Edouard Manet

Citation :

Peintre français dont les œuvres ont inspiré le mouvement impressionniste, mais qui s’attacha toujours à préserver son indépendance. L’influence considérable qu’il exerça sur la peinture française et, plus généralement, sur l’art moderne s’explique à la fois par le choix de sujets faciles, tirés de la vie quotidienne, par l’utilisation de couleurs pures et par une technique rapide et libre. Manet naquit à Paris le 23 janvier 1832, dans une famille de la haute bourgeoisie.

"Je peins ce que je vois, et non ce qu'il plaît aux autres de voir"

Michel Foucault s'est intéressé à l'oeuvre d'Edouard Manet...

Des commentaires sur deux de ses tableaux :


« Notre regard sur l’Olympia est lampadophore, c’est lui qui porte la lumière ; nous sommes responsables de la visibilité et de la nudité de l’Olympia. Elle n’est nue que pour nous, puisque c’est nous qui la rendons nue, et nous la rendons nue puisque, en la regardant, nous l’éclairons, puisqu’en tout cas notre regard et l’éclairage ne font qu’une seule et même chose. Regarder un tableau et l’éclairer, ce n’est qu’une seule et même chose dans une toile comme celle-là, et c’est pourquoi nous sommes –tout spectateur se trouve- nécessairement impliqués dans cette nudité et nous en sommes jusqu’à un certain point responsables ; et vous voyez comment une transformation esthétique peut, dans un cas comme celui-là, provoquer le scandale moral. »
La peinture de Manet de Michel Foucault

Ce commentaire me laisse dubitative... Le regard "lampadophore" décrit par Foucault n'agit-il pas sur n'importe quelle peinture, quelle qu'en soit son sujet ? J'ai l'impression d'avoir affaire à un laïus un peu réactionnaire plutôt qu'à une réflexion intéressante sur ce tableau...


« Tout me scie chez lui [Manet]. La laideur, par exemple. L’agressivité de la laideur comme dans Le Balcon. […] Manet a été indifférent à des canons esthétiques qui sont si ancrés dans notre sensibilité que même maintenant on ne comprend pas pourquoi il a fait ça, et comment il l’a fait. Il y a une laideur qui aujourd’hui continue à hurler, à grincer. »
Dits et écrits de Michel Foucault

né un 23 janvier...


Le banc, 1881

Dans Un chasseur de lions,



Olivier Rolin parle de Manet a partir de ce tableau qu'il  a découvert au Musée de Sao Paulo

Dans son livre "Manet" édité chez Skira, Georges Bataille relate la réception de l'Olympia et le scandale qu'il provoqua dans le milieu artistique.

Citation :

C'est le Salon de 1865, où l'Olympia fut acceptée, qui ouvrit la phase la plus significative et la plus aiguë  du conflit. En général, l'Olympia est tenue pour le chef-d'oeuvre de Manet. Justement à mes yeux. C'est aussi le tableau qui porta au sommet le rire coléreux du public. Comme si ce public avait eu le don de discernement, comme si, sans hésiter, son instinct aveugle l'avait mené.
...Mais avant même d'envisager ce qui, dans ce tableau, parut si scandaleux, il est bon de rendre sensible ici ce que fut le scandale de l'«Olympia».
Un tel tableau pourrait «exciter une sédition»: tels sont les termes, dans L'Époque, d'un certain Jean Ravenel.
Et Jules Claretie, dans L'Artiste: «Qu'est-ce que cette odalisque au ventre jaune, ignoble modèle ramassé je ne sais où et qui représente Olympia ? »
Un critique qui devait plus tard soutenir Manet, Ernest Chesneau, écrit dans Le Constitutionnel: «Il arrive à provoquer des rires quasi scandaleux qui attroupent les visiteurs du Salon devant cette créature cocasse... qu'il appelle Olympia.»
La fille de Théophile Gautier, dans L'Entracte: «L'Exposition a son bouffon... Parmi tous les artistes, il est un homme qui se met à faire la culbute et à tirer la langue... »
«Jamais on n'a vu de ses yeux spectacle pareil et d'un effet plus cynique: cette « Olympia», sorte de gorille femelle... », ainsi s'esclaffe un Amédée Cantaloube, dans Le Grand Journal.
Dans Le Petit Journal, Edmond About tente de conclure: «Paix à M. Manet! Le ridicule a fait justice de ses tableaux.»
La plus profonde horreur est emphatiquement ressentie par un critique qui possède de l'autorité. Paul de Saint-Victor écrit dans La Presse: «La foule se presse comme à la morgue devant l'« Olympia» faisandée de M. Manet. L'art descendu si bas ne mérite pas qu'on le blâme. «Ne parlons pas d'eux, regarde et passe», dit Virgile à Dante en traversant un des bas-fonds de l'enfer. »
Tels sont les propos qui fusèrent le jour où parut l'un des chefs-d'oeuvre du Louvre actuel.
L'attitude du poète Théophile Gautier, que Baudelaire estimait entre tous, est digne d'attention. Il avait bruyamment applaudi les premières tentatives de Manet. L'on sait qu'en 1830 à la bataille d'Hernani, son gilet rouge désignait en lui l'un des plus violents détracteurs du conformisme bourgeois. Mais devant l'Olympia?
«Aux yeux de beaucoup, il suffirait de passer et de rire; c'est une erreur. M. Manet n'est pas peu de chose; il a une école, des admirateurs, des fanatiques même; son influence s'étend plus loin qu'on ne pense. M. Manet a cet honneur d'être un danger. Le danger est passé maintenant. Olympia ne s'explique d'aucun point de vue, même en la prenant pour ce qu'elle est, un chétif modèle étendu sur un drap. Le ton des chairs est sale, le modelé nul. Les ombres s'indiquent par des rais de cirage plus ou moins larges. Que dire de la négresse qui apporte un bouquet dans un papier, et du chat noir qui laisse l'empreinte de ses pattes crottées sur le lit? Nous excuserions encore la laideur, mais vraie, étudiée, relevée par quelque splendide effet de couleur. Ici, il n'y a rien, nous sommes fâché de le dire, que la volonté d'attirer le regard à tout prix.»
...
L'Olympia «dégage une horreur sacrée». «Elle est scandale, idole... Sa tête est vide: un fil de velours noir l'isole de l'essentiel de son être...

repris la série avec l'épisode consacré à Manet des "à la recherche des arts du monde entier", journal de voyage avec André Malraux, et qui revient donc beaucoup sur l'Olympia. vu comme point un départ de l'art moderne (une peinture pour la peinture, ou pour l'art, "d'abord"). ça toujours l'avantage en plus des diverses citations dont certaines sont présente dans la citation de Comus d'être bien mis en image...

anyway, je ne sais pas si je saurais remettre mes idées dans l'ordre. il me manque des choses, tellement de choses.

mais :


Portrait de Berthe Morisot avec un éventail, 1874

Portrait de madame Manet sur canapé bleu, 1874 (pastel)

Citation :

Le Printemps de Manet, un achat muséal du Getty

C'était un des derniers grands tableaux de Manet encore en mains privées à apparaître sur le marché. La salle s'est enflammée, mercredi soir, chez Christie's pour ce portrait de l'actrice Jeanne Demarsy, ravissante sous son chapeau de printemps et son ombrelle, intitulé Le Printemps.
C'est le marchand new-yorkais Otto Naumann qui a acquis pour 65, 1 millions de dollars (49,13 millions d'euros) ce joyau de l'impressionnisme, pour le J. Paul Getty Museum de Los Angeles, après une rude bataille contre cinq autres enchérisseurs. «Le musée vient ainsi enrichir son fonds. Il possède déjà deux peintures, une aquarelle et un pastel du même artiste», a souligné son directeur Thimothy Potts à l'issue de la vente.

Estimé la moitié moins, ce portrait donnait vraiment envie. «Il était la combinaison parfaite de ce que recherchent, en ce moment, les amateurs de l'Asie, ceux de la Vieille Europe et de l'Amérique, analyse Thomas Seydou, grand spécialiste du domaine qui a officié autrefois chez Christie's. Il n'y a plus beaucoup d'opportunités d'acheter de grands tableaux de cette qualité musée. D'où ce résultat à la hauteur de son pedigree, de sa fraîcheur et du rêve qu'il suscite».

Suite sur : http://www.lefigaro.fr/culture/encheres/2014/11/06/03016-20141106ARTFIG00405--le-printemps-de-manet-un-achat-museal-du-getty.php

Citation :

Cette vente, qui comprend la commission de Christie d'un peu plus de 12 %, représente pratiquement un doublement par rapport au précédent record de 33,2 millions de dollars pour un Manet, atteint en 2010 avec "Autoportrait à la palette".

( http://www.france24.com/fr/20141106-art-peinture-printemps-edouard-manet-adjuge-65-millions-new-york-vente-encheres-christies/ )

colimasson a écrit:

Botte d'asperges, 1880

Marcel Proust signe une allusion humoristique à cette toile (attribuée au peintre fictif Elstir) dans "Le côté de Guermantes" en faisant dire au Duc de Guermantes:

Citation :

Swann avait le toupet de vouloir nous faire acheter Une botte d'asperges. Elles sont même restées quelques jours. Il n'y avait que cela dans le tableau. Une botte d'asperges précisément semblable à celle que vous êtes en train d'avaler. Mais moi, je me suis refusé à avaler les asperges de M. Elstir. Il en demandait trois cents francs. Trois cents francs, une botte d'asperges ! Un louis, voilà ce que ça vaut, même en primeurs.

Le même Marcel Proust, déjà dans "Du côté de chez Swann", émet une plausible allusion à cette toile, bien que le propos puisse valoir pour les asperges en général:

Citation :

Mon ravissement était devant les asperges, trempées d'outre-mer et de rose et dont l'épi, finement pignoché de mauve et d'azur, se dégrade insensiblement jusqu'au pied -encore souillé pourtant du sol de leur plan - par des irisations qui ne sont pas de la terre.

J'ai trouvé ces citations dans l'essai de Fabrice Hadjadj "Le paradis à la porte" , dans lequel il (Fabrice Hadjadj) précise, toujours à propos de ce tableau:

Citation :

La botte sur fond sombre, cerclée de deux ficelles cuivrées, posée sur un lit de verdure hirsute, nous présente ces choses à la fois fades et splendides, d'un blanc grisâtre et qui en même temps sollicite toute la palette jusqu'au violet-noir de leur tête, entre le gâchis de plâtre et l'arc-en-ciel. Le légume devient le lieu d'une expérience limite. La touche du peintre est tout ensemble épaisse de matière et sublime d'esprit. Le genre atteint du même coup au fond du réalisme et au bord de l'abstraction. C'est de la terre et c'est du ciel. Ce sont des asperges et ce sont des anges. Il suffit de regarder cette botte avec attention, pour elle-même, et elle devient botte de sept lieues. (...)

Le fifre, 1866

et on peut retrouver le peintre dans ce livre:


Edouardo Manet, Le fifre

bien que cela parle plus d'Eva Gonzales, son modèle, sa muse, la seule étudiante qu'il ait jamais accepté auprès de lui... et plus

"sa version" du fifre... pour rendre hommage à Manet



Eva Gonzales, Enfant de troupe, 1870

Toujours intéressant de voir la version des élèves et du maitre côte à côte.

le calendrier dit qu'on est en été  




Sur la plage de Boulogne, 1868

pas d'été au Luxembourg ?

Je suis moyennement attiré par l'oeuvre de Manet, mais cette plage est plutôt sympathique.