Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
| Sujet: Re: Lydie Salvayre Sam 28 Mar 2015 - 22:17 | |
| En effet topocl, j'ai légèrement corrigé mon message. | |
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MartineR Main aguerrie
Messages : 364 Inscription le : 10/09/2010 Localisation : essonne
| Sujet: Re: Lydie Salvayre Sam 9 Juil 2016 - 21:24 | |
| - églantine a écrit:
- Pas pleurer
Lydie Salvayre , de son vrai nom Lydie Arjona , offre aux lecteurs , à sa descendance et à sa mère , un texte d'une force insoupçonnée de prime abord car la structure de son oeuvre ne permet pas de ressentir dans l'immédiateté le caractère tragique de cette histoire ....
Entremêlant avec moult facéties la voix de sa mère qui raconte son fabuleux été 36 vécu comme une libération avec celle de Bernanos :
Imaginons une jeune paysanne "montée à la ville " , et quelle ville, Barcelone !!!!.....emportée dans le mouvement libertaire qui s'oppose à la montée inquiétante du fascisme et qui découvre une liberté nouvelle , liberté de moeurs , de pensée, promesse de tous les possibles , car à 16 ans la vie nous appartient et qu'il est facile de traverser les évènements en toute inconscience ...
Imaginons aussi qu'à cet instant où la jeune Montse s'épanouit dans cette ivresse d'émancipation , Georges Bernanos découvre avec douleur , et culpabilité le rôle de sa sainte église catholique aux côtés des phalangistes se livrant à des tortures et assassinats à répétition ....au nom de l'église , de la droiture , de la fidélité aux "vraies valeurs " , multipliant les atrocités , encourageant la délation comme un acte qui vous sera récompensé par "dieu le père " !!!!
Imaginons une Espagne , en cette année 36 , tout à la fois exaltée , terrorisée , destabilisée, sentant l'imminence de cette guerre civile qui marquera l'histoire de ce pays à jamais ... imaginons le menu peuple , les gens de la terre soumis aux grands propriétaires terriens et à un système féodal bien enraciné , acculés à sortir de leur ignorance pour sauver leur peau ...
Tout va très vite , ce sont des débats passionnés :
Sentiment libertaire d'un côté , besoin d'afficher des idées nouvelles rattrapées par le communisme de l'autre ,face à un nationnalisme qui monte monte , en puissance comme une bête dévoreuse ....
Et comme la grande histoire c'est la petite histoire qui la dévoile le mieux , Lydie Salvayre , dans une prose tour à tour envolée et lyrique , sèche et incisive , facétieuse plus souvent, dans l'art de retranscrire le fragnol(ce sabir entre français et espagnol délicieux à entendre ) de "su madre" avec truculence et moqueries affectueuses , élégantissime jusqu'à l'emploi de quelques subjonctifs imparfaits inattendus , nous emporte dans un rythme formidablement endiablé, picaresque ,et on ressort revigorés , émus , presque euphorisés par la dynamique du tympo !
Un projet ambitieux car c'est un mélange autobiographique autant que documentaire , sous une forme romancée faussement désinvolte : L'insolence de Lydie Salvayre qui offre ainsi une danse toute personnelle (et dérangeante peut-être pour les lecteurs soucieux de "vérité historique") , est un véritable "pied de nez" à la souffrance qui englue ...
Pas pleurer , se souvenir de ce formidable été 36 ,rire , colérer , tempêter et oser les gros mots longtemps interdits car c'est bon d'être libre , s'affirmer malicieusement à travers les mots inventés à mi chemin entre l'espagnol et le français et qui créent "mon identité " et garder en mémoire de fond pour avancer l'histoire sanglante de "mi pais " ! Mi pais , car celui de "mi madre " , de son été 36 sous le soleil éclatant où les filles s'affirment loin du regard macho des pères , alors que le sang coule déjà à flots partout en Espagne et que ce n'est que le début .... Un bouleversant hommage d'une fille à sa mère, écrit peut-être comme une nécessité, qui réveille les racines longtemps oubliées ....par confort de vie peut-être....confort devenu inconfortable , lorsque le temps qui n'en finit pas de passer crée un caractère d'urgence !
Bouleversant ! Ayant entendu Lydie Salvaire parler de sa mère, j'ai pris son libre à la BM; pas décue; Un livre dérangeant car nous ignorons beaucoup de cette guerre d'Espagne pas si lointaine qui a déchiré les familles, les villages & tout un pays Ecrit en **frangol** un mélange de catalan,de castillan,de français & déformé ( ou réapproprié) par la maladie d'Alzheimer. C'est un livre à deux voix, deux points de vue: celui de sa mère, celui de Bernanos. Beaucoup de personnages, décrits avec finesse, gravitent autour de la Mère, personnage central. Lydie Salvaire nous donne un très beau portrait de femme: sa mère Il est à noter qu'après des études de littérature & d'espagnol, l'auteur est devenu médecin-psychiatre. | |
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