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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts…
Mais elle sait que la qualité de ses œuvres baissent peu à peu. Elle l'a presque dit à la télé une fois, je crois. Elle a peut-être peur que ses lecteurs habituels s'éloignent si elle ne continue pas à publier chaque automne ?
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Certains écrivains ont un contrat qui les oblige à produire en une quantité déterminée. Je ne sais pas si c'est le cas d'Amélie Nothomb. Après la publication de son nouveau livre, elle va dans de nombreux salons du livre, il y a le contact avec les lecteurs, elle semble aimer ça.
Elle continue à vendre beaucoup, c'est vrai, mais moins qu'il y a quelques années (elle est sorti des 10 meilleures ventes en 2013 - année de "La Nostalgie heureuse" qui n'était pas tout à fait un roman- , c'était la première fois en dix ans ; je ne sais pas si elle a rattrapé depuis).
Elle écrit un livre /an ce qui lui fait 24 romans à son actif.
Je me souviens de ses débuts, Hygiène de l'assassin, Stupeur et tremblements, Les catilinaires.... Depuis je n'ai plus rien lu d'elle, je crois que je préfère rester sur ma première impression qui était très favorable.
J'ai commencé à la lire il y a longtemps, à une époque où ça n'était pas devenu un système. Son premier livre traitait d'un auteur ayant des problèmes d'inspiration, qui trompait les gens, j'aimais bien. Et il y avait une originalité de ton et de lieux (Le Sabotage amoureux). Il y avait un vrai charme, l'auteur était jeune, ça semblait être le début de quelque chose, pas la fin. Il y avait quelque chose de ludique dès le début, notamment le thème de l'imposture. Cette imposture débordait du livre, on se demandait si tout ce qui était soi-disant autobiographique ne relevait pas de la manipulation. Certains Français qui parlaient japonais s'adressaient à Amélie-san en japonais pour la tester. Elle semblait ne pas comprendre, etc.
Ce n'est pas une passion, c'est un intérêt, même pour ses échecs (après tout, un bel échec, ça a son intérêt). Généralement, même dans un de ses livres pas très réussis, je trouve quelque chose qui me contente (quand ça parle du Japon, par exemple), il y a au moins un élément qui m'aura plu, intéressé, intrigué. Comme le livre se lit vite, ça peut me suffire (j'en demande plus d'un pavé, bien sûr). Il y a quelque chose de mystérieux chez elle, ses motivations... j'aime bien le mystère.
Ceci dit, ça s'est éventé, mais je la lis par curiosité : elle est arrivée au bout de ce qu'elle a à dire, comment va-t-elle faire pour continuer à publier son livre annuel ? Maintenant, elle en est à s'inspirer très fortement de livres connus... Quelle sera la prochaine étape du naufrage ?
Merci, eXPie . Ca n’implique pas que je comprends mal cette (quasi) exclusivité que tu lui accordes hors de ton paysage habituel, mais disons que je comprends moins mal. Je dois dire que les premiers m'avaient bien plu, aussi, d’ailleurs. Et puis j'ai perdu la foi.
Bruno.S Plume timide
Messages : 12 Inscription le : 03/09/2015 Age : 43
Sujet: Aimer Nothomb. Jeu 3 Sep 2015 - 0:57
Je lis les échanges passionnés sur Amélie Nothomb sur ce forum que je découvre par la même occasion.
Je fais partie des lecteurs qui systématiquement chaque année achètent le nouveau Nothomb et le le finissent dans les 48 heures qui suivent. J'apprécie sans complexe, sans culpabiliser. Je trouve effectivement que la qualité générale des derniers romans est un peu en perte de vitesse. La dernière belle surprise que j'ai eue, c'était 'La Nostalgie Heureuse' (avec au passage le magnifique documentaire à l'origine du roman, passé sur Arte). J'attends toujours de chaque Nothomb ces précieux moments où je sais que je vais rire à n'en plus finir...
J'ai été déçu par le dernier Pétronille, l'an dernier. Le début commençait bien puis le dernier tiers était bâclé. Il n'en reste pas moins que c'est l'une des rares à me faire vibrer au niveau de l'écriture : maniement d'un humour désespéré appuyé par des mots parfois saugrenus (disons, rarement employés). Le choix des noms des protagonistes est tout un programme (une facilité selon ses détracteurs).
J'attends de dire le prochain avec impatience, même si je sais que je peux être aussi déçu. Mais je n'attends pas d'un artiste de toute façon qu'il soit 100 pour 100 performant à chaque oeuvre, au contraire même.
Haha, je fais partie de ceux qui lisent chaque année le nouveau roman d’Amélie Nothomb !
Citation :
Il y avait quelque chose de ludique dès le début, notamment le thème de l'imposture. Cette imposture débordait du livre, on se demandait si tout ce qui était soi-disant autobiographique ne relevait pas de la manipulation. Certains Français qui parlaient japonais s'adressaient à Amélie-san en japonais pour la tester. Elle semblait ne pas comprendre, etc.
Ce n'est pas une passion, c'est un intérêt, même pour ses échecs (après tout, un bel échec, ça a son intérêt). Généralement, même dans un de ses livres pas très réussis, je trouve quelque chose qui me contente (quand ça parle du Japon, par exemple), il y a au moins un élément qui m'aura plu, intéressé, intrigué. Comme le livre se lit vite, ça peut me suffire (j'en demande plus d'un pavé, bien sûr). Il y a quelque chose de mystérieux chez elle, ses motivations... j'aime bien le mystère.
Oui, je me retrouve là-dedans !
Par ailleurs, je suis une lectrice extrêmement fidèle : si un écrivain m’a fait vivre ne serait-ce qu’un moment d’extase, je le suis pour toujours (j’ai acheté les nouveaux volumes d’une série de bouquins que je lisais enfant jusqu’à très récemment, lorsque l’auteur l’a abandonnée).
Et Amélie Nothomb, j’étais fan ! J’ai lu Hygiène de l’assassin tellement de fois, quand j’étais ado, je connais encore des bouts de dialogue par cœur. J’ai attendu la sortie d’Acide sulfurique, c’était la première fois que je participais à la rentrée littéraire, j’étais toute frétillante… et j’ai pas aimé. Puis il y a eu Journal d’hirondelle, Ni d’Eve ni d’Adam… que je n’ai pas aimés non plus. Mais j’ai continué.
Je suis injuste en disant n’avoir pas aimé. De fait, je prends toujours plaisir à lire ses romans, alors qu’il y a plein de bouquins qui me saoulent : elle a une capacité à créer l’intérêt qui n’est pas commune ! J’aime écrire des histoires, et je donnerais beaucoup pour avoir ce genre de talent. Par contre, il est vrai que depuis Acide sulfurique, malgré deux heures agréables passées avec le livre, je le referme et me dis ‘bon… faudrait aller retourner le gigot’ Alors que Hygiène de l’assassin, Les combustibles m’avaient hantée.
Peut-être ai-je simplement grandi ? Je ne sais pas : Hygiène de l’assassin, je pense qu’encore aujourd’hui je trouverais ces dialogues jubilatoires. La fin, même à l’époque je ne l’aimais pas trop, mais ça m’embêtait pas plus que ça !
Spoiler:
Et c’est cohérent avec le meurtre récurrent de ‘l’auteur’ de ses romans.
J’ai aussi un bon souvenir de Les combustibles, Métaphysique des tubes et Biographie de la faim, c’étaient mes préférés. Je crois… qu’il y avait une certaine densité à ces romans, particulièrement dans ce jeu de l’imposture que mentionne eXPie : jeu dont les règles sont établies, à mon sens, dans Hygiène de l’assassin, la toute première histoire.
Le creux que je perçois dans ses derniers romans résonne un peu douloureusement dans mon petit cœur : c’est jamais complètement inintéressant, mais je les oublie de plus en plus vite, j’y trouve de moins en moins, même en pelletant beaucoup. Le crime du conte Neville m’a semblé être une nouvelle bizarrement gonflée par quelques bulles d’air qui la faisaient peut-être un peu ressembler à un roman. J’ai rien contre les nouvelles, mais le propos était pas non plus assez condensé pour en faire une bonne nouvelle !
Et je guette, sur le pont des veuves, le retour d’une auteure que j’ai l’impression d’avoir perdue en mer… En fait, j’attendais des romans de Nothomb qu’ils décollent et grandissent avec moi. J’attends encore, je perds pas espoir !
Amélie Nothomb, pour moi, c'est un peu un gâchis. Je n'ai d'ailleurs pas aimé Pétronille, le cru 2014. Elle mériterait quand même mieux que deux heures de lecture annuelles, un léger sourire aux lèvres, ponctué de quelques exclamations amusées devant trois ou quatre trouvailles originales. Elle a une plume unique, un potentiel que l'on devine très grand, mais la cadence effrénée des parutions amenuise considérablement la qualité, d'autant qu'elle affirme écrire au moins 4 livres par an, pour ne publier au final que le "meilleur" d'entre eux. Si seulement elle prenait le temps, si seulement elle peaufinait…
"si un écrivain m’a fait vivre ne serait-ce qu’un moment d’extase, je le suis pour toujours (j’ai acheté les nouveaux volumes d’une série de bouquins que je lisais enfant jusqu’à très récemment, lorsque l’auteur l’a abandonnée)".
Je trouve ça beau, la fidélité. La fidélité malgré... Mais peut etre qu' AN n' est plus en mesure de donner comme elle le faisait dans ses premiers livres. Il y avait comme une urgence à le faire. A le dire. Une urgence thérapeutique. Je l' écoutais sur le plateau de Busnel. Elle parlait encore une fois de sa famille, de son milieu. Les comptes ne sont pas réglés avec eux. Derrière le ton badin et drole, on sent la douleur. Peut etre ont-ils gagné. Je ne sais pas. Je pensais à Mars de Fritz Zorn, à l' histoire ce cet homme né dans une famille très riche en Suisse. Atteint d' une maladie très grave, il réalise que sa famille a eu sa peau. Mais qu' il va la défendre. En fait, il es mort sans pouvoir assumer sa résolution. J' espère me tromper et que AN parviendra à résoudre son problème vital.
Dernière édition par bix229 le Sam 5 Sep 2015 - 16:10, édité 1 fois
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Le creux que je perçois dans ses derniers romans résonne un peu douloureusement dans mon petit cœur : c’est jamais complètement inintéressant, mais je les oublie de plus en plus vite, j’y trouve de moins en moins, même en pelletant beaucoup. Le crime du conte Neville m’a semblé être une nouvelle bizarrement gonflée par quelques bulles d’air qui la faisaient peut-être un peu ressembler à un roman. J’ai rien contre les nouvelles, mais le propos était pas non plus assez condensé pour en faire une bonne nouvelle !
Et je guette, sur le pont des veuves, le retour d’une auteure que j’ai l’impression d’avoir perdue en mer… En fait, j’attendais des romans de Nothomb qu’ils décollent et grandissent avec moi. J’attends encore, je perds pas espoir !
Oui, ça n'est qu'une petite nouvelle gonflée, le Crime du conte Neville. Mais si c'est ça, ce qu'elle a écrit de meilleur cette année, elle pourrait peut-être piocher dans ce qu'elle écrivait il y a quinze ou vingt ans... Sauf si c'est déjà ce qu'elle fait ! J'ai un peu perdu espoir, quant à moi. Sauf si elle bâcle ses trucs annuels pour se consacrer depuis dix ans à un grand roman qui marquera son époque ! (on peut rêver).
Bruno.S Plume timide
Messages : 12 Inscription le : 03/09/2015 Age : 43
Sujet: Partagé Lun 7 Sep 2015 - 16:24
Pour ma part, je ne perds pas espoir car je ne place pas l'espoir dans la qualité littéraire d'un ouvrage d'Amélie Nothomb. Son dernier roman : je l'ai fini en deux heures montre en main. C'est une nouvelle gonflée au maximum. Dans le pur style Nothomb mais très triste, peu d'humour. Il est question de l'appartenance à une classe sociale, de ce que cela peut coûter ou pas, s'il est possible de s'en affranchir. Il y a une tristesse réelle et on découvre aussi un milieu méconnu : l'aristocratie belge dont Amélie Nothomb fait partie (quoiqu'en disent certains qui vont encore crier à l'imposture, comme les petits malins qui vont lui parler en japonais pour la tester, c'est d'un ridicule achevé).
C'est intéressant car jusque là, elle n'a fait qu'effleurer le sujet sur ce milieu social particulier. Elle assume enfin d'en parler. Voilà. Roman intéressant, trop rapide, un peu bâclé, des bonnes idées, quelques phrases qui font mouches, une atmosphère qui fait écho aux anciens Nothomb. Bilan partagé.
Documentaire qui est à l'origine du roman La nostalgie heureuse. Profond. Très émouvant, notamment quand elle retrouve sa nourrice japonaise ou qu'elle va dans la maternelle. Femme à plusieurs facettes. Comme ses romans.
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Oui, enfin, on ne peut pas vraiment dire qu'on découvre l'aristocratie belge comme milieu, ou qu'elle en parle réellement. Parce que ce roman est principalement de la fiction. C'est à l'analyse de milieu ce que Tintin en Amérique est à l'essai social.
Je n'ai pas trouvé que le roman était trop rapide, puisque j'y ai vu des longueurs. Mais bâclé, là oui, je suis bien d'accord avec toi. Un an pour ça, quand même... (certes, elle n'y a pas travaillé vingt-quatre heures sur vingt-quatre).
Je ne sais pas si lui parler en japonais est d'un ridicule achevé : Nothomb joue sur le fait qu'elle connaît bien le Japon, c'était un des arguments de vente. Qu'on veuille le vérifier, cela me semble logique et naturel. Ce n'est qu'après plusieurs années (sauf erreur de ma part) qu'elle a dit qu'elle avait beaucoup perdu de sa connaissance de la langue. Mais qu'on veuille savoir où est la manipulation, c'est quelque chose qu'elle encourage elle-même, via le comportement de plusieurs de ses héros/héroïnes qui cherchent à percer un mystère (c'était déjà le cas dans Hygiène de l'Assassin).