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| Frédéric Lenoir | |
| | Auteur | Message |
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mimi54 Zen littéraire
Messages : 6043 Inscription le : 02/05/2010
| Sujet: Frédéric Lenoir Jeu 23 Sep 2010 - 14:35 | |
| Philosophe, sociologue et historien des religions. Chercheur associé à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS). Directeur de la rédaction du magazine Le Monde des Religions (bimestriel appartenant au groupe Le Monde ). Producteur sur France culture de l'émission Les Racines du ciel, auteur d’une trentaine d’ouvrages (essais, encyclopédies, romans), il est également scénariste de bande dessinées et auteur d’une pièce de théâtre. L'oracle della lunaCe roman aura été pour moi du début jusqu’à son terme un formidable voyage dans le temps, l’espace, mais surtout dans l’Humain. Nous sommes dans l’Italie de la Renaissance, époque féconde à tous les niveaux. Tout commence comme un thriller, en flash back qui immédiatement vous entraine à poursuivre l’aventure avec Giovanni dans son parcours initiatique, et son ouverture à la philosophie, à la spiritualité, à l’astrologie, le soufisme, la Kabbale. L’écriture limpide ne lasse jamais le lecteur. Le côté romanesque de l’histoire, car c’est aussi une histoire d’Amour, agrémente les passages sérieux, et met un peu de piment, et de distraction pour celui qui serait un peu rebuté par ces derniers. Ma lecture aura été un appel à la sagesse ; elle aura suscité à de nombreuses reprises interrogations et de nombreuses petites phrases m’ont interpellée. - Citation :
- "La peur du monde est en fait une peur de soi même " p 281
- Citation :
- "Les voyages changent le regard que nous portons sur nous-mêmes et sur notre vie" p 295
- Citation :
- "Nous nous cramponnons à l’existence. Or exister est un fait. Mais vivre est un art. (…)On apprend à vivre comme on apprend à philosopher ou à faire la cuisine." p435
Devant un livre aussi riche de tout, aussi palpitant et prenant, il est difficile d’organiser les choses, et de hiérarchiser ses idées. Je les laisse, par petites touches, comme elles m’arrivent. Je ne peux que vous inviter à vous laisser emporter à votre tour ; laissez vos mains tourner les pages, nombreuses, mais dont le nombre s’efface rapidement au profit d’un autre chose pas tout à fait descriptible mais qui vous rattrapera, j’en suis sure. | |
| | | MartineR Main aguerrie
Messages : 364 Inscription le : 10/09/2010 Localisation : essonne
| Sujet: Re: Frédéric Lenoir Ven 8 Oct 2010 - 13:53 | |
| Je n'aime pas trop le genre < thriller > mais dans ce style et avec l'érudition de l'auteur je me suis laissée prendre à la lecture de cet ouvrage du début à la fin. Frédéric Lenoir nous entraine dans l'Italie & dans tout le pourtour méditéranéen à cette période si riche qu'était la renaissance. Entre spiritualités, astrologie et vie des couvents le lecteur arrive vite à la fin de ce roman très bien écrit. Un vrai plaisir! | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Frédéric Lenoir Mar 6 Aoû 2013 - 12:34 | |
| L'âme du monde (2012) de Frédéric Lenoir Lorsque le kitsch se mêle au sacré, l’éternel à la mode et la pédagogie à la démagogie, on peut avoir envie de rire. Ou de pleurer. En tout cas, on permettra à sa bibliothèque de respirer un peu en éliminant un livre de ses étagères. Frédéric Lenoir construit son livre en pompant avidement aux sources d’un catastrophisme digne des mauvaises nouvelles du JT de 13 heures. Aux quatre coins du monde, au même instant, sept personnes sont frappées par le pressentiment d’un cataclysme imminent qui devra les conduire dans un premier temps au monastère de Toulanka, au Tibet. On ne l’aurait pas forcément cru tout seul, mais ces personnes sont des sages -l’auteur nous le certifie et on ne conteste pas. Se mélangent donc une professeure de philosophie et des ressortissants de toutes les religions du monde –Frédéric Lenoir a heureusement été assez modeste pour ne pas inclure un écrivain new-age dans ce groupe de zouaves. D’une manière très répétitive et mécanique, l’appel de Toulanka apparaît comme une révélation et nous est présenté plus ou moins dans les mêmes termes, du plus au moins ridicule, faisant parfois surgir la vision dans les aboiements d’un clébard ou dans la moindre irrégularité d’une tartine de pain : « Ne parvenant pas à dormir, elle se leva au milieu de la nuit, alluma la télévision et tomba sur une émission consacrée au bouddhisme tibétain. Lorsque le monastère de Toulanka fut évoqué, un frisson la parcourut de la tête aux pieds. Sans savoir pourquoi, une idée fixe s’imposa à elle : tout quitter à l’instant pour se rendre dans ce monastère. Elle prit un somnifère et tenta d’oublier cette obsession. Mais quand, le lendemain, elle croisa dans la rue une dame hurlant à son chien : « Toulanka ! Au pied ! », ses derniers doutes se dissipèrent. »Si c’est de l’humour, ce n’est pas drôle, et si ça n’en est pas, c’est désespérant. Mais voilà les sept sages partis au Tibet, se rencontrant avec étonnement au beau milieu d’un monastère que Frédéric Lenoir n’aurait jamais choisi d’élire si la région n’avait pas été popularisée par les évènements des Jeux Olympiques de 2008. L’histoire se transforme alors en stage d’initiation à la méditation au cours duquel les participants devront s’être mis d’accord pour unir leurs connaissances et leurs sagesses diverses, issues de leurs différentes écoles de pensées, afin d’abolir toute religion traditionnelle et de déceler l’essence de l’ « âme du monde ».Si les progrès de la mondialisation leur auront permis dans un premier temps de prendre le premier Easy Jet pour s’amuser au Tibet, ils leur permettront dans un second temps de faire une croix sur les vieilles religions rasantes pour mettre au point une « anti-religion » plus dogmatique que jamais, imposant péremptoirement la tolérance, l’union pacifique des sagesses et une définition incontestable du « bien », du « mal » et du « bonheur ». Et c’est parti pour une longue litanie des préceptes qui obligeront l’homme moderne connecté à Facebook de devenir heureux ( « Allons voir si tu as de nouveaux amis sur Facebook ! » lança le vieux Chinois dans un ricanement joyeux). N’osant pas faire preuve de trop d’originalité pour ne pas effrayer le lecteur moderne qu’il imagine forcément aseptisé et réduit aux seules croyances des bénédictions commerciales, n’usant pas d’un style ni d’une écriture trop complexes pour ne pas perdre le lecteur abruti qu’il imagine abreuvé aux seules sources de la Roue de la Fortune, Frédéric Lenoir s’adresse à nous sur un ton didactique si lourd qu’entre démagogie et orgueil, on se demande quel instinct a le premier guidé la rédaction de cette nouvelle Âme du monde qui n’a rien d’original. Les métaphores sont d’une tristesse et d’une platitude qui doivent tout aux stéréotypes ( « Ce qui compte, ce n’est pas de gravir cette montagne, ou bien celle-ci, ou bien encore celle-là, mais de parcourir le chemin ») et qui ont cet avantage bien utile pour l’auteur de vouloir tout et rien dire à la fois, ne prenant aucun risque lorsqu’il s’agit de vouloir transmettre une pensée personnelle au lecteur. D’ailleurs, rien de ce qui n’est écrit ne semble découler d’une réflexion originale. Il semblerait plutôt que Frédéric Lenoir ait vraiment pioché tout ce qui lui semblait être « bon » (niais, pathétique, caressant, lénifiant…) au sein des sept plus grandes écoles de pensée actuelles pour les brasser, sans souci de cohérence, donnant parfois lieu à des contradictions internes qu’il essaie d’estomper en amenant sans cesse sur le devant de la page des concepts aussi indéfinis que « Bonheur », « Paix », « Amour » et autres ressortissants à majuscule. Ainsi se trouve-t-on soumis à des enseignements contradictoires qui tortureront la minable « âme ponctuelle » cherchant à se faire « âme du monde ». Il faudra donner le meilleur de soi-même pour devenir parfaitement satisfait de la personnalité que le monde nous a transmis. Les sages se mettent ainsi d’accord, dans un premier temps, pour affirmer que « La grande ambition qui doit guider ta vie, c’est de développer le meilleur de toi-même », impliquant une série d’exercices et d’obligations dignes de mangerbouger.fr ( « Développe et entretiens ses possibilités en faisant de l’exercice. Allie le souple –yoga, gymnastique douce- et le tonique : course, travail musculaire. Mais ne cherche pas à dépasser ses limites et ménage-le. Ton corps a besoin de repos. Dors chaque nuit le nombre d’heures nécessaires. […] Ton corps a aussi besoin de se nourrir. La nourriture ne doit pas seulement apporter un plaisir, mais fournir au corps l’énergie nécessaire. L’alimentation doit être variée, équilibrée et aux besoins de chacun ») avant d’anéantir tous les efforts dans un second temps au cours duquel les sages se mettront d’accord pour affirmer que la meilleure attitude à entretenir à l’égard de la vie consiste à accepter tout ce qu’elle entraîne –soi, sa personnalité, les autres, la maladie et la fatalité ( « L’attitude la plus importante, la voie royale, celle qui est le couronnement de la sagesse, c’est d’acquiescer à la vie. C’est d’accepter le réel. Ne pas refuser ce qui se présente. Certaines choses peuvent et doivent être changées. Mais commençons par dire « oui » à la vie. Une maladie survient : acceptons-là et faisons ce qu’il faut pour guérir »). Une fois que l’on a bien intégré que cette nouvelle Âme du monde développée par Frédéric Lenoir n’est qu’un spiritualisme moderne gonflé à la mondialisation, au socialisme pour les nuls et à la pédagogie facebook, le livre devient plus intéressant et se transforme en bréviaire du foutage de gueule. L’enseignement imaginé par les sept plus grands sages du monde ( !) n’échappe pas à l’obligation de faire sens et Frédéric Lenoir lui assigne un but : instruire les deux adolescents du monastère dans l’espoir d’en faire des hommes nouveaux qui –par propagation sur Twitter-, transmettront l’enseignement sacré aux autres jeunes dévergondés du monde moderne. La spiritualité ne peut se passer des caractéristiques propres à une société libérale répugnée : domination du marché et obligation de rentabilité. Bien sûr, la transmission se heurte parfois au crétinisme ardent des deux adolescents du livre –et de l’image que Frédéric Lenoir détient de son lectorat ( « Moi, je rêve de rencontrer le prince charmant, de rigoler avec mes amies et de m’éclater dans la vie ! Voilà ! »). Au milieu de tous ces préceptes qui, en voulant plaire à tout le monde, en cherchant l’approbation de tous et en n’osant blesser personne, finissent par devenir vides et creux, Frédéric Lenoir ose avancer quelques affirmations psychologiques dignes du siècle dernier ( « Nous reproduisons dans nos relations amoureuses le conditionnement affectif de notre petite enfance. Ces blessures du cœur peuvent guérir au fil de la vie, par une prise de conscience, des thérapies et des rencontres appropriées ») qui devraient nous conduire immédiatement sur le divan du psychologue du quartier, que l’on soit effectivement perturbé par un passé difficile à surmonter, ou qu’il s’agisse de devenir le surhomme qu’aucune faille ne vient entraver dans la quête de son développement illimité ( « Est-il libre, l’homme […] qui ne pourra rester dans une pièce où il a vu une araignée ? »). L’âme du monde a voulu tirer le meilleur des sept plus grandes écoles de pensées connues à l’heure actuelle, niant leurs particularités, leurs histoires, leurs nuances et leur complexité pour créer un hybride impersonnel et fade qui serait à la culture dans tout son éclectisme ce que MacDonald’s est aux cuisines traditionnelles et locales héritées de générations d’êtres humains. Inintéressant, Frédéric Lenoir ose cependant croire à son originalité et postule l’ignorance, le nombrilisme et la soif de richesses (qu’il s’agisse de spiritualité ou de bonheur) d’un lectorat dopé aux préceptes libéraux. La contradiction émaille jusqu’à la construction de son récit et conduit du paradigme du capitalisme matériel au paradigme du capitalisme spirituel –ce qui n’est finalement pas différent. *peintures de Min Wae Aung | |
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