Bitter Victory (1957)
Il y a des ressemblances avec Les Diables de Guadalcanal. Il s'agit de deux films de guerre certes, mais dans celui-ci qui met en scène non pas des pilotes mais des commandos (britanniques) on retrouve deux officiers de caractères bien différents entre lesquels s'installe une tension et une rivalité aux motivations multiples. Les deux hommes sont interprétés par Richard Burton et Curd Jürgens, respectivement Capt. Leith et Major David Brand, l'un engagé volontaire, l'autre militaire de carrière... avec comme point commun de ne pas encore avoir participé aux combats.
Qu'ils soient envoyés tous les deux pour diriger une opération très difficile à Benghazi derrière les lignes ennemies serait déjà assez compliqué, si en plus la femme du major est l'ex abandonnée de/par le capitaine mais que les sentiments sont toujours là. Et bien il ne manque plus qu'un moment de faiblesse du major, rattrapé par le passage à l'action du capitaine pour que ça devienne très compliqué !
L'usage de regards extérieurs, des membres du commando, du guide et ami de Leith et plus tard d'un officier allemand, implique une contrainte permanente si ce n'est un jugement. On passe donc malgré tout et malgré nous à quelque chose de plus subtil et irrésolu que la simple opposition entre un type droit dans ses bottes (Burton) et un lâche qui profite de son grade pour s'en sortir et pire si manque d'affinités (Jürgens). Il y a la jalousie en fond, et une faiblesse aussi du "juste", au moins un manque de confiance, un nihilisme initial... et ce mauvais bougre, il est jaloux lui aussi, et son hésitation n'est-elle pas humainement compréhensible (avant d'en arriver aux moyens de son ambition) ?
Et le désert est ciné-génique comme décor pour un film de guerre qui cache un grand drame aux airs aussi vieux que le monde. Plus qu'une vision à contre-courant de l'héroïsme, on s'attarde sur le gâchis entraîné par la frustration, une perte de contrôle ou un excès à la fois mal et justement motivé.
Des seconds rôles comme Nigel Green et Christopher Lee ça marche bien aussi, discrets mais charismatiques (surtout Green) mais ne faisant rien pour rendre le film plus léger, au contraire, comme s'ils avaient déjà enterré le questionnement moral.
Très bon film (encore) que cette co-production franco-américaine adapté du livre éponyme (Amère victoire) de
René Hardy (résistant qui aurait, peut-être, une responsabilité dans l'arrestation de Jean Moulin. Une uie mouvementée et engagée en tout cas).