Stephen Crane

Stephen Crane (1871-1900)

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Stephen Crane est un écrivain américain né le 1er Novembre 1871 à Newark dans le New Jersey et est décédé le 5 juin 1900 à Badenweiler.
Son père, le révérend Jonathan Townley Crane et sa mère Mary Helen Peck Crane, entièrement dévouée aux activités de son mari au sein de l'"Eglise Méthodiste" furent les parents de 14 enfants dont 5 décédés en bas âge. Le révérend J.T Crane décède lorsque Stephen a huit ans. Sa soeur Agnès ,institutrice, l'a éveillé à la lecture romanesque. C'est à 19 ans qu'il publie son premier "essai" ( sur l'explorateur H.M.Stanley) dans le magazine de son école, mais dès l'année précédente il aidait son frère Townley à rédiger la chronique locale pour le "New York Tribune".
En 1892, il commence sa carrière à New York comme journaliste indépendant et un an plus tard il publie Maggie: A Girl of the Streets sous le nom d'emprunt Johnston Smith.
En 1895, avec l'aide de Hamlin Garland, il publie The Red Badge of Courage, une nouvelle sur la guerre civile américaine, vécue derrière le regard d'un jeune soldat. Le livre remporte un certain succès.
Suite au succès de The Red Badge of Courage, il travaille pour plusieurs journaux et couvre différents conflits. En 1896, alors qu'il se rend à Cuba, le bateau coule et après 36 heures de naufrage, trois survivants parviennent à atteindre les côtes de la Floride. Crane s'inspire de cette aventure pour écrire The Open Boat and Other Tales, en 1898. Puis déjà malade il s'installera avec sa compagne en Angleterre dans le Sussex où il fera la connaissance de Henri James et Joseph Conrad qu'il rencontrera plusieurs fois.
Stephen Crane meurt de la tuberculose, à seulement vingt-huit ans, à Badenweiler, en Allemagne. Il est enterré au cimetière d'Evergreen à New Jersey.

La conquête du courage

Il s’agit d’un très court roman, qui raconte des événements très ramassés dans le temps. Un très jeune homme s’est engagée dans l’armée, et doit subir le baptême du feu. Il a peur de ne pas être à la hauteur de la situation, d’avoir peur. Nous le suivons pendant ces premiers moments de guerre réelle pour lui. Dans le bruit, l’odeur, la chaleur, la frénésie du combat.

Nous ne savons pas de quelle bataille il s’agit, l’auteur ne nous dit pas pourquoi ces hommes se battent, ni même quelles sont les raisons pour lesquelles le jeune héros du livre s’est engagé. Nous le suivons juste, de façon très concrète, très charnelle, dans cette expérience, ce vécu qui fera de lui pour toujours une autre personne. Il y a la confrontation à ses peurs, à ses limites. Aussi l’intégration dans le groupe, la façon du trouver sa place. L’exaltation de faire partie d’une communauté, l’exaltation des combats, dans lesquels on se révèle autre que ce que l’on pensait. L’auteur rend merveilleusement bien les sensations, les flux des sentiments. D’une certaine façon, les soldats ne réfléchissent plus, ils sont entraînés par des pulsions, des forces, qui les meuvent selon leurs propres lois.

J’ai trouvé cette facilité de renter dans la chose guerrière presque effrayante par moments, voir que des hommes pouvaient se lasser entraîner de cette façon, que la mort des amis ou ennemis ou même la sienne propre devenait presque négligeable est presque glaçante. C’est une façon très efficace de montrer l’horreur de l’acte guerrier, les personnages sont sympathiques, des gens que l’on peut rencontrer dans la vie, et qui tout d’un coup se mettent à tuer et à mourir sans poser de questions, comme quelque chose d’évident. Un livre impressionnat.

Wah, merci pour cette superbe présentation, que j'attendais avec impatience.
En effet c'est un texte impressionnant, une histoire sur la pire des peurs, celle d'avoir peur.

Je suis très étonnée que ce livre ne soit pas plus connu en dehors des pays anglophones. Je l'ai découvert un peu par hasard, Dans L'ingénieur des âges humaines, Josef Skvorecky donne des noms d'écrivains aux 7 chapitres du livre. Des auteurs comme Poe, Faulkner, Conrad..Enfin que des pointures immenses. Et un chapitre est placé sous le signe de Crane. Que non seulement je n'avais pas lu, mais que je ne connaissais pas. Et que forcement j'ai voulu connaître.

Oui, c'est étonnant. C'est pendant mes études que je l'ai découvert, une lecture imposée mais qui m'a beaucoup frappée. Si Stephen Crane n'était pas mort si jeune, s'il avait pu écrire encore, il serait aussi connu que les autres que tu cites. Enfin je pense.

Comme je le disais sur le fil des lectures du mois, je te recommande Hotel de dream, la biographie romancée de Crane par Edmund White, qui se focalise sur les derniers mois de sa vie. C'est un très beau livre sur l'amour et l'acte d'écrire, sur les liens entre la vie d'un auteur et son oeuvre.

Merci pour ce fil

Nezumi a écrit:

Comme je le disais sur le fil des lectures du mois, je te recommande Hotel de dream, la biographie romancée de Crane par Edmund White, qui se focalise sur les derniers mois de sa vie. C'est un très beau livre sur l'amour et l'acte d'écrire, sur les liens entre la vie d'un auteur et son oeuvre.

je ne peux que le recommander aussi..
je m'avais d'ailleurs dis pendant la lecture de ce livre, que je voudrais bien découvrir Stephen Crane.. ce fil va me donner l'occasion de le re-noter

Alors si tu lis vraiment Stephen Crane Kenavo, je vais envisager Edumund White

volontiers.. je vais passer la commande samedi!
Et je pense que c'est toi qui va 'gagner' dans ce marché - le livre de Edmund White est tout à fait extraordiinaire

Et les amateurs de Joyce Carol Oates savent bien sûr que le titre anglais de son roman Cette saveur amère de l'amour est Because it is bitter, titre tiré de Les Cavaliers noirs et autres poèmes (édité chez Orphée-La Différence ; plus très trouvable, à part notamment dans ma bibliothèque )

Citation :

In the desert
I saw a creature, naked bestial,
Who, squatting upon the ground,
Held his heart in his hands,
And ate of it.
I said, « is it good, friend ? »
« It is bitter - bitter, » he answered ;
« but I like it
Because it is bitter,
And because it is my heart. »

J'aime bien en anglais ; en français, ça passe beaucoup moins bien.

Edmund White et JCO, mis à part, Stephen Crane est un écrivain tout à fait recommandable,
dans un style qu' on a peut etre trop vite défini comme "naturaliste", froid et précis..
Précis oui, mais pas du tout froid. Il me semble qu' on ressent quand meme la sensibilité de l' auteur et ses dons d' observation et d' imagination.
Il parait que, dans la vie, il était dominé par la peur de vivre.

Il n' a pas eu peur très longtemps, puisqu' il est mort à 29 ans. Et ses écrits sont courts...
Profitez-en !

Arabella a écrit:

Alors si tu lis vraiment Stephen Crane Kenavo, je vais envisager Edumund White

voilà...tu peux envisager d'emprunter White à ta bibliothèque


Blue Hotel

Citation :

Présentation de l'éditeur
Nous sommes au bord de la voie ferrée, dans un hôtel du Nebraska, en 1898. C'est dans cet hôtel que se fabrique l'Amérique, et des Américains qui donc n'en sont pas encore, s'y rencontrent. Il y a le Suédois, l'homme de l'Est, le père irlandais, le jeune fils, et l'incontournable cow-boy. Ils improvisent une table et jouent aux cartes. Mais c'est en fait leur devenir qu'ils jouent.

Un petit livre concernant le nombre de pages, mais un texte qui donne plein d'envie de continuer avec son oeuvre.
Depuis ma lecture du livre d'Edmund White, j'avais envie de faire connaissance avec Stephen Crane himself
C'est fait, et c'était une belle rencontre parce que son écriture est une de celle qui sait me parler. Et en plus cette histoire donne accès à tellement de facettes que c'est étonnant ce qu'il arrive à faire passer sur si peu de pages.

Une partie de cartes qui devient très vite plus qu'un divertissement inoffensif, fascinant comment il se prend pour donner au lecteur un aperçu de vie bien au delà du jeu.

Je vais revenir vers cet auteur!

Alors je me mets dans la phase d'envisager Edmund White. Quand à la réalisation, c'est l'étape suivante, et là je ne peux donner aucune date

Dorothy Parker le cite dans un de ces livres , je vais suivre cela d'un peu plus près.

darkanny a écrit:

Dorothy Parker le cite dans un de ces livres , je vais suivre cela d'un peu plus près.

ah oui, ce sera intéressant de savoir
au moment où moi j'ai lu Dorothy Parker, je ne connaissais pas Stephen Crane et n'ai pas fait attention du coup

Ce sont des nouvelles , ou plutôt des récits journalistiques , le style est superbe , très dense , mais Stephen Crane ne nous livre pas sa pensée , c'est pourquoi on peut quand même reconnaître une approche journalistique
Il y décrit un bouge - dortoir pour miséreux de Manhattan , une mine de charbon avec des gosses à califourchon sur des wagonnets pour en extraire des fragments de schiste , la chaise électrique à Sing Sing dans la salle bien encaustiquée , le lugubre cimetière attenant....

C'est assez noir et cauchemardesque , pas étonnant que cet auteur ait été un grand lecteur de Edgar Poe , en tous cas , c'est à lui qu'on pense quant au style et non à Zola , pourtant le réalisme ou naturalisme est bien présent mais le style est flamboyant .

Mal payé pour ses écrits , malade , il ne vivra pas longtemps , il confie à Willa Cather que pour gagner sa vie , il écrit vite et pas forcément ce qui l'intéresse , ce recueil contient son meilleur , et ses écrits lui ont pris un temps énorme , mais le résultat est là (pour les sceptiques qui croient que l'on peut produire de belles phrases juste avec un peu de talent )

Une grande découverte en tous cas .