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| Upton Sinclair | |
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+4domreader animal guillaume coline 8 participants | |
Auteur | Message |
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animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Upton Sinclair Lun 4 Juin 2007 - 22:02 | |
| - Citation :
- Upton Beall Sinclair, écrivain américain (20 septembre 1878 - 25 novembre 1968) fut un écrivain prolifique (plus de 90 ouvrages). Adepte de plusieurs genres, il fut un des promoteurs du socialisme aux États-Unis. Il gagna une renommée particulière avec son roman La Jungle (1905), qui décrivait l'abattage des bêtes et le conditionnement de la viande. La réaction du public aux pratiques ainsi dénoncée conduisit au Meat Inspection Act de la même année. Il fait partie des journalistes et écrivains engagés dans la dénonciation des inégalités de l'Amérique du début du siècle, regroupés par Theodore Roosevelt sous le nom de Muckrakers, « fouille-merde ».
- Citation :
- Les parents de Sinclair étaient des notables issus du Sud des États-Unis. La famille de son père se flattait d'une tradition de service dans la marine remontant jusqu'à la Guerre d'indépendance américaine. Son grand-père, le commodore Arthur Sinclair avait ainsi servi dans la guerre de 1812 dans l'United States Navy (marine américaine) avant de démissionner pour rejoindre les rangs de la Confédération lors de la Guerre de Sécession.
Upton Sinclair naquit cependant à Baltimore, Maryland, l'engagement de sa famille aux côtés de la Confédération ayant pesé sur la fortune familiale. Upton Sinclair vécut ainsi une enfance mêlant richesse et pauvreté. Son père était alcoolique et sa famille proche était pauvre, mais le jeune Upton faisait de longs séjours à New York dans une branche aisée de la famille de sa mère. Cette expérience des deux extrêmes de la société américaine le poussa sans doute vers le socialisme. http://fr.wikipedia.org/wiki/Upton_Sinclair La JungleLe destin d'une famille d'immigrants lituaniens travaillant dans l'industrie de la viande à Chicago au tout début du XXème siècle. Centré sur le personnage de Jurgis : homme droit, puissant et travailleur. Un roman "social" où l'on passe d'un "rêve américain" teinté de quelques désillusions au(x) drame(s), à la fuite puis à la prise de conscience politique. C'est très très dur : ça nous parle directement de cette famille vivant dans une pauvreté qui oscille entre le difficile et l'impossible... conditions de vie... je me retiens pour ne pas dévoiler quelque moment dur du livre mais... horrible. Une grande partie de ce livre c'est la descente dans l'horrible, une extrême bonne volonté et un extrême courage anéantis. Les trois premiers quarts du bouquin c'est un peu comme du Zola (pour ce dont je me souviens des quelques Zola lus il y a... ). C'est l'histoire de cette famille et l'histoire d'un système (et de gens) qui abuse de ces familles, à travers le logement : ce qui mêle escroquerie et conditions de vie "criminelles"... L'emploi : le chantage et l'exploitation par les géants de la viande... En cadeau une titanesque description du système industriel des abattoirs, une petite part de fascination et de magie pour des prouesses quelques peu morbides... et un cauchemar sanitaire sans nom... la fin du livre tourne à la démonstration politique, quand ce héros de Jurgis, ou ce qu'il en reste, fréquente les meetings et rencontre des orateurs... une rupture très nette dans le récit, c'est une proposition de solution par rapport à tout ce qui peut être présenté dans la première partie, c'est intéressant... très appuyé va-t-on dire. J'ai trouvé ça assez fort, très prenant, très poignant, beaucoup d'humanité (et d'inhumanité) brute dans ces pages, le pire étant probablement que la façon dont les atrocités arrivent fait que ça ne semble pas "rajouter pour le plaisir"... ça fait froid dans le dos du début à la fin cette histoire là. Concernant la viande, je n'ai plus toucher une "boite de singe" depuis et je me souviens de cette lecture à chaque fois que je passe au supermarché... un livre qui a semble-t-il fait bouger les choses pour l'hygiène et le droit du travail... je le déconseille fortement aux âmes sensibles... | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Upton Sinclair Lun 4 Juin 2007 - 22:28 | |
| - animal a écrit:
- je le déconseille fortement aux âmes sensibles...
coline, âme sensible, s'abstiendra... :) | |
| | | guillaume Posteur en quête
Messages : 56 Inscription le : 16/05/2007 Age : 46
| Sujet: Re: Upton Sinclair Lun 4 Juin 2007 - 22:47 | |
| Je ne connais pas du tout cet auteur... Mais tu en parles bien, au moins tu annonces carrément la couleur... | |
| | | guillaume Posteur en quête
Messages : 56 Inscription le : 16/05/2007 Age : 46
| Sujet: Re: Upton Sinclair Lun 4 Juin 2007 - 22:51 | |
| Je crois que je le retiens ce livre, j'irai voir à quoi ça ressemble. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Upton Sinclair Lun 4 Juin 2007 - 22:55 | |
| je suis tombé dessus par hasard (les à côtés amazon...) quand j'ai commandé The Road To Wigan Pier d'Orwell... encore une phase "tiens si je lisais des trucs rigolos pour me remonter le moral".
Je n'en avais jamais entendu parler... c'est vraiment sombre/cruel/... réaliste ? avant d'être démonstratif, c'est du moins comme ça que je l'ai ressenti. | |
| | | domreader Zen littéraire
Messages : 3409 Inscription le : 19/06/2007 Localisation : Ile de France
| Sujet: Re: Upton Sinclair Mer 11 Juil 2007 - 19:13 | |
| J'ai été moi aussi frappée par ce livre Animal, très réaliste sur les conditions de vie effroyables des immigrants dans l'Amérique du début du siècle dernier, là plus particulièrement à Chicago, autour des abattoirs. Pour avoir lu d'autres livres sur le même sujet, beaucoup d'immigrants étaient à peu près logés à la même enseigne. Quelques uns réussissaient, beaucoup menaient une existence misérable, quelques autres rentraient même au pays....(Angela's Ashes / Frank McCourt). | |
| | | Le Bibliomane Zen littéraire
Messages : 3403 Inscription le : 21/02/2007 Age : 58 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Upton Sinclair Mer 17 Déc 2008 - 16:41 | |
| "La Jungle"
En ces premières années du XXe siècle, Jurgis et sa famille quittent leur Lituanie natale afin de traverser l'Atlantique et de trouver au bout du voyage un monde meilleur. L' Amérique, cette terre promise leur offrira la liberté, le travail et, au bout du compte, la fortune.
Quand ils arrivent quelques mois plus tard à Chicago, tout semble leur sourire. Du travail, il y en a, et à profusion, dans ces immenses abattoirs qui s'étendent à perte de vue en périphérie de la ville.
Lorsqu'ils visitent pour la première fois cet immense complexe industriel, Jurgis et ses compagnons ne peuvent qu'être émerveillés par l'organisation et l'efficacité de ces exploitations où « tous les ans huit à dix millions d'animaux vivants étaient transformés ici en denrées comestibles. » Pour ces gens qui débarquent tout juste de leurs forêts lituaniennes, cette industrie dans laquelle sont transformés chaque jour « dix mille bovins, autant de cochons et cinq mille moutons » ne peut qu'être le symbole de la modernité et de l'opulence qui règnent dans ce pays.
Très rapidement, Jurgis et les autres membres de sa famille sont embauchés à différents postes au sein de cette industrie et, désormais pourvus d'un salaire, peuvent envisager d'acquérir un foyer et d'en devenir les propriétaires.
Mais la dure réalité va très rapidement s'imposer et le beau rêve de liberté va voler en éclats. Les salaires que chacun rapporte à la maison (même les enfants) suffisent à peine à couvrir les traites de la maison et à permettre à la famille de pourvoir à ses besoins alimentaires. Les cadences exigées dans les ateliers sont infernales, le temps de travail auquel sont assujettis les ouvriers les contraint à s'échiner six jours sur sept par des températures glaciales ou des chaleurs torrides. Les mesures d'hygiène et de sécurité sont quasiment inexistantes et il n'est pas rare qu'un ouvrier tombe dans un malaxeur et se trouve transformé en corned beef. Les contremaîtres s'adonnent à la corruption et exigent de l'argent – quand il ne s'agit pas de faveurs sexuelles – pour faire embaucher ou pour préserver l'emploi d'un ou d'une ouvrière. Aux périodes de travail infernales succèdent de longues plages de chômage sans aucune indemnité dues aux aléas de l'offre et de la demande des industries alimentaires. Chaque collègue de travail, chaque demandeur d'emploi est un ennemi potentiel, susceptible de voler la place d'un autre parce que plus résistant, plus rapide, moins réfractaire ou mieux vu des contremaîtres.
C'est dans cette jungle que vont tenter de survivre Jurgis et sa famille, une jungle où les prédateurs sont partout et où la vie humaine n'est pas mieux considérée que celles de ces milliers d'animaux sacrifiés quotidiennement.
Chronique d'une descente aux Enfers, « La jungle » est un roman coup-de-poing, un réquisitoire contre les conditions inhumaines endurées par les classes ouvrières. Roman, mais aussi reportage, car pour écrire ce livre, Upton Sinclair s'est introduit dans les abattoirs de Chicago et a vécu sept semaines avec les ouvriers de ces industries, recueillant leurs témoignages et leurs révoltes. La sortie de cet ouvrage fit tant de bruit à cette époque que son auteur fut invité en 1906 à la Maison-Blanche par le président Théodore Roosevelt. On parla (déjà!) de moraliser le capitalisme, ce qui, on le voit bien encore aujourd'hui, ne fut et n'est encore qu'un voeu pieux. On stigmatisa, comme aujourd'hui, les « excès » du capitalisme sans pour autant remettre à plat le système lui-même, les dirigeants de l'exécutif étant, comme aujourd'hui encore, les obligés, voire les complices des grands groupes industriels.
On pourrait penser que ce livre est le reflet d'une époque révolue. Il n'en est rien. Malheureusement, les thèmes abordés sont toujours d'actualité : chantage à l'emploi, corruption à tous les étages de la société, pollution, malbouffe, enrichissement scandaleux du patronat exploitant la misère des classes laborieuses, compétition entre les membres de ces classes ouvrières afin de mieux juguler leurs désirs d'émancipation, surendettement, crédits immobiliers « bidons », etc... En ce début du XXIe siècle où rien ne semble avoir changé depuis l'époque ici évoquée, il est utile de lire ou de relire des ouvrages tels que « La jungle » d'Upton Sinclair. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Upton Sinclair Mer 17 Déc 2008 - 21:34 | |
| Me doutais bien que tu ne serais pas déçu par ta lecture et j'attendais tes impressions avec impatience.
La transformation du personnage de Jurgis est elle aussi effrayante... c'est homme qui est aussi un symbole de ce qu'on peut apporter, de ce qu'on doit apporter en "bon travailleur"... broyé, dégouté le bonhomme.... cette histoire et son monde sont effrayants... Presque le meilleur des hommes épuisé et retourné... pour aboutir à bien pire que le néant. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: PETROLE! Ven 18 Fév 2011 - 17:26 | |
| PETROLE !
J’ai lu Pétrole! de Upton Sinclair qui est sorti récemment en poche . C’est un gros livre de 700 pages, qui est paru en 1927 et a fait l’objet d’une adaptation au cinéma il y a quelques années par Paul Thomas Anderson sous le titre There will be blood. Si on retrouve bien l’ambiance, certaines situations et personnages dans le film, l’esprit est totalement différent et l’esprit militant de Sinclair n’y apparaissait pas de la même façon
Le livre se déroule de 1913 à 1924 en Californie du Sud. C’est l’occasion d’évoquer le milieu des magnats du pétrole, ces capitalistes richissimes et sans scrupules. On y parle aussi du milieu prolétarien, des divers partis de gauche, des actions qu’ils ont désespérément menées face au mépris et l’intransigeance de leurs patrons. Au passage on passe aussi dans le milieu du cinéma hollywoodien et d’un mysticisme protestant qui profitait de l’inculture des masses populaires.
Quand l’histoire commence, Jim Arnold Ross, ancien muletier, s’est hissé a la force des poignets parmi les magnats du pétrole. C’est un homme que rien n’arrête, sûr de lui, prêt à tout, compromission et corruption comprises, dur avec son personnel, mais juste : implacable, mais pas le pire parmi ces exploitants pétroliers. Il a tout investi sur son fils Bunny, 13 ans, qui est le vrai héros de cette histoire. Tous deux s’aiment passionnément, partagent tout : l’amour du pétrole et de l’argent (et des plaisirs qu’il dispense), de la vie au grand air. Leur confiance réciproque est inattaquable. Bunny est un garçon vif, intelligent, ouvert à tout , que tout le mode adore ; il est fondamentalement bon et moral.
« Bunny ne pouvait pas arriver à comprendre – il n’y arriverait jamais de toute sa vie - comment les gens pouvaient ne pas s’intéresser aux autres gens. »
Tout ceci fait sa force : il s ‘entend avec tout le monde , se lie d’amitié avec des employés de son père . Et cette différence entre eux séduit son père qui le regarde d’un œil amusé et tendre, et pense qu’il ira loin. Inversement Bunny, qui croit naïvement que tout le monde est bon comme lui, voue une adoration à ce père fabuleux. Dès les premières lignes du livre, caractères et relation intime, cette envie commune de tout dévorer dans un paysage américain grandiose, sont superbement campés en un paragraphe :
«La route filait, lisse, lette, quatre mètres trente de large exactement, les bords coupés comme au ciseau, ruban de ciment gris déroulé à travers la vallée par une main géante. Le sol ondulait en longues vagues : une lente montée puis un plongeon soudain. Vous grimpiez et passiez en trombe la crête, mais vous étiez sans crainte, car vous saviez que le ruban magique serait là, libre de tout achoppement, vierge de toute bosse ou crevasse, attendant le passage des roues aux caoutchoucs gonflés tournant sept fois à la seconde. Sur les côtés déferlait en sifflant l’âpre vent du matin, orage de mouvements qui vibrait et grondait en des harmoniques aux incessantes variations. Mais vous vous pelotonniez confortablement derrière un pare-brise incliné qui dérivait la tornade par dessus votre tête. Quelquefois il vous plaisait de lever votre main pour sentir le choc glacial ; quelque fois vous risquiez un œil par le côté du pare-brise afin que l’ouragan vous frappe au front et vous ébouriffe les cheveux. Mais, la plupart du temps, vous demeuriez assis, muet et digne, car c’était ainsi que faisait Papa, et les manières de Papa constituaient l’éthique de l’automobiliste. »
Mais ses qualités sont aussi la faiblesse de Bunny, qui ne veut faire de peine à personne et va longtemps galérer avant de se rendre compte que c’est impossible et faire des choix nouveaux. Toute la première partie du livre on voit cette relation passionnelle, l’œil amusé du père et aussi le questionnement qui se fait peu à peu en Bunny quand il constate que son père agit mal. Ses amis ouvriers le convertissent peu à peu à leur cause.
« Ce qui avait été malfaisant devenait soudain héroïque, alors que ce qui avait été respectable apparaissait tout à coup comme stupide »
Après cette rupture, il continue à s’entendre à merveille avec son père, car leur amour commun est leur grande richesse, et voulant le rendre meilleur essaye vainement de le convertir un tant soit peu à ses idées. Il continue à profiter des plaisirs liés à l’argent, mais plus le temps passe, plus il réfléchit, se positionne, utilise son argent dans le sens de la solidarité et de la cause ouvrière. Ses yeux s’ouvrent aux idées modernes, et il est heureux de le voir se tenir à ses objectifs de droiture et de moralité, ce qu’il fera magnifiquement, malgré toutes les difficultés que cela implique, sans jamais rompre avec les siens. Sa naïveté initiale en prend un sacré coup, il souffre des choix à faire, mais il tient bon..
Roman social et roman d’apprentissage, mais aussi roman d’aventure, Pétrole est un livre qui apprend beaucoup, mais qui sait aussi émouvoir, les personnages sont très attachants et complexes, extrêmement bien campés dans un style très vivant, comme si l’auteur vous racontait l’histoire en direct. Le ton est celui d’une ironie tendre et détachée, qui cache une espérance désepérée.
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| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Upton Sinclair Jeu 22 Sep 2011 - 17:50 | |
| La junglePlus que l'histoire d'une famille lituanienne qui émigre aux États-Unis au début du XXe siècle, La jungle est l'histoire d'un jeune Lituanien qui émigre avec sa famille. La nuance est de taille car, si chacun des membres de la famille va apporter sa contribution au niveau financier, seul Jurgis que l’on suit de la première à la dernière page, a réellement intéressé Upton Sinclair qui en a fait un personnage vraiment creusé, analysé, qui a une épaisseur. Si on est ému par les difficultés des autres membres de la famille, on n'y est pas attaché car Upton Sinclair daigne à peine le décrire et les faire exister. Il y a deux façons de lire ce livre, soit comme un roman, soit comme réquisitoire Un roman : comment un jeune Lituanien droit, courageux, déterminé, responsable, arrive à Chicago pour trouver du travail, enthousiaste au début, puis tombant de Charybde en Scylla, perd toute vitalité, toute dignité, sombre dans le vice et l'alcool, finit par ne se soucier que de lui-même, alors même qu’il n’est plus qu’une loque, pour être finalement sauvé par l'illumination de la parole socialiste. Même si tout cela correspond très certainement à une réalité du monde du travail de l'époque(on a en effet lu de nombreux romans et récits parlant de ces drames de l’émigration), et dans une moindre mesure d'aujourd'hui, on a quand même un peu l'impression que Upton Sinclair s'est fait une liste de toutes les situations dramatiques, macabres, dégradantes, sans en oublier une, auxquelles il pouvait confronter son héros. Cependant, on souffre avec lui, on se désole de sa déchéance, on se réjouit de son retour parmi les hommes. Un réquisitoire : Upton Sinclair a fait un travail de documentation extrêmement poussé et l'on n’ignore plus rien du monde du travail de cette époque, des procédés utilisés dans les abattoirs (technique, hygiène, recrutement), des terribles corruptions qui se développent comme une pieuvre dans le monde du travail comme dans le monde de la politique et de la justice, du maillage fin scrupuleusement établi pour enfermer le prolétariat dans sa misère et son inculture, afin d'en mieux abuser ensuite. C'est parfaitement détaillé, cela fournit des détails très intéressant sans être rebutant On regrette parfois (cela reste roman) que Upton Sinclair explique trop plutôt que de donner à voir. J'ai été gênée par les 40 dernières pages, exposant à travers des discours divers d'hommes politiques le projet socialiste de l'époque d'une façon quand même bien lourde et pesante qui frise le prosélytisme. Il n'en demeure pas moins que ces 550 pages sont le reflet dramatique et passionnant d'une époque, pleines d'enseignement et qu’il serait bien léger de détourner les yeux d'un livre qui a marqué son époque et permis des avancées dans le domaine du respect de l'homme et des réglementations sanitaires. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Upton Sinclair Jeu 22 Sep 2011 - 20:50 | |
| la logique très expliquée d'économie (à travers un mélange dette/service) sur les travailleurs s'est installée comme un point de repère. ça reste d'ailleurs d'une actualité ébouriffante.
et puis l'effondrement de Jurgis restera toujours une grande question. | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Upton Sinclair Ven 4 Oct 2013 - 12:55 | |
| La Jungle (1906) C’était le bon vieux temps… Ambiance folklorique oblige, La jungle s’ouvre sur une cérémonie lituanienne de l’acziavimas. Un défilé de personnages s’anime sous nos yeux : Teta Elzbieta apporte les mets du banquet, la grand-mère Majauszkiene complète avec le plat débordant de pommes de terre, Tamoszius Kuszleika remplit la salle des mélodies endiablées et joyeuses qu’il tire de son violon, faisant danser les invités au nombre desquels on découvre Jurgis et Ona, tandis que Marija Berczynskas, infatigable, se démène d’un bout à l’autre de la salle pour assurer le bon déroulement de la cérémonie, veillant à ce que les règles et les traditions soient appliquées selon le bon ordre. On ne s’ébroue pas dans la richesse mais enfin, il y a des pommes de terre, du jambon, de la choucroute, du riz bouilli, de la mortadelle, des gâteaux secs, des jattes de lait et de la bière ; et puis surtout, les retrouvailles sont joyeuses et animées ; elles consolident un peu plus une communauté déjà chaleureuse. C’était le bon vieux temps, et il faudra se souvenir de cette cérémonie dans le pays comme le dernier épisode heureux vécu par Jurgis et Ona. Les deux jeunes personnes ont à peine la vingtaine lorsqu’elles décident de prendre le bateau, de traverser l’Atlantique et d’atteindre les Etats-Unis. Il paraît qu’ici, le travail se trouve facilement, que les salaires sont élevés, et que les logements et les institutions modernes permettent à n’importe quel individu méritant de s’installer confortablement dans le bonheur d’une existence aisée. Pour ce qui est du mérite, Jurgis et Ona, accompagnés de quelques autres membres de leurs familles, n’ont pas de soucis à se faire. Ils ont été élevés à la dure et ne chôment jamais. Les Etats-Unis n’ont qu’à bien se tenir. Le désenchantement commence sitôt arrivés dans les quartiers pauvres de Chicago. Grisaille et misère se conjuguent avec l’aspect déshumanisé d’un monde industriel qui a aboli toute ressource naturelle. Les paysages verdoyants de la Lituanie semblent ne pas pouvoir trouver d’égaux, jusqu’à ce que Jurgis découvre les abattoirs, dont le système de production ingénieux rivalise avec les prodiges de la nature. L’installation est gigantesque : entièrement mécanisée, elle permet d’abattre huit à dix millions d’animaux chaque année. Pour cela, l’usine emploie trente mille personnes. Elle fait vivre directement deux cent cinquante mille personnes ; indirectement un demi-million. Ses produits submergent le marché mondial et nourrissent une trentaine de millions de personnes. Nous sommes en 1906 et les prémisses catastrophiques d’un monde industrialisé, sans âme, perdu dans les affres du bénéfice, ont déjà germé : la déchéance est imminente. La jungle semble d’abord accueillante. Elle fournit du travail à tous nos lituaniens nouvellement arrivés et leur offre un salaire plus généreux qu’ils ne l’auraient espéré. Malheureusement, le coût de la vie aux Etats-Unis est également plus élevé que prévu. On leur promet la propriété puis on les roule en leur faisant payer des charges mensuelles et annuelles qui les éloignent sans cesse davantage de l’acquisition définitive. Les enfants doivent bientôt se mettre au travail pour permettre à la famille de subsister. Pour une journée entière de labeur, ils ramènent quelques cents, une somme dérisoire. Passe encore lorsque les parents ont du travail mais bien souvent, après la frénésie productive qui précède les fêtes de fin d’année, les usines ferment sans préavis et laissent à la rue des milliers d’employés affamés et abrutis par la fatigue. Il faut alors trouver du travail ailleurs –même si toutes les entreprises du coin appartiennent à la même famille-, vivre d’expédients, envoyer les enfants faire la manche dans la rue, grappiller quelques repas en échange d’un verre d’alcool. Très rapidement, la force vitale d’Ona et de Jurgis s’éteint. On se souvient de l’émerveillement naïf, de l’énergie intarissable et de la joie pure qui les animait encore en Lituanie. On constate que tout cela a commencé à s’éteindre après quelques mois aux Etats-Unis, avant de disparaître complètement au bout de quelques années. On comprend que la misère et la fatigue seules ne sont pas responsables de leur déchéance. Le mal est plus sournois : derrière des apparences accueillantes, il désolidarise les individus, les isole dans un mur de silence et les empêche de trouver du réconfort en faisant briller sous leurs yeux des promesses de richesse et d’ascension sociale plus attirantes que l’assurance d’un foyer uni, se satisfaisant à lui-même. Si la Jungle désigne métaphoriquement cette vie tournant autour des abattoirs de Chicago, les abattoirs constituent quant à eux la métaphore terrible de la destinée humaine : « On dirigeait d’abord les troupeaux vers des passerelles de la largeur d’une route, qui enjambaient les parcs et par lesquelles s’écoulait un flux continuel d’animaux. A les voir se hâter vers leur sort sans se douter de rien, on éprouvait un sentiment de malaise : on eût dit un fleuve charriant la mort. Mais nos amis n’étaient pas poètes et cette scène ne leur évoquait aucune métaphore de la destinée humaine. Ils n’y voyaient qu’une organisation d’une prodigieuse efficacité. »Les animaux aussi bien que les êtres humains sont à la merci des abattoirs. Sophistiqués comme jamais, ils émerveillent encore, alors qu’aujourd’hui ils répugneraient aussitôt. C’est que tout leur potentiel d’hypocrisie, de manipulation –pour ainsi dire de sordide- n’a pas encore été révélé. Qu’est-ce qui tue vraiment les employés des abattoirs ? Outre le travail inhumain, on soupçonne la perfidie des moyens. La Jungle nous révèle que la déchéance moderne a déjà une longue expérience derrière elle. La pourriture de l’hyper-industrialisation que l’on connaît aujourd’hui existait déjà au début du 20e siècle aux Etats-Unis. Ce qui nous différencie des lituaniens ignorants de ce roman tient à peu de choses : eux pensaient vraiment que la société capitaliste permettrait l’épanouissement des individus tandis que nous sommes bien peu nombreux à le croire encore –mais dans les deux cas, les individus sont bernés. La tactique début du 20e siècle pour juguler le mécontentement consistait à épuiser les travailleurs, à les désolidariser, à leur faire perdre toute dignité humaine. La duperie ne pouvait cependant pas fonctionner éternellement et Upton Sinclair nous décrit la constitution progressive des forces opposantes socialistes s’unissant pour faire face aux débordements de l’entreprise Durham. Dans cette dernière partie de la Jungle, la tension rageuse accumulée tout au long du livre trouve un exutoire dans le discours et l’action politiques. Si les socialistes finissent par remporter les élections locales, la victoire reste cependant fragile : « Les élections n’ont qu’un temps. Ensuite, l’enthousiasme retombera et les gens oublieront. Mais, si vous aussi, vous oubliez, si vous vous endormez sur vos lauriers, ces suffrages que nous avons recueillis aujourd’hui, nous les perdrons et nos ennemis auront beau jeu de se rire de nous ! ». La suite de l’histoire reste en suspens. Pendant ce temps, la Jungle sera traduite en dix-sept langues et entraînera les menaces des cartels mais aussi l’approbation de la masse populaire. Des enquêtes viendront confirmer la véracité des propos rapportés par Upton Sinclair avant que le président Theodore Roosevelt ne le reçoive à la Maison-Blanche pour entamer une série de réformes touchant l’ensemble de la vie économique du pays. La conclusion n’est pas joyeuse pour autant. Plus d’un siècle vient de passer mais le roman entre encore en écho avec la déchéance industrielle de notre époque. Certes, aux Etats-Unis ni en Europe, plus personne ne meurt d’épuisement physique, plus aucun enfant n’est exploité et tout employé peut bénéficier –en théorie- des protections sociales et sanitaires de base. Mais nous sommes-nous vraiment échappés de l’abattoir ? Il semblerait plutôt que le mal se soit déplacé –peut-être même a-t-il carrément retourné sa veste pour s’emparer de ce qui manquait alors cruellement aux personnages du roman : le confort. Les coups, les mutilations, le froid destructeur, la chaleur vectrice de maladies, les engelures, les brimades, la tuberculose, les noyades –toutes ces violences physiques faites aux corps des habitants du premier monde deviennent des métaphores vénéneuses des violences morales faites aux habitants du deuxième monde. A bien y réfléchir, notre situation est tout aussi désespérée : nous ne savons plus que nous sommes victimes car notre corps ne se désagrège plus –ou si peu- au fil des saisons. Nous ne savons pas, et nous sommes comme ces porcs que l’on conduit à l’abattoir : « Chacun d’entre eux était un être à part entière. Il y en avait des blanc, des noirs, des bruns, des tachetés, des vieux et des jeunes. Certains étaient efflanqués, d’autres monstrueusement gros. Mais ils jouissaient tous d’une individualité, d’une volonté propre ; tous portaient un espoir, un désir dans le cœur. Ils étaient sûrs d’eux-mêmes et de leur importance. Ils étaient pleins de dignité. Ils avaient foi en eux-mêmes, ils s’étaient acquittés de leur devoir durant toute leur vie, sans se doute qu’une ombre noire planait au-dessus de leur tête et que, sur leur route, les attendait un terrible Destin. »Le socialisme a changé la couleur des murs de l’abattoir. On aimerait pouvoir dire qu’il a œuvré davantage mais ce n’est certainement pas le cas car la lecture de la Jungle, plus d’un siècle après sa première publication, est encore saisissante et ne laissera pas de remuer des plaintes sourdes qui signifient que le massacre ne s’est pas arrêté. - Citation :
- « A l’abattage, les ouvriers étaient le plus souvent couverts de sang et celui-ci, sous l’effet du froid, se figeait sur eux. Pour peu que l’un d’eux s’adossât à un pilier, il y restait collé ; s’il touchait la lame de son couteau, il y laissait des lambeaux de peau. Les hommes s’enveloppaient les pieds dans des journeaux et de vieux sacs, qui s’imbibaient de sang et se solidifiaient en glace ; puis une nouvelle couche s’ajoutait à la précédente, si bien qu’à la fin de la journée ils marchaient sur des blocs de la taille d’une patte d’éléphant. De temps en temps, à l’insu des contremaîtres, ils se plongeaient les pieds dans la carcasse encore fumante d’un boeu ou se précipitaient à l’autre bout de la salle s’arroser le bas des jambes avec des jets d’eau chaude. Le plus cruel était qu’il était interdit à la majorité d’entre eux, en tout cas à ceux qui maniaient le couteau, de porter des gants ; leurs bras étant blancs de givre et leurs mains engourdies, les accidents étaient inévitables. En outre, en raison de la vapeur qui se formait au contact du sang fumant et de l’eau chaude, on ne voyait pas à plus de trois pas devant soi. Quand on considère de surcroît que, pour respecter les cadences imposées, les ouvriers des chaînes d’abattage couraient en tout sens avec, à la main, un couteau de boucher aiguisé comme un rasoir, on peut être étonné qu’il n’y eût pas davantage d’hommes éventrés que d’animaux. »
- Citation :
- « Les enfants ne se portaient pas aussi bien qu’au pays. Comment leurs parents auraient-ils pu savoir que leur maison ne disposait pas de tout-à-l’égout et que les eaux usées de quinze années stagnaient dans une fosse creusée sous leur habitation ? Comment auraient-ils pu savoir que le lait bleuâtre qu’ils achetaient au coin de la rue était étendu d’eau et additionné de formol ? Dans leur pays, Teta Elzbieta soignait les petits avec des plantes qu’elle cueillait dans la campagne ; ici, elle devait aller les acheter à la pharmacie sous forme d’extraits. Comment aurait-elle pu deviner que ceux-ci étaient falsifiés ? Comment Jurgis et les siens se seraient-ils doutés que leur thé, leur café, leur sucre, leur farine étaient frelatés, que, pour en rehausser la teinte, on avait ajouté des sels de cuivre dans leurs conserves de petits pois et des colorants azoïques dans leurs confitures ? Et même l’auraient-ils su, qu’auraient-ils pu y faire puisqu’on ne pouvait rien se procurer d’autre dans un rayon de plusieurs miles ? »
- Citation :
- « [Les entreprises] déduisaient systématiquement une heure de salaire pour tout retard, fût-il d’une minute. Le système était d’autant plus rentable que les retardataires devaient malgré tout travailler les cinquante-neuf minutes restantes. Il était hors de question d’attendre en se tournant les pouces. Par contre, ceux qui arrivaient en avance ne recevaient aucne compensation, alors que les contremaîtres attelaient fréquemment l’équipe à la tâche dix ou quinze minutes avant la sirène. C’était ainsi tout au long de la journée. Aucune heure incomplète, « interrompue » comme on disait, n’était rétribuée. Par exemple, si un ouvrier travaillait cinquante minutes pleines et n’avait plus rien à faire le reste de l’heure, il ne touchait pas un sou. C’était une lutte perpétuelle, qui tournait presque à une guerre ouverte entre les contremaîtres d’un côté, qui essayaient de hâter le travail, et les ouvriers de l’autre, qui s’efforçaient de le faire durer autant qu’ils le pouvaient. »
Pour un résumé : - Citation :
- « Considérez le gâchis engendré par une production aveugle et non planifiée : fermetures d’usines, ouvriers mis à pied, marchandises pourrissant dans les entrepôts ! Considérez l’activité des boursicoteurs qui paralysent des secteurs industriels entiers et en stimulent d’autres artificiellement dans le seul but de spéculer ! Pensez aux transferts de capitaux et autres faillites bancaires, aux crises, aux paniques qui vident les villes de leurs habitants et réduisent les populations à la famine ! Pensez à l’énergie stérilement dépensée en recherche de débouchés et en métiers inutiles, comme ceux de commis voyageur, d’avoué, de colleur d’affiches, d’agent publicitaire ! Songez aux conséquences néfastes de la surpopulation des villes, rendue inévitable par la concurrence et le prix trop élevé des transports dû à la situation de monopole des chemins de fer : taudis, air vicié, maladies, vies gâchées. Songez au temps et à la quantité de matériaux nécessaires à la construction de gigantesques immeubles de bureaux et au creusement de leur sous-sol ! Gardez-vous d’oublier le secteur de l’assurance et la masse énorme de travail de bureau qu’il génère, tout cela en pure perte… »
*peinture de James Ensor : Squelettes voulant se chauffer, 1889 * photos de l'Union Stock Yards, 1890 | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Upton Sinclair Ven 4 Oct 2013 - 13:08 | |
| - animal a écrit:
Les trois premiers quarts du bouquin c'est un peu comme du Zola (pour ce dont je me souviens des quelques Zola lus il y a... ). C'est l'histoire de cette famille et l'histoire d'un système (et de gens) qui abuse de ces familles, à travers le logement : ce qui mêle escroquerie et conditions de vie "criminelles"... L'emploi : le chantage et l'exploitation par les géants de la viande... Je ne trouve pas que cela ressemble vraiment à du Zola... Upton Sinclair semble moins animé par une volonté esthétisante. Il décrit, il a le sens de la synthèse, il ne se perd pas dans des détails. Il décrit le système des abattoirs avec beaucoup de recul et en éloigne l'être humain. La vision me semble beaucoup plus impersonnelle, mécaniste, froide. - Citation :
Concernant la viande, je n'ai plus toucher une "boite de singe" depuis et je me souviens de cette lecture à chaque fois que je passe au supermarché...
Et le bouillon de poulet ? - topocl a écrit:
Il y a deux façons de lire ce livre, soit comme un roman, soit comme réquisitoire
Intéressant ! mais le saut de l'une de ces lectures à l'autre se fait presque insensiblement et constitue la puissance de ce livre. Au passage, je note Pétrole ! qui devrait m'intéresser aussi... | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Upton Sinclair Ven 4 Oct 2013 - 13:13 | |
| ça faisait longtemps que je n'avais pas lu de Zola ? la grosse ressemblance entre ce qui est décrit et maintenant se fait quand même sur le mécanisme consommation/crédit. non ? (en plus de ce que tu as décrit). (sur l'usure à la tâche c'est mieux certainement mais sans doute pas tout à fait oublié ). je n'ai pas été élevé au bouillon de poulet donc la question se pose moins. | |
| | | domreader Zen littéraire
Messages : 3409 Inscription le : 19/06/2007 Localisation : Ile de France
| Sujet: Re: Upton Sinclair Ven 4 Oct 2013 - 14:00 | |
| Un bien beau commentaire coli ! Bravo ! J'avais trouvé très fort ce livre de Sinclair avec la réalité ignoble des abattoirs de Chicago, la corruption, la vie des émigrés et leurs rêves enterrés...il m'en reste presque une odeur de putréfaction dans les narines. | |
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| Sujet: Re: Upton Sinclair | |
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| | | | Upton Sinclair | |
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