Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Philippe Forest

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coline
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MessageSujet: Re: Philippe Forest   Philippe Forest - Page 2 EmptyVen 25 Mai 2007 - 12:28

Tu nous gâtes Marie...Merci! :)
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bertrand-môgendre
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MessageSujet: Re: Philippe Forest   Philippe Forest - Page 2 EmptyMer 6 Juin 2007 - 9:45

pour combler Marie, j'envoie le lien à propos d'un entretien avec l'auteur sur Sarinagara et autres écrits.
http://720plan.ovh.net/~villagil/article.php3?id_article=126
(cette année, la villa Gillet (Lyon) fête ses vingt ans)
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Marie
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MessageSujet: Re: Philippe Forest   Philippe Forest - Page 2 EmptyJeu 7 Juin 2007 - 3:46

Merci, Bertrand! Je viens en plus de découvrir la Villa Gillet, et le programme des assises internationales du roman, ce site est très bien!

Dans cet entretien, Philippe Forest parle du deuxième japonais prix Nobel de littérature, Oé Kenzaburô. Il a écrit au sujet de cet auteur (que je ne connaissais pas ) un essai intitulé Légendes d'un romancier japonais,qui est suivi d'un entretien avec Oé Kenzaburô
Pour les amateurs de littérature japonaise, et j'ai vu qu'ils étaient nombreux ici, la quatrième de couverture:


A la fin des années 50, Oé Kenzaburô s'affirme comme l'enfant terrible des lettres japonaises. Son inspiration exprime le frénétique "mal de vivre" d'une "génération perdue" marquée par le souvenir de la défaite.
Au cours de l'été 1963, le jeune romancier voit commencer pour lui une "vie nouvelle": la naissance de son premier fils lourdement handicapé, la rencontre des victimes d'Hiroshima lui découvrent l'absurdité cruelle d'un Mal dont son oeuvre, couronnée par le prix Nobel en 1994 ne va cesser de questionner la signification. Les livres de Oé offrent au lecteur européen l'image d'un autre Japon où moernité et tradition se mettent au service d'un humanisme paradoxal et subversif.
On connait le célèbre mot de Nietzsche selon lequel nous avons l'art pour ne pas périr de la vérité. Toute la réflexion de Oé est dominée par une question semblable: comment survivre à la vérité? Car si la douleur dévastatrice du vrai doit être dite, il faut que cette douleur soit aussi douceur afin de préserver celui qui la contemple de la destruction sans retour de son être.


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MessageSujet: Re: Philippe Forest   Philippe Forest - Page 2 EmptyJeu 28 Juin 2007 - 21:05

Mon avis lorsque j'ai lu Sarinagara en janvier :

Roman, essai, biographie, autobiographie, « Sarinagara » est un peu tout ça en même temps. C’est un livre chargé d’émotions, qui nous parle du deuil et de la souffrance, intemporelle et universelle.

Les quatre histoires se croisent et toutes sont touchantes. Philippe Forest ne nous présente pas des héros, chacun de ces hommes qui vit une forte souffrance reste profondément humain, avec ses failles.

Issa, le poète, est un vieux type concupiscent, aux dents gâtées, qui s’amuse à pisser dans la neige plutôt qu’à écrire des poèmes ronflants sur la pureté des flocons ;
Sôseki rentre de son voyage en Angleterre avec la certitude « d’avoir éprouvé jusqu’au vertige l’incapacité de son esprit à comprendre l’énigme insoluble du monde » ;
Yamahata confie « comment, dans les ruines de Nagasaki, il n’avait en vérité rien éprouvé : aucune pitié, aucune émotion, le froid fonctionnement de toutes ses capacités mentales, la plus stricte insensibilité devant le sort insoutenable auquel les autres se trouvaient livrés – mais qu’ils semblaient singulièrement supporter avec la même indifférence. Et c’est seulement plus tard que sont venues la souffrance et la honte ».
Quant à Philippe Forest lui-même, il écrit ce livre « afin de faire s'étendre sur (s)on existence l'oubli au coeur duquel se conserverait sauf (s)on souvenir le plus vif ».


Outre l’histoire elle-même, vraiment émouvante, j’ai aimé et admiré le très beau style de Philippe Forest.
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MessageSujet: Philippe Forest   Philippe Forest - Page 2 EmptyMar 4 Sep 2007 - 23:19

Le nouvel amour

« Là où tu étais, un trou est resté dans ma vie. Tout tombe autour et moi je tombe en lui. »

« Il n’y a pas de dernier mot. Tant que dure la vie, tout peut recommencer. Et ce recommencement est une grâce aussi. Je remercie le hasard qui m’a fait survivre à ma fille. Je le remercie même pour toute la dévastation qui a suivi. »

Philippe Forest écrit pour survivre à un drame. La mort de sa fille Pauline, d’un cancer, à l’âge de 3 ans.
On se découvre plein d’empathie pour cet homme blessé. Et on le lit parce qu’il écrit bien, finement et juste.
Je n’ai pas lu L’Enfant éternel , Toute la nuit et Tous les enfants sauf un …mais je connaissais Sarinagaraque j'ai beaucoup aimé ( j’y reviendrai sur l'autre fil).

Parmi les 700 et quelques livres qui sortent en cette rentrée, il y avait Le nouvel amour: roman. Je me suis laissée tenter …

Mais je n’aime pas trop les récits-confessions, les auto-fictions…
Et dans ce "roman" Philippe Forest parle de lui.
De sa femme Alice qui s’éloigne (la mère de la petite Pauline) sans toutefois se séparer totalement de lui. Tous deux semblent à jamais liés par le chagrin et le deuil.
De Lou qu’il rencontre et se prend à aimer sans vraiment vouloir, lui non plus, quitter Alice.

Il ne s’agit pas d’une histoire d’adultère, de dissimulation.
Tout semble naturel, tendre, simple.
Avec une sincérité (oserais-je dire une impudeur ?) totale Philippe Forest parle de ce temps entre les deux femmes, disséquant sa passion pour Lou et ses sentiments pour Alice.
Les débuts enchanteurs de ce nouvel amour :
« Dans toute histoire d’amour, il y a ce point d’équilibre où l’on se tient un seul instant, dont ensuite reste à jamais la nostalgie, et à partir duquel on surplombe soudain tout le temps de sa vie. Le passé semble alors tout entier derrière soi. C’est à peine s’il a jamais existé. Le présent est là et il fait s’ouvrir devant soi, à ses pieds, le vide fabuleux d’un merveilleux avenir au bord duquel on se trouve encore, ivre d’un vertige stupide auquel on veut s’abandonner, tombant pour de bon et sans aucun remords vers un nouveau demain. »

Mais au point du merveilleux équilibre il est impossible de se tenir…
Reviennent le désamour, la solitude…« un immonde chaos triste ».

Philippe Forest a besoin d’être précis, de comprendre et fait cheminer le lecteur avec lui dans sa réflexion, ses sensations, et le moindre de ses gestes, y compris les plus intimes. Etait-ce bien nécessaire d’en arriver jusque-là ? On se sent voyeur et gêné…
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MessageSujet: Re: Philippe Forest   Philippe Forest - Page 2 EmptyMer 5 Sep 2007 - 19:32

Citation :
On se sent voyeur et gêné…
Je n'ai bien sûr pas encore lu Le nouvel amour. Et peut-être que j'aurai la même impression. Mais la lecture des trois livres précédents ne m'a jamais amenée à ce constat, et pourtant, il va très loin dans la retranscription en mots de son réel, c'est à dire de la mort de sa fille .
Il s'explique sur sa vision de la littérature dans un essai ,intitulé Le Roman, le Je, ici

dont j'extrais quelques phrases:
L’autofiction, c’est tout simplement l’autobiographie soumise au soupçon. Au soupçon, c’est-à-dire au questionnement lucide de la conscience critique. Quiconque raconte son existence la transforme en roman et pénètre ainsi dans le domaine enchanté de la fable. On croit dire le vrai de sa vie et, dès que l’on y réfléchit, on s’aperçoit que tout récit, même le plus intime, a forme obligée de fiction


Car toute vie, en vérité, est un roman. Et en conséquence, seul le roman sait dire la vie.



Même dans le plus maladroit des récits de vie, je trouve davantage de vérité que dans toutes ces fables hypnotiques que le marché éditorial rémunère à hauteur de leur pouvoir de diversion. Chacun a droit au récit de sa vie et reprendre possession de ce récit est, pour celui qui s’y livre, un geste authentique de libération et de vérité.

L’intime n’a rien de commun avec la contemplation satisfaisante de son moi. Pour qu’il ait un sens, il faut entendre le mot dans le sens radical que lui donnait, par exemple, Georges Bataille. L’intime est blessure au plus profond de soi et c’est par cette blessure que les êtres communiquent entre eux et se trouvent rendus à la beauté de la nuit.
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MessageSujet: Re: Philippe Forest   Philippe Forest - Page 2 EmptyJeu 6 Sep 2007 - 10:43

Marie a écrit:
Citation :
On se sent voyeur et gêné…
Je n'ai bien sûr pas encore lu Le nouvel amour. Et peut-être que j'aurai la même impression. Mais la lecture des trois livres précédents ne m'a jamais amenée à ce constat[/url]


Je n'ai pas non plus eu ce sentiment à la lecture de Sarinagara où le drame vécu par Philippe Forest est évoqué, mais évoqué de façon sensible .

Dans Le nouvel amour, comment dire?...Je n'ai pas le livre sous la main pour en recopier des passages (je ne suis pas chez moi)...Mais je me serais bien passée de lire en détail tout ce qui se passe dans le sexe de son amoureuse ou au bout du sien...et comment ça vient...et comment de toutes les façons ils se font l'amour...
Non pas que je me formalise facilement (j'ai lu et apprécié Françoise Rey! Very Happy )...Cela aurait pu donner une lecture érotique mais ce n'est pas le cas...C'est une écriture impudique qui place le lecteur en position de voyeur...
Sans compter, puisque c'est autobiographique, que je me suis sentie gênée pour Lou, l'amoureuse...Même si le prénom a sans doute été changé, je pense que tous ceux qui connaissent Philippe Forest savent de qui il s'agit, ce n'était pas une liaison cachée...

Bien sûr, il n'y a pas que cela dans ce roman, mais ces détails représentent des paragraphes et des paragraphes...
Plus j'y pense, et plus ce livre me dérange...
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MessageSujet: Re: Philippe Forest   Philippe Forest - Page 2 EmptyVen 7 Sep 2007 - 21:19

Dans Le Monde des Livres (24 Août 2007)

Par Patrick Kéchichian (Extrait) :
La fièvre amoureuse après le deuil : un livre cru et cruel de Philippe Forest. A la fin de son roman, Philippe Forest qualifie celui-ci d' « objet incongru et injustifiable auquel le monde ne pourrait faire aucun accueil ». Quant à l'histoire qu'il renferme, elle est dite « insignifiante, certainement ». Sévère jugement qui place le lecteur face à une alternative délicate : rassurer l'auteur en démentant son propos ou s'empresser méchamment de l'approuver. Il faut bien sûr refuser ce choix qui interdit de faire justice à ce livre douloureux et terriblement imprudent. Un livre qui ne répond pas aux seules catégories de l'échec ou de la réussite.
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MessageSujet: Re: Philippe Forest   Philippe Forest - Page 2 EmptySam 8 Sep 2007 - 21:44

Sarinagara



Marie avait présenté ce livre d’une bien belle façon…Je l’avais donc, grâce à elle, noté sur ma LAL…J’hésitais à lire Philippe Forest car, ainsi que j’ai pu le dire déjà, je goûte peu au genre auto-fiction, et je savais le drame qui avait poussé Philippe Forest à écrire des « romans » fortement autobiographiques pour survivre à l’horreur absolue, la perte d’un enfant…Ses « romans » me faisaient peur…Mais je savais aussi tout ce que l’on disait de l’écriture, de la finesse, de la sensibilité, de la culture de cet homme…Le commentaire de Marie m’a décidée...

Sarinagara est un chef-d’œuvre.

Philippe Forest parle d’un roman et il sait sans doute de quoi il parle puisqu’il est professeur de littérature comparéeMais ce « roman » est construit en fait sur trois essais biographiques.

Ces essais concernent trois artistes japonais, d’époques et d’Arts différents :
-Kobayashi Issa, maître des haïkus (1763-1827).
-Natsume Sôseki (1867-1916), romancier.
-Yamata Yosuke (1917-1966), le premier témoin photographe de la tragédie de Nagasaki.

Philippe Forest entraîne avec lui le lecteur de Paris à Kyôto, Tôkyô, Kôbe. Et à travers l’expérience humaine et artistique des trois artistes, dans une superbe méditation sur la mort, le deuil et le désir d’écrire et de vivre…désirs qui sont aussi ceux de Philippe Forest…. L’imaginaire d’un artiste peut tenter de combler le vide.

«C'est l'histoire de chacun. Et c'est la mienne aussi. Il n'y a rien qui soit assez fort pour empêcher que reviennent à soi les images de sa propre vie, et qu'elles sortent de l'épaisseur jaune et abstraite où flottent des fantômes. »

Philippe Forest et sa femme ont fait ce voyage au Japon après la mort de Pauline, leur fillette. Kôbe s’avérera être la ville que l'auteur préfère. Et soudain, il comprendra pourquoi dans une véritable illumination…

Sarinagara est un vocable japonais que l'on peut traduire par «cependant», «pourtant», ou encore «malgré tout». L'écrivain explique dans le prologue pourquoi il a choisi ce mot, le dernier du plus célèbre des poèmes de Kabayashi Issa (1763-1827). Ce poème peut être ainsi traduit, de manière littérale :
Monde de rosée - c'est un monde de rosée - et pourtant pourtant


Tout ici-bas est «passage, vapeur, silence».

« Possible et impossible, survivre a eu lieu. Telle est l’épreuve et l’énigme »

Ce texte dense mais d'une parfaite limpidité est absolument splendide!
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MessageSujet: Re: Philippe Forest   Philippe Forest - Page 2 EmptyDim 9 Sep 2007 - 2:14

Je suis contente que Sarinagara t'ait plu, Coline...et je crois que je vais penser la même chose que toi du dernier livre de Philippe Forest, je ne suis même pas certaine de le lire...
Je tente une manoeuvre complexe ( enfin pour moi...)
Des extraits de Sarinagara au début de ce fil
Et je crois que ça marche!!!
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MessageSujet: Re: Philippe Forest   Philippe Forest - Page 2 EmptyDim 9 Sep 2007 - 2:32

Marie a écrit:

Je tente une manoeuvre complexe ( enfin pour moi...)
Des extraits de Sarinagara au début de ce fil

Et je crois que ça marche!!!

Ca marche!Wink
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MessageSujet: Re: Philippe Forest   Philippe Forest - Page 2 EmptyMer 24 Oct 2007 - 21:04

je commence "Sarinagara" et déjà je suis sous le charme de cette écriture poétique!
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MessageSujet: Re: Philippe Forest   Philippe Forest - Page 2 EmptyDim 11 Nov 2007 - 10:02

J'ai terminé, enfin!!!, mon commentaire sur "Sarinagara", texte qui m'a enchantée!

"Sarinagara" n'est pas un roman, plutôt une oeuvre non romanesque. Philippe Forest, qui est allé plusieurs fois au Japon, écrit des impressions, des réflexions autour de la culture japonaise et de quelques une de ses grandes figures marquantes dans le monde des arts: Issa, Sôseki ou Yosuke.
Par une écriture, aux senteurs japonaises, Forest dresse un portrait sensible de ces trois grands auteurs: Issa, le maître de haïku, Sôseki, l'inventeur du roman moderne japonais, et Yosuke, premier photographe à immortaliser les horreurs de la bombe de Nagasaki. Quel est le fil conducteur de ces portraits? Quel est la raison de cet attachement, étrange, de Forest pour la ville de Kobe?
Le fil conducteur est le malheur vécu par ces trois auteurs,vécu directement ou indirectement. Ainsi Issa et Sôsuke ont-il en commun la perte d'un ou plusieurs enfants....échos de la peine incompressible de Forest face à la disparition prématurée de sa fille. Yosuke, quant à lui, a côtoyé l'horreur de la douleur en tant que photographe de l'armée japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale: les massacres de Nankin, dont il ne rapporte aucune image, comme la catastrophe de Nagasaki où il est le premier témoin et dont il rapportera de nombreux clichés plus émouvants et éprouvants les uns que les autres. Yosuke qui à force de voir l'horrible en devient indifférent.
C'est un livre difficile à résumer car il n'est pas résumable: tout ce qui y est écrit est essentiel, est un voyage intérieur apaisant malgré la douleur muette qui coule sous l'épaisseur des mots. Les vies rêvées d'Issa, Sôseki et Yosuke ont les couleurs de la réalité: celle de Forest qui s'approprie ces vies, qui les écoute, les ressent et les relate avec brio, de son point de vue.....celui de la douleur d'un père qui a perdu une part de lui-même.
Un texte magnifique, d'une sensiblité et d'une grande poésie....l'impermanence des choses et des êtres est en filigrane et tisse une histoire éternelle.
Le poète, l'écrivain ou le photographe observent leur art, tentent d'en saisir la quintessence, la source première. Parfois cette recherche est vaine et conduit à la folie, parfois elle laisse entrevoir une lumière appraissant dans un petit mot "cependant" ou "et puis"....l'espoir est là, l'explication tant recherchée attend, tapie dans l'ombre, on ne fait que l'effleurer et c'est déjà énorme.

"La poésie est le sentiment du temps, son chiffre ébloui et impuissant. Il n'y a pas de vérité plus forte et plus désespérée.
Au Japon, le pessimisme de Bouddha épouse la forme vide des mêmes paysages sans cesse coloriés de couleurs différentes par le changement des saisons. La langue japonaise connaît toutes sortes de mots dont la philosophie peut choisir de faire de fragiles et douteux concepts afin d'exprimer cette perception doucement désolée de la vie. L'un de ces mots est sabi, qui signifie "navré", "déclinant", "ancien" et désigne toute extase mélancolique devant le spectacle minuscule de la grande impermanence des choses.
L'arbre qui fleurit un instant et que blanchit la clarté provisoire de la lune pleine pour un soir, la fleur qui se fane à peine dans son vase, la pierre qui se couvre de mousse et de rouille verte et rousse, l'herbe jaune qui grandit sur la terre et sous laquelle reposent des guerriers er des princesses: toutes ces choses disent le passage imperceptible du temps qui ravage, efface et oublie. L'Europe tient pour beau tout ce qui se dresse majestueusement dans l'espace et dans le temps, ce que la raison érige pour durer et inscrire son signe dans le néant. Mais au Japon, on trouve beau ce qui se soumet à la loi vide de l'être et qui se défait délicieusement afin d'offrir au coeur de l'homme un moment pur de jouissance trsite.
C'est en tout cas ce que nous apprennent les livres de philosophie et de littérature."
(p 52 et 53)

"....chacun sait que le haïku n'existe qu'en raison même de son attachement à la fibre triviale et modeste du monde. Car avec lui, renonçant au symbole, le poème se déshabille de toute sa rhétorique pour pointer du doigt, en u ngeste bref et libre de toute implication métaphysique, la silhouette seule des choses sous le regard d'un oeil absent: la fleur, l'insecte, la neige, le poudroiement microscopique des phénomènes et tout cela qui est encore et ne prétend à rien d'autre qu'à la gratuité de l'inutile d'être." (p 58)

Merci Parfum de m'avoir permis cette superbe découverte cheers
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MessageSujet: Re: Philippe Forest   Philippe Forest - Page 2 EmptyDim 11 Nov 2007 - 12:45

Chatperlipopette a écrit:
Un texte magnifique, d'une sensiblité et d'une grande poésie....l'impermanence des choses et des êtres est en filigrane et tisse une histoire éternelle.

Belle unanimité des Parfumés sur ce texte! :)
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MessageSujet: Re: Philippe Forest   Philippe Forest - Page 2 EmptyDim 11 Nov 2007 - 13:31

N'est-ce pas....mais il le mérite amplement drunken
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