Sous le coup de la grâce
Recueil de nouvelles noires qui remplissent bord à bord les pages du livres, il y a des marges (lecture d'ailleurs techniquement "confortable") mais pas à proprement parler de paragraphes. On se retrouve à baigner d'emblée dans un monde proche à l'époque mal définie, proche aussi. Hongrie ou quelque pays qui pourrait l'être et hier ou il y a quelques décennies. Chaque nouvelle nous fait coller aux pensées, émotions et réflexes de personnages agités, inquiets en train de dérailler ou de se réfugier, malgré eux, et encore, dans une forme de folie. Oppression, dégénérescence, permanence du stress. Paranoïa salutaire "par défaut", optimisme sans fondement, restes d'orgueil cherché bien bas. Soumission, échappatoires...
L'écriture apparemment chargée mais parfaitement fluide motiverait la noyade perdu au milieu de cette immense vanité de ruines. On peut se poser la question de savoir si la lecture est agréable ou doit l'être. L'actualité de ce genre d'auteur est encore plus dérangeante quand l'actualité s'en mêle et bruisse constamment en arrière plan dans les esprits.
Au-delà de ce que peut représenter ce sauvetage par la forme et malgré la noirceur et le malaise suscité il y a un petit quelque chose de "beau" ou à esquisser comme "positif".
Ce n'est pas la lecture que j'ai préférée de cet auteur, il y a un risque de saturation, car il ne doit pas être possible de se repaître de ce genre de spectacle, mais il y a de la substance et des impressions et perturbations durables.