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| Gary Shteyngart | |
| | Auteur | Message |
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cecile Posteur en quête
Messages : 95 Inscription le : 01/02/2009 Age : 55 Localisation : Marseille
| Sujet: Gary Shteyngart Dim 22 Jan 2012 - 22:03 | |
| - Citation :
- Gary Shteyngart est un écrivain américain né en 1972, à Leningrad en URSS (ou comme il le dit lui-même "St-Leningrad" ou "St-Leninsbourg"). Ses livres portent un regard satirique sur le monde en général et en particulier celui de ses origines (juif américain d'origine russe). Il base ses histoires sur des situations et dans des lieux fictifs, mais tout en s'inspirant très fortement de situations et lieux réels.
source: wikipedia Il est passé dans une émission sur France Inter vendredi soir , vous pouvez la ré-écouter ici: http://www.franceinter.fr/emission-le-grand-entretien- gary-shteyngart quelques couvertures de ses livres : J'espère le trouver à la médiathèque prochainement. | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Gary Shteyngart Lun 28 Mai 2012 - 12:52 | |
| Super triste histoire d'amour - Citation :
- Le monde tourne (mal). Lenny Abramov vit dans un New York futuriste, image exagérée de notre époque mais qui lui ressemble étrangement : le monde entier est arrimé à son téléphone ultra-perfectionné, la publicité triomphe et la littérature est un art préhistorique que quelques inadaptés tentent de sauvegarder sans succès. Lenny fait partie de ceux-là. Il lit des " livres papier ", croit encore aux relations humaines et commet la folie de tomber amoureux d'Eunice Park, jeune américaine d'origine coréenne.
Super triste histoire d'amour est une dystopie, version moderne du 1984 d'Orwell, qui est à peine un roman d'anticipation, tant il ressemble au monde d'aujourd'hui, encore plus dominé par les nouvelles technologies et marqué par l'effondrement total du capitalisme et de la société américaine. Dans le livre de Gary Shteyngart, celle-ci est désormais à la botte de l'économie chinoise et son armée est entraînée dans un conflit invraisemblable au Venezuela. Personne ne peut vivre sans son "äppärät", smartphone ultra sophistiqué qui permet de s'informer dans l'instant sur son interlocuteur : l'état de son compte en banque, son niveau de cholestérol et même son taux de "baisabilité". Le meilleur des mondes, à côté, c'est le paradis ! L'histoire d'amour impossible que raconte l'auteur est en effet super triste. A travers le journal que tient son héros et les mails "branchés" qu'envoie sa fiancé, le roman décrit une époque où la littérature n'a plus sa place. Ringardisée, reléguée aux oubliettes. "Les livres puent" et sont has been, c'est aussi simple que cela. Celui de Shteyngart est brillant et caustique, c'est indiscutable. Il est aussi redondant, longuet et bourré de passages sans grand intérêt, une fois les enjeux compris. Et souvent assez pénible à lire dans son aspect feuilletonesque qui multiplie les informations les plus incongrues. Avec l'impression déplaisante que Shteyngart se complait dans la description minutieuse et bourrative de ce monde où la vulgarité règne en maître. | |
| | | tom léo Sage de la littérature
Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
| Sujet: Re: Gary Shteyngart Dim 6 Jan 2013 - 14:24 | |
| Traversay a si bien résumé le livre et je partage ses impressions. J'étais pendant un moment assez touché par une vision "juste" de ce qui va nous attendre, en extrapolant déjà le présent. Car, oui, c'est un regard vers une future proche où on reconnaît aisement le (ou disons plutôt "un") présent avec l'addiction aux portables, les truc-pad et phone, le jugement des autres par un formatage des critères de beauté, santé et richesse. Etc...
Le narrateur semble échapper partiellement à certaines catégorisations (parce qu'il a séjourné dans la vieille Europe? parce qu'il vient d'une culture autrefois lettré, juive, russe?), mais jusques à quand?
Du titre je retiens donc le "sad" pour "super triste", car c'est ça: super triste, derrière une forme qui réunit Orwell, Kafka et Woody Allen.
Donc, j'espère rester avec "mes" livres, mon surpoids et l'ignorance de certaines avancées?! | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Gary Shteyngart Sam 6 Avr 2013 - 14:43 | |
| Super triste histoire d’amour (2012) COLIMASSON A GLOBADOS :Lorsque tout le monde sera devenu son propre biographe à travers le langage binaire des réseaux sociaux, qui aura encore le goût d’ouvrir un livre pour découvrir d’autres existences et d’autres pensées ? Lenny Abramov, citoyen américain dans un futur proche, fait figure de résistant. Plutôt résistant mou qu’actif : s’il continue de lire alors que tout le monde croit que les livres puent (Lenny met du désodorisant pour se prémunir d’éventuels relents), ce n’est pas par velléité contestataire, bien au contraire. Lenny tremble à l’idée qu’une personnalité mal intentionnée ne découvre son vice, ce qui ferait chuter aussitôt son score de MASCULINITE et anéantirait toutes ses chances de faire bonne façon autour des gazelles à haute teneur en BAISABILITE qui s’agitent autour d’elle. Il n’empêche… Lenny ne se contente pas de streamer ou de scanner Les Chroniques de Narnia, non –il lit Tolstoï, « un LIVRE de mille pages » !Un peu contradictoire cette passion pour les vieilles pages, surtout lorsqu’elle provient d’un employé des Services post-humains, normalement censé dédier son existence à la recherche de la vie éternelle. Dans une quête quasi-mystique, les taux d’hormones, de glucides, de lipides et de protides deviennent un nouvel échelon en face duquel les êtres humains se mesurent et se comparent. Plus aucune place ne semble être laissée à l’aléatoire. Les goûts ne relèvent plus de l’idiosyncrasie. Les äppäräts mâchent tout le boulot : ce sont eux qui décident de ce que chacun doit penser de son prochain. Une nouvelle forme de noblesse basée sur le pouvoir de la séduction, de la richesse et de la santé s’établit : les meilleurs avec les meilleurs, les pires restent entre eux. Dans une ambiance paranoïaque, où chacun s’efforce de se conformer à un modèle que les scores mesurés par l’äppärät ont défini, les sentiments et relations sincères ont perdu toute signification. Est-ce parce qu’il fait partie de la vieille génération un peu désuète ? (il approche quand même de la quarantaine, ce qui est vieux), Lenny Abramov s’éprend d’Eunice, une jeune coréenne rencontrée en Italie, le pays des pâtes et des macarons glucidiques. Amour qui semble sincère –peut-être pas dans ses arguments mais dans son fond- mais qui n’a rien d’évident pour une jeune fille bercée par les critères de son äppärät. Le monde de demain ressemblera-t-il à celui de Super triste histoire d’amour? Si Gary Shteyngart pousse la caricature d’un monde gouverné par des critères de santé et beauté à son apogée, il reste toutefois crédible en s’inspirant des prémisses que nous pouvons apercevoir dès aujourd’hui, en forçant un peu le trait. On ne saura pas comment la transition de la liberté promise par la technologie sera devenue une nouvelle tyrannie, mais le résultat se déploie dans toute son ampleur dès qu’on ouvre la première page de Super triste histoire d’amour. Immersion dans le fond, immersion dans la forme : l’auteur nous présente une histoire multi-support qui permet à différentes voix de s’incarner. Lenny Abramov le vieillot écrit dans un journal ! Eunice, Jennyfer, Sally, Joshie et consorts discutent entre eux par le biais de leur messagerie äppärät ou du réseau social Globados, avec toutes les libertés de ton et d’écriture que nous permet déjà aujourd’hui la messagerie instantanée, mais où s’ajoutent également des logiciels de flicage effrayants et des conseils douteux ( « Tuyau de drague Globados gratis : les mecs adorent quand tu ris à leurs plaisanteries. Mais y a rien de moins sexy que toi quand tu veux les battre à leur propre jeu en jouant les bouffonnes ! Quand il sort une blague, souris pour qu’il voie tes dents et sache à quel point tu le « veux », et dis, « Qu’est-ce que t’es drôle ! » Tu lui suceras l’entrejambe en moins de deux, salope » »). Et puis tout fout le camp. Les Etats-Unis perdent leur hégémonie, et les petits américains font moins leurs malins lorsque leurs äppäräts se mettent à débloquer. Plus question de mesurer son taux de de pH, de « sang intelligent » ou de « traitement bêta ». Retour momentané obligatoire vers les bases oubliées d’un ancien monde, parsemé de quelques technologies modernes rescapées. Retour qui ne s’effectue pas forcément pour le meilleur… parce que l’être humain, à partir du moment où il progresse sur une voie, ne peut plus faire marche arrière comme si de rien n’était. Entre quelques réflexions sur l’éternité, l’identité, les origines et les relations sociales, Super triste histoire d’amour piétine parfois de longues pages durant. Comme Lenny Abramov, nous restons coincés dans un monde qui ne permet aucune liberté de pensée. Il faut avoir du cran pour résister à la tentation de la facilité, et on accueille avec un plaisir compréhensible les bourrasques verbales échangées sur Globados. Un monde qui calcule tout et nous évite de nous appesantir trop longuement sur la diversité et la complexité des caractères humains serait-il vraiment si horrible qu’on le pense ? Si l’histoire d’amour entre Lenny et Eunice est super triste, c’est parce qu’elle échoue lorsque tous les critères de mesure « objectifs » disparaissent, laissant libre cours au jugement de chacun de s’exercer selon ses propres critères. En ardent rétracteur de l’äppärät, Gary Shteyngart laisse à son tour son lecteur libre d’interpréter son histoire à sa façon, loin des normes du « bien » ou du « mal » -se cachant toutefois derrière une façade de quelques idées convenues parfaitement dispensables. Tolstoï dans l'avenir : - Citation :
Bref, ce qui m’a un peu fait flipper, c’est que j’ai vu Len lire un livre (Non, ça PUAIT pas. Il met du désodorisant dessus.) Pas scanner un texte comme on avait fait en classiques européens avec La Châtreuse de Parme, je veux dire LIRE pour de vrai. Il avait sorti une règle et il la faisait descendre très lentement sur la page et puis on aurait dit qu’il se murmurait des petites choses à lui-même, comme s’il essayait de tout comprendre dans les moindres détails. Je voulais appeler ma sœur mais j’étais si gênée que je suis restée plantée là à le regarder lire, et ça a duré genre UNE DEMI-HEURE, et finalement il a posé le livre et j’ai fait comme si de rien n’était. Alors j’ai jeté un coup d’œil et c’était ce Russe, Tolstoï, qu’il lisait (ça paraît logique, vu que les parents de Lenny viennent de Russie). Moi qui prenais Ben pour une tronche parce que je l’avais vu streamer Les Chroniques de Narnia dans un café à Rome, mais le Tolstoï, c’était un LIVRE de mille pages, pas du streaming, et Lenny en était à la page 930, presque au bout. « Mais inquiet, je l’étais. Comment ne pas l’être ? Signalé par une putain de loutre. Merde. »
Images de Miguel Navarro | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Gary Shteyngart Sam 6 Juil 2013 - 13:36 | |
| Absurdistan Ce roman est le récit à la première personne de Micha Vainberg, juif russe, fils d’un baron de la mafia richissime. Envoyé faire ses études aux USA, il a pris goût à la vie américaine, et lorsque son père fait tuer un homme d’affaires américain, ce qui rend Micha interdit de séjour, il se désespère se sentant exilé dans le pays de sa naissance. Après la mort de son père, tué par un concurrent, un flic véreux propose à Micha une combine pour quitter la Russie : acheter la nationalité belge grâce aux services d’un employé de l’ambassade belge en Absurdistan, une ex république soviétique, devenue indépendante et riche grâce au pétrole. Micha se rend donc là-bas, mais rapidement les choses dégénèrent : entre assassinats politiques, guerre civile et intervention internationale, l’endroit devient des plus dangereux. D’autant plus dangereux pour Micha, que certaines factions comptent bien se servir de lui, profitant de sa grande naïveté. Difficile pour moi de dire quelque chose de ce livre, sauf que ce n’est vraiment pas un livre pour moi. Désolée. Question de génération sans doute, mais je n’ai pas pu m’intéresser un seul instant à tous ces personnages, qui ressemblent presque à des personnages d’un jeu vidéo : une seule dimension, des types plus que des personnes. J’ai bien compris l’aspect fable cherchant à démonter les absurdités et horreurs de notre monde contemporain, mais cela tourne trop à une farce un peu mécanique à mon goût. Je n’ai pas eu le sentiment que l’auteur avait à dire quelque chose de différent que ce que l’on avait déjà dit ailleurs, et cet aspect de tout exagérer, de pousser à outrance ne m’a pas convaincue. Certes l’humour, mais un peu trop systématique et prévisible, cela ne m’a plus amusé au bout de quelques dizaines de pages. Je n’ai pas pu m’empêcher de trouver cette façon de parler des problèmes du monde superficielle, une sorte de zapping où l’on passe d’un thème à l’autre, en accentuant au maximum pour produire un effet, mais sans rien creuser vraiment. Mais le côté endiablé (il se passe toujours quelque chose et on va de plus en plus loin dans l'escalade) et ironique peut certainement plaire, et je ne m'étonne pas du succès de l'auteur. | |
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| | | | Gary Shteyngart | |
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