Biographie (source Wikipédia)Jacques Gimard (30 avril 1959 - ) est écrivain français de divers ouvrages dont l’historiographie est le fil conducteur.
Juriste de formation, titulaire d’un DEA de droit public, il exerce, douze années durant, les fonctions de collaborateur d’élus locaux en Île-de-France. Il se spécialise auprès d’eux dans la communication oratoire et institutionnelle.
Travailleur indépendant depuis 1999, il est consultant en communication écrite : producteur de contenus pour le compte d’agences de communication, nègre littéraire (ghost-writer) pour le compte de personnalités.
La plupart de ses livres portent un regard historiographique sur la culture populaire : la mythologie de l’école républicaine (Mémoire d’école, Les Belles histoires de France, Vive le Certif, etc.), les identités régionalistes (Mémoire de Bretagne, Mémoire d’Alsace et de Lorraine, Mémoire des Pyrénées, etc.), et le savoir-vivre (Au temps de nos grand-mères, Vive la Mariée !, Questions de politesse, etc.), à l’appui de ressources iconographiques souvent inédites.
Son dernier livre :Trompe-la-mort
Les carnets secrets de Pierre Paoli, agent français de la Gestapo
De Jacques Gimard
Editions qui lit vit
4ème de couverture La barbarie serait-elle inscrite dans les gênes ? La question hante Mathilde depuis son trentième anniversaire, le jour où elle apprend qu’elle est la petite-fille de Pierre Paoli, commis de perception à Aubigny-sur-Nère devenu en 1943 le féroce tortionnaire de la Gestapo de Bourges.
Le soir de cette révélation, ses parents lui confient les cahiers manuscrits dans lesquels son grand-père racontait, jour après jour, sa vie et son œuvre : l’itinéraire d’une ambition SS au service de l’Europe nouvelle.
Ces archives familiales sont de bon augure pour alimenter sa thèse en histoire contemporaine. Mais elles troublent sa conscience. Comment renier cette hérédité ? Pourquoi bafouer la vérité ? Et à quoi bon vouloir assumer un legs aussi lourd ?
Cadeau maudit, par ailleurs : entre elle et son grand-père, trop de coïncidences viennent mettre à mal sa sérénité.
Ce roman raconte l’odieux destin de Pierre Paoli, rentré à la Gestapo de Bourges le 31 mars 1943. Porté par l’amour qu’il voue à sa maîtresse, il s’attire l’admiration du Reich au fil de ses performances policières, entre arrestations, tortures et exécutions sommaires.
Un roman fort, superbement écrit par Jacques Gimard, qui évoque comment les Français de cette époque, face au désastre de juin 1940 et à l’occupation allemande, ont pu nourrir des convictions aussi différentes.
L’auteur nous entraîne dans les pensées les plus intimes de ce tortionnaire dont la perversion est à la limite du supportable. Pourtant, il réussit l’incroyable exploit d’humaniser son personnage.
Un livre troublant qui, au travers de son parti pris historiographique, ose soulever cette question : « Pourquoi juger l’histoire ? »
Attention : Certaines scènes de violence, restituées dans les moindres détails, peuvent heurter.
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En premier lieu, je tiens à remercier
et les éditions
qui m’ont permis de découvrir un très bon livre.
Lorsque j’ai reçu ce livre, j’ai eu une réaction de peur. Qu’allais-je découvrir dans ce lire ? Comment le lire ? alors que la couverture nous montre un bel homme jeune au regard doux !!!
Assez de préambule, passons au livre
Mathilde, le jour de ses trente, reçoit, de façon très solennelle, de son père une étrange boîte à chaussures. Une vraie boîte de Pandore qui bouleversera sa vie de thésarde et sa vie privée.
Mais que contient donc cette fameuse boîte ??? Rien de moins que les cahiers de Pierre Paoli qui, comme l’indique le titre de ce livre, était un agent français de la Gestapo.
Cet ouvrage a deux lectures.
Pierre Paoli, ce jeune homme, germanophile et anti-communiste primaire, s’ennuie dans sa petite ville du Cher et entretient une liaison avec une femme mariée, Alsacienne et germanophile elle aussi. A-t-elle été son ange damné ????
Petit à petit, grâce à ces écrits, nous suivons le lent processus qui le mènera jusqu’à torturer son propre cousin, et plus.
A partir de 1941, Paoli travaille véritablement pour l’armée occupante puisqu’il devient « messager cycliste pour l’Amirauté Allemande ». Puis, il rencontrera le capitaine Brunner qui le confortera dans ses idées collaborationnistes.
En novembre 1943, Pierre Paoli revêtira, avec une grande fierté l’uniforme allemand : « cet uniforme est un honneur. Je veux en être digne. Maintenant que je suis promu au grade de Scharfürher SS – sergent-chef -, je veille à garder un maintien impeccable ».
Sous le commandement de Hasse et Dreyer, il participe puis conduit les interrogatoires avec tortures et…. Il y prend goût : « j’aime le jeu subtil de l’interrogatoire. J’éprouve une jouissance indicible à dompter ma proie, à lui faire prononcer les mots que je veux entendre. Interpréter les expressions que trahit un visage effrayé, deviner le moment où le suspect va flancher, user de la ruse pour mieux le confondre : cet exercice se résume à la confrontation de deux volontés inflexibles, celle qui s’obstine à dissimuler contre celle qui s’acharne à débusquer. L’aveu, la reine des preuves, c’est la seule victoire qui vaille ». Il utilisera généreusement « le protocole d’actions », autrement dit, la torture. Il est payé pour faire ce boulot, chaque aveu, chaque PV de déportation lui apporte des points qui se transforment en primes.
Le samedi 5 août 1944, Paoli note dans son cahier : Ces lignes sont les dernières que j’écris dans cette chambre, qui était « mon petit chez moi » depuis plus d’un an. L’ordre que nous attendions, Hasse nous l’a signifié ce matin : la Gestapo, c’est fini. »
Arrive le moment du départ pour l’Allemagne via la Lorraine où il continuera ses exactions en infiltrant un réseau de résistant pour en éliminer les membres. Opération réussie.
Paoli sera arrêté en Allemagne le 16 mai 1945. Après un procès, le 15 juin 1946, il sera fusillé. Son système de défense est de ne rien renier. Il assume tout : « j’ai marché à fond avec les Allemands parce que Pétain était avec les Allemands. J’ai cru travailler pour la vraie France »
En contre-point de ces cahiers, nous avons le journal de sa petite-fille Mathilde, de 2002 à 20007, qui nous parle de cette filiation « Le suis la petite-fille d’un gestapiste, d’un traitre à sa patrie, d’un expert en supplices chinois ». « Même date de naissance, même signe astrologique, mêmes prédispositions ? Voilà pourquoi sans doute mon grand-père m’intrigue plus qu’il me répugne ».
Au début, il y a toutes ces affinités entre elle et lui « une posture austère, froide, raide parfois, dissimulant une ambition, rivée sur l’obsession de la réussite sociale. Oui je me reconnais en lui. »
S’installe alors, un climat un peu morbide où ses fautes, des dérapages (très légers) trouvent une explication et, sans doute, une justification : l’héritage génétique.
Mai ces 9 cahiers lui permettront d’écrire sa thèse qui sera gratifiée d’une mention très honorable.
Mon avis :Le seul courage que je reconnais à Paoli est d’avoir tout assumé, de n’avoir pas cherché à fuir. Certains n’auront pas son courage et deviendront des résistants de la dernière heure, des fuyards, l’Espagne a su les accueillir…. Justement, ce livre pose la question de l’histoire de cette époque que l’on ne connait que noire et blanche alors que tant de zones grises existent.
Mathilde également nous donne à réfléchir sur la filiation et sur l’héritage génétique. Questions que l’on peut se poser lorsque nos ascendants sont sortis des rails ou ne correspondent pas aux « parents idéaux ».
Je vous recommande vraiment la lecture de Trompe-la-mort. Jacques Gimard en a fait un livre prenant, fort, dur dans la description presque clinique des « interrogatoires », mais facile à lire. Il donne, j’ose l’écrire, de l’humanité au personnage bien réel de Pierre Paoli. Les conclusions tirées par Jacques Gimard en fin de livre me paraissent très justes, ironiquement justes.