Vivian Maier [Photographe]

animal a écrit:

oui elle est bien celle là, et puis on la voit sourire (? ... la seule de l'expo ?), on peut se demander si elle a demandé au bonhomme de tenir peut-être la glace pour reconstituer le hasard qui l'a arrêtée. et puis on voit le coin de rue et des tas de choses.

Oui, je pense que le type a tenu la glace quand il le fallait... et bien quand une autre personne arrivait du fond, pour équilibrer la composition.
C'est vrai qu'elle sourit, là...

merci pour ton compte rendu et en effet cet autoportrait est exceptionnel
concernant vidéos, j'en ai posté deux liens sur ce fil, dont surtout un m'en a appris plein de bonnes choses sur elle... quelle étrange vie elle a mené... et beaucoup de questions et mystères elle nous a laissé

A voir sur les écrans...

Citation :

En 2007, un jeune agent immobilier de Chicago, John Maloof, achète un lot de photos dans une vente aux enchères. L'auteur de ces photos, Vivian Maier, totale inconnue et décédée deux ans plus tard dans l'anonymat et la misère, est devenue depuis une star de la photographie, exposée dans le monde entier. John Maloof a voulu savoir qui elle était et raconte son enquête dans un documentaire.

ce soir l'émission Le Rendez-vous sur Fr. Cult avait pour invité Charlie Syskel (le réalisateur du doc dont parle Marko). Je n'ai pas écouté l'émission (mais je l'écoute et l'aime très souvent), je mets donc le lien qui devrait (peut-être) intéresser kena :

http://www.franceculture.fr/emission-le-rendez-vous-le-rdv-du-02072014-avec-charlie-siskel-thomas-hardmeier-et-les-sessions-de-c

d'après ce que j'ai très vaguement compris elle était une baby sitter un peu border line, elle disait qu'elle était française sans que cela soit prouvé, elle disait qu'elle était espionne ce qui n'a pas encore été révélé par Snowden, elle passait énormément de temps dans les rues pour prendre ses photos et on ne la découvre qu'après sa mort ! (vague résumé qui me met la puce à l'oreille ! surtout pour le côté je t'aime et je t'embrouille !).

shanidar a écrit:

d'après ce que j'ai très vaguement compris elle était une baby sitter un peu border line, elle disait qu'elle était française sans que cela soit prouvé, elle disait qu'elle était espionne ce qui n'a pas encore été révélé par Snowden, elle passait énormément de temps dans les rues pour prendre ses photos et on ne la découvre qu'après sa mort ! (vague résumé qui me met la puce à l'oreille ! surtout pour le côté je t'aime et je t'embrouille !).

A la recherche de Vivian Maier


Documentaire très intéressant qui a pour finalité de créer le "Mythe Vivian Maier" à partir de la découverte en 2007, par un jeune étudiant (John Maloof qui co-réalise le film), d'un carton de négatifs dans une vente aux enchères. Cette femme venait de mourir depuis peu et John Maloof a cherché à savoir qui elle était en découvrant la beauté de ses photographies qu'il a scannées. N'ayant aucun héritier il a eu la chance de pouvoir accéder au container où étaient conservés tous ses effets et de garder tout ce qui l'intéressait. Il a ainsi découvert une quantité hallucinante de films, pellicules, objets divers que Vivian Maier conservait de manière compulsive. Il n'a eu de cesse que de la faire connaître malgré les refus institutionnels persistants de la considérer comme une artiste majeure.

Le film fait le portrait d'une femme excentrique qui falsifiait souvent son identité, disait être "une espionne" (façon humoristique de suggérer sa passion pour capter les images et l'intimité des autres avec son appareil) et qui parlait avec un accent français que certains considéraient comme factice et d'autres non (elle est née à New York mais avait ses racines en France... L'accent était probablement un peu factice dans sa volonté de créer un personnage fidèle à ses origines).

Son image évolue au cours du documentaire. On la perçoit plus à l'aise avec les enfants qui l'adorent qu'avec les adultes puis on découvre des témoignages contradictoires qui évoquent son déséquilibre, éventuellement une forme de perversité proche de la maltraitance et sur la fin des éléments franchement paranoïaques. Pas borderline au sens psychiatrique du terme mais davantage au sens psychanalytique (on parlerait plutôt de personnalité psychotique, paranoïaque ou schizotypique à mon sens). Mais au-delà des étiquettes diagnostiques trop réductrices J'ai surtout eu le sentiment à travers ce qu'on perçoit d'elle qu'elle était peut-être lesbienne, très solitaire voire phobique, collectionneuse compulsive, mal à l'aise avec les autres jusqu'à la méfiance, fascinée par les faits divers morbides et l'étrangeté ou la folie des êtres humains mais aussi capable de capter la douceur, la beauté des choses. Elle a fini très seule, dans la quasi misère, perçue comme une vieille folle un peu marginale qui était entourée de centaines de magazines et passait des heures sur un banc face à un plan d'eau sans parler à personne. Les liens familiaux semblaient inexistants.

Tout étant à relativiser car les divers témoignages montrent d'abord la manière dont les personnalités qui s'expriment projettent leurs propres affects sur son personnage. Chacun a sa vison, ses fantasmes, sa "vérité" sur ce qu'elle était. Il peut y avoir des exagérations, des mensonges, des déformations. Et d'ailleurs le film est aussi à sa façon un regard sur ces individus qui sont parfois aussi surprenants et étranges que les photos de Vivian Maier.

A l'arrivée on a le portrait fascinant d'une femme qui a fait des photos et des films incroyables et n'a jamais cherché (a priori) à faire connaître son travail. Que penserait-elle de cette exposition de sa vie privée si elle pouvait voir tout cela, elle qui tenait tellement à tout garder secrètement?

A noter que tout le passage qui se passe en France dans un petit village des Hautes-Alpes (Saint Julien en Champsaur) est particulièrement émouvant. Surtout quand une vieille dame qui assiste à une exposition de photos prises sur place découvre le portrait de son mari décédé depuis longtemps. Vivian était bien originaire de cette région et ces gens en témoignent en écho aux photos découvertes par John Maloof. C'est génial!

Allez le voir si vous pouvez, c'est passionnant.

shanidar a écrit:

ce soir l'émission Le Rendez-vous sur Fr. Cult avait pour invité Charlie Syskel (le réalisateur du doc dont parle Marko). Je n'ai pas écouté l'émission (mais je l'écoute et l'aime très souvent), je mets donc le lien qui devrait (peut-être) intéresser kena :

http://www.franceculture.fr/emission-le-rendez-vous-le-rdv-du-02072014-avec-charlie-siskel-thomas-hardmeier-et-les-sessions-de-c

Maintenant je vais pouvoir écouter cette émission. A noter que Charlie Syskel est co-réalisateur avec John Maloof qui est l'heureux (et fier de l'être) découvreur de Vivian Maier.

je compte bien le voir, suite à l'expo de début d'année, et heureusement il reste quelques temps à l'affiche. Il y a des extraits de ses films couleurs qui répondent assez bien à cette description : "fascinée par les faits divers morbides et l'étrangeté", comme des arrestations ou je ne sais plus trop quoi ?

shanidar a écrit:

je mets donc le lien qui devrait (peut-être) intéresser kena

merci, c'est gentil... je vais l'écouter plus tard
mais je connais ce documentaire, j'avais posté la BA (en anglais) sur la 2ème page de ce fil
et le DVD se trouve déjà sur mes étagères

Marko a écrit:

Allez le voir si vous pouvez, c'est passionnant.

ah oui!!

Ton commentaire donne envie Marko !  

animal a écrit:

je compte bien le voir, suite à l'expo de début d'année, et heureusement il reste quelques temps à l'affiche. Il y a des extraits de ses films couleurs qui répondent assez bien à cette description : "fascinée par les faits divers morbides et l'étrangeté", comme des arrestations ou je ne sais plus trop quoi ?

Elle pouvait emmener les enfants dont elle s'occupait dans un abattoir, photographier un gamin accidenté puis la réaction de sa mère arrivant paniquée sur les lieux, Elle photographiait et collectionnait énormément de journaux avec des accroches parlant de viols, de meurtres... Elle filmait un peu de tout. Des événements politiques, des passants dans un supermarché, des enfants en train de jouer,de rire ou de pleurer. L'impression qu'elle voulait tout capter, absorber comme une journaliste ou une espionne. Ça donne l'impression qu'elle essayait d'apprivoiser un monde qui la fascinait et lui faisait peur en même temps. Mais il semblerait qu'elle avait des pulsions perverses assez régulièrement. Elle était très ambigüe en tout cas. Parfois le documentaire donne l'impression de faire le portrait d'une serial killeuse mais son arme n'était que son appareil photo !

kenavo a écrit:

shanidar a écrit:

je mets donc le lien qui devrait (peut-être) intéresser kena

merci, c'est gentil... je vais l'écouter plus tard
mais je connais ce documentaire, j'avais posté la BA (en anglais) sur la 2ème page de ce fil
et le DVD se trouve déjà sur mes étagères

Marko a écrit:

Allez le voir si vous pouvez, c'est passionnant.

ah oui!!

C'est vrai que le documentaire date de 2013. Ça permet de le voir ou revoir même si on n'a pas de cinéma qui le passe à proximité   

Marko a écrit:

C'est vrai que le documentaire date de 2013. Ça permet de le voir ou revoir même si on n'a pas de cinéma qui le passe à proximité   

tout à fait, pour moi c'était le seul moyen de voir ce documentaire
depuis que j'ai découvert cette photographe, je suis admirative devant son oeuvre et intriguée par sa vie
malheureusement je savais que ce documentaire n'avait pas la chance de se retrouver au cinéma par chez nous, donc, heureusement qu'il y a les DVD, mais je suis contente qu'il est montré en salle en France, ses photos en tout cas méritent la reconnaissance

Elle utilisait donc sa caméra à la fois comme écran (objet défensif qui cache et protège le visage des regards) et en même temps comme œil intrusif qui pénètre l'intimité des uns et des autres... parce qu'elle avait peur mais en même temps était fascinée par le monde qui l'entourait. Intéressante aussi l'idée que chacun peut envisager d'elle un être différent. Protéiforme, donc et cela doit se ressentir dans la masse des photos qu'elle a prises.

merci pour toutes ces infos !

John Maloof a soigneusement rassemblé, trié, exposé comme des oeuvres d'art tous les documents que Vivian Maier conservait (elle ne jetait rien). On voit qu'elle changeait l'orthographe de son nom, prenait des pseudonymes notamment lorsqu'elle allait chez les commerçants. Il y avait quand même une grande méfiance et le besoin de se créer un personnage pour mieux se masquer. Dans une séquence assez drôle, une vendeuse dans une sorte de bazar dit en gros que c'était une super emmerdeuse! Et les enfants qu'elle gardait disent qu'elle leur faisait peur. Qu'elle avait une démarche robotique comme un nazi. Et pourtant ce sont certains d'entre eux qui se sont cotisés pour lui payer son loyer sur la fin de sa vie lorsqu'elle était fauchée et pour organiser ses funérailles... Les plus proches constatent qu'elle était incapable de stabilité et de s'intégrer. Toujours distante et un peu asociale.