Jean-Claude Pirotte [Belgique]

bix229 a écrit:

C' est une illustration possible. En tout cas matérialisée. Mais quand un livre nous inspire, le nombre d' images, spontanées ou réfléchies, peut etre considérable. Et le spectacle pourrait etre étonnant si on pouvait le matérialiser ! Le livre produit aussi des sensations multiples, et parfois inédites ou indescriptibles, faisant appel à tous nos sens.

Effectivement, Bix, d'où le choix longuement médité sur l'illustration d'une couverture d'ouvrage, faisant appel à l'imaginaire collectif, donc vendeur.

Constance a écrit:

bix229 a écrit:

C' est une illustration possible. En tout cas matérialisée. Mais quand un livre nous inspire, le nombre d' images, spontanées ou réfléchies, peut etre considérable. Et le spectacle pourrait etre étonnant si on pouvait le matérialiser ! Le livre produit aussi des sensations multiples, et parfois inédites ou indescriptibles, faisant appel à tous nos sens.

Effectivement, Bix, d'où le choix longuement médité sur l'illustration d'une couverture d'ouvrage, faisant appel à l'imaginaire collectif, donc vendeur.

En effet, ce choix de couverture me serait propre. D'ailleurs, j'ai mis cette image dans un fil plus approprié : Variations sur une oeuvre littéraire.
Ma vision de l'oeuvre se télescope d'ailleurs avec celle de Constance !

Cavale

Des épisodes fragmentaires entrecoupés de poèmes, ou plus exactement avec des réminiscences de poèmes. De toute façon l'esquisse de ce récit* qui par moment est grave mais sans être trop sérieux est dans le sens du retour. Un retour par les chemins de traverses et les détours, qui s'égare à dessein. On n'en saura jamais trop de la réalité de cette non moins très vécue "cavale". On partagera une mélancolie à l'air assez heureuse entre les verres, les bouteilles, les amours, les affinités littéraires, une poignée de terroirs et quelques "gueules". Compagnonnages romanesques, écart entre les mondes pour celui passé de l'autre côté de la barrière (de la justice), références nombreuses, souvent inconnues si ce n'est pour le nom de leur auteur, qui laissent rêveur...

Brumeux, brouillant les pistes, déréalisant les instants en les écrivant pour leur donner une vérité ? Lecture frustrante sans l'être vraiment dont on peut lire un paragraphe ou dix pages sans que ça importe vraiment, on se trouve surpris de la quantité de très belles petites phrases qui sonnent si vrai dans ce texte a l'air si simple qui pourtant avoue et revendique son penchant littéraire.

Étonnant, certainement pas moche, qui laisse dans l'embarras d'en parler proprement... mais serait-ce l'objet lu si c'était possible ?

* : Un tour de France avec un crochet en Espagne, pour des bars, des attentes, de mauvaises fréquentations, d'un avocat (l'auteur donc qui s'est retrouvé sur ce chemin) qui s'est soustrait à la justice de son pays (la Belgique).


un petit extrait :

Citation :

   J'aimerais raconter notre vie, mais j'en suis sans doute incapable. Et puis ce possessif : notre, quel sens lui attribuer ? qu'avons-nous partagé ? Trop souvent j'ai ruminé le sentiment de n'être rien pour toi. De ne t'appartenir en rien, et c'est ma faute, et c'est aussi la tienne. Voici la Loire, et les désastreux faubourgs de Tours. Une bretelle d'autoroute, une grue surveillant une carcasse de béton, des saules pleureurs essoufflés, un pont, des pavillons tristes, un talus sablonneux, et le train prend de la vitesse. De ce voyage, je retiendrai ce sempiternel goût de cendre glacée, celui de tous mes voyages. Celui des retours loin de toi, des abandons, et de l'automne. J'aime aussi ce goût, puisqu'il m'apprend que je suis pauvre, et que je suis seul. C'est bien écœurant. Il y a si longtemps que je cherche à m'expliquer. Il y a si longtemps que je n'écris qu'à toi pour ne pas être lu.

il faut que je revienne encore sur la lecture, plus tard. et merci bix !   

Je crois que tu as saisi l' essence meme de Pirotte...Qui ne se laisse pas saisir et qui pourtant
ne cesse d' etre lançinant après la lecture...

Plus qu' une trace et moins qu' une gueule de bois ?

Merci pour ton commentaire sur cet ouvrage, dont je suivrai le ou les suivants, Animal.
J.C Pirotte appartient à ces auteurs dont l'approche est difficile tant il brouille les pistes en sa quête de l'indicible.  

Sinon, décidément, de même que Doubinsky ( Le feu au royaume), Pirotte ne donne pas envie de séjourner dans la ville de Tours.

j'ai du mal à me représenter la ville il y a disons 25 ans... ça me manque certainement pour mieux (croire) comprendre, ça a du beaucoup changer quand même. et les vins étaient moins visibles en dehors du pays ?

en tout cas ce doit être la deuxième fois que je lis quelques mots sur Saint-Pierre-des-Corps, la première étant dans Bois sec, bois vert de Charles-Albert Cingria... que l'on retrouve en exergue :

"On est tout étonné quand on franchit la frontière."

on voisine sans doute avec la sensation de raconter quelque chose sans le raconter ou en prenant grand soin de partir ailleurs comme s'il n'y avait rien de plus naturel. Cingria m'a l'air quand même plus difficile à suivre et d'une érudition parfois brutale (et d'une écriture plus musclée).

et il y avait la ressemblance étrange avec le Prochain épisode de Hubert Aquin auquel j'ai souvent pensé dans ma lecture. Ce dernier est plus fictif pourtant les deux se rejoignent par le sens du romanesque... qui, peut-être, est le moyen de raconter une chose avec une autre, de faire vivre quelque chose d'à la fois concret et irréalisable (irréalisé), ou de tendre vers cette chose ou cet état. A voir si ce n'est pas ce fait, et cette mélancolie qui fait la ressemblance. Une dualité des états de la personne et un manque qui se fait par moments très amoureux.


A côté de ça il y a des phrases, comme la dernière de l'extrait choisi : "Il y a si longtemps que je n'écris qu'à toi pour ne pas être lu.", qui font garder une distance. Elle n'est pas dénuée de sens mais aurait l'air un peu facile ou posée.

Pour la gueule de bois... non effectivement, la distance et le manque de certitudes enflammées, l'humeur contemplative du texte font naviguer loin de la gueule de bois malgré la quantité de bouteilles qui descendent !

Jean-Claude Pirotte est décédé le 24 mai 2014. J'aimerais connaître ses nouvelles tribulations sous d'autres cieux, d'autres saisons que l'été, d'autres lieux que la combe ...

GrandGousierGuerin a écrit:

Jean-Claude Pirotte est décédé le 24 mai 2014. J'aimerais connaître ses nouvelles tribulations sous d'autres cieux, d'autres saisons que l'été, d'autres lieux que la combe ...

Ah, la mauvaise nouvelle ! Je sentais qu' il était au bout du chemin et lui le premier...
Le grand nulle part ? Je ne sais pas ce qu' il en pensait... Tout ce qu' il avait connu de meilleur
et de pire, c' était ici-bas...

bix229 a écrit:

GrandGousierGuerin a écrit:

Jean-Claude Pirotte est décédé le 24 mai 2014. J'aimerais connaître ses nouvelles tribulations sous d'autres cieux, d'autres saisons que l'été, d'autres lieux que la combe ...

Ah, la mauvaise nouvelle ! Je sentais qu' il était au bout du chemin et lui le premier...
Le grand nulle part ? Je ne sais pas ce qu' il en pensait... Tout ce qu' il avait connu de meilleur
et de pire, c' était ici-bas...

la lecture d'un de ses ouvrages m'avait donné l'envie de le rencontrer et de pouvoir échanger, qui sait au zinc d'un comptoir ...

GrandGousierGuerin a écrit:

Jean-Claude Pirotte est décédé le 24 mai 2014. J'aimerais connaître ses nouvelles tribulations sous d'autres cieux, d'autres saisons que l'été, d'autres lieux que la combe ...

Changer de la combe pour la tombe, quel destin...

topocl a écrit:

GrandGousierGuerin a écrit:

Jean-Claude Pirotte est décédé le 24 mai 2014. J'aimerais connaître ses nouvelles tribulations sous d'autres cieux, d'autres saisons que l'été, d'autres lieux que la combe ...

Changer de la combe pour la tombe, quel destin...

Pour moi, un comb(l)e : effet d'une bombe ?

En tout cas, ce genre de nouvelles, ça plombe.

Tristesse ...


Dans sa dernière émission "La grande librairie", consacrée à "la valise idéale", François Busnel conseillait la lecture de "Brouillard", roman dont je viens de faire l'acquisition ...


En 2008, Jean-Claude Pirotte lit des extraits de "Blues de la racaille" :