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| Tiziano Scarpa [Italie] | |
| | Auteur | Message |
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Epi Escargote Zen
Messages : 14255 Inscription le : 05/03/2008 Age : 64 Localisation : à l'ouest
| Sujet: Tiziano Scarpa [Italie] Dim 16 Oct 2011 - 14:40 | |
| Tiziano Scarpa (né à Venise en 1963) est un écrivain italien, auteur d'essais sur la littérature italienne contemporaine et de pièces de théâtre. Il est également auteur de nouvelles et de romans. Il a obtenu en 2009 le prestigieux prix littéraire italien Strega pour son roman Stabat Mater. Tiziano Scarpa se fait connaître en 1996 avec son premier roman, Occhi sulla graticola, (L'Œil de vieux) et son recueil de nouvelles Amore en 1998. Il écrit en même temps (en 1997) une comédie intitulée Popcorn, tournée par la RAI et qui a obtenu le Prix Italia, et des articles sur la littérature italienne contemporaine qu'il regroupera en 2000 sous le titre Che cos'è questo fracasso? (« Quel est donc ce vacarme ? »). Cette même année paraît son petit guide de Venise intitulé Venise est un poisson dont le ton personnel a été remarqué : les éditions Christian Bourgois l'ont publié en français en 2002 en notant sur la quatrième de couverture : « Avec Tiziano Scarpa, on déambule dans l'intimité viscérale, minérale, aquatique, de la plus mirifique des cités lagunaires, dont les feux et les langueurs n'en finissent pas de brasser l'Orient et l'Occident confondus. » Il écrit pour le théâtre et publie d'autres recueils de nouvelles : en 2003 Cosa voglio da te (« Ce que je veux de toi ») et en 2004 Corpo (« Le corps ») ainsi qu'un roman Kamikaze d'Occident en 2003. Source : Wikipedia | |
| | | Epi Escargote Zen
Messages : 14255 Inscription le : 05/03/2008 Age : 64 Localisation : à l'ouest
| Sujet: Re: Tiziano Scarpa [Italie] Dim 16 Oct 2011 - 14:45 | |
| Stabat MaterCecilia a été abandonnée à sa naissance devant la porte de l’orphelinat de l’hospice de la Piétà, à Venise. Solitaire, elle ne se mêle pas trop à ses camarades et s’isole la nuit en haut d’un escalier sombre oublié de tous, pour écrire à sa mère absente qu’elle essaie d’imaginer. Elle lui raconte sa vie à l’orphelinat, ses peurs, ses angoisses, ses questionnements, sa découverte un soir d’une jeune fille dans les cabinets, accroupie, gémissant, expulsant cet amas sanglant qui bouge, qui vit. A-t-elle aussi été mise au monde de cette manière ? Qui est cette mère ? Une pensionnaire de l’orphelinat qui la regarde grandir peut-être. Ou bien une fille de bonne famille à qui elle a caché sa grossesse ? Une prostituée ou pourquoi pas, une des religieuses qu’elle côtoie chaque jour ? Que d’heures passées à l’imaginer, à la rêver, à l’aimer, à la détester, à la renier, jusqu’à se renier elle-même. - Citation :
Madame Mère, en vous écrivant, je parlais avec un fantôme, voilà tout. J’ai essayé de redonner forme à une personne qui ne peut ni ne doit entrer dans ma vie, qui m’a reniée, qui m’a fait comprendre clairement que je n’existais pas pour elle. En vous écrivant, j’ai touché du doigt que je ne suis qu’un fantôme. Elle raconte aussi la musique qu’elle interprète lors des concerts dans l’église de l’hospice, auxquels tout Venise assiste. Les orphelines ne peuvent être vues derrière la balustrade des tribunes qui les cache, elles ne peuvent qu’être imaginées et celle qui saura se faire remarquer par sa voix ou par son talent de musicienne trouvera peut-être un mari. Mais l’abbé don Giulio n’est plus trop inspiré, il est vieux et va être remplacé par un jeune prêtre roux, Antonio Vivaldi, qui va insuffler à la formation un nouvel élan, il va bousculer les conventions et éblouir ses musiciennes autant que son auditoire. - Citation :
Madame Mère, comment vous faire entendre ce que nous avons joué ? Savez-vous lire la musique ? Je vais m’aider d’images, c’est la seule solution. J’avais l’impression que nous lancions de la poudre de riz sur la tête des gens assis dans l’église. Nous répandions sur ces hommes notre nuage odorant, nos épices féminines. Don Antonio a écrit un concerto où l’on entend mousser notre tempérament de femmes décliné en trois phases : gaieté, langueur et euphorie à nouveau. Cet homme tire de nos corps des sons féminins, il déverse dans des oreilles masculines, des oreilles hérissées de poil, une version sonore des femmes, notre traduction en sons, telle que cette gente masculine souhaite l’entendre. Pourtant, en disant cela, je ne suis pas tout à fait sincère. Aujourd’hui, plus encore que je ne l’avais soupçonné en répétition, j’ai senti que j’en rajoutais, que don Antonio nous forçait, nous poussait hors de nous-mêmes, nous dégringolions des balustrades, ça allait plus loin que la pose gracieuse, que la frivolité qu’on attend de nos concerts, les mouvements rapides témoignaient d’une ferveur plus désordonnée, d’une audace, et l’adagio central d’une désolation indicible, inconsolable. Pourtant, parce qu’elle ne veut pas être remarquée, Cecilia fait semblant de jouer faux mais don Antonio n’est pas dupe. Ils vont vivre une relation plutôt ambiguë, jaloux de son talent, il aura peur de la perdre mais lui donnera une nouvelle force, et grâce à sa musique impétueuse, Cecilia se sent emportée loin, hors de l’orphelinat, hors d’elle-même, elle va avoir le courage de prendre son destin en main. - Citation :
« Pulvérisez le beau temps ! Allez ! Plus fort ! Vous êtes la tempête ! Devenez bourrasque, mesdemoiselles ! Bourrasque ! »
Et j’ai été tout cela, bourrasque, tempête, tonnerre, éclairs, j’ai pleuré de sentir que je devenais une telle furie en me dépassant moi-même. J’ai été émue de pouvoir me transformer à ce point, et j’ai eu pitié de moi, sans m’apitoyer. J’ai pleuré de ne pouvoir être moi tout simplement, alors que je peux devenir tant de choses différentes, si fortes, moi qui ne demanderais rien d’autre que de pouvoir dire je suis là, je suis Cecilia, je suis tout entière là. Beaucoup d’émotions dans ce roman subtil et envoûtant, un rythme lancinant, hypnotique presque, un peu étouffant par moment mais les dernières pages apportent une bouffée d’air frais et une lueur d’espoir qui permet à Cecilia d’aller « au-devant de son destin ». | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Tiziano Scarpa [Italie] Dim 16 Oct 2011 - 15:27 | |
| Venise est un poisson figure parmi d' autres auteurs itlaliens à découvrir ou non.
J' espère que Scarpa démythifie ce lieu de tous les clichés. | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Tiziano Scarpa [Italie] Dim 16 Oct 2011 - 19:27 | |
| merci pour ton commentaire, les extraits choisis l' illustrent !
encore un Italien à connaître donc | |
| | | Epi Escargote Zen
Messages : 14255 Inscription le : 05/03/2008 Age : 64 Localisation : à l'ouest
| Sujet: Re: Tiziano Scarpa [Italie] Dim 16 Oct 2011 - 20:12 | |
| - bix229 a écrit:
- Venise est un poisson figure parmi d' autres auteurs itlaliens à découvrir ou non.
J' espère que Scarpa démythifie ce lieu de tous les clichés. D'après ce que j'ai pu voir, il a une façon toute personnelle de raconter Venise et ça donne bien envie de le lire. - Bédoulène a écrit:
- merci pour ton commentaire, les extraits choisis l' illustrent !
encore un Italien à connaître donc Oui, oui, à découvrir ! | |
| | | Charlie Agilité postale
Messages : 970 Inscription le : 12/01/2010
| | | | Charlie Agilité postale
Messages : 970 Inscription le : 12/01/2010
| Sujet: Re: Tiziano Scarpa [Italie] Mar 22 Nov 2011 - 10:47 | |
| Stabat Mater Passionnée par Venise et intéressée par tout ce qui a trait à cette ville, je n’ai pas résisté à la lecture de ce roman présenté par Epi. Je connaissais et appréciais déjà le guide « Venezia è un pesce » de Tiziano Scarpa.
Si j’ai été touchée par les lettres de Cecilia, cette orpheline de 16 ans, écrit à sa mère, qu’elle ne peut qu’imaginer, j’ai surtout apprécié la partie où apparaît Antonio Vivaldi, quand il est compositeur et violoniste à l’Hospice de la Pieta. Mais assez déçue d’apprendre, à la fin du roman, quand l’auteur nous explique que son livre est truffé d’anachronismes, que ni les concerti des Quatre Saisons ni l’oratorio Judith n’ont été écrits quand il enseignait à la Pieta…alors que les plus beaux passages du roman concernaient justement l’interprétation par les jeunes filles de ces œuvres-là précisément !
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| | | Epi Escargote Zen
Messages : 14255 Inscription le : 05/03/2008 Age : 64 Localisation : à l'ouest
| Sujet: Re: Tiziano Scarpa [Italie] Mar 22 Nov 2011 - 10:55 | |
| J'avais lu l'explication de l'auteur avant de commencer le livre, mais j'ai vite oublié ce détail qui finalement ne m'a pas semblé très important parce que c'est vrai que ces passages sont très beaux alors tant pis pour la vérité historique | |
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