NE TOUCHEZ PASA LA HACHEDe
Jacques RivetteAvec
Jeanne Balibar (La duchesse de Langeais) et
Guillaume Depardieu (Armand de Montriveau)
Ce film, un régal pour cinéphiles amateurs de littérature, est l'adaptation de
La Duchesse de Langeais, d' Honoré de Balzac. (
Ne touchez pas la hache est le titre sous lequel fut d'abord publié
La Duchesse de Langeais, en 1834.)
.
Jacques Rivette a voulu être "
fidèle à l'esprit, mais aussi à la lettre" de l'oeuvre originale. La plupart des dialogues sont de
Balzac.
Aussi est-on particulièrement gâtés à écouter les dialogues sublimes de ce film.
«
Balzac est un écrivain que j'ai eu beaucoup de peine à lire", avoue Jacques Rivette. "
J'ai essayé pendant plus de trente ans, sans jamais y arriver ! ».
Mais ayant trouvé la clef pour lire son œuvre, le réalisateur l’a déjà adaptée trois fois (
Avec Noli me tangere, avec
La Belle Noiseuse et maintenant avec
Ne touchez pas à la hache.
L’adaptation de
La Duchesse de Langeais est magnifique .
Ne touchez pas à la hache évoque la passion froide qui lie La Duchesse de Langeais au Marquis de Montriveau.
Ce drame passionnel pourrait se résumer par « Tu me suis, je te fuis. Tu me fuis, je te suis. ».
Ceci poussé à l’extrême. Jusqu’à la mort.
C’est la période de la Restauration. Le général de Montriveau tombe amoureux de la duchesse de Langeais qui vit séparée de son mari. Cette dernière le reçoit chaque jour, fait la coquette, encourage ses avances mais se retranche derrière des arguments religieux pour ne pas y céder.
Le soupirant fait enlever la duchesse, songeant à se venger de façon terrible mais il y renonce. Il choisit plutôt de ne plus la revoir et de ne pas répondre à ses courriers quotidiens.
Désespérée, elle se réfugie à l'étranger dans un monastère.
Cinq ans plus tard, Montriveau va tenter de l’en arracher…
Chaque image du brillant duo (duel amoureux) est un tableau que la caméra de Rivette laisse le temps d’apprécier.
Les dialogues se suffisent, portés par deux interprètes parfaitement inspirés. Fragile et vaniteuse
Madame de Langeais interprétée par
Jeanne Balibar. Douloureux et empoté, claudiquant et touchant
Marquis de Montriveau joué par
Guillaume Depardieu.
La mise en scène peut être totalement dépouillée.
On frôle le chef-d’œuvre. Le film-culte.
Dans la salle pourtant, rien qu'une poignée de spectateurs avertis…fascinés mais avouant cependant à la sortie quelques minutes de somnolence (le film dure 2h17).
Un film élitiste sans doute…
Et le bonheur de voir qu’il y a encore en France des réalisateurs pour tourner ces films-là…