Emile Zola

L'Assomoir bien sûr est une oeuvre magnifique, terriblement stylisée, histoire qui vous entraine dans un tourbillon et qui vous transporte par la voix même des personnes dans cette époque, ou les trottoirs de Paris n'étaient pas peuplés que de voitures: le petit Etienne crapuhute sur le boulevard, Gervaise finit comme une malheureuse, on aura trop tendance à laisser de côté le petit Claude, protagoniste de L'oeuvre, qui m'a fait apprécié Zola. Bien sûr, j'avais lu Germinal, mais l'étude de L'Oeuvre à la fac m'a donné envie de me plonger dans les Rougon-Macquart. Par contre, je n'arrive pas à accrocher avec Nana, je n'étais peut-être pas d'humeur... Je vais m'atteler au Docteur Pascal, qui, paraît-il résume toute la lignée des Rougon-Macquart.

Nana "démarre" plutot lentement en effet... il faut avoir la patience de ne pas le quitter, mais quand l'histoire commence à se déployer il vous attache!

Un peu comma La cousine Bette, pour moi... très lent au début, puis magnifique, dans sa grandeur et sa froideur diabolique!

Hellois a écrit:

Nana "démarre" plutot lentement en effet... il faut avoir la patience de ne pas le quitter, mais quand l'histoire commence à se déployer il vous attache!

Bon merci, je vais persévérer alors!!

J'adore Zola, sa façon de décrire, les sujets sur la famille, les générations, je me suis vraiment délectée à lire Zola, je crois que tout lu !

Quel livre magnifique que l'Assomoir !
Le style est d'une modernité assez incroyable. J'ai lu ce livre il y un an ou deux seulement et j'ai été happée par cette descente aux enfers de Gervaise.

Mais je suis comme Pichnette et je n'ai pas réusssi à lire Nana.

Ca me plaît bien que Zola conserve des amateurs.A 20 ans j'ai lu,dans le train,les 20 tomes des Rougon-Macquart.J'en connais encore l'ordre par coeur.

Je viens de finir Thérèse Raquin : l'histoire de deux amants qui commettent le meurtre du mari pour pouvoir être réunis mais doivent apprendre à vivre dans la culpabilité par la suite...

Ce livre m'a emportée avec lui : une fois commencé, on ne le lâche plus. Les descriptions des sentiments et des raisonnements humains sont d'une grande justesse. Zola décrit la nature humaine dans ce qu'elle a de pire, sans concession aucune, et peu à peu on s'embourbe dans la noirceur de l'âme des personnages. Plus le roman avance et plus l'horreur grandit, plus on est pris aux tripes, comme fasciné par toute cette noirceur. Les descriptions des lieux servent parfaitement l'ambiance du roman, les personnages vivent dans une atmosphère glauque, pleine de crasse et de poussière, étouffante.

La stupidité humaine n'est pas épargnée non plus grâce aux portraits des "amis" des Raquin et on ne sait ce qui est le plus désolant : les protagonistes dans leurs calculs cruels, leurs amis dans leur ennui hébété, ou l'égoïsme dont tous les personnages sans exception font preuve, même ceux qui semblent plus humains comme Madame Raquin.

Les traits et les caractères sont peut-être parfois un peu forcés -et encore- mais ça ne donne pas lieu à quelque chose de caricatural, au contraire, cela donne encore plus de force au roman. Bref, un écrit plutôt explosif, à mi-chemin entre Flaubert (pour l'ennui et la bêtise des hommes) et Shakespeare (les époux hantés par le souvenir du meurtre sombrent peu à peu et m'ont rappelé Lady MacBeth), mais servi par le style naturaliste de Zola qui fait ressortir un peu plus encore toute l'horreur décrite. La situation finale du trio Laurent-Thérèse-Madame Raquin est à la limite de l'insoutenable : chaque personnage vit un enfer par la faute des deux autres, et ce cercle vicieux se referme peu à peu...

Une dernière petite chose, si vous avez envie de le lire, évitez l'édition du livre de poche : les notes en bas de pages sont soit totalement inutiles, soit de véritables spoilers qui annoncent la fin dès le premier tiers du roman. Bon, on ne lit pas Zola comme un roman policier, c'est sûr, mais quand même, c'est toujours plus agréable de découvrir au fur et à mesure....

Désolée, je fais un double post, mais je voulais juste dire que vos commentaires des oeuvres de Zola sont vraiment superbes, on ne peut imaginer mieux pour donner envie de découvrir tout Zola ! Merci

Ha Thérèse Raquin. J'avais fait un exposé dessus en 2nde. Je l'avais conclu en disant que son écriture assez lourde et ses longues descriptions m'avaient donné envie de fermer le bouquin et donc de mettre un terme à l'histoire, et que du coup j'avais eu les mêmes sentiments que les deux persos principaux comme jamais je les eu en lisant un livre, ce qui relevait d'un certain génie de l'auteur.
La prof avait pas vraiment apprécié.

Haha tu m'étonnes qu'elle n'a pas apprécié ! Comme quoi la façon dont un livre est reçu dépend vraiment de la sensibilité de chacun... Moi je ne me suis pas ennuyée un seul instant ! Le sentiment dont tu parles, je le ressens plutôt à la lecture de Madame Bovary... Sa vie est d'un ennui si profond que je m'ennuie moi aussi quand je la lis !

J'ai oublié de dire plus haut qu'il y a aussi une certaine répétition : ils voient un fantôme, ils ont peur, ils revoient un fantôme, ils ont peur à nouveau, etc...
Mais je l'ai beaucoup aimé, hein, justement parce que tout ça m'a fait ressentir exactement la même chose que les personnages : l'envie d'en finir. Bien que le terme "génie" soit un peu fort, il n'est pas ironique.

Ah d'accord, j'avais compris que tu n'avais pas aimé Je comprends qu'on puisse ressentir une certaine répétition à la lecture de ce livre, surtout dans la deuxième partie du roman, car les personnages sont embourbés dans leur situation et n'évoluent plus, si ce n'est vers la folie. Mais j'ai trouvé les descriptions de Zola tellement bien faites, avec chaque fois de nouvelles nuances, de nouvelles images, que je n'ai pas ressenti de lassitude. Le génie de Zola, comme tu l'as dit, vient probablement du fait qu'il se "répète sans se répéter", pour donner au lecteur une sourde sensation de lassitude (que tu as ressentie apparemment), sensation qu'il partage avec les personnages, et en même temps maintenir le lecteur en haleine grâce à ces descriptions qui sont si justes.

Je ne sais pas si je suis très claire

Si, si. Tu es claire. J'ai jamais eu la lecture dans mon coeur (enfin, jusqu'à il y a peu de temps) donc à cette époque, j'avais pas vraiment ressenti les nuances dont tu parles. Si je le relisais maintenant, je les repèrerais surement. Mais j'ai un peu peur de le faire, car peut-être cela modifirait mon opinion quant au livre. Mais tu as surement raison, c'est peut-être pour ça que c'est le seul roman d'un grand auteur français que j'ai lu en entier.

C'est pas vraiment que j'aie raison ou tort, c'est juste qu'on a des ressentis différents C'est ça qui est intéressant. Là tu n'as pas ressenti les nuances que j'ai ressenties dans Zola, mais ça pourra très bien être l'inverse pour un autre auteur ! Chacun ses préférences

Ouais. J'étais en 2ndeS, je n'aimais pas le français et malgré toutes les techniques employées par les écrivains pour faire des effets de style, je rationnalisais tellement que j'avais l'impression qu'il tournaient en rond en décrivant plusieurs fois la même chose. Ce qui n'est plus le cas. Donc, tu as surement raison, car ce que tu dis est justement la raison pour laquelle j'ai peur de relire ce roman : percevoir les nuances.