Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Parfum de livres… parfum d’ailleurs

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 Gonçalo M. Tavares [Portugal]

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topocl
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MessageSujet: Re: Gonçalo M. Tavares [Portugal]   Gonçalo M. Tavares [Portugal] - Page 4 EmptyVen 15 Nov 2013 - 7:39

eXPie a écrit:
Ce n'est pas un simple livre, que l'on lit et qu'on oublie.
eXPie, tu veux lancer un débat sur la signification du livre?
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MessageSujet: Re: Gonçalo M. Tavares [Portugal]   Gonçalo M. Tavares [Portugal] - Page 4 EmptyVen 15 Nov 2013 - 7:56

topocl a écrit:
eXPie a écrit:
Ce n'est pas un simple livre, que l'on lit et qu'on oublie.
eXPie, tu veux lancer un  débat sur la signification du livre?
rire 

Ça serait un débat interminable, je suppose (si tu parles du Livre en général, et pas de celui-ci en particulier ?). Et c'est sans doute propre à chacun. Me concernant, quand la signification est trop claire, il reste moins présent que quand il y a une part d'insaisissable, car une part de moi continue à courir après...
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MessageSujet: Re: Gonçalo M. Tavares [Portugal]   Gonçalo M. Tavares [Portugal] - Page 4 EmptyDim 17 Nov 2013 - 9:09

Ta présentation me fait envie et je pense que ce livre pourrait me plaire aussi. Depuis hier, tu n'arrêtes pas d'allonger ma LAL humeur 

eXPie a écrit:

Il y a donc très certainement eu de nombreuses références qui me seront passées au-dessus de la tête (et probablement même au-dessus de la tête de ceux qui auront lu les deux oeuvres en question).
Voilà qui est rassurant Laughing
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MessageSujet: Re: Gonçalo M. Tavares [Portugal]   Gonçalo M. Tavares [Portugal] - Page 4 EmptyMar 4 Fév 2014 - 20:34

Monsieur Calvino et la promenade. - V. Hamy

Je poursuis la lecture de l' oeuvre de Tavares et  meme avec plaisir ! Peut etre suis-je tombé sur les
plus accessibles de ses livres, mais je me permets quand meme d' encourager Topocl et Igor à persevérer...

Il est sans doute difficile - et meme hasardeux -de parler des livresde Tavares. Car c' est un novateur
dans la forme et dans le genre. Dans le projet meme de son oeuvre.

Monsieur Calvino fait partie de l' ensemble O Bairro, quartier peuplé de personnages portant des noms

d' artistes et dont le quotidien nous est conté sous forme de petites saynètes.
Et comme l' a rappelé Expie, "O bairro est un lieu où l' on tente de résister à l' entrée de la barbarie."
C' est Tavares qui l' écrit et, à sa recousse, il s' est accompagné de Proust, Rimbaud, Melville, Brecht,
Duchamp, Kafka et autres cadors de la littérature et des arts.

De Calvino, il s' est inspiré du double littéraire de l' auteur, Palomar, et de son ironie Oulipienne.

Mais on n' est pas obligé de le savoir. Et de fait, Tavares ressemble surtout à lui meme.
Et on peut considérer que ces chroniques sont des fantaisies, des esquisses légères qui ont l' évidence
tranquille d' un  Michaux et sa logique imperturbable d' inventeur de mots et de langage.
Et de personnages aussi. Calvino a quelque chose de Plume.


 Le mieux est enore de lui donner la parole.


PREMIER REVE DE CALVINO

Du haut de plus de trente étages, quelqu' un lance par la fenetre les chaussures de Calvino
et sa cravate. Calvino n' a pas le temps de tergiverser, il est en retard : il se jette par la
fenetre, comme à leur poursuite.

En l' air, il rattrape ses chaussures. D' abord, la droite : il l' enfile ; ensuite, la gauche.

Tandis qu' il continue sa chute, il tache de trouver la meilleure position pour nouer ses lacets.
Avec la chaussure gauche, il échoue une première fois mais essaie à nouveau et réussit.
Il regarde vers le bas, aperçoit déjà le sol. Avant, pourtant : la cravate.
Calvino a la tete à l' envers, mais au prix d' un violent effort, sa main droite parvient à la

saisir dans les airs.

Ensuite, de ses doigts empressés mais précis, il accomplit les geste nécessaires pour faire le
noeud : la cravate est mise.

Nouveau coup d' oeil à ses chaussures : les lacets sont bien attachés. Il rajuste une dernière
fois sa cravate, juste à temps, c' est le moment : il arrive au sol, impeccable.
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MessageSujet: Re: Gonçalo M. Tavares [Portugal]   Gonçalo M. Tavares [Portugal] - Page 4 EmptyMar 4 Fév 2014 - 21:17

J'aime beaucoup ce que tu dis, bix, ainsi que la citation que tu as choisi (qui me fait penser à Rushdie mais  attentif  je sais que tu ne l'aimes pas beaucoup) et comme tu trouves du plaisir à lire Tavares (qui est dans mes tablettes depuis trop longtemps). Je le re-note et le souligne !!
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MessageSujet: Re: Gonçalo M. Tavares [Portugal]   Gonçalo M. Tavares [Portugal] - Page 4 EmptyMar 4 Fév 2014 - 23:26

shanidar a écrit:
J'aime beaucoup ce que tu dis, bix, ainsi que la citation que tu as choisi (qui me fait penser à Rushdie mais  attentif  je sais que tu ne l'aimes pas beaucoup) et comme tu trouves du plaisir à lire Tavares (qui est dans mes tablettes depuis trop longtemps). Je le re-note et le souligne !!

Tant mieux si tu as aimé, Shanidar ! Tavares est un virtuose et je ne suis pas étonné les romanciers
portugais aient envié son talent si précoce... Mais il est plus que ça...

Non, ne crois pas que je sois catégorique au sujet de Rushdie. Il se trouve que j' avais adoré ses deux
premiers livres, Les enfants de minuit et La Honte.
Ensuite, j' ai été déçu. Mais je reviendrai à lui...
Sans doute avec Joseph Anton...
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MessageSujet: Re: Gonçalo M. Tavares [Portugal]   Gonçalo M. Tavares [Portugal] - Page 4 EmptyMer 5 Fév 2014 - 9:47

Fiche de présentation a écrit:
Gonçalo M. Tavares est considéré comme l’un des plus grands noms de la littérature portugaise contemporaine, recevant les éloges d’auteurs célèbres comme Eduardo Lourenço, José Saramago, Enrique Vila-Matas, Bernardo Carvalho et Alberto Manguel." nous dit le site de l'éditeur Viviane Hamy.

Ouais... pour ma part, je connaîtrai un autre Tavares que celui qui joue au hockey... Gonçalo me fait beaucoup penser à Vila-Matas. Je me demande bien c'est quelle étoile qui illumine qui... Tavares a l'air d'être un autre «feat» littéraire dans le style de ceux que j'aime...

eXPie a écrit:
Me concernant, quand la signification est trop claire, il reste moins présent que quand il y a une part d'insaisissable, car une part de moi continue à courir après...

Voilà, voilà... c'est ce dont il devrait être question quand nous lisons. Trop savoir ce qu'on lit nous ennuie et nous indiffère à la longue... J'espère que tu ne me tiendras pas rigueur de te citer eXPie...  sourire 
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MessageSujet: Monsieur Walser et la forêt    Gonçalo M. Tavares [Portugal] - Page 4 EmptyLun 21 Avr 2014 - 7:06

Monsieur Walser et la forêt

Original : O senhor Walser (Portugais, 2006)

CONTENU :
Le « Bairro » est un quartier de plusieurs personnages illustres, une utopie en plusieurs voulumes dans laquelle Tavares rend hommâge à quelques auteurs connus. Ici alors il s’agit de Monsieur Walser (probablement plutôt en hommâge de Robert qu’à Martin...) Il s’est décidé de construire sa nouvelle maison un peu à l’écart du quartier, au milieu de la forêt, difficile d’accès., mais comme symbole de tout ce que Walser aimerait vivre : comme une conquête de la civilisation sur la barbarie et comme un lieu d’échange et de partage.

Mais le jour d’inauguration les choses se compliquent : est-ce que beaucoup de travaux n’étaient pas encore achevés ? Des artisans de toutes sortes arrivent à la maison, voulant reparer ici et là des « défauts de construction », détruisant de cloison, prenant quasimment possession des lieux...

REMARQUES :
C’est une petite œuvre de 17 chapitres d’une à trois pages de la série autour du « O Bairro », ce quartier imaginaire conçu de Tavares qui se veut être – comme indique un mot – un lieu comme ce village d’Asterix, dans lequel on essaie de resister à l’entrée de la barbarie. Walser est habité par le désir de créer un espace où ou pourra simplement être, sans contraintes, naturellement, dans le partage les uns avec les autres, dans une atmosphère d’une agréable convivialité. Il a des grands projets..., là au milieu de la forêt, se croyant à l’abri du chaos et comme ayant déjà conquéri ce lieu comme signe de la victoire de la civiliation et la raison humaine sur les forces brutes.

Mais l’homme, et aussi ce lieu isolé ne semble pas à l’abri de l’invasion de l’imprévisible, du chaos. Et les artisans de toutes sortes rapportent l’intranquillité et une fin (provisoire?) du repos.

Dans un commentaire de l’édition française on remarquait que là derrière se cachait une critique de l’intellectuel coupé des réalités du monde concret. Peut-être... Mais cette critqiue me desorientait aussi : où alors est l’hommâge pour Walser et son désir « justifié », sa lutte contre les forces contraire et absurdes? Est-ce que c’est la seule lecture possible ? Est-ce que cela ne signifie pas confondre les genres ? Ici, à mon avis, il s’agit plutôt d’une petite nouvelle que je vois certes avec une bonne note d’humour, mais aussi dans une relation de proximité avec des textes absurdes et kafkaesques. Qui aurait envie de se moquer de Josef K ? Donc, à mon avis on pourrait la lire autrement pour apprécier?!

A chacun de découvrir et se former un jugement.
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MessageSujet: Re: Gonçalo M. Tavares [Portugal]   Gonçalo M. Tavares [Portugal] - Page 4 EmptyLun 21 Avr 2014 - 11:42

Belle critique et ton questionnement est intéressant, ça donne envie!
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MessageSujet: Re: Gonçalo M. Tavares [Portugal]   Gonçalo M. Tavares [Portugal] - Page 4 EmptyJeu 14 Aoû 2014 - 18:42

Gonçalo M. Tavares [Portugal] - Page 4 Tavare10
Couverture : Juan Gris, Fantomas. 1915. National Gallery of Art, Washington, D.C.
Monsieur Kraus et la politique (O Senhor Kraus, 2005). Traduit du portugais en 2009 par Dominique Nédellec. 138 pages. Dessins de Rachel Caiano. Editions Viviane Hamy Suivi d'un texte de Alberto Manguel : Karl Kraus, la voisin de tout le monde (traduit de l'anglais par Christine Le Boeuf).
Ce livre, qui fait bien sûr partie du cycle "Le Quartier", commence ainsi :
Citation :
"Monsieur Kraus quitta le journal de bonne humeur. Il savait que, par les temps qui couraient (à reculons ? de travers ?), « la seule façon objective de commenter la vie politique, c'était d'en faire la satire». [...]
Monsieur Kraus adressa bientôt ses premières chroniques au journal." (page 9).

Suivent lesdites chroniques : c'est l'histoire d'un Chef, aidé par des Assesseurs.
Citation :
"Le Chef aimait expliquer - n'importe quoi, même l'inexplicable - et les Assesseurs aimaient leur Chef." (page 19).
Le Chef a souvent du mal à comprendre, mais qu'importe : les Assesseurs s'émerveillent de ses moindres mots, et font mine d'être plus bêtes qu'ils ne le sont, de sorte que le Chef puisse prendre plaisir à leur expliquer.

On voit dans les textes la manière qu'ont le Chef et ses Assesseurs de se trouver du travail creux (comment procéder à de nouvelles inaugurations puisque tout semble déjà avoir été inauguré et qu'aucun bâtiment n'a été construit récemment ?), et de faire des économies qui n'en sont pas, tout ceci en jouant sur les mots, ou plutôt en les vidant de leur sens.

À l'approche des élections, le Chef s'interroge sur la validité des sondages :
Citation :
"- La question est la suivante, dit le Chef : lorsqu'un individu, même en pleine possession de ses capacités intellectuelles, nous déclare que ses idées penchent à gauche et non à droite, qui nous dit qu'il ne pense pas précisément le
ire ?" (page 59).
Puis, les élections arrivent. Il est donc temps d'envisager de vastes réformes (qu'on aurait pu faire avant, mais à quoi bon ?). Nous sommes au siècle du "cerveau et du vote" (page 66), il faut donc en tirer toutes les conclusions, y compris dans les domaines importants, comme les matchs de football :
Citation :
"Rationalité et démocratie, importance de l'opinion et du vote de chaque citoyen : voilà le football du siècle à venir." (page 67).
Ceci dit, si les réformes sont nécessaires, elles doivent être minimes :
Citation :
"- Oui, pour être plus précis : ce que tout le monde veut, c'est que rien ne change, mais que la vie s'améliore." (page 98).

Il y a aussi, de temps à autre, des petites notations de Monsieur Kraus, comme :
Citation :
"Ponctualité.
Il y a des habitudes dont on ne se défait jamais.
Un bon politicien : même pour l'inauguration d'une horloge, il arrive en retard." (page 38).
"Un politicien ne lit pas de livres, dans le meilleur des cas il lit les titres. Avec les gens, il fait pareil." (page 101).
Tavares développe parfois les paradoxes, comme dans la partie "Payer plus d'impôts est très bon pour qui paie plus d'impôts".
Citation :
"- La question est simple : les impôts servent à améliorer la vie du pays. On est d'accord ?
- On est d'accord.
- Donc...
- Donc : plus un individu paie d'impôts, plus la qualité de vie du pays s'améliore.
- Autrement dit...
- Autrement dit : moins il reste d'argent à chacun pour vivre à la fin du mois - à cause des impôts supplémentaires - plus le pays en a, lui. [...]
C'est-à-dire : plus la vie de chacun se dégrade, plus celle du pays s'améliore.
- Exact. [...]
- Donc, si notre objectif patriotique est d'améliorer la qualité de vie du pays, ce qu'il nous faut faire c'est...
- Dégrader la qualité de vie de chaque citoyen !
- Et voilà !" (pages 115-116).
Dans un petit texte qui conclut le volume, Alberto Manguel parle de Karl Kraus (1874-1936), le vrai (cf le fil qui lui est consacré ici), auteur notamment de nombreuses pensées qui donnent envie d'aller y voir de plus près ("La vie est un effort qui serait digne d'une meilleure cause", "Le mal ne prospère jamais mieux que lorsqu'un idéal est placé devant" ; "La fonction de la rate doit être semblable à celle des notaires dans l’Etat : nécessaire mais superflue", etc.).

"« Les satires que le censeur comprend doivent être bannies », conseillait-il. Il ne tolérait pas les imbéciles. [...]
Le Kraus de Tavares parle en mots nouveaux de sujets nouveaux, il commente des événements récents qui, après tout, sont toujours pareils, le résultat de la stupidité humaine née du mauvais usage de la parole. Il est approprié que Tavares ressuscite Kraus ici, au XXI° siècle, après que Christine Lagarde, alors ministre des finances, a déclaré à l'Assemblée nationale, en juillet 2007, que « nous avons dans nos bibliothèques assez pour en parler pendant des siècles à venir. C'est pour cela que je vous dis : pensez moins et travaillez plus. »
" (pages 136-137).

La citation n'est pas tout à fait exacte, Manguel a simplifié et donc un petit peu trahi (en le caricaturant) le propos... volontairement, j'imagine : auquel cas on voit, dans un texte mettant en exergue l'importance de l'utilisation du mot juste, l'auteur tomber dans le travers même qu'il dénonce... Dans un souci d'exactitude mais également parce que ce qui suit ressemble aux dialogues d'une pièce de théâtre, voici ce qui a été réellement dit :
"Mme la ministre de l’économie, des finances et de l’emploi. [...] Que de détours pour dire finalement une chose toute simple : le travail paye. Mais c’est une vieille habitude nationale : la France est un pays qui pense. Il n’est guère d’idéologie dont nous n’ayons fait la théorie, et nous possédons probablement dans nos bibliothèques de quoi discuter pour les siècles à venir. C’est pourquoi j’aimerais vous dire : assez pensé, assez tergiversé ; retroussons tout simplement nos manches !
M. Jean-Pierre Balligand [député PS]. Il faut aussi penser pour travailler !

Mme la ministre de l’économie, des finances et de l’emploi. De ma lecture de Tocqueville je retiens l’idée suivante : « L’égalité réhabilite l’idée du travail procurant un gain. »

Plusieurs députés du groupe socialiste, radical et citoyen. Des sous ! Des sous !
" (source : http://www.assemblee-nationale.fr/13/cri/2006-2007-extra/20071003.asp )
On note qu'un homme (ou une femme) politique digne de ce nom se doit toujours d'avoir en tête un stock de citations appropriées (dont le nom de l'auteur, si possible inattaquable, est brandi) : ça en impose, et le temps que les adversaires réfléchissent à la citation de sorte de répliquer intelligemment, on est passé à autre chose. Malin.

Très bon texte de Tavares, qui prolonge ici les thèmes qui lui sont chers : la modernité, le rapport de domination d'une minorité sur la masse.
Bien sûr, la critique est parfois facile, mais il y a tellement de vrai... Et sa critique de la politique est applicable au milieu de l'entreprise, malheureusement. Ce qui est logique, puisqu'une grande entreprise, c'est finalement un Etat en miniature.


Dernière édition par eXPie le Dim 24 Aoû 2014 - 22:36, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Gonçalo M. Tavares [Portugal]   Gonçalo M. Tavares [Portugal] - Page 4 EmptyDim 24 Aoû 2014 - 19:12

Le Cycle "Le Royaume" comporte en portugais quatre romans ; seuls les deux derniers avaient été traduits en français : Jerusalem et (2004) Apprendre à Prier à l'ère de la technique (2010).
Dans pas longtemps (le 18 septembre) sortent les deux premiers, en un seul volume : Un homme : Klaus Klump (2003) et La machine de Joseph Walser (2004).
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Et, pour faire bonne mesure et contre-balancer le côté sombre du "Royaume", un nouveau volume du cycle "le Quartier" sortira le même jour : Monsieur Swedenborg et les investigations géométriques (qui date de 2009).
Gonçalo M. Tavares [Portugal] - Page 4 Sweden10

Vive la rentrée littéraire, finalement !
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MessageSujet: Re: Gonçalo M. Tavares [Portugal]   Gonçalo M. Tavares [Portugal] - Page 4 EmptyVen 21 Nov 2014 - 23:18

Gonçalo M. Tavares [Portugal] - Page 4 Tavare10
Jérusalem (2005). Traduit du portugais par Marie-Hélène Piwnik en 2008. Viviane Hamy. 247 pages.
Ce roman fait partie du Cycle Le Royaume. Il est en est le troisième roman, et le premier a avoir été publié en français (les deux premiers viennent tout juste de sortir).
Chaque chapitre indique quels sont les personnages qui y apparaissent, et dans quel ordre. On a par exemple : Ernst et Mylia (chapitre 1) ; Theodor (chapitre 2) ; Hanna, Theodor, Mylia (chapitre 3)... Il y a de très nombreux personnages, car on peut aussi citer : Hinnerk ; Gomperz ; Kaas ; Krauss...
Le roman commence de manière abrupte :
Citation :
"Ernst Spengler était seul dans sa mansarde, la fenêtre déjà grande ouverte, prêt à se jeter, quand le téléphone sonna, subitement. Une fois, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, onze, douze, treize, quatorze, Enst alla répondre." (page 7).
Comment en est-on arrivé à cet instant, au coeur de la nuit ? Le roman dispose les pièces qui, lentement, semblent se déplacer pour s'emboîter : tout converge.
Le centre de gravité est Theodor, un médecin réputé.

Pour déterminer qu'un être humain est sain, normal, Theodor prend en compte trois catégories, et non deux comme la plupart des ses collègues, qui considèrent que seuls les aspects physiques et mentaux importent. Pour lui, Theodor, il faut également prendre en compte l'aspect spirituel : en effet, un individu sain veut rencontrer Dieu ; il doit entreprendre la quête de Dieu. Theodor en a fait le sujet de sa thèse.
Citation :
"Et l'instinct scientifique dont il s'enorgueillissait se résumait en une phrase : un homme qui ne cherche pas Dieu est fou. Et un fou doit être soigné." (page 59).
On trouve des fous dans le roman, ainsi qu'un asile.
Theodor veut comprendre les horreurs dont est capable l'Humanité. Pour ce faire, il effectue un travail statistique de longue haleine sur les horreurs à travers les âges : y a-t-il une tendance et, si oui, quelle est-elle ? Le nombre d'horreurs est-il stable ou en hausse ? Y a-t-il des cycles ?
Il s'en explique à Mylia, sa femme qui dit voir les âmes des gens :
Citation :
"Je voudrais que de ce travail résulte un graphique - un seul graphique qui résume, qui permette d'établir une relation entre l'horreur et le temps. Comprendre si l'horreur diminue au long des siècles ou augmente. Si elle est stable. Rends-toi compte que si je découvre que l'horreur a une certaine stabilité historique, qu'elle maintient certaines valeurs, disons, tous les cinq siècles, si je parviens à trouver une régularité, je me trouverai face à une découverte fondamentale. Je veux arriver à un graphique de ce qui s'est passé jusqu'ici - depuis que l'on a des récits historiques plus ou moins dignes de foi - dans les différents camps de concentration ou d'extermination - pas au cours de batailles, cela s'éloigne de ce que je veux faire -, pas question de conflits entre armées qui, pouvant être plus fortes ou plus faibles, doivent être tenues pour des forces, c'est-à-dire : des forces qui peuvent infliger des pertes significatives à l'autre côté. Ce que je veux étudier ce n'est pas cela, car alors on parle de combat et non d'horreur. Je veux seulement étudier les situations où l'une des parties n'avait nulle possibilité - nulle volonté même - d'infliger des pertes à l'autre partie, et où la partie forte, sans aucune justification - ou du moins sans cette grande justification qu'est la peur - a décimé la partie faible." (pages 48-49).
Grâce à ce travail statistique, pourra-t-il trouver une formule et, si oui, quelles en seraient les conséquences ?

Citation :
"Si l'horreur diminue, c'est le signe que nous serons plus heureux dans une centaine de générations, si l'horreur augmente, notre Histoire prendra fin, car l'horreur finale ne laissera rien et ensuite, oui, une autre Histoire pourra apparaître, meilleure, plus éthique. Ces deux hypothèses nous permettent d'être optimistes. Mais si l'horreur est constante, là, alors, il n'y aura pas d'espoir. Aucun. Tout sera toujours pareil." (page 52)
A travailler sur ce sujet, y a-t-il finalement un risque d'essayer de comprendre (et donc de le trouver normal ?) le raisonnement à la base de ces horreurs ?
C'est un sujet que l'on trouve souvent dans les livres de Tavares : la tentative d'un homme de modéliser scientifiquement ce qui n'est pas modélisable, ce qui n'est pas rationnel : l'Homme et ses motivations ; ou encore ce qui est imprévisible, nous dépasse et est plus souvent menaçante que bénéfique : la Nature... l'Homme n'en faisant pas partie.
Theodor est finalement assez désespérant. Il pense que sont inutiles les distractions, les prostituées (mais il en rencontre tout de même), les histoires drôles... car tout ceci fait gaspiller l'énergie créative et peut même être la cause de l'anéantissement de notre société : en effet, que se passerait-il si une nouvelle espèce animale apparaissait, espèce qui rejetterait tous ces plaisirs futiles ? L'avantage biologique qu'elle aurait ne serait-elle pas suffisante pour nous supplanter ?
Autre chose :
Citation :
"[...] pour Theodor l'importance des bonnes actions, considérées sur une longue période, [est] infime, à l'inverse des actions purement mauvaises, qui étaient devenus le vrai moteur de l'Histoire. Pour lui, les bonnes actions." (pages 161-162).

Dans le roman, on trouve d'autres personnages torturés. Par exemple, un certain Hinnerk. C'est un homme qui a fait la guerre et qui en est revenu marqué.
Citation :
"Par des habitudes précises et monotones, Hinnerk avait essayé de réduire les possibilités de ce qu'on est convenu d'appeler le nouveau. Très vite, en temps de paix, il avait compris la relation entre la peur et l'imprévu, et avait donc essayé d'installer dans chacune de ses journées une rigueur de patrouille, la scindant entre une sorte d'existence sous observation et l'observation de lui-même." (page 66).


Un roman dense, très sombre, souvent très fort mais pas forcément agréable (car ce n'est vraiment pas le sujet), et qui brasse de nombreux thèmes tout en apportant des réflexions originales.
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MessageSujet: Re: Gonçalo M. Tavares [Portugal]   Gonçalo M. Tavares [Portugal] - Page 4 EmptyLun 24 Nov 2014 - 18:04

scratch ça me fait penser à l'analyse statistique de la parapsychologie... la quête semble similaire en tout cas.
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MessageSujet: Re: Gonçalo M. Tavares [Portugal]   Gonçalo M. Tavares [Portugal] - Page 4 EmptyMar 27 Jan 2015 - 22:21

Un nouveau Tavares sort en mars : Berlin, Bucarest-Budapest : Budapest-Bucarest (Editions La Contre Allée ; 96 pages).
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Citation :
à l’instar du titre, Tavares nous emmène en voyage avec une grande liberté formelle dans un texte en forme de diptyque. Dans la première partie, située à Berlin, nous suivons Martha, une jeune fille borderline, à travers une succession de scènes qui questionnent l’immigration, le choix des mémoires, d’un patrimoine commun, ou encore l’enseignement, la transmission de l’Histoire. Chaque scène est titrée sous une nomenclature qui souligne l’aspect parcellaire de ce texte, comme extrait d’une somme qui serait considérable.  
Comme pour l’Europe, dont l’enjeu premier est de se construire un récit commun, une Histoire commune, c’est au lecteur d’investir le texte, de créer les liens entre chaque scène pour en reconstituer l’histoire.
La seconde partie nous mène sur les pas de deux frères embarqués dans le projet insensé de voler une statue de Lénine et de la transporter de Bucarest à Budapest, l’un emmenant le corps et l’autre la tête. Tandis qu’un troisième protagoniste tente, lui, de ramener de Budapest le corps putréfié de sa mère défunte à l’arrière de sa voiture pour l’enterrer sur sa terre natale, à Bucarest. Les deux trajectoires, au final, se croisent à la frontière roumano-hongroise. Une scène ultime qui offre l’opportunité d’un renvoi à la première scène de la première partie.
Berlin, Bucarest-Budapest… est une interrogation de la notion de frontière, dans ses aspects multiples, et des efforts permanents qu’il nous faut produire pour nous dépasser et les traverser.
Source : http://www.lacontreallee.com/catalogue/fictions-deurope/berlin-bucarest-budapest-budapest-bucarest
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MessageSujet: Re: Gonçalo M. Tavares [Portugal]   Gonçalo M. Tavares [Portugal] - Page 4 EmptyMer 28 Jan 2015 - 10:17

bix229 a écrit:
Monsieur Calvino et la promenade. - V. Hamy
...Et on peut considérer que ces chroniques sont des fantaisies, des esquisses légères qui ont l' évidence
tranquille d' un  Michaux et sa logique imperturbable d' inventeur de mots et de langage.
Et de personnages aussi. Calvino a quelque chose de Plume.
C'est aussi l'impression qu'il me donne, à lire vos commentaires, ce qui n'est pas pour me déplaire.
Il ressemble aussi au Sam Howard de Vercors, que le sale panda doit connaître
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