierkegaard, Onfray n'a certes pas vocation à soigner, mais à se faire de la thune et laisser son empreinte dans l'histoire littéraire, c'est certain.
Oui mais la critique d'Onfray est justement ce mercantiilisme quand il s'agit de soigner des gens qui semble un peu immoral. |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Sigmund Freud [Psychanalyse] Ven 16 Mar 2012 - 11:01 | |
| - Kierkegaard a écrit:
- Constance a écrit:
- Kierkegaard, Onfray n'a certes pas vocation à soigner, mais à se faire de la thune et laisser son empreinte dans l'histoire littéraire, c'est certain.
Oui mais la critique d'Onfray est justement ce mercantiilisme quand il s'agit de soigner des gens qui semble un peu immoral. Il est aisé de démonter l'escroquerie intellectuelle d'Onfray, à propos du supposé mercantilisme de Freud : ICI, Un peu d'arithmétique | |
| | | Igor Zen littéraire
Messages : 3524 Inscription le : 24/07/2010 Age : 71
| Sujet: Re: Sigmund Freud [Psychanalyse] Ven 16 Mar 2012 - 11:04 | |
| - Constance a écrit:
- Kierkegaard, Onfray n'a certes pas vocation à soigner, mais à se faire de la thune et laisser son empreinte dans l'histoire littéraire, c'est certain.
C'est que cela Onfray ? L'été dernier, j'ai écouté sa série d'émissions sur France Culture concernant la psychanalyse, je suis totalement néophyte en la matière mais j'ai, il me semble, appris beaucoup de choses. Et pour pas un rond... | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Sigmund Freud [Psychanalyse] Ven 16 Mar 2012 - 11:08 | |
| - Constance a écrit:
- Kierkegaard a écrit:
- Constance a écrit:
- Kierkegaard, Onfray n'a certes pas vocation à soigner, mais à se faire de la thune et laisser son empreinte dans l'histoire littéraire, c'est certain.
Oui mais la critique d'Onfray est justement ce mercantiilisme quand il s'agit de soigner des gens qui semble un peu immoral.
Il est aisé de démonter l'escroquerie intellectuelle d'Onfray, à propos du supposé mercantilisme de Freud : ICI, Un peu d'arithmétique Je n'ai pas défendu Onfray il ne me passionne pas plus que cela, Freud non plus d'ailleurs j'expliquais juste pourquoi sa critique du mercantilisme qui n'est même pas la sienne mais celles de tous les critiques du psychanalyste font. Igor Onfray est pas mal pour parler d'histoire de la philo. Bon pédagogue même si discutable sur certains points. |
| | | swallow Sage de la littérature
Messages : 1366 Inscription le : 06/02/2007 Localisation : Tolède. Espagne.
| Sujet: Re: Sigmund Freud [Psychanalyse] Ven 16 Mar 2012 - 13:37 | |
| La meilleure façon d´avancer: chercher les diversités de points de vue, et refuser les cloisonnements. C´est bien un peu ce que nous faisons sur ce fil. | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Sigmund Freud [Psychanalyse] Ven 16 Mar 2012 - 13:45 | |
| - Kierkegaard a écrit:
- Constance a écrit:
- Kierkegaard a écrit:
- Constance a écrit:
- Kierkegaard, Onfray n'a certes pas vocation à soigner, mais à se faire de la thune et laisser son empreinte dans l'histoire littéraire, c'est certain.
Oui mais la critique d'Onfray est justement ce mercantiilisme quand il s'agit de soigner des gens qui semble un peu immoral.
Il est aisé de démonter l'escroquerie intellectuelle d'Onfray, à propos du supposé mercantilisme de Freud : ICI, Un peu d'arithmétique Je n'ai pas défendu Onfray il ne me passionne pas plus que cela, Freud non plus d'ailleurs j'expliquais juste pourquoi sa critique du mercantilisme qui n'est même pas la sienne mais celles de tous les critiques du psychanalyste font. Les critiques de Freud sur ce sujet feraient bien de s'informer, car l’ Institut de Berlin offrait des psychanalyses gratuites à sa demande expresse. | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Sigmund Freud [Psychanalyse] Ven 16 Mar 2012 - 20:02 | |
| - swallow a écrit:
- La meilleure façon d´avancer: chercher les diversités de points de vue, et refuser les cloisonnements.
C´est bien un peu ce que nous faisons sur ce fil. Ma démarche allait dans ce sens. Personnellement, je n'adhère ni à la thèse Freud-mercantile, ni à la thèse Freud-tout-puissant. Il est un mélange des deux, et espère sans doute pouvoir vivre de ce qui constitue son identité et de ce pour quoi il est le plus doué. J'ai recopié ces propos de Yalom pour qu'on ait un point de vue différent... Et ce sont les panoplies de points de vues différents qui permettent de se fonder une opinion plus ou moins personnelle. | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Sigmund Freud [Psychanalyse] Sam 25 Aoû 2012 - 11:57 | |
| Je m'essaie à une petite interprétation personnelle... Trois essais sur la théorie de la sexualité (1924) Publiés pour la première fois en 1905, les Trois essais sur la théorie de la sexualité firent l’objet de quatre remaniements par un Sigmund Freud toujours vigilant à faire en sorte que ses travaux s’adaptent à l’évolution de la psychanalyse au cours du siècle passé. Le livre nous est proposé dans sa version définitive de 1924. Presque un siècle plus tard, que peut encore nous apporter cette lecture ? Tout d’abord, une prise de conscience accrue des modifications qui ont affectées le 21e siècle. Si les Trois essais ont pu choquer leurs lecteurs lors de leur publication, alors nous pouvons dire sans exagérer qu’en seulement quelques décennies, nous n’avons pas seulement changé d’époque : nous avons radicalement changé d’univers. Le lecteur d’aujourd’hui qui espère du dérangeant sera déçu. L’idée neuve qui a fait la notoriété du livre –à savoir la théorie de la sexualité infantile- est connue de tous au moins depuis que les concours des mini Miss France existent. Le plus intéressant de ces essais se révèle lorsque l’on suit le développement de la réflexion de Freud qui tente d’imbriquer la psychanalyse dans les ressorts de la sexualité de l’individu. Désirant perfectionner ses outils de médecin, il semble chercher à créer un nouvel instrument qui lui permettra de mettre à jour les mystères des névroses qui accablent les individus. Qu’une grande partie de celles-ci soient provoquées par des mécanismes d’origine sexuelle n’a rien de plus déshonorant ou de plus impensable qu’une quelconque autre explication. Quant à savoir si TOUT est lié à la sexualité, Freud n’y répond pas. Bien sûr, il se consacre uniquement à l’étiologie sexuelle dans ces essais, mais il s’agit d’un travail spéculatif à mettre en rapport avec les autres travaux réalisés par ailleurs. On comprendra alors que la pensée de Freud n’est pas aussi étroite qu’on veut bien nous le faire croire, et que sa conception de la « sexualité » couvre un domaine plus vaste que celui qu’on veut habituellement bien considérer. Comme souvent, Freud observe des cas de déviation pour aborder le sujet de son étude. Ici, il s’attache aux déviations de la pulsion sexuelle relative à son objet et/ou à son but et se demande si ces dispositions sont innées ou acquises. En observant les névrosés, il réalise que chacun possède une disposition à la perversion, et que la névrose est apparue suite au processus du refoulement. Le refoulement intervenant après l’enfance, Freud pense alors que les dispositions originelles sont à chercher chez l’enfant. Chaque déviation de la vie sexuelle serait une marque d’infantilisme. Bien sûr, dans sa grande souplesse d’esprit, Freud n’oublie pas de préciser que ces dispositions originelles sont en coopération avec les influences de la vie. Freud s’attarde alors longuement à décrire la vie sexuelle de l’enfant qui mène au choix du sujet de la pulsion sexuelle de l’adulte. Cette vie sexuelle est découpée en plusieurs phases, dont une phase de latence qui permet le développement d’intérêts de type social ou culturel, par exemple. On distingue également la phase orale, la phase anale (sadisme) et la phase génitale. Cette vie sexuelle n’est pas encore centrée. Sans s’en tenir exclusivement et mot-à-mot aux propos de Freud, on admettra que ses descriptions font écho à certaines réalités, qu’il faut ensuite adapter au cas par cas. En aucun cas ce qu’écrit Freud ne mérite d’être rejeté en bloc ou tourné au ridicule. L’origine des névroses serait ensuite à mettre sur le compte de facteurs exerçant une influence sur le développement sexuel. Il peut s’agir de précocité, d’une perturbation survenant sur la durée des phases ou d’une fixation sur une phase précise. En-dehors des névroses, un mauvais développement peut conduire à la perversion. Lorsque le travail réussit correctement, l’individu a alors réalisé une sublimation, porteuse de fruits plus ou moins intéressants. Les Trois essais sur la théorie de la sexualité ne se lisent pas dans l’optique d’engloutir d’une traite la pensée de Freud et de la rejeter ou de l’accepter en masse et dans son intégralité. Il me semble que le principal intérêt de ce livre –outre l’aspect historique instructif sur l’évolution des mœurs au cours du 20e siècle- est de nous faire réfléchir sur notre propre rapport à la sexualité : comment l’acceptons-nous ? que peut-elle dire sur notre façon d’interagir avec le monde ? sur notre vécu ? quelle place occupe-t-elle réellement parmi les hommes ? Freud a pris son courage à deux mains pour mettre en vue de tous cet élément primordial de la vie privée qu’on se refusait alors à aborder dans la vie publique. Enfin, parce que Freud était aussi un littérateur de talent, ses Trois essais plaisent aussi par le charme désuet de leurs mots et la prudence extrême dont fait preuve le psychanalyste pour aborder des thèmes encore houleux à son époque : l’inversion (je veux bien sûr parler d’homosexualité), la zoophilie, la pédophilie ou le sado-masochisme. Autant dire que cette lecture constituerait presque un havre d’innocence et de pureté pour le lecteur d’aujourd’hui… | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Sigmund Freud [Psychanalyse] Sam 25 Aoû 2012 - 12:01 | |
| Une perle pour les plus romantiques des lecteurs : - Citation :
- « Un de ces contacts, celui des muqueuses buccales –sous le nom ordinaire de baiser- a acquis dans de nombreux peuples, parmi lesquels les peuples civilisés, une haute valeur sexuelle, bien que les parties du corps intéressées n’appartiennent pas à l’appareil génital, mais forment l’entrée du tube digestif […]. »
Des interprétations un peu tirées par les cheveux mais qui font preuve -au moins- d'une belle inventivité (et pourquoi pas après tout ?) - Citation :
- « Je vois la preuve de ce que certaines secousses mécaniques provoquent le plaisir dans le fait que les enfants adorent certains jeux, tels que la balançoire, et qu’y ayant goûté, ils ne cessent d’en demander la répétition. On berce les enfants pour les endormir. Les secousses rythmiques d’une promenade en voiture ou d’un voyage en chemin de fer impressionnent les enfants plus âgés, au point que tous les garçons du moins rêvent d’être mécaniciens ou chauffeurs. […] Si ensuite intervient le refoulement qui change en leur contraire les préférences de l’enfant, il arrivera que l’adolescent ou l’adulte réagiront par un état nauséeux au balancement et au bercement ; ou encore ils seront complètement épuisés par un voyage en chemin de fer, tandis que d’autres seront sujets à des accès d’angoisse ; il peut en résulter la phobie du chemin de fer qui serait un moyen de défense de l’individu contre la répétition d’expériences fâcheuses. »
Des réflexions esthétiques : - Citation :
- « Il me paraît indiscutable que l’idée du « beau » a ses racines dans l’excitation sexuelle, et qu’originairement, il ne désigne pas autre chose que ce qui excite sexuellement. Le fait que les organes génitaux eux-mêmes, dont la vue détermine la plus forte excitation sexuelle, ne peuvent jamais être considérés comme beaux, est en relation avec cela. »
A côté de ça, des passages de grandes audace et intelligence : - Citation :
- « Les rapports de l’enfant avec les personnes qui le soignent sont pour lui une source continue d’excitations et de satisfactions sexuelles partant des zones érogènes. Et cela d’autant plus que la personne chargée des soins (généralement la mère) témoigne à l’enfant des sentiments dérivant de sa propre vie sexuelle, l’embrasse, le berce, le considère, sans aucun doute, comme le substitut d’un objet sexuel complet. Il est probable qu’une mère serait vivement surprise si on lui disait qu’elle éveille ainsi, par ses tendresses, la pulsion sexuelle de son enfant, et en détermine l’intensité future. Elle croit que ses gestes témoignent d’un amour asexuel et « pur » dans lequel la sexualité n’a aucune part, puisqu’elle évite d’exciter les organes sexuels de l’enfant plus que ne le demandent les soins corporels. Mais la pulsion sexuelle, nous le savons, n’est pas éveillée seulement par l’excitation de la zone génitale ; ce que nous appelons tendresse ne pourra manquer d’avoir un jour une répercussion sur la zone génitale. D’ailleurs, si la mère était mieux renseignée sur l’importance des pulsions dans l’ensemble de la vie mentale, dans toute l’activité éthique et psychique, elle éviterait de se faire le moindre reproche. »
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| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Sigmund Freud [Psychanalyse] Ven 28 Déc 2012 - 11:17 | |
| Une tentative de biographie de Freud en BD, par Corinne Maier et Anne Simon : Lien sur le forum : ICI | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Sigmund Freud [Psychanalyse] Dim 24 Mar 2013 - 19:16 | |
| L'interprétation des rêves (1900) Foutez-moi ce vieux dictionnaire de la symbolique des rêves à la poubelle ! Contre l’interprétation morcelée de vos songes, préférez la méthode interprétative globale de Sigmund Freud. Parce que l’élément d’un ensemble relié d’objets, de personnes et d’actes ne signifie rien lorsqu’on l’isole tel un animal de laboratoire terrorisé par l’imagination diabolique de ses vivisecteurs, Freud préfère croire à une interprétation des rêves qui ne pourrait jamais se formaliser et qui nécessiterait donc, à chaque fois, le recours à un maître de la compréhension onirique –je veux bien entendu parler d’un psychanalyste. Au moment où Freud publie cette Interprétation des rêves, en 1900, il n’est pas le premier à s’être intéressé à ce phénomène qui transforme l’homme, de mendiant qu’il est, en Dieu tout puissant (Hölderlin). Déplacement dans le temps et dans l’espace, nombreux sont les peuples qui ont bâti leur société autour des messages qui leur parvenaient en songes, et nombreux sont les penseurs isolés à avoir essayé de donner un sens aux scènes improbables qui se déroulent lors de notre sommeil. Les questions qui se posent excèdent l’ordre physiologique et l’époque est encore trop précoce pour qu’on s’intéresse à ses explications biologiques. Freud, en s’inspirant des travaux de ses prédécesseurs et en puisant dans les sources littéraires qu’il affectionne tant, se demande quel est l’intérêt des rêves pour l’individu : pourquoi son sommeil s’enrichit-il d’histoires inventées de toutes pièces ? On en revient aux origines des remises en question religieuses : pourquoi quelque chose plutôt que rien ? En ce qui concerne la religion, Freud tranchera plus tard par son scepticisme, mais en ce qui concerne les rêves, il distingue une intentionnalité dont il cherche à distinguer les aboutissants et les processus. Passée cette première partie des interrogations extra-psychanalytiques, Freud apporte sa pierre à l’édifice de l’interprétation des rêves et postule sur ce point de départ : le rêve traduit l’accomplissement d’un désir. La technique a été critiquée : depuis quand élabore-t-on une thèse « scientifique » en partant d’un postulat que les expériences ultérieures devront démontrer ? Freud procède au-delà de toute orthodoxie scientifique. Les puristes grinceront des dents, les autres pourront reconnaître qu’un peu de souplesse dans le cheminement d’une réflexion peut parfois faire naître des théories intéressantes qui, pour fausses qu’elles puissent être, méritent au moins de faire preuve d’originalité et de conduire la réflexion sur d’autres pistes peut-être décisives. Le cauchemar, Johann Heinrich Partant de ce postulat, Freud énumère toutes les objections possibles. La plus instinctive est la suivante : pourquoi avons-nous si peu souvent l’impression que nos rêves nous permettent d’accomplir un désir ? Réponse : le langage onirique est codé. Par crainte de la censure qu’impose notre conscient à notre inconscient, le premier devient porteur d’une parole allégorique. Comme dans les contes ou les textes messianiques, le rêve s’exprime par métaphores, évitant d’imposer au conscient l’exposé trop brutal de désirs parfois incompatibles avec ses valeurs. On comprend dès lors que les rêves ont une fonction cathartique qui permet à l’individu d’atténuer les frustrations que lui imposent la culture et l’éducation. Et ici surgit l’importance du psychanalyste qui se fait l’exégète des songes. Sigmund Freud revient sur plusieurs dizaines de cas concrets qui se sont imposés à lui-même ou à ses patients pour démontrer la pertinence de son hypothèse. Les rêves absurdes retrouvent leur signification et les cauchemars deviennent des « rêves avec un contenu sexuel dont la libido s’est transformée en angoisse ». Et lorsque Freud admet qu’on puisse trouver que certaines de ses explications relèvent surtout de la spéculation, il affirme sans aucune honte : « on ne peut toujours le démontrer, mais on ne peut non plus prouver le contraire. » Voilà qui balaie les derniers doutes ! Ainsi, il faut bien l’admettre, certaines théories avancées semblent aujourd’hui un peu obsolètes, tel cet acharnement de Freud à traquer la libido dans la moindre apparition de tunnel, de cravate ou de cave : « Dans les rêves des hommes, la cravate symbolise souvent le pénis, non seulement parce qu’elle est longue et pend et qu’elle est particulière à l’homme, mais parce qu’on peut la choisir à son gré, choix que la nature interdit malheureusement à l’homme. »
Mais comme à son habitude, Freud se montre le plus passionnant lorsqu’il semble s’écarter de son sujet et qu’il utilise celui-ci comme un moyen d’interroger le langage, la culture ou la philosophie. Le rêve n’en est pas encore un tant que nous ne nous sommes pas réveillés et que nous ne pouvons pas le comparer à la réalité –quid alors de la réalité qui n’est peut-être, à son tour, qu’une autre forme de rêve dont nous n’aurions pas encore été extirpé par le réveil d’une réalité supérieure ? Que nous enseignent les rêves sur l’inconscient, cette partie de la psyché que Freud n’a pas encore réussi à explorer de fond en comble –et qui ne sera peut-être, d’ailleurs, jamais totalement explorable ? Les rêves peuvent-ils prédire l’avenir ? Parmi toutes ces questions qui nous invitent à réfléchir et à remettre en questions des idées que nous croyions peut-être définitivement acquises à leur cause, nous serons surtout étonnés de lire les rêves les plus humiliants ou compromettants d’un Sigmund Freud qui a essayé de libérer sa pudeur de toutes leurs brides. La parole de Freud n’est plus seulement spéculative, elle devient performative et incite ses lecteurs à mettre de côté « notre morale périmée » afin de mettre à jour « la complexité d’un caractère humain ». Qui sait si alors, reconnaissant les désirs les plus humiliants qui peuplent nos nuits à défaut de se réaliser le jour, nous n’accéderons pas à une plus grande sérénité et à une souplesse d’esprit qui fait encore cruellement défaut au moment où Freud écrit son Interprétation des rêves –et certainement encore maintenant ? Qu'est-ce que la vie ? qu'est-ce que le rêve ? de belles spéculations (pas loin de me rappeler Ubik de Philip K. Dick... - Citation :
- « Il nous faut voir maintenant comment on a essayé d’expliquer la crédulité de l’esprit vis-à-vis des hallucinations du rêve, qui ne peuvent apparaître qu’après l’organisation d’une certaine activité propre. Strümpell indique que l’esprit se comporte à cette occasion d’une manière correcte et conforme à son mécanisme. Les éléments du rêve ne sont pas de simples représentations, mais des expériences mentales véritables et réelles semblables à celles qui sont faites durant la veille par l’entremise des sens. Pendant la veille, l’esprit se représente et pense en images verbales et en langage ; pendant le rêve, par de véritables images sensorielles. […] l’esprit croit au monde subjectif du rêve parce qu’il s’est détourné du monde extérieur.
Delboeuf, après des développements psychologiques en partie différents, aboutit aux mêmes conclusions. Nous croyons aux images du rêve autant qu’au réel parce que nous ne pouvons comparer à d’autres impressions, parce que nous sommes détachés du monde extérieur. Mais ce n’est pas parce que nous ne pouvons pas soumettre nos impressions à l’épreuve que nous croyons à la réalité de nos hallucinations. Le rêve peut feindre ces épreuves, nous faire toucher par exemple la rose que nous voyons, et cependant nous rêvons.
Il n’y a, selon Delboeuf, d’autre critérium valable entre le rêve et la réalité de la veille que le fait du réveil –et ce n’est qu’un critérium pratique. Lorsque, me réveillant, je me vois dévêtu dans mon lit, je considère comme des illusions tout ce que j’ai vécu entre le moment où je me suis endormi et le moment du réveil. Pendant le sommeil, j’ai considéré comme vraies les images du rêve, parce que l’on ne peut endormir aussi l’habitude de pensée qui me fait croire à un monde extérieur auquel s’oppose mon propre moi. » Pourquoi la censure dans le rêve ? - Citation :
- « L’écrivain redoute la censure, c’est pourquoi il modère et il déforme l’expression de sa pensée. Selon la force et la susceptibilité de cette censure, il devra ou bien éviter certaines formes d’attaques seulement, ou bien se contenter d’allusions et ne pas dire clairement de quoi il s’agit, ou bien dissimuler sous un déguisement innocent des révélations subversives […]. Plus la censure sera sévère, plus le déguisement sera complet, plus les moyens de faire saisir au lecteur le sens véritable seront ingénieux.
L’analogie qu’on retrouve jusque dans le détail entre la censure et la déformation du rêve autorise l’hypothèse de conditions analogues. Nous sommes ainsi conduits à admettre que deux grandes forces concourent à la formation du rêve : les tendances, le système. L’une construit le désir qui est exprimé par le rêve, l’autre la censure et par suite de cela déforme l’expression de ce désir. » Et des questionnements qui quittent souvent le champ de la psychanalyse pure : - Citation :
- « Quelle forme peuvent prendre dans le rêve les « quand », « parce que », « de même que » « bien que », « ceci ou cela », et toutes les autres conjonctions sans lesquelles nous ne saurions comprendre une phrase ni un discours ?
Il faut bien dire tout d’abord que le rêve n’a aucun moyen de représenter ces relations logiques entre les pensées qui le composent. […]
Ce défaut d’expression est lié à la nature du matériel psychique dont le rêve dispose. Les arts plastiques, peinture et sculpture, comparés à la poésie, qui peut, elle, se servir de la parole, se trouvent dans une situation analogue […]. Autrefois, alors que la peinture n’avait pas encore trouvé ses lois d’expression propre, elle s’efforçait de remédier à ce handicap : le peintre plaçait devant la bouche des individus qu’il représentait des banderoles sur lesquelles il écrivait les paroles qu’il désespérait de faire comprendre. » | |
| | | Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
| Sujet: Re: Sigmund Freud [Psychanalyse] Dim 24 Mar 2013 - 19:24 | |
| Les 5 derniers posts de ce fil sont de toi Coli. C'est juste une impression ou tu t'intéresses de très près à Freud ? | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Sigmund Freud [Psychanalyse] Lun 25 Mar 2013 - 21:47 | |
| Tu as un don de clairvoyance ! tu m'impressionnes ! Je ne suis pas forcément d'accord avec toutes ses théories mais j'aime ses réflexions extra-psychanalytiques. Et je vais d'ailleurs ouvrir un autre de ses livres bientôt. D'autres titres m'attendent encore dans ma PAL... | |
| | | marc et cie Main aguerrie
Messages : 479 Inscription le : 01/12/2013 Age : 58 Localisation : lyon
| Sujet: Re: Sigmund Freud [Psychanalyse] Sam 14 Déc 2013 - 23:02 | |
| Je pense que Freud était d'une époque où les relations hommes-femmes-enfants n'étaient pas les mêmes qu'aujourd'hui. Du moins en apparence. Car à mon avis le complexe d'Œdipe est toujours d'actualité et l'attachement de l'enfant au parent de sexe opposé et l'affrontement avec l'autre est en général respecté. C'est son expression qui est devenu différente. Le Père n'est plus ce monstre terrible et la mère un être faible et soumis. Mais la base reste la même. Mais bon, je ne saurais pas l'expliquer plus longuement. C'est une intuition. L'escroquerie actuelle est de nous faire croire que tout cela a disparu. Personnellement je n'y crois pas. Comme je ne crois pas que la sexualité peut être simple. | |
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