Julien Gracq

HA HA sachant qu'elle dure 20 minutes je pense que tu n'as eu le droit qu'à la présentation, très longue, des auteurs^^.

En fait la deuxième partie est une question: "comment êtres vous rentré dans Gracq". C'est plutôt intéressant de voir comment même à travers ces auteurs, qui sont parmi les plus respectables de la maigre littérature contemporaine Française, il y a des poncifs, des préjugés.

Notamment tu verras la réponse de Tanguy Viel, ou de Pierre Michon, même celle de Chaillou (je n'en doutais pas avant de l'entendre cela dit).

Mais c'est quand même encore une fois un bel hommage rendu à Gracq, ou plutôt à son amour de la Loire, de Nantes.

lekhan a écrit:

HA HA sachant qu'elle dure 20 minutes je pense que tu n'as eu le droit qu'à la présentation, très longue, des auteurs^^.

En fait la deuxième partie est une question: "comment êtres vous rentré dans Gracq". C'est plutôt intéressant de voir comment même à travers ces auteurs, qui sont parmi les plus respectables de la maigre littérature contemporaine Française, il y a des poncifs, des préjugés.

Notamment tu verras la réponse de Tanguy Viel, ou de Pierre Michon, même celle de Chaillou (je n'en doutais pas avant de l'entendre cela dit).

Mais c'est quand même encore une fois un bel hommage rendu à Gracq, ou plutôt à son amour de la Loire, de Nantes.

Aujourd'hui je vais prendre le temps de l'écouter...Oui, j'en suis restée hier (manque de patience de mla part mais le présentateur exagère)à la présentation des auteurs participant au débat...
Merci Lekhan...

lekhan a écrit:

Mais c'est quand même encore une fois un bel hommage rendu à Gracq, ou plutôt à son amour de la Loire, de Nantes.

Ah...zut alors...C'est quand l'émission décolle qu'elle est coupée!...

Le rivage des Syrtes

pour un résumé/description : remonter le fil.

(enfin ?). C'est une lecture préparée : découpage à l'avance des prochaines pages. objet agréable puis décidément agréable, on s'habitue à l'agréable. Je n'avais que survolé vos avis et extraits, et je n'y étais pas revenu avant de le lire. Je m'attendais à quelque chose de sérieux et potentiellement difficile. Au début ça me semblait un peu dilué, loin de l'urgence de Nizan que je lisais avant. Plus facile aussi que je ne m'y attendais, j'ai parfois eu le sentiment d'être à côté du rythme du livre, plus une question de circonstances que de contenus bien que ça m'ai eu l'air confus par moment.

J'ai vraiment beaucoup apprécié. l'atmosphère, qui reste, qui accompagne même le livre refermé entre les lectures. le temps, le suspens lent et les rapports maladroits entre les personnages, l'irréel aussi du récit. La certitude de lire quelque chose de vraiment fait, construit avec un savoir faire à tendance classe, il n'y a pas de débordement, de concessions. parsemé d'étranges petites répétitions et de mots en italique (qui peuvent être lus quand même... ), c'est un lent et long mouvement qui avance surement pas loin d'effleurer une certaine perfection. c'est persistant tant dans l'impression que les réflexions et les deux sont difficiles à dissocier (ça j'aime !).

Lecture-expérience. qui impressionne et impose un respect certain (et mesuré).

Très envie de lire ce qu'il a écrit sur Nantes.

je reviens plus tard avec les extraits déjà copiés (dont un déjà relevé par coline) et plus tard encore je l'espère avec un autre.

pour cette lecture je remercie tous les parfumés qui ont pu parlé du bonhomme ou du livre et Marie qui n'est pas étrangère à tout ça. Et en plus c'est un souvenir de week-end en auvergne

Un commentaire qui n'oublie ni la grâce de l'écriture de Julien Gracq ni l'amitié toute parfumée...

animal a écrit:

Très envie de lire ce qu'il a écrit sur Nantes.

Ça me rappelle que je n'ai pas donné mes impressions sur La forme d'une ville! Je suis sûre qu'il te plaira, Animal.

Il est fascinant de superposer les "itinéraires rêvés" de Gracq à la Nantes qu'on connaît, et on a envie de reprendre les mêmes chemins que lui, sinueux, poétiques, du cœur de la ville à ses lisières. Mais même sans être Nantais, tout amateur d'errances urbaines se reconnaîtra dans ce "paysage imaginaire, à demi-rêvé, à demi-habité, qui naissait pour moi de la prospection décousue de la ville".
Et puis j'étais sous le charme de cette écriture, que je craignais précieuse et indigeste, et qui se révèle si belle au contraire, que tout ce qu'on lit après a l'air mal dégrossi!

mmmmh...

les extraits :

Citation :

J'attendais avec impatience ces jours de congé où la voiture, roulant vers Maremma, vidait l'Amirauté pour quelques heures, me laissant unique maître d'une terre secrète qui semblait pour moi seul laisser transparaître le reflet faible d'un trésor enseveli. Dans le silence des casemates vides, de ses couloirs ensevelis comme des galeries de mine dans l'épaisseur formidable de la pierre, la forteresse lavée des regards indifférents reprenait les dimensions du songe. Mes pieds légers et assourdis erraient dans les couloirs à la manière des fantômes dont le pas, à la fois hésitant et guidé, réapprend un chemin ; je bougeais en elle comme une faible vie, et pourtant rayonnante soudain comme ces lumières prises dans un jeu de glaces dont le pouvoir coïncide tout à coup avec un mystérieux foyer. Mes pas me portaient vers l'embrasure où je m'étais attardé avec Marino lors de ma première visite. Les brumes mornes qui la fermaient alors faisaient souvent place à une grande tombée de soleil qui découpait au ras du sol, comme la bouche d'un four, un carré flamboyant de lumière dure. Du fond de la pénombre de ce réduit suspendu en plein ciel, dans cet encadrement nu de pierres cyclopéennes; je voyais osciller jusqu'à l'écœurement une seule nappe sombre et éblouissante d'un bleu diamanté, qui nouait et dénouait comme dans une grotte marine des maillons de soleil au long des pierres grises. Je m'asseyais sur la culasse du canon. Mon regard, glissant au long de l'énorme fût de bronze, épousait son jaillissement et sa nudité, prolongeait l'élan figé du métal, se braquait avec lui dans une fixité dure sur l'horizon de mer. Je rivais mes yeux à cette mer vide, où chaque vague, en glissant sans bruit comme une langue, semblait s'obstiner à creuser encore l'absence de toute trace, dans le geste toujours inachevé de l'effacement pur. J'attendais, sans me le dire, un signal qui puiserait dans cette attente démesurée la confirmation d'un prodige. Je rêvais d'une voile naissant du vide de la mer. Je cherchais un nom à cette voile désirée. Peut-être l'avais-je déjà trouvé.

Citation :

Il y a dans notre vie des matins privilégiés où l'avertissement nous parvient, où dès l'éveil résonne pour nous, à travers une flânerie désœuvrée qui se prolonge, une note plus grave, comme on s'attarde, le cœur brouillé, à manier un à un des objets familiers de sa chambre à l'instant d'un grand départ. Quelque chose comme une alerte lointaine se glisse jusqu'à nous dans ce vide clair du matin plus rempli de présages que les songes ; c'est peut-être le bruit d'un pas isolé sur le pavé des rues, ou le premier cri d'un oiseau parvenu faiblement à travers le dernier sommeil ; mais ce bruit de pas éveille dans l'âme une résonance de cathédrale vide, ce cri passe comme sur les espaces du large, et l'oreille se tend dans le silence sur un vide en nous qui soudain n'a pas plus d'écho que la mer. Notre âme s'est purgée de ses rumeurs et du brouhaha de la foule qui l'habite ; une note fondamentale se réjouit en elle qui en éveille l'exacte capacité. Dans la mesure intime de la vie qui nous est rendue, nous renaissons à notre force et à notre joie, mais parfois cette note est grave et nous surprend comme le pas d'un promeneur qui fait résonner une caverne : c'est qu'une brèche s'est ouverte pendant notre sommeil, qu'une paroi nouvelle s'est effondrée sous la poussée de nos songes, et qu'il nous faudra vivre maintenant pour de longs jours comme dans une chambre familière dont la porte battrait inopinément sur une grotte.

Nezumi a écrit:

Et puis j'étais sous le charme de cette écriture, que je craignais précieuse et indigeste, et qui se révèle si belle au contraire, que tout ce qu'on lit après a l'air mal dégrossi!

animal a écrit:

Je m'attendais à quelque chose de sérieux et potentiellement difficile.
[...]J'ai vraiment beaucoup apprécié. l'atmosphère, qui reste, qui accompagne même le livre refermé entre les lectures.
[...]
Lecture-expérience. qui impressionne et impose un respect certain (et mesuré).

No comment...

Et merci Animal pour les nouveaux extraits...C'est tout simplement magnifique...

lekhan a écrit:

Un entretien:
https://www.dailymotion.com/video/xwjtu_julien-gracq-entretien_blog
[edit]Voilà le lien corrigé

pris le temps, ce soir, d'écouter cet entretien. pas mal. et puis il y a les extraits. ça donne envie de lire de se laisser surprendre aussi à l'écoute par les petites répétitions et le rythme...

L'Animal se serait-il laissé apprivoiser par Julien Gracq?...

je dirai que je garde une réserve certaine, un livre ce n'est pas assez dans ce cas précis, et d'autres choses peut être, certainement. Mais ne pas reconnaitre ses qualités... je crois qu'on peut se permettre d'apprécier pleinement tout en gardant un peu de marge

animal a écrit:

je dirai que je garde une réserve certaine, un livre ce n'est pas assez dans ce cas précis, et d'autres choses peut être, certainement. Mais ne pas reconnaitre ses qualités... je crois qu'on peut se permettre d'apprécier pleinement tout en gardant un peu de marge

Prudent l'Animal...mais qu'est-ce qu'il risque avec Julien Gracq?...

Au fait, j'ai fini La forme d'une ville.

Un peu étrange, un peu de mal sur le début parce que je connais mal la ville et son histoire et que je pense que ça m'aurait aidé. En résulte un peu de confusion avec ses drôles de phrases. On ne se perd pas vraiment mais on s'égare. Plein de réflexions intéressantes, d'histoire, de perception, de vie. De construction de soi et d'un rapport au monde. Des mots anglais aussi, ça c'est amusant. La deuxième partie (passé 75-100 pages) est plus déliée, la réflexion est plus large et plus fluide. J'ai eu un peu de mal par moments, peut être pas assez attentif.

Incontestablement de belles idées et de belles phrases, de beaux mots.

Difficile à cause de méandres. Il aurait certainement mérité que je sois plus en phase.

Des idées qui vont rester je pense. Maybe un extrait si je trouve du temps et un soupçon de courage (comme pour tant d'autres promesses...).

animal a écrit:

Au fait, j'ai fini La forme d'une ville.
Difficile à cause de méandres. Il aurait certainement mérité que je sois plus en phase.

Je ne sais pas s'il est possible d'être "en phase" avec ce texte et ses méandres. Je ne l'étais pas non plus à ma lecture, pourtant je crois qu'il en reste quelque chose en moi.

Je ne crois pas qu'il soit nécessaire de connaître bien Nantes pour apprécier La forme d'une ville, heureusement.
La ville qu'il décrit est celle de son enfance et elle n'existe plus, ou est méconnaissable, profondément transformée, quand il écrit ce livre.

Mais connaître Nantes ajoute quand même une dimension supplémentaire, c'est vrai. Surimposer la Nantes disparue de Gracq à la Nantes actuelle, imaginer ce fantôme de ville, crée une impression assez étrange.
Je me demande si à un moment, il ne compare pas avec ces manuscrits médiévaux effacés pour être réécrits (palimpsestes?), mais c'est tout à fait ça.