Diane Arbus [photographe]

Ben ouais, je découvre le fil seulement maintenant...
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L'expo au Jeu de Paume est très chouette, très complète. Avec un agencement des photos intéressant : il montre comment Diane Arbus travaillait sous des thèmes, des images, mais sous différents angles, époques, avec différents sujets.

Une salle qui regroupe plein de textes mis en relation avec son travail et ses photos. Je n'ai fait que la survoler : trop de monde. Pas très agréable. Faut acheter le livre finalement...


Beaucoup de photos de nus (elle a passé du temps à photographier des nudistes dans leur chez eux), parfois dérangeantes, parfois drôles, parfois troublantes, des adolescents, des vieux, des gros, des maigres.

Le corps est très souvent étrange, pas évident, attendrissant souvent. Il faut faire avec. Y trouver la beauté.

Les photos de Diane Arbus parlent essentiellement d'un rapport à soi, et ensuite à l'autre par l'image première qu'on transmet : son corps, son allure, ses habits. L'art du travestissement qui révèle parfois plus qu'il ne cache.
Du mystère dans l'étrange. De l'attraction dans le bizarre.

il y a beaucoup de monde? est ce que tu penses que pour y aller il faut réserver?

topocl a écrit:

il y a beaucoup de monde? est ce que tu penses que pour y aller il faut réserver?

Je n'ai pas réservé, il y avait du monde mais c'était raisonnable (à peine 5-10 minutes d'attente pour entrer) : un vendredi aprem de vacances.

Tu peux y aller sans problème Topocl. Comme le dit Queenie on fait un peu la queue dehors mais rien de bien méchant. C'est une expo qui en vaut la peine. Fascinante et intriguante.

Queenie a écrit:

Les photos de Diane Arbus parlent essentiellement d'un rapport à soi, et ensuite à l'autre par l'image première qu'on transmet : son corps, son allure, ses habits. L'art du travestissement qui révèle parfois plus qu'il ne cache. Du mystère dans l'étrange. De l'attraction dans le bizarre.

J'ai enfin vu cette incroyable exposition qui permet de découvrir un nombre considérable de photographies de Diane Arbus. Dommage que la partie "biographique" soit tellement dense et surpeuplée qu'elle en devient inaccessible.

Queenie résume très bien ce qui transparaît à travers ces images où la "normalité" se pare d'une étrangeté encore plus grande que l'"anormalité". Ou plutôt que l'une comme l'autre apparaissent sur un certain pied d'égalité en tant que manifestations d'une étrangeté existentielle qui s'exprime à travers des portraits qui vont du grostesque et de la drôlerie à la mélancolie profonde (les 2 coexistant souvent en même temps). On sort de ces salles en ayant eu le sentiment de voir toute l'humanité dans sa fragilité et son mystère. Et comme le dit Diane Arbus sur un panneau qui accompagne l'exposition, il est tout aussi troublant de regarder le public observant et commentant ces photographies qui semblent lui renvoyer un miroir déformant mais qui se révèlent être probablement ce qu'il y a de plus "vrai" derrière le masque social. Troublant et très beau!

Entre des dizaines d'autres choix plus connus ou évidents, je retiens notamment ces 2 photos qui représentent une veuve seule dans son salon (quel regard!) et une mère portant son enfant (scène banale qui prend une dimension presque dramatique). Une exposition indispensable et qui se termine malheureusement dans quelques jours.



J'aime aussi une image que je n'ai pas trouvée et qui représente un groupe d'hommes et de femmes d'âge mûr assis sur les bancs d'un parc au pied d'un rocher où domine en tout petit à son sommet un couple d'amoureux. Le contraste entres ces visages fatigués, préoccupés, un peu douloureux de ces personnes en contre bas et le bonheur rayonnant de ces amoureux qui les dominent est saisissant.

Celle-ci encore, très lynchienne:



J'en profite pour rappeler le film Fur "Un portrait imaginaire" qui s'inspire très librement de la vie de Diane Arbus avec Nicole Kidman. Il n'est pas irréprochable mais j'aime la tonalité presque fantastique de cette transposition de la belle et la bête où Nicole Kidman/Diane Arbus est fascinée par un étrange homme à l'hirsutisme extravagant.

Merci pour ton commentaire Marko, il est très personnel.

Juste une question bête : je me demande encore ce qu'est une image "lynchienne" ? (j'ai déjà pas mal exploré sa filmographie mais je n'arrive toujours pas à définir les caractéristiques de ses images, donc puisque tu en parles, j'en profite pour demander quelques éclaircissements...)

colimasson a écrit:

Juste une question bête : je me demande encore ce qu'est une image "lynchienne" ? (j'ai déjà pas mal exploré sa filmographie mais je n'arrive toujours pas à définir les caractéristiques de ses images, donc puisque tu en parles, j'en profite pour demander quelques éclaircissements...)

Je fais allusion à ces images de petits pavillons de banlieue américains paisibles et proprets en surface mais qui dégagent une inquiétante étrangeté avec ce sentiment que quelque chose de menaçant pourrait surgir à tout moment. On en trouve dans Blue Velvet, Lost Highway (au début de la 2e partie), une histoire vraie... Ceci dit c'est plutôt Diane Arbus qui a influencé Lynch car elle le précède dans cette représentation de l'inquiétante étrangeté de la réalité et de la banalité quotidienne.

D'accord d'accord, je vois en effet. Merci pour l'éclaircissement !

Borges, Central Park, 1968.

Marko a écrit:

Je fais allusion à ces images de petits pavillons de banlieue américains paisibles et proprets en surface mais qui dégagent une inquiétante étrangeté avec ce sentiment que quelque chose de menaçant pourrait surgir à tout moment. On en trouve dans Blue Velvet, Lost Highway (au début de la 2e partie), une histoire vraie... Ceci dit c'est plutôt Diane Arbus qui a influencé Lynch car elle le précède dans cette représentation de l'inquiétante étrangeté de la réalité et de la banalité quotidienne.

Plus que Lynch, qui a par trop intellectualisé le malaise de l'Amérique "proprette" minée par le consumérisme,  ton commentaire me fait penser à "American Beauty" de Sam Mendes.
Un film qui m'a fortement marquée par ce qu'il exprime de la vacuité de l'American way of life, étouffant le rêve initial sous le boisseau du conformisme.

Si je n'avais pas vu que c'était de Diane Arbus, je n'aurais pas reconnu


Diane Arbus - Old couple on a bench at night, Santa Monica, Cal., 1962

ah mais elle est extra...