| Parfum de livres… parfum d’ailleurs Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts… |
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| Henri Thomas | |
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Auteur | Message |
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Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Henri Thomas Mer 6 Juil 2011 - 16:26 | |
| - bix229 a écrit:
- Je crois que toutes les lectures d' un livre sont également valables. Elles résultent de notre subjectivité
profonde, de notre imaginaire et du moment. Il ne s'agit évidemment pas de porter un quelconque jugement de valeur sur la manière dont un livre est analysé par le lecteur, ni de porter la bonne parole définitive se voulant convaincante, car nous sommes tous inconsciemment soumis à nos propres affects, notre vécu, et nos reférences culturelles, voire, consciemment, à nos références historiques ou politiques ... si nous fonctionnions tous sur le même schéma mental, le temps de la réflexion serait révolu, et tout échange, toute discussion, devenus impossibles, ce à quoi rêvent les régimes totalitaires ... | |
| | | toma Main aguerrie
Messages : 302 Inscription le : 10/02/2009 Localisation : cantal
| Sujet: Re: Henri Thomas Lun 22 Aoû 2011 - 1:32 | |
| Alors, il ne me reste plus qu'à lire "Le seau à Charbon", pour pouvoir fournir une troisième interprétation... Dans tous les cas, j'ai eu plaisir à lire cet échange. Quand l'auteur est bon, chaque lecteur devient l'interprète d'une partition, chacun la joue et l'écoute à sa même manière. Quand il n'y a plus de place pour l'interprétation, là, c'est du totalitarisme... | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Henri Thomas Dim 8 Juil 2012 - 23:42 | |
| Le PromontoireIl n’y a rien de drôle dans ma situation, seulement je ne peux pas douter qu’il s’est passé ici quelque chose que je suis seul à pouvoir dire, parce que j’y suis pris, mais "pris", quand les autres le vivent sans penser à autre chose. Ils ne se sentent pas disparaître, eux. Moi, c’est comme si je voyais de temps en temps tout dans une glace, une glace piquée, fêlée, craquée, mais je vois quand même bien que tout se brouille et fiche le camp et ce n’est pas la faute de la glace. Un promontoire en Corse au moi de Novembre. Un traducteur, un pharmacien, un écrivain célèbre, des hôteliers et leur servante, une mort douteuse, un enterrement, un pêcheur et une jeune femme aveugles, un récit qui bascule insidieusement… Quelle étrange et déroutante lecture qui se ressent plus qu’elle ne peut se commenter. Le Promontoire est une sorte d’anti-roman dont les protagonistes, les lieux, le récit même semblent se dérober, se déconstruire, échapper à toute forme de narration traditionnelle tout en racontant une histoire aux épisodes simples et concis. Le narrateur lui-même décrit ce qu’il expérimente comme s’il contemplait des fantômes, un rêve, un hologramme (comme dans L’invention de Morel par exemple), se sentant étranger à ce monde qui interagit pourtant avec lui et surtout face à des mystères qui lui échappent. Le langage reprend sa fonction presque magique où chaque mot ne va pas de soi et semble susceptible d’ouvrir vers des mondes parallèle suivant la manière dont le pensée les investit (difficile d’être plus clair dans ce ressenti…). Le lecteur entre dans ce curieux récit sans pouvoir vraiment se raccrocher à une logique cartésienne, ni même se rassurer par une lecture abstraite ou symbolique qu’on pressent mais qui se dérobe également. Il est question d’un pharmacien d’Anvers qui parle des « bains de Diane », l’hôtel où se déroule une partie de l’action s’appelle l’ « hôtel Caliste », on suggère l’existence réelle ou fictive d’un pêcheur aveugle. Et on se met à chercher des liens: Callisto tuée par Diane dans la mythologie, les aveugles dans les œuvres symbolistes comme celle de Maeterlinck où l’on retrouve également cet environnement obscur d’étendues aquatiques froides et mortifères. Mais en vain… Ces symboles semblent eux-aussi des leurres. Et on avance comme dans un monde onirique dont on ne posséderait pas les clés mais qui pourtant nous renverrait à des sentiments profonds et inconscients. Au risque de se détacher de l’histoire et de s’ennuyer, de ressortir frustré en ne percevant pas vraiment ce que l’auteur a voulu nous dire. J’ai aimé cette atmosphère, cette écriture en apparence simple et limpide mais qui ouvre des brèches et nous égare. On comprend qu’Henri Thomas ait voulu traduire « Les falaises de Marbre » de Jünger car il y a ce même désir sous-jacent de créer un monde presque parallèle au notre, un monde ni vraiment onirique ni complètement symbolique mais qui chercherait quelque chose de poétique et de métaphysique en faisant de ces personnages des héros mythiques sans qu’on puisse les rattacher à une quelconque tradition. Je ressors de cette lecture étonné, perplexe mais avec l’envie de mieux découvrir la pensée de cet écrivain à travers d’autres romans (je vais bientôt lire « Les nuits de Londres »), sa poésie et des entretiens qu’il a pu donner. En tout cas il se passe quelque chose de puissant derrière cette prose. Mais on n’y entre pas forcément immédiatement.
Dernière édition par Marko le Dim 8 Juil 2012 - 23:55, édité 3 fois | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Henri Thomas Dim 8 Juil 2012 - 23:46 | |
| Ce roman semble assez ardu, non? | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Henri Thomas Dim 8 Juil 2012 - 23:53 | |
| - coline a écrit:
- Ce roman semble assez ardu, non?
Il se lit facilement car l'écriture est simple et que c'est un roman court (192 pages en gros caractères) mais on en sort égaré. On ne sait pas très bien ce qu'on nous a raconté alors même qu'il y a une succession d'événements. On sent surtout qu'il y a une magie du verbe à approfondir. Mieux connaître l'auteur et le relire... Tu devrais commencer par sa poésie je pense. Il a en tout cas un univers vraiment à part. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Henri Thomas Dim 8 Juil 2012 - 23:54 | |
| J'irai donc d'abord voir du côté de sa poésie... | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| | | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Henri Thomas Mer 24 Juin 2015 - 1:26 | |
| Ce que je vois Le lilas fleurit sous la lune Et ce que je vois je le dis : La fille nue à gorge brune Dans le lilas m'ouvre son lit Le lit du torrent m'est ouvert Et la fille aux genoux polis Chaque nuit roule vers la mer, Une vague étouffe ses cris. C'est là le drame de mes jours, La nuit revient sans le résoudre, À la renverse fuit l'amour Jusqu'à la mer pour se dissoudre Si je l'attrape je m'éveille, Si je m'éveille elle est perdue Ainsi de suite. Est-ce merveille Si j'ai l'air de tomber des nues ? Nul désordre Poésies (éditions Gallimard)
La nuit venue
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| | | | Henri Thomas | |
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