Le Golem
Originale : Allemande, paru entre 1913/14 comme feuilleton dans le journal «Die Weißen Blätter »; 1915 en livre
avec, dans l'édition originale (et plusieurs suivantes), 25 illustrations de Hugo Steiner-Prag
CONTENU :
Un narrateur sans nom, en visite à Prague, tombe dans sa chambre d'hôtel dans un demi-sommeil. Il entre dans un monde entre rêve et réalité, où il se trouve dans la peau d'un joaillier, Athanase Pernath, dans le labyrinthe mystérieux du ghetto de Prague. Dans cette atmosphère presque hallucinatoire, fantomatique, il entre dans une vie d'amour et de passions, d'intrigues, haine et crimes, d'angoisse et de terreur existentiel. Là dedans il rencontre le « Golem », cette figure legendaire faite par le Rabbi Loew au 17ème/18ème siècle. Il est censé apparaître tous les 33 ans… Se reveillant il retrouve des traces du rêvé dans la vie, comme par exemple un chapeau oublié, avec l'inscription d'un Athanase Pernath...
(Source: éléments du « Das Buch der 1000 Bücher « /Harenberg Verlag)
STRUCTURE :
20 chapitres entre 3 et 27 pages de longeur (dans mon édition allemande), titrés par des noms presque exclusivement très courts et marquants, comme « Neige », « Prague », « Lune »…
REMARQUES :
Oui, certainement la légende du Golem joue un rôle préponderant, et le livre circule autour avec des sujets s'y référants. Néanmoins il me semble que le point le plus important n'est pas la figure du Golem en soi, apparaissant tous les 33 ans (mais est-ce qu'il est un jouet, et si oui, dans la main de qui?), mais cette confusion, cette imbrication in extremis de rêve et réalité. Donc, pour des informations sur la légende on retrouve dans certains entretiens quelques bribes de l'histoire, mais il y aurait éventuellement d'autres sources ? Le Ghetto juïf joue un rôle prépondérant, presque personnifié, avec tous ses angles morts, des maisons avec couloirs cachés, des caractères clairs-obscurs, etc... L'histoire semble se terminait avec la vision d'un assainissement (historique en ce cas!!!) du quartier.
Depuis le début on se demande où la réalité et l'état éveillé se terminent, et commence la region du rêve, du sommeil, des labyrinthes pour ainsi dire intérieurs de nos pensées : errements et confusions de l'esprit… Du début et de la fin, encadrant l'histoire, nous savons alors que le narrateur revêt une identité d'un porteur de chapeau : le nommé Athanase Pernath.
Qui est-il ? Lui-même Juïf ou pas> ? Il ne le semble pas, vu certains détails. Par ailleurs dans le premier chapitre on trouve des mots si durs et « anti-sémites » que je me suis demandé où j'avais atterri ici ? Interrompre la lecture ? Mais vous voyez que je ne l'ai pas fait. Mais CETTE personne là est quelqu'un qui, dans cette vie-là, avait connu l'asyle des fous, et un traitement qui lui a fermé l'accès à des larges parties de sa mémoire. Peu à peu il semble rencontré des personnes qu'il avait alors rencontrées autrefois. Ses errements, sa recherche, c'est en grande partie aussi ceux d'un souvenir, d'un faire monter dans la mémoire des bribes du passé ignoré. Y-a-t-il aussi, à travers les générations, des « patterns », des fonctionnements, des comportements et caractères semblables ?
L'histoire souvent lugubre, obscure « extérieure » (à coté de fils plus positifs) va être réflèté par un extérieur, une langue choisie où on trouvera des descriptions grotesques, ténébreux, des adjectifs à consonnance grave.
On pourrait bien relever d'autres sujets dans ce roman riche, par exemple celui du double ou de l'ambivalence intérieure, voir la coupure, la division à l'intérieur de la personne.
Donc, un livre riche, digne d'une découverte pour chaque amateur de littérature phantastique ou de lettres classiques. Voir : amateuer de … Prague !