Julien Gracq

Non, je ne connais pas, j'ai peu lu de Gracq, trois titres seulement. Et je viens de m'acheter Carnets du grand chemin.

Merci pour ton commentaire, parfait comme toujours , et déjà depuis hier j'ai noté ce titre
l'extrait du CD était trop bon.. j'aime son écriture et voilà une bonne occasion de le retrouver..

Hé bien, tu as eu du mal à t'y mettre mais il beau ton commentaire et ça me donne envie de le lire, je n'ai lu que Rivage des Syrtes et j'avais beaucoup aimé.

Merci! Si ça arrive à donner envie, ça vaut la peine de galérer un peu dessus.

Nezumi a écrit:

Les eaux étroites


Le tout dans cette écriture exigeante qui me déconcerte toujours au départ mais ensuite qui me charme littéralement par sa beauté et surtout son pouvoir d'évocation. Quelle sensualité et vérité dans ces descriptions de la rivière, ses odeurs, ses bruits, ses couleurs, les jeux de lumière sur l'eau et dans les arbres, les impressions, les sensations...

C'est comme s'il fallait chaque fois qu'on se réhabitue à cette langue si belle qui peut combler le lecteur...

Oui, ce n'est pas une écriture facile. Lors d'un (court) passage sur la poésie et la l'analyse poétique j'avoue que j'ai à moitié décroché. Mais pour le reste, si on fait l'effort de s'accoutumer à ces longues phrases, on est amplement récompensé, comme tu le dis.

Ah ça me plait bien comme il écrit rien à enlever rien à rajouter, une phrase en entraine une autre sans lassitude.
Très belle écriture.

Oui, c'est exactement ça, une écriture précise, claire, avec un beau rythme régulier qui envoûte. Et un des auteurs qui évoque le mieux la nature, d'une façon à la fois rêveuse et réaliste. Il n'y en a malheureusement plus, des gens qui écrivent comme Gracq aujourd'hui.

Je pense que tu aimerais!

Tout à fait d'accord avec ta description Nezumi. C'est exactement cela, une littérature des sensations. Il y a Claude Simon aussi s'en rapprochant au niveau stylistique (aussi ardu voire plus), et bien sûr Virginia Woolf.

Je n'ai jamais lu Claude Simon mais j'adore Woolf, et en effet il y a des similitudes. Mais j'avoue que maintenant je préfère Gracq. Woolf c'est très beau aussi mais plus flou, et ce que j'aime beaucoup chez Gracq c'est la façon dont le lieu, le paysage, la ville, avec leur géographie, leur histoire, leur atmosphère, se retrouvent le personnage central du livre...

Ce que tu affirmes, on le ressent très bien à la lecture de "Au chateau d'Argol" et bien sûr "Le balcon en forêt".

Antinea a écrit:

Ce que tu affirmes, on le ressent très bien à la lecture de "Au chateau d'Argol" et bien sûr "Le balcon en forêt".

Pas encore lu le 1er (et ça ne saurait tarder) et le second est un régal absolu.

Je n'ai lu de cet auteur que le titre En lisant en écrivant mais j'en ai bien retenu qu'il sait à parler à merveille et avec une grande justesse de ses lectures. Rien que d'en parler, j'ai envie de le relire. Si en plus, dans le livre dont tu parles, Nezumi, il mêle des paysages d'enfance à ces évocations de lectures... Je crois que ce livre est fait pour moi

Camille19 a écrit:

Je n'ai lu de cet auteur que le titre En lisant en écrivant mais j'en ai bien retenu qu'il sait à parler à merveille et avec une grande justesse de ses lectures. Rien que d'en parler, j'ai envie de le relire. Si en plus, dans le livre dont tu parles, Nezumi, il mêle des paysages d'enfance à ces évocations de lectures... Je crois que ce livre est fait pour moi

Pour moi, ses romans sont plus intéressants, notamment Le rivages des Syrthes ou Le Château d'Argol.. J'aime moins ses essais, je le trouve plus doué à s'envoler dans l'imaginaire.

Julien Gracq
Le rivage des Syrthes.

Tout d’abord la lecture commencée tout de suite ça a collé entre lui et moi, avec son écriture j’ai beaucoup d’affinité. C’est une écriture ou une langue,( comme on veut ) qui est travaillée avec soin, tout au long du livre pas de fausses notes pas de déchets, pas un mot mal placé, aucun ennui au fil des pages. Et même quand j’interrompais ma lecture pendant quelques jours en la reprenant dès la première phrase c’est comme si je n’avais pas interrompu le fil de la lecture et Gracq est très fort parce que dans son histoire finalement il y a peu d’événements, il ne se passe pas grand-chose hormis le voyage en bateau.
Les dialogues c’est une grande force de Gracq, ses personnages il les fait s’exprimer avec finesse et beaucoup d’intelligence, les dialogues sont parfois assez long mais c’est très important pour la cohérence du livre.
C’est une part du livre que j’ai beaucoup apprécié, les dialogues entre personnage, et aussi la beauté de l’écriture de Gracq pour raconter son histoire.
Une histoire qui est sur fond de curiosité, je dirais même on voit des hommes et des femmes qui ont une attirance qu’ils ont de plus en plus de mal à contrôler et inconsciemment ou consciemment ou par une sorte d’influence pesante mais sans jamais mentionné le but réel tous ces individus par procuration reporte leur envie sur le personnage principal du livre qui deviendra leur objet de leur fantasme pour aller voir en face chez l’ennemi, le défier, malgré l’interdiction.
Personnage principal du livre qui lui aussi brulait d’envie d’aller voir chez l’autre, l’inconnu, l’ennemi historique.

C’est comme si le personnage principal était la mèche pour déclencher l’explosion et les autres tous ces personnages qui gravitent autour de lui était le feu pour allumer cette mèche.
Double réussite que ce livre, d’abord une très belle écriture qui fait de Gracq un grand écrivain et l’histoire en apparence qui pourrait passer pour pauvre mais en réalité d’une grande profondeur qui décrit avec maestria les réponses que les hommes cherches dans leurs existences. Cela donne à réfléchir sur soit même.
Bon comme ça m’a bien plu forcément un jour ou l’autre j’y reviendrai vers Gracq.

Citation :

Il est terrible pour un homme d’être une digue, de cuirasser le manque, de faire de sa volonté une pierre jetée au travers du courant. J’avais eu le temps de devenir sérieux, j’avais cessé de vouloir gagner — il était temps de seulement hâter la venue… Le monde, Aldo, fleurit par ceux qui cèdent à la tentation.

Court extrait mais je trouve finalement qu’il définit bien ou ce livre veut en venir