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Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Kinji Fukasaku Dim 6 Mar 2011 - 20:43
Citation :
Formation
Kinji Fukasaku suit des études de cinéma à l'université de Nichidai. Il entre à la Toei (l'une des majors japonaises) en 1953 et devient réalisateur après sept ans d'assistanat.
Carrière au cinéma
Dès 1961, Kinji Fukasaku signe ses premières réalisations personnelles, des courts métrages constituant la série Le Détective vagabond. La même année, il réalise son premier long métrage, Gangsters en plein jour. Mais sa première oeuvre marquante, Hommes, Porcs et Loups, date de 1964. Il y narre l'affrontement de trois frères d'armes devenus ennemis. Suit une parenthèse poétique avec Le Lézard noir (1968) et La Demeure de la rose noire (1969). Mais c'est surtout vers le film de "yakuza" (mafia) que se tourne Kinji Fukasaku (les scénarios sont signés Noboru Ando, célèbre gangster devenu star de la Toei). En 1970, il se lance dans la production indépendante avec Rage et surtout, en 1972, avec l'exceptionnel Sous les drapeaux, l'enfer. L'échec de ce film l'obligera à retourner vers les studios pour une série de six épisodes qui le rend célèbre, Combat sans code d'honneur, racontant la guerre des gangs à Hiroshima entre 1945 et 1963. Kinji Fukasaku exprime une violence telle qu'il devient le cinéaste le plus nihiliste du Japon, mais le plus apprécié aussi, car la série remporte un succès inouï. Une mise en scène nerveuse et irrespectueuse des codes sauve souvent du désastre des sujets répétitifs et dépassés : cadrages obliques, arrêts sur image deviendront ses marques de fabrique. Eclectique, Kinji Fukasaku tourne en 1980 Virus, un film catastrophe languissant, avec des comédiens hollywoodiens, Chuck Connors, George Kennedy et Robert Vaughn. A partir de 1983, il tourne moins. Il livre néanmoins Le Théâtre de la vie (1983), Les Habitants de la maison en feu (1986), La Révolte des fleurs (1988) et Un jour étincelant (1992). En 2000, il réalise un authentique chef-d'oeuvre, Battle Royale.
Prix Prix pour l'ensemble de l'oeuvre, 2004 au Mainichi Film Concours Meilleur réalisateur, 1983 au Mainichi Film Concours pour le film : Kamata koshin-kyoku Meilleur réalisateur, 1983 au Kinema Junpo Awards pour le film : Kamata koshin-kyoku
source : www.cineressources.net
Combat sans code d'honneur / The Yakuza papers de Kinji Fukasaku
avec le toujours charismatique Bunta Sugawara.
une bien compliquée histoire de mafieux à la japonaise qui s'appuie sur le journal rédigé en prison par un très vrai yakuza qui a participé à ces guerres des gangs.
Hiroshima au lendemain de la seconde guerre mondiale, la vie est difficile, rien à manger, débrouille, violence, occupation américaine... du marché noir, des victimes et d'anciens soldats. L'un deux Hirono Shozo tue un petit mafieux, vengeance pour un camarade abimé sans vraie raison. En prison il aide un sous-chef d'un gang important de la ville... ils deviennent frères, et quand il ressort c'est le début, en continuité, d'une chronique très noire sur une quinzaine d'années de mafia japonaise. Trafic et magouilles avec les politiques, puis drogue... tout dégénère de plus en plus dans cette univers à la violence omni-présente, presque tout le film étant une série de meurtres au gré des alliances et coups tordus décidés par les chefs mafieux, le chef du gang de notre héros le premier. Lâche, avide, manipulateur, faux et qui pousse ces hommes les uns contre les autres quand ça l'arrange. Tout fout le camp en somme. Quantité de morts inutiles. Hirono y participe lui aussi avec plus ou moins de recul, en cherchant par un certain sens du sacrifice à limiter la casse mu par un idéal de justice qui lui reste.
Brutalité sauvage, cadrages fous, montage au hachoir... la répétition se calme sur la fin quand après un autre passage en prison notre bonhomme ouvre les yeux plus grand, plus dégouté que jamais alors que chacun est plus cupide que jamais et cherche à se ranger dans des affaires plus propres. Toujours en tuant, en cherchant à faire tuer, par lui, le type qui sort de prison. Séquence finale mémorable en anti-bloodshed précédée par un meurtre rendu plus émouvant, plus cruel encore que les précédents... Fukasaku a bien taillé son film sans humour et sans espoir.
ça reste un peu impossible à suivre réellement, il n'y a pas d'interminables parlotes, même si ça cause en se les gelant dans les salons, ce n'est pas son meilleur film, mais c'est un film qui va où il va et sans faire dans la dentelle. FIlm noir, très noir.
On peut facilement le rapprocher du dernier Kitano (oublié le titre là tout de suite) qui a la même structure globalement et avec le même genre de rythme rapide et répétitif. Le Fukasaku à la fois plus classique (le type conserve ses valeurs jusqu'au bout tout en participant) mais sans doute moins maniéré, plus sauvage, pas moins noir en tout cas ni moins humain. Marrant comme le discours de fond sur l'organisation se ressemble entre 1973 et 2010.
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Kinji Fukasaku Sam 26 Mar 2011 - 21:50
Triple Cross (1992)
Le premier film de Fukasaku que j'ai vu ! c'était il y a quelques années et j'avais été surpris par ce film bordélique et nerveux, carrément teigneux en fait qui mélange gangsters, groupe de rock, jeune fille délurée... courses poursuites sauvages, trucs carrément cartoonesques et ... un petit quelque chose d'autre. j'étais donc content de le revoir le weekend dernier. Et puis ce n'est pas banal un film plutôt orienté divertissement déjanté et venu de l'autre bout de la terre qui s'ouvre sur une citation de Paul Nizan :
Aussi longtemps que les hommes ne seront pas complets et libres, ils rêveront la nuit.
Un groupe de braqueurs de banques aidés d'une femme se retrouve dans les problèmes quand l'un d'eux (Sonny Chiba toujours en forme) amouraché d'une jeunette un peu barrée et hystérique les faits s'associer avec un petit jeune qui a besoin de sous pour ouvrir sa boite de rock. Le braquage un peu deuxième souffle ne rapporte pas autant que prévu d'où morts, vengeances, affrontements divers... et une grosse couche de dérapage par rapport à la partie convenue de ce scénario. Les péripéties s'enchainent et quelques thèmes se creusent. Le classique old school droit dans ses pompes contre la jeunesse qui ne respecte rien mais aussi : le besoin d'argent, les dettes, l'immigration au japon, la vieillesse, une vision relativement romantique mais moderne du couple de gangsters... mais surtout plutôt que de tourner les personnages persévèrent. Le vieux meurt mais reste amoureux, tout le monde joue sa vie avec acharnement. Et le film un peu cheap avec ses gunfights plein d'étincelles se retrouve avec des trous d'instantanés assez beaux (plus par leur principe que par l'image elle même d'ailleurs) et fait effleurer le propos du film illustré par la citation d'ouverture. Et la linéarité du film en arrive donc à développer une ambiguïté qui dépasse un peu la provocation. Sorte de film hybride. beaucoup plus rock'n'roll que du Tarentino (par exemple).
Pas un grand film, peut-être pas indispensable et qui a quand même vieillit mais un film qui reste solide et attachant et pas trop con pour une guignolerie bariolée. En plus le groupe de hardos n'est pas mauvais.
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Kinji Fukasaku Sam 26 Mar 2011 - 22:19
The Geisha House (1999)
Dans le japon des années 50 alors que dans la rue certains râlent pour de meilleurs conditions de travail et se font taper dessus par les yakuzas et que d'autres soutiennent les nouvelles lois contre la prostitution, la petite Omocha trottine toute la journée au service d'une maison de geishas en attendant son tour de devenir elle même geisha.
Le cinéaste sanglant des mafieux furieux change un peu de décor pour ce film sans grandes prétentions extérieures mais néanmoins très complet et très réussi. D'abord et c'est important de le souligner il se situe dans le degré zéro du racolage. Ensuite parce qu'il nous promène avec un ton léger derrière cette toute tranquille jeune fille, toujours serviable, toujours souriante... pour construire l'air de rien un film d'horreur sociale panoramique très troublant. Beaucoup d'agitation dans la rue et autour des jeunes geishas de cette maison qui est aussi un havre de paix autour de la patronne, de la vieille servante et surtout de beaucoup d'actions codifiées. Une vision intimiste d'une tradition dans ce qu'elle a de rassurant. Cependant les sourires et la retenu répriment visiblement certaines émotions. Les choses se compliquent quand on, spectateur, découvre impuissant le fossé qui se creuse entre les pauvres et les riches et la fragilité de la place sociale. La famille d'Omocha est pauvre et elle leur donne un peu d'argent et elle est horrifiée de voir que sa sœur sèche l'école pour travailler avec les parents (qui la font travailler). Les geishas n'ont de cesse de répéter qu'elles sont des êtres humains et pas seulement des prostituées ou "concubines" traitées avec mépris par leurs clients et protecteurs auxquels elles font tout de même bien perdre la tête.
Mais ce n'est pas grand chose en regard de ce choix résolu, déterminé, et enfermé derrière les apparences figées de cette tradition protectrice de se vendre pour de l'argent. Le choix de cette fille d'apparence très juvénile à la fois horrible et moralement condamnable pour ces raisons sociales extérieures mais exprimé avec une certaine ferveur. Et reste la douceur, le sourire, qui reste jusqu'au bout et jusqu'à ses débuts sous la coupe d'un vieux bonhomme fortuné.
Le personnage de la patronne est intéressant aussi, gestionnaire, mère, femme... Et les regards de la vieille aussi... Un film à la fois dérangeant et très chaleureux qui expose l'argent, les erreurs, les contraintes, qui dénude l'hypocrisie d'une société en pleine course à l'argent et l'hypocrisie de certains rapports.
Sans compter que le film se situe en fait dans un flashback ou parallèle imaginaire du monde présent, comme un déplacement dans la continuité de tout son propos. Mauvais pour le moral mais explicite.
Une bonne occasion de voir du cinéma social différent, de voir aussi autrement les qualités de ce réalisateur un peu à part, toujours critique et très mobile, très vivant. Terriblement transgressif une fois encore et prompt à jouer sur les codes de certaines images mais certainement pas de manière gratuite.
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Kinji Fukasaku Sam 2 Avr 2011 - 22:44
Under the flag of the rising sun (1972)
Une veuve s'obstine face à la bureaucratie du ministère de la santé cherchant à savoir comment est réellement mort son mari qui aurait été exécuté à la fin de la guerre dans des circonstances peu claires.
Un film sur la guerre plutôt qu'un film de guerre, qui suit cette femme 26 ans après qui continue à aimer et à croire en son mari et subit l'indifférence, la condescendance voire un semblant d'humiliation de la machine étatique et des "braves gens". Sa dernière requête adressée le jour des commémorations (intro implacable encore une fois) lui donne la liste de témoins potentiels qui ne se seraient pas manifestés. Quatre anciens soldats qu'elle va rencontrer et interroger, chacun revenant vers ses souvenirs refoulés à sa manière, depuis sa nouvelle vie qui en est moins une... le film alterne donc un présent du film et des flashbacks (couleur et n&b) qui s'ils contiennent beaucoup de reconstitution utilisent aussi beaucoup des photos d'archive, choses que manipule particulièrement bien ce réalisateur qui sait naviguer sur l'image et choisit soigneusement leur accompagnement sonore.
L'actrice principal est remarquable et le film étant à la fois rageur et sobre, les décalages émotionnels sont très bien mis en valeur. Ces décalages devenant plus larges et plus partagés (par le spectateur) se retrouvent en opposition à une forme de mensonge qui est le mensonge historique de la version officielle mais aussi le mensonge ou demi mensonge d'une reconstruction (le mari, homme bien et mort à tort alors que d'anciens criminels de guerre ont la belle vie), celui aussi (mais c'est plus difficile de se faire une idée) d'un japon occidentalisé avec des jeunes qui jouent au tennis et au rugby qui brandit malgré tout ses héros morts pour le japon... et encore plus troubles les mensonges et demi-mensonges de ceux qui témoignent...
C'est un film assez exceptionnel, vraiment dur (violence, famine et puis psychologiquement pas simple) mais avec un point de vue choisi qui privilégie une émotion pudique au sensationnalisme. Les scènes crades étant présentes mais pas gratuites. D'un point de vue formel entre la bande son discrète et la vivacité de Fukasaku on trouve des images très très construites avec moult détails et des rappels illustratifs en arrière plan (la ville derrière le bidon ville... en règle général des paysages urbains très présents). Hum, de ceux que j'ai vus jusqu'à maintenant je crois que c'est celui qui m'a le plus impressionné, un peu appuyé et motivé comme beaucoup de films de cette période mais vraiment très bien fait et très efficace pour un budget qu'on devine très réduit.
Un film sur la guerre mais non guerrier qu'on a quand même envie de ranger avec les grands plein d'humanité avant même d'être plein de leur cinéma. En soulignant qu'il est toujours bon de voir aussi ces films sur plutôt que de, qui proposent une approche différente et ce pas sans raison.
L'attention de ce réalisateur aux changements, aux oubliés, au mensonge est considérable. Et en plus d'être revendicateur et transgressif il se paye le luxe immense de la nuance et de la subtilité.
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Kinji Fukasaku Dim 24 Avr 2011 - 20:37
Doberman Cop (1977)
Intro choc façon scène de crime (les experts peuvent rentrer jouer avec Winnie l'ourson). On est d'emblée saisi par le mélange de brutalité et de sauvagerie d'un film qui ne s'annonçait pas si sérieux. Il s'agit apparemment de meurtres en série... mais débarque un drôle de flic venu de ce drôle de bled qu'est Okinawa, conforme à l'image il est rude, un peu rustre et surtout très fort. Normal, c'est Sonny Chiba qui s'y colle. Toujours la classe avec son petit blouson et son chapeau de paysan. Et son cochon. Une dérive rurale et cartoonesque d'un Dirty Harry. Il vient rechercher une compatriote, qui est peut-être cette dernière victime, alors que sa prêtresse de mère déclare toujours en vie. Une bande de motards rebelles et sympa, des flics violents et un peu stupides et une intrigue farcie de rebondissements et de développements bizarres qui fait glisser le film au milieu, du film noir, du film de castagne (mais trop sèche pour être franchement fun), et on le monde des yakuzas devient périphérique pour laisser une grosse place au show-business et à sa construction de stars.
Inutile de préciser que dans ce gros bazar on retrouve une mutation permanente et qu'on n'est pas au bout de nos surprises quant à la part romantique de ce film étrange. Visuellement ça n'arrête pas une minute, ça bouge dans tous les sens comme rarement avec au milieu quelques constructions en oppositions qui ne sont pas sans rappeler du bon gros solide film noir à l'américaine.
Effrayant, bizarre, divertissant, attachant. Tout ça à la fois il est ce film de ce réalisateur génial. Film qui est accessoirement l'adaptation d'un manga.
On souligne aussi la suprême performance du yakuza entrepreneur de service : Hiroki Matsukata (un des habituels du réalisateur).
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Kinji Fukasaku Dim 24 Avr 2011 - 22:59
Fil intéressant mais ce cinéma n'est pas pour moi a priori. Je n'en peux plus de ces Xièmes versions de films de gangsters. Chaque cinéaste y va de sa propre stylisation mais ce sont toujours plus ou moins les mêmes codes et je ne m'intéresse plus aux histoires de mafias, de gangs, de sociopathes organisés.
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Kinji Fukasaku Dim 24 Avr 2011 - 23:51
ça fait plaisir de voir qu'une bonne partie de ce que je voulais dire est complètement passé à la trappe !
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Kinji Fukasaku Lun 25 Avr 2011 - 10:18
animal a écrit:
ça fait plaisir de voir qu'une bonne partie de ce que je voulais dire est complètement passé à la trappe !
?? Je précisais bien au contraire que je trouvais le fil intéressant pour suggérer que j'y trouvais des éléments matière a réflexion. Ça ne m'empeche pas de saturer des films sur ces thèmes. Under the flag me tenterait davantage par contre.
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Kinji Fukasaku Sam 14 Mai 2011 - 22:45
en imaginant qu'on puisse se fatiguer du papier glacé animé de certains films pour festival ou d'un onirisme surchargé prétexte aux fausses astuces scénaristiques.... on peut se regarder un "petit" Fukasaku, par exemple :
Street mobster (1972)
avec l'incontournable Bunta Sugawara, en français ce doit être Okita le pourfendeur. Petit Fuksaku parce qu'il est court (un peu moins de 1h30 et parce que ce n'est pas un des plus développés. Intro introductive très habituelle pour le réalisateur avec un montage un peu sauvage pour nous poser la jeunesse de son personnage Okita, né le 15 août 1945 et "sans père" et une mère qui se débrouille comme elle peut. Il prend donc le chemin de la petite délinquance plutôt violente avec agressions, viols... mais ces années sont aussi celles des yakuzas et quand une petite bande prend de l'importance ça tourne mal. Passage par la case prison, où le caractère et les méthodes d'Okita ne changent pas. il ne baisse pas la tête et rend coups pour coups. A sa sortie le paysage est changé, c'est la vie, la jeunesse et les apparences d'un commerce licite, les patrons yakuzas jouent au patron normaux et tout est calme. C'est dans ce monde neuf qu'il tente à nouveau sa chance avec un petit gang et un associé sorti de son "groupe". Re les embrouilles avec malgré tout un certain regard bienveillant d'un des deux chefs yakuzas locaux "rangés". Une fin tragique et sanglante pour cette histoire très linéaire.
Mais pourquoi donc ne s'ennuie-t-on pas plus ? mis à part les mimiques de Bunta Sugawara et mis à part les quelques images féroces qui passent dans le film, pas les sanglantes mais ces petits instantanés ou natures mortes ébréchés. Peut-être que dans ce cadre convenu il arrive à mettre jeu le rapport de force lui même et la violence, la violence comme réponse à des conditions peu favorables mais destructrice et source d'erreurs, un paradoxe dont le prix payé par les femmes est explicite que ce soit à travers la mère d'Okita, la femme d'un de ses co-détenus (et défigurée par celui-ci) ou sa compagne (et victime de jeunesse).
Petit film de gangster convenu mais toujours représentatif d'un instant social, le contexte étant très clairement différent de celui des films qui suivent des gangsters qui ont connu la guerre et qui se reconstruisent dans la sortie de la guerre, et encore une fois attachant par son énergie et son soin d'apporter autre chose et un peu autrement. Et quand même quelques belles petites images justes et assez touchantes.
edit : on retrouve dans les acteurs un des témoins de under the flag of the rising sun, qui joue le co-détenu et qu'on revoit dans le film, et qui donne un autre personnage étrange à l'air égaré. il incarne ici avec son air un peu maladif et traversé psychologiquement celui qui a renoncé à la violence pour suivre sa femme (qui l'a attendu) dans une vie simple voire à demi miséreuse.
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Kinji Fukasaku Mer 15 Juil 2015 - 7:24
Violent Panic : The Big Crash
Dans le genre improbable et un peu gâché par sa carambolesque et improbable fin... le film qui s'annonce comme de l'exploitation relativement vacharde et teigneuse ne commence pourtant pas si mal. Quoique classique dans son style avec les coupures de presse pour faire fond de générique et lancer cette histoire de braqueurs de banque. ça se complique avec le décès de l'un des deux et surtout par la relation entre celui restant et sa frivole petite amie. Petite amie qu'il est incapable, malgré lui ? d'abandonner.
Comme tout le monde veut sa peau ça donne du charme. Assaisonné avec une image et un montage urbain et nerveux sans perdre un œil sur un Japon mutant et socialement disparate ça marche même mieux qu'on aurait pu le penser. Même avec le zeste de trucs tordus (quelques pervers plus ou moins marrants en prime), ça marche toujours.
Juste la fin un peu basique, faussement américaine qui lasse facilement.
A l'arrivée on a eu sa dose de Fukasaku rageur et coloré, déjà pas si mal !
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Kinji Fukasaku Jeu 24 Sep 2015 - 9:33
Gambling Den Heist / Le Voleur de capitaux (1975)
On reste dans le très alimentaire avec cette histoire de petit truand qui n'a pas prévu de passer huit années en prison pour rien. Quand il sort et que les deux clans rivaux d'alors sont en train de former une alliance il décide d'aller braquer la fête.. Les mafieux, un flic véreux et les complices, tout le monde veut récupérer le magot ! Reste à savoir qui est le plus endurant et le plus pourri* dans ce western urbain sur fond de musique à l'italienne.
Outre une jolie berline Skyline d'époque et une collection de cravates hautement improbables d'époque elles aussi on retiendra surtout que ce n'est pas le genre de film qui se tient tranquille, ça bouge ! dans cet espèce de réalisme panique qui est une marque de fabrique du réalisateur.
Un gros cran en dessous d'autres films du bonhomme mais pas désagréable.
* : on ne risque pas la glorification du milieu...
Ariane SHOYUSKI Sage de la littérature
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Sujet: Re: Kinji Fukasaku Ven 25 Sep 2015 - 23:11
Je ne vois pas le visage du personnage principal. Bunta Sugawara, Kinya Kitaouji ou Hiroki Matsukata ? Est-ce que tu peux me donner le titre original en japonais ?
Es-tu content de ce film ? Lui donnes-tu de bonnes notes ? 13 sur 20 par exemple ?
Dernière édition par Ariane SHOYUSKI le Ven 25 Sep 2015 - 23:55, édité 1 fois
Hanta Agilité postale
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Sujet: Re: Kinji Fukasaku Ven 25 Sep 2015 - 23:16
J'avais vu Battle Royal que j'avais beaucoup aimé.
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Kinji Fukasaku Ven 25 Sep 2015 - 23:31
le titre original est Shikingen gôdatsu, l'acteur ça doit être Kinya Kitaouji... mais je ne maîtrise pas forcément.
par contre Bunta Sugawara je l'ai plus vu... notamment dans le paquet de films de gangsters les plus connus de Fukasaku et qui sont meilleurs, plus intéressants à mon sens que celui-là (ce qui ne devrait pas non plus faire négliger Under the flag of the rising sun ou Geisha House).
ils donnent une vision (c'est bien le mot) du Japon d'après-guerre, une effervescence contrastée que ce soit dans le marché noir ou dans une identité montée à la hâte sur des images occidentales de réussites et de modes. Pas très romantique, violent, noir mais vif et cinématographiquement efficace. Des films plus sérieux en tout cas.
moins intéressant mais divertissement correct, mieux que Violent Panic, ouais 13 pourquoi pas tiens ?
(ça marche bien Battle Royal, mieux que la suite mais on ne peut pas tout avoir).
Ariane SHOYUSKI Sage de la littérature
Messages : 2372 Inscription le : 17/04/2014
Sujet: Re: Kinji Fukasaku Sam 26 Sep 2015 - 0:15
Merci Animal pour ta réponse. Est-ce un film dans la série de "Combat sans code d'honneur" ?
Je crois que Bunta Sugawara était vraiment un grand acteur. Même quand il jouait un rôle de yakuza dans un film comme celui-ci, j'y voyais son honnêteté. Je ne dis pas qu'il a mal joué le rôle de yakuza. Ce n'est pas ça. Il a fait quelques rôles très marquants dans des séries télé. Il est dommage qu'on ne puisse pas les regarder en Europe.