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| Gonçalo M. Tavares [Portugal] | |
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Auteur | Message |
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bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| | | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Gonçalo M. Tavares [Portugal] Mar 14 Mai 2013 - 20:19 | |
| Extraits de la postface d' Alberto Manguel à Monsieur Kraus.
... Le National Soialisme, lorsqu' il apparut, devint pour Kraus la somme de tous les maux parce que son usage vicieux du langage était preuve à ses yeux, d' une corruption morale absolue. Le langage, grace auquel nous apprenons le monde, doit etre défendu par le langage. Et le style grace auquel, croyait-il, le langage est le plus efficace, est celui de la satire, la satire mordante, sans réplique... Kraus ne supportait pas les imbéciles.
Toute société, tout quartier littéraire doit avoir son Karl Kraus... En effet, nous le savons tous, il y a des écrivains qui sont eux-memes des prises de position, plutot que des oeuvres complètes ou des esprits pleins de fantaisie...
C' est pourquoi au bairro de Tavares, il fallait un Kraus. Pas Kraus en personne évidemment... Le Kraus que Tavares installe est un Kraus parallèle, réinventé pour notre espace et notre temps... Il parle en mots nouveaux de sujes nouveaux, il commente des évènments récents qui après tout, sont toujours pareils, le résultat de la stupidité humaine... | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Gonçalo M. Tavares [Portugal] Mar 14 Mai 2013 - 20:46 | |
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| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Gonçalo M. Tavares [Portugal] Mer 15 Mai 2013 - 21:37 | |
| Aaaaaah ! C'est un livre pour moi ! | |
| | | Igor Zen littéraire
Messages : 3524 Inscription le : 24/07/2010 Age : 71
| Sujet: Re: Gonçalo M. Tavares [Portugal] Ven 14 Juin 2013 - 17:01 | |
| JérusalemA l'aide! Oui, à l'aide, qu'on m'aide à comprendre un peu ce roman dans lequel j'ai surtout lu des mots... Une poignée de personnages déambulent dans une ville qui n'a pas l'air d'être Jérusalem. Certains peuvent être des victimes, d'autres des bourreaux mais finalement victimes. Nous avons quelques docteurs, des fous, un enfant handicapé, une prostituée et un type avec un révolver un peu mac et assassin. Des rencontres, des prises de pouvoir des un sur les autres et vice versa... Extrait: - Jérusalem - Europe 02 a écrit:
Torture (IX)
La première fois, ou alors quand ça se pratique sur quelqu'un que nous connaissons, ils attrapent notre poignet avec force et guident notre main. On est obligé de le faire. Personne ne refuse. Ils attrapent notre poignet et guident notre main avec force seulement pour que nous ne tremblions pas. Pour que nous ne nous dérobions pas. Pour que nous torturions dans les règles.
Quand et où que ce soit, tu peux entendre: Torture. Et ils t'appellent. Ils peuvent te désigner pour torturer ou être torturé. Il n'est pas nécessaire que tu ais commis une faute. Ils peuvent te choisir de façon aléatoire pour la souffrance. Quand ils te disent: Torture, tu ne sais pas s'ils t'appellent pour que tu tortures ou pour être torturé.
Après qu'ils t'ont dit ce mot, tu dois les suivre. Tu n'as pas d'alternative: tu préféreras torturer. Les tortures sont exécutées dans la chambre de celui qu'on a choisi comme bourreau. Aussi, lorsque tu vois qu'ils se dirigent vers ta chambre, tu ne peux éviter la joie: tu serres les poings, tu pousses un cri de satisfaction.
C'est seulement lorsque tu entreras dans ta chambre que tu verras qui tu vas torturer. Ca peut être un inconnu, mais ça peut êtres aussi un ami ou quelqu'un que tu aimes. A ce moment-là tu ressentiras du dégoût, non pas tant à cause de l'acte de torture, auquel tu es obligé, mais à cause de la joie que tu as éprouvé, quelques instants auparavant, quand tu as compris que tu ne serais pas la victime; une joie instinctive qui n'a répondu à aucun ordre et qui, pour cela même, te dégoûteras pendant assez longtemps. Ce passage (comme 8 avant celui là) est en exergue du drame qui se joue entre les personnages. Drame sordide et sinistre sans que j'en perçoive le sens profond. Rapports de force serait-il le maître mot ? massacreurs et massacrés ? Génocide en question ? Donc, oui, à l'aide, lisez le rien que pour m'expliquer... Merci! | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Gonçalo M. Tavares [Portugal] Ven 14 Juin 2013 - 17:11 | |
| Euh... Vous n'auriez pas un petit Marc Lévy, tout doux et tout simple ? J'ai quand même une certaine admiration pour un type capable de lire de telles réjouissances, et en plus en n'y comprenant rien. Tu es interdit d'arrêt de livre, Igor? | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Gonçalo M. Tavares [Portugal] Ven 14 Juin 2013 - 17:43 | |
| Tu peux essayer Monsieur Kraus, Igor ! Sinon, laisse tomber... Le plaisir avant tout ! | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Gonçalo M. Tavares [Portugal] Ven 14 Juin 2013 - 18:03 | |
| J'ai comme l'impression qu'Igor est un gros maso, bix, laisse le faire . | |
| | | Igor Zen littéraire
Messages : 3524 Inscription le : 24/07/2010 Age : 71
| Sujet: Re: Gonçalo M. Tavares [Portugal] Ven 14 Juin 2013 - 18:18 | |
| J'ai espoir avec Shanidar... Il explique bien Mr Kraus ?
Mais oui, je suis mûr pour Cioran... (Précis de décomposition, dans ma pal d'ailleurs, mais celle des livres que je ne lirais jamais) | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Gonçalo M. Tavares [Portugal] Dim 16 Juin 2013 - 13:03 | |
| - Igor a écrit:
Mais oui, je suis mûr pour Cioran... (Précis de décomposition, dans ma pal d'ailleurs, mais celle des livres que je ne lirais jamais) Oh ! | |
| | | domreader Zen littéraire
Messages : 3409 Inscription le : 19/06/2007 Localisation : Ile de France
| Sujet: Re: Gonçalo M. Tavares [Portugal] Jeu 26 Sep 2013 - 16:50 | |
| - Igor a écrit:
- Jérusalem
A l'aide! Oui, à l'aide, qu'on m'aide à comprendre un peu ce roman dans lequel j'ai surtout lu des mots...
Donc, oui, à l'aide, lisez le rien que pour m'expliquer... Merci! Bon Igor, rassure toi, Jérusalem n'est sans doute pas celui par lequel nous aurions dû commencer notre découverte de cet auteur. Ou alors ce n'était pas le moment ? Je viens de le finir et malgré tous mes efforts je n'avais que des souvenirs très vagues, et il m'était impossible d'en faire un résumé et d'en parler. Je pense que c'est en partie dû aux personnages très désincarnés de ce roman et aux digressions nombreuses dans des chapitres cependant courts. J'ai cependant admiré la façon dont le roman était construit en suivant pas à pas certains personnages pour mieux les réunir ensuite, une espèce de fil du destin. Voici ICI un lien vers le Matricule des Anges qui en fait un superbe résumé ainsi qu'une très belle critique. Je n'ai pas été conquise par ce roman, mais l'auteur a vraiment du talent, donc je note d'en lire un ou deux autres pour voir. | |
| | | tom léo Sage de la littérature
Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
| Sujet: Jérusalem Ven 27 Sep 2013 - 6:29 | |
| Jérusalem
Titre originale : Jerusalém (Portugais, 2004)
CONTENU : Y-a-t-il une formule pour l'horreur ? Théodore Busbeck, médecin et historien, travaille avec acharnement sur l'idée que le mal suit une logique, une formule interne, et qu'on pourrait calculer en avance les horreurs à venir. Son ex-femme et patiente Mylia resiste depuis de années aux prognostics des docteurs de sa mort imminente ; Ernst Spengler, son amant de jadis, est un homme cassé après un séjour en hôpital psychiatrique ; Hinnerk Obst reste marqué par la guerre... Dans une nuit de Mai toutes ces personnes se rencontrent et la violence semble inévitable... : Spengler est en train de se jeter par la fenêtre, Mylia visite une église dans sa maladie, Obst se promène avec un fusil.
REMARQUES : Le livre consiste d'une multitude de petits, courts chapitres avec encore des paragraphes ordonnantes, toujours titrées simplement avec les personnages qui y jouent un rôle. Il y a des constellations les plus diverses. La langue est sèche, distanciée, logique et sans débordements émotionnels, tout en communiquant une atmosphère sombre, ombrageux.
Pas facile de résumer ce roman sous un fil et un aspect unificateur : selon le sujet, selon la chronologie ??? On peut avec raison voir dans cette nuit du destin un noyau du livre : c'est à ce moment là, dans quelques instants, que se concentrent les conséquences des décisions de vie et des événements antérieurs. Parallèlement à ce moment précis et circonscrit nous regardons justement en arrière, dans ces passés qui se rencontrent là. A le considérer comme ça, nous pourrions lentement établir une chronologie donnant un fil qui accompagne les portagonistes à travers les années :
Mylia est sonnée psychiquemment quand dans une thérapie elle fait connaissance du Docteur Busbeck, son époux futur et théoreticien d'une formule universelle. Plus tard il l'interne dans une clinique psychiatrique où elle sera sous tutelle. Elle fera connaissance de son grand amour Ernst Spengler, avec lequel elle aura dans la clinique encore un enfant : elle pourra le porter au terme de la grossesse avec la « permission » de Busbeck, mais le perdra aussi toute de suite à celui-ci qui demandera le divorce et enlèvre – comme docteur ?! - l'enfant de ses parents pas responsables. Donc il grandira avec un handicap chez le Docteur.
Ce livre appartient dans l'oeuvre de Tavares à la tétralogie « Le règne » et forme le troisième tome. Dans cette série l'auteur se pose en gros avec la question du mal dans le monde. Ici, dans « Jérusalem » cela se passe au même moment sur plusieurs niveaux : D'un coté le Docteur Busbeck travaille avec acharnement sur une théorie avec laquelle il aimerait découvrir une certaine logique et rythmicité du mal dans l'histoire de l'humanité. Peut-être aura-t-il encore dans l'arrière pensée la volonté que de telles découvertes, de telles données objectives d'un ouevre de vie, permettent aux génération futures une maîtrise et une compréhension de l'indicible souffrance et mal. Néanmoins : jusqu'à où cela peut aller ? Est-ce qu'on peut vraiment trouver une formule pour prédire avec sécurité les acteurs et victimes futures, et pour déculpabiliser ce faisant la part de participation en liberté ???
Les acteurs de ce roman sont tous plus ou moins des acteurs, et aussi des victimes du bien et du mal. En chacun il y a un mélange, aussi une accentuation différente du degré de conscience, voir de l'inconscience, d'un acte, de la participation et de la responsabilité ou voir d'une existence de « victime ». Comment Tavares construit ces variations infinies de coexistences des contraires pour un tel ou une telle, est un coup de génie (selon moi). Tout le monde est partiellement atteints, cherche d'une façon ou d'une autre un adoucissement de ses souffrances ou une réponse à ces besoins.
Ce complexe de sujet central est enrichi encore avec d'autres élaborations de sujets, partiellement en passant, mais digne de réflexion : comment vivre avec ceux aui ont atteris dans des établissements spécialisées ? Ou et comment se passe la guérison ? Qui a et dans quelle mésure, des droits sur la vie des autres (tutellage etc) ? Une multitude de thèmes digne d'être digerés. Et à la fin on est là un peu pantois, avec le vertige, ne sachant pas toujours où est-ce que nous nous trouvons dans une prise de position ou le spectre large élaboré par l'auteur dans ses réponses ou suggestions.
Non, je ne vais pas affirmer qu'il s'agit d'un « beau » livre, mais quelle puissance que je ressente derrière l'écriture de cet auteur, quels sujets intéressants ! Remarquable ! | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Gonçalo M. Tavares [Portugal] Jeu 14 Nov 2013 - 23:45 | |
| Un Voyage en Inde - Mélancolie contemporaine (un itinéraire). ( Um viagem à India ; 2003-2010 ; traduit du portugais en 2012 par Dominique Nédellec). Postaface de Eduardo Lourenço. Viviane Hamy. 494 pages. Un voyage en Inde, c'est un OENI (Object Ecrit Non Identifié). Bien sûr, on a pu lire d'autres livres écrits en vers libres ( La Montagne volante de Christoph Ransmayr, par exemple, écrit en "phrases flottantes"), mais celui-ci est différent. Des extraits valent mieux qu'un long discours, alors voici le début (Chant I) : - Citation :
- "1-
Nous ne parlerons pas du rocher sacré sur lequel la cité de Jérusalem fut construite, ni de la pierre la plus respectée de la Grèce antique qui se trouve à Delphes, sur le mont Parnasse, cet omphalos - le nombril du monde - vers quoi tu dois orienter ton regard, parfois tes pas, toujours ta pensée. [...]
3- Nous ne parlerons pas de héros égarés dans des labyrinthes ni de la quête du saint Graal. (Il ne s'agit pas ici d'atteindre à l'immortalité mais de donner une certaine valeur à ce qui est mortel.) Nous n'ouvrirons nulle fosse pour trouver le centre du monde, nous ne chercherons ni dans des grottes ni sur les chemins de la forêt les visions que les Indiens idolâtraient. [...] 10- Nous parlerons de l'hostilité que Bloom, notre héros, manifesta à l'égard du passé, en se levant et en abandonnant Lisbonne afin de gagner l'Inde, pour y chercher la sagesse et l'oubli. Et nous dirons comment il entama ce voyage avec un secret qu'il devait, plus tard, rapporter presque intact." (pages 13-16).
Le héros s'appelle Bloom. Le livre fait donc référence à l 'Ulysse de James Joyce (que je n'ai pas lu... un jour, sans doute... je ne suis pas encore prêt à tenter l'escalade...). Mais il fait également référence aux Lusiades de Camões (que je n'ai pas lu non plus). Il y a donc très certainement eu de nombreuses références qui me seront passées au-dessus de la tête (et probablement même au-dessus de la tête de ceux qui auront lu les deux oeuvres en question). Notre héros, Bloom, fuit donc. Quoi ? Pourquoi ? On l'apprendra. Sur son chemin vers l'Inde, Bloom s'arrête à Londres. Là, il parle avec des inconnus, qui lui racontent leur enfance, s'appesantissent sur des détails... Mais tout cela ne l'intéresse pas. - Citation :
- "54-
La vie des autres ne nous émeut pas, se dit Bloom. Ta vie est une équation que je ne parviens pas à résoudre parce que je ne t'aime point. Et l'inverse tout aussi bien : je n'arrive pas à résoudre ta vie parce que je ne te hais point. Mais, l'air étant excessif et chaud comme si quelqu'un l'avait ce jour-là laissé trop longtemps au four, voilà que se manifesta la sympathie de ces hommes." (page 33)
Dernière édition par eXPie le Jeu 14 Nov 2013 - 23:53, édité 2 fois | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Gonçalo M. Tavares [Portugal] Jeu 14 Nov 2013 - 23:46 | |
| Bientôt, Bloom explicite ce qu'il attend de son voyage en Inde : - Citation :
- "64-Bloom déclara qu'il était parti de Lisbonne
et que son voyage devait le mener jusqu'en Inde. À l'autre bout du monde, il cherchait une joie nouvelle ou, si possible, plusieurs. Une joie qui mêlerait les plaisirs de l'animal domestique nourri dans une gamelle à ceux de l'animal sauvage et brutal qui se repaît des proies les plus faibles, attaquées par surprise dans le forêt. Un ennui déroutant, voilà ce que cherchait Bloom. Comment le trouver ?" (page 37) Et, plus loin : - Citation :
- "70-
Bloom cherchait l'insolite qui, sans être ni un événement muet ni un bruit mais plutôt un lieu, oblige à avancer. Si ce que je cherche parvenait à ma chaise, à quoi me serviraient mes chaussures ? Mais cette connaissance a déjà valeur de classique : les événements neufs se produisent dans des espaces neufs, pas dans les anciens. Ne laisse pas ta chaise confortable nuire à ta curiosité." (page 39) Le texte, on le voit, comporte des thèmes très "Tavaresien" : la civilisation, les animaux, le Bien, le Mal, la technologie, la nature, la dictature, le pouvoir... - Citation :
- "75 -
Bloom regarde par la fenêtre. Plusieurs armées qui tuaient sous commandement efficace sont passées sur ce revêtement où circulent à présent des voitures. Des sabots de chevaux remplacés en à peine deux siècles par des pneus (qui adhèrent mieux à la réalité que les mammifères). La vie est désormais habitée par des machines (inodores) et, chaque jour, des marques de puissantes firmes industrielles accèdent à la renommée que les plus grands conquérants ont perdue." (page 41) On a donc des comparaisons ou oppositions originales (qui rapprochent le grand du petit, le grandiose du trivial), une des spécialités de l'auteur : - Citation :
- "Les nouvelles d'un journal, les jours de pluie, peuvent
être pliées pour tenir dans la poche, où elles seront au sec. N'importe quelle nouvelle grandiose, un tremblement de terre meurtrier ou la récente inauguration d'un palais, si elle est bien plissée, tient dans un espace de huit centimètres sur six, ce qui ne manque pas de surprendre. Cette image garde sa pertinence pour qui veut comprendre l'importance et la place de l'univers ou des pays voisins dans la vie d'un petit citoyen." (page 57). - Citation :
- "[...]l'amitié est impossible
dans les grandes agglomérations. Même parmi les plus petits animaux comme les mouches ou les fourmis, on aura peine à détecter, en ville, un comportement marqué du sceau de la camaraderie." (Chant III, 41, page 120) - Citation :
- "[...] un homme, quand il dort, est plus proche
de l'astronomie que de son lit à proprement parler." (Chant IV, 66, page 181) "Même les guerres ont été conquises par la bonne éducation : elles sont approuvées au cours de réunions où l'absence de cravate est un fait qui n'échappe à personne." (Chant IV, 23, page 165).
Dernière édition par eXPie le Jeu 14 Nov 2013 - 23:50, édité 1 fois | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Gonçalo M. Tavares [Portugal] Jeu 14 Nov 2013 - 23:46 | |
| Mais pourquoi Bloom tarde-t-il autant pour arriver en Inde ? n'y a-t-il pas de vol direct depuis Lisbonne ? - Citation :
- "Il convient d'arriver fatigué à l'endroit
où l'on veut vieillir, car si l'on arrive vigoureux encore, et impatient, on prendra un nouveau départ. Et on manquera son but." (Chant IV, 80, page 185) Ce n'est pas un livre qui se lit vite. Il est souvent perturbant quand on comprend, et parfois - souvent, en fait -, on ne comprend pas toujours ce que Tavares veut dire exactement. Ou bien encore on s'arrête, et on réfléchit. Quelques exemples supplémentaires : - Citation :
- "il y a une partie du sommeil qui enrichit le vocabulaire du lendemain" (chant II, 14, page 63)
- Citation :
- "On distingue ensuite parmi les humains
ceux qui connaissent mieux leurs poches et ceux qui connaissent mieux leurs mains." (Chant III, 43, page 121). - Citation :
- "Les pauvres ne sont pas bons, murmurait mon père,
c'est seulement qu'ils ont moins d'argent pour faire le mal." (Chant III, 63, page 128). - Citation :
- "Des quatre éléments anciens - j'ignore si vous l"avez remarqué -,
il n'y a guère que le feu que l'homme soit encore incapable de polluer. le feu recèlera un mystère, certainement." (Chant III, 125, page 149). - Citation :
- "Bloom se rappelle bien que certains échecs
permirent à tels membres de sa famille d'apprendre rapidement ce qu'était le courage. Mais d'autres ont toujours confondu deux concepts symétriques : échouer et terminer. Un excellent échec produit d'innombrables façons de se relever pour un homme." (Chant IV, 22, page 164) - Citation :
- "Ou les gens sensés et sages se reproduisent peu,
ou ils sont trop pacifiques et, ne se battant pas, perdent. Car le monde appartient à ceux qui veulent laisser le chantier peint de frais ; inscrire leur nom sur une matière non compatible avec le langage qui disparaît. Et voilà une erreur évidente dans la manipulation des matériaux : les sages veulent écrire. Les ingénieurs sont autrement plus sensés." (Chant IV, 45, pages 172-173). - Citation :
- "Les habitudes satisfont ce qui en toi n'est pas fort" (Chant VI, 96, page 280).
La première moitié du livre, en gros, m'a paru supérieure à la deuxième. Mais peut-être y a-t-il eu un effet de lassitude ? En tout cas, ce n'est pas un livre à lire pour son histoire, qui tient en quelques lignes : elle importe peu. Ce qui compte, c'est le reste. Un livre souvent vraiment très fort, très original, parfois (dans la deuxième moitié, principalement) moins réussi, mais (je me répète), n'ayant lu ni l'Ulysse de Joyce, ni les Lusiades de Camões, j'ai dû rater de nombreuses références. Ce livre original nécessite du "temps cerveau disponible". Ce n'est pas un simple livre, que l'on lit et qu'on oublie. | |
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