A bas le cinéma !

. . Quel art vulgaire que celui du cinématographe ! Des acteurs gesticulant, maquillés, montrant leurs fesses pour masquer la platitude des dialogues, un cameraman multipliant les effets de mouvement, de zoom, pour meubler un grand désert sémantique, des effets sonores à couper le souffle pour emplir la tête du spectateur, pour cacher à son ouïe la médiocrité alarmante de la musique, un montage hystérique afin de ne pas laisser le temps à l'intellect de s'emparer de la chose, voilà ce qu'est le cinématographe !
. . Et lorsque tous ces éléments sont absents d'un film, qu'est-ce qu'il est ennuyeux ! Ces films intellectuels, psychologiques, où les personnages se torturent l'esprit pour savoir s'il faut appeler en premier cet inconnu qui tout à coup nous a offert des fleurs, ces portraits intimistes de femmes dépressives, maigres, les mains dans les poches dans leur cuisine, les cheveux dans les yeux, fumant une clope tout en appuyant sur la touche "start" de leur micro-onde, piteux spectacle d'une société aseptisée, une société sans plantureuses nourricières !

. . Je vous hais, cinéastes de tous bords, vous qui m'avez détourné de la voie de l'art pur, vous qui m'avez, par vos effets spéciaux à dix balles et vos plans sur des strings, fait perdre des heures et des heures que j'aurai du consacrer à la lecture ! Lorsque je lis, les scènes sont toujours admirables de vérité, l'éclairage, dans ma tête, est toujours parfaitement ajusté, les sons sont légers et clairement définis, les femmes sont on ne peut plus belles, les paysages sentent bon, le montage est en totale adéquation à mon rythme physiologique, je me fais un entr'acte lorsque je le veux en refermant le livre.

Sous l'apparence d'une déclaration de haine au cinéma, tu fais surtout une déclaration d'amour à la lecture!

Pour ma part, je n'arrive pas à choisir, et je ne veux pas choisir, entre les deux.
Je passe certes plus d'heures devant les livres que devant les écrans. Mais les deux peuvent m'apporter un même bonheur.

Aaaaaaaargl .... que j'ai mal en lisant ces mots ! ... je me souviens bien de déceptions mais.... et les autres !

ceux qui réussissent cet art collectif aux formes multiples... que le vieux Clint me fasse rêver d'espace et ce même à travers l'écran poussiéreux de ma petite tv, moi qui n'ai jamais souhaité devenir cosmonaute ?

ce triste Albert Pyun qui a tant meublé les rayons des video-clubs, qui m'a montré malgré le sort qui lui est réservé un des sens du cinéma en rendant belle une femme qui n'aurait jamais eu cet honneur dans le cinéma habituel et ainsi perdue dans le monde étrange du cyberpunk fauché... car oui à mes yeux il y a art dans la création d'un sens de la vue ?

ne laissons pas les déceptions gâcher cette chose merveilleuse qu'est le cinéma, sa lumière, son rythme et son mouvement.

vive le Cinéma qu'il soit simple et honnête, un juste divertissement, un voyage ou un cri du coeur !

ne laissons pas un monde factice fait de promotions et d'images toutes faites nous faire oublier le sens du Cinéma...

jamais sans le Cinéma, il est trop de choses :)

keep the faith

(ton premier paragraphe pourrait être attribué à quelqu'un qui aurait trouvé un gout de pénible (et vulgaire) à quelque chose comme le tarantino en salles actuellement...)

C’est vrai, le cinéma est parfois tout ce que nous en dit troglodyte, mais il peut être tant d’autres choses…

Certains livres aussi sont des tueurs d’imaginaire (non, non, je ne donnerais pas d’exemple ) et même si l’image dévoile, elle peut également laisser dans son sillage comme un parfum qui ne se pose jamais…

. . Mais enfin, Animal, vas-tu regarder les choses en face ? Observe bien tous ces réalisateurs, dans leur chair : le dos voûté, les yeux protégés par des lunettes noires, une canette à la main, une cigarette dans l'autre, bègues ou zozotteurs, colériques, maltraitant les acteurs (je pense à la belle Liv Tyler subissant le port d'oreilles pointues en plastique pour le tournage du Seigneur des Anneaux). Remémore-toi J-L Godard, constamment affublé d'une écharpe et d'une veste râpée, George A Romero à l'époque de ses premiers films de zombis constamment affublé d'une écharpe pendant à sa ceinture et d'une cigarette allumée, pense à Miike Takashi qui dénigre sa propre profession en nous apprenant qu'initialement il aurait aimé être pilote de moto, ce qui nécessite un vrai talent, tandis que selon ses dires n'importe qui pourrait être réalisateur, pense à Fukasaku Kinji tellement dévoré par le démon pelliculaire qu'il est sorti de l'hôpital pour se lancer dans le tournage de Batoru Rowayaru 2, contrairement à l'avis du médecin, et qu'il en est mort ! C'est le cinéma qui a tué Fukasaku Kinji, c'est le cinéma qui a fait sombrer dans l'alcoolisme Sam Peckinpah le rebelle, c'est pour un vulgaire film de mafieux que Marlon Brando a nuit à sa santé en grossissant démesurément !
. . Tandis que l'écrivain, dans son bureau boisé, avec le son des oiseaux et de la plume caressant la feuille, les yeux emplis de belles lettres, repus de jolies tournures, écoutant en son sein parler ses petits personnages, levant parfois la tête pour, par la fenestre, contempler la branche qui répond souplement à l'envol du merle, se levant parfois un peu de son fauteuil pour lâcher une caisse exécuter quelques pas de danse en savourant par anticipation les bénéfices que son travail va lui prodiguer cet été, refermant son stylo d'un "clic" majestueux lorsque la bonne l'invite à passer à table, s'indignant en même temps que Jean d'Ormesson, son maistre à penser, que la Pléiade salisse ses belles pages en y accueillant les oeuvres souillantes du marquis de Sade, lui, l'écrivain, mène une saine vie, loin de la fréquentation du monde du chaud-bise, de sa drogue, de sa débauche, de son argent sale !

certes certains souffrent ou meurent de leur travail (art ? selon les jours ?) ou maltraitent leurs collaborateurs et associés dans la création les faisant entrer dans leur monde à eux... mais auraient ils du tous devenir écrivains ou peintres ou je ne sais pas, eux qui sont acteurs, réalisateurs, producteurs ou techniciens ? non je ne le crois pas, d'autant que l'alcool et autres produits ne leurs sont pas non plus inconnus aux écrivains...

Kinji Fukasaku mort pour son cinéma, pouvait il en être autrement ? pouvait il laissé ses images devenir faibles et sans âme comme c'est trop souvent le cas, quand on a l'impression que le film a été "fait pour" et non "parce que"... peut être a-t-il démontré jusqu'au bout l'humanité du cinéma ?

pense à ceux qui sont allé loin et ne sont pas morts ou pas encore... Dennis Hopper par exemple qui derrière la caméra a fait beaucoup aussi... la manière dont il a filmé Jodie Foster n'est elle pas juste, son Out Of The Blue n'est il pas fort ?... il est toujours là...

l'écrivain plus tranquille peut être, bien que... descendre seul dans son monde est une tâche particulière... aller défendre son monde en Espagne par exemple n'est pas anodin...

Sly n'a-t-il pas le droit de revenir avec ses histoires simples, ses romances à la Rocky ? lui l'improbable pantin bodybuildé n'est il pas là encore pour nous montrer qu'il y a autre chose ? n'a-t-il pas surmonté, transgressé la mode et l'apparence, le déguisement d'un cinéma batard pour nous offrir son humanité ?

et le livre sait lui aussi sentir le moisi y allant de son habituel ressort (ou de son placard de médailles toutes les deux pages quand l'aigle met longtemps à se poser...) ...

bref avant que tu te mettes à nous dire désespérément qu'il n'y aura pas une profession pour sauver l'autre... une apparence ou une autre...

une suggestion de médicament : L'Homme Sans Frontière (The Hired Hand) (avec de vraies images qui bougent et qui fascinent, qui mélangent la nature et les hommes...)

J'adore ces portraits ,surtout celui de l'écrivain que la bonne invite à passer à table!
J'espère que tu écris, Troglodyte ( comment ça, tu ne peux pas car tu n'as pas de bureau boisé ). Je te lirais en tout cas avec plaisir , c'est plein d'humour.
Et ,au fait, tu as vu quoi comme film, hier soir? Ah. Et c'est vraiment nul?

troglodyte a écrit:

. . . Tandis que l'écrivain, dans son bureau boisé, avec le son des oiseaux et de la plume caressant la feuille, les yeux emplis de belles lettres, repus de jolies tournures, écoutant en son sein parler ses petits personnages, levant parfois la tête pour, par la fenestre, contempler la branche qui répond souplement à l'envol du merle, se levant parfois un peu de son fauteuil pour lâcher une caisse exécuter quelques pas de danse en savourant par anticipation les bénéfices que son travail va lui prodiguer cet été, refermant son stylo d'un "clic" majestueux lorsque la bonne l'invite à passer à table, s'indignant en même temps que Jean d'Ormesson, son maistre à penser, que la Pléiade salisse ses belles pages en y accueillant les oeuvres souillantes du marquis de Sade, lui, l'écrivain, mène une saine vie, loin de la fréquentation du monde du chaud-bise, de sa drogue, de sa débauche, de son argent sale !

C'est du pur Troglodyte!
Vision idéalisée et charmante de l'écrivain..Dommage qu'il pète!
Dommage qu'il songe , d'une façon vulgaire, à ce que ses écrits vont lui rapporter...

Pour toi Troglo...

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coline a écrit:

Pour toi Troglo...
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Vraiment superbe. Sur grand écran ça doit être magique. Je le mets sur ma FAV (films à voir et plus que cela). Merci Coline pour ce titre, et merci aussi Troglodyte pour la saveur & la qualité de tes épanchements.
-Au fait, c'est vrai ça, c'était quoi le dernier film que tu as regardé?

De superbes images encore...merveille du cinéma...

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Babelle a écrit:

Je le mets sur ma FAV (films à voir et plus que cela).

Tu ne le regretteras pas Babelle!

Et après la PAL et la LAL...Babelle utilise pour la première fois le mot FAV! :)

Troglodyte avec son sens de l’humour décalé nous revient, après quelques petites tentatives ici ou là, il a, enfin, affûtée sa plume…

Où comment vilipender un domaine tout en l’encensant discrètement ou porter aux nues une icône, décrite contre son gré si terriblement humaine…quoique…ou alors…

Bref, tout va mal dit Dieu, je crée mais je ne suis pas …

coline a écrit:

De superbes images encore...merveille du cinéma...

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merci beaucoup troglo et animal pour votre "pseudo" débat !! ça aura permis à coline de nous sortir des petites merveilles !! je le veux ce film de bergman, je le veux, je le veux !

Queenie a écrit:

coline a écrit:

De superbes images encore...merveille du cinéma...

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merci beaucoup troglo et animal pour votre "pseudo" débat !! ça aura permis à coline de nous sortir des petites merveilles !! je le veux ce film de bergman, je le veux, je le veux !

Queenie...Persona, c'est mon film-culte...
Très souvent, j'ai eu envie d'en parler ici...et je ne m'y suis jamais résolue de peur de trop mal le faire...de n'être pas à la hauteur...