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Sujet: oeuvres musicales en littérature et poésie Mer 1 Fév 2012 - 19:48
Je reprends en l'inversant, le titre d'un fil déjà existant...Il ne me semble pas qu'un fil similaire existe, sinon ami modérateur, tu connais la suite.
Cet air joue un grand rôle dans The rain before it falls,de Jonathan Coe
Et celui-ci pourrait être une mélodie galicienne, selon un des personnages de La plage des noyés, de Domingo Villar.
Dernière édition par nezumi le Jeu 2 Fév 2012 - 10:43, édité 1 fois
Invité Invité
Sujet: Re: oeuvres musicales en littérature et poésie Jeu 2 Fév 2012 - 10:43
Une oeuvre que je n'aurais jamais connue sans 1Q84 d'Haruki Murakami.
"A l'origine, cette partition avait été composée pour une fanfare à l'occasion d'une réunion sportive. Le vent soufflait doucement, en accord avec la musique, sur les steppes verdoyantes de Bohême. "
Invité Invité
Sujet: Re: oeuvres musicales en littérature et poésie Ven 3 Fév 2012 - 13:24
A l'idée d'écouter "Volunteered slavery" (esclavage volontaire) du jazzman multi-instrumentiste Roland Kirk, le narrateur de Pierrot-la-gravité, d'Isaka Kotaro, est d'abord assez réticent...
"Rien que ce titre me donnait des idées noires. Je voyais d'avance de quoi il s'agissait: de la musique dénonçant la discrimination raciale. Ce saxophoniste devait militer dans un mouvement quelconque. Je n'avais rien contre ce genre d'activités ni ces idées, mais je n'avais pas la moindre envie d'écouter ça. [...] Les premières notes du saxophone se sont élevées. Mon corps a réagi avant mon cerveau: je me suis redressé brusquement. Haru me regardait en ricanant. Contrairement à ce que je m'étais imaginé, les notes coulaient avec clarté et légèreté, si agréablement que j'en avais la chair de poule. C'était d'une légèreté inouïe. Et de plus, paradoxalement, cela n'avait rien de frivole. Ni de pesant. Ce saxo qui faisait le fou et ce piano bondissant vous allaient droit au coeur. [...] Cette légèreté prenait sa source ailleurs que dans les apparences ou la forme. Cela ne venait pas non plus d'un comportement excentrique, faisant fi de toutes les normes et cherchant à se singulariser. On sentait dans cette musique quelque chose de bien éloigné des justifications et des commentaires, de la critique et de la raison. "Il n'y a pas une once d'impertinence là-dedans, ai-je murmuré. - Ce type, il devait aimer le jazz et la musique plus que tout au monde, a ajouté papa en hochant la tête. - Les choses les plus graves, il faut les transmettre joyeusement, a dit Haru en détachant les mots, sans paraître s'adresser à personne en particulier."
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: oeuvres musicales en littérature et poésie Ven 3 Fév 2012 - 13:30
Sympa de lire le texte tout en écoutant la musique!
Invité Invité
Sujet: Re: oeuvres musicales en littérature et poésie Ven 3 Fév 2012 - 13:38
Contente que ce fil t'intéresse! Par le jeu des références il est fréquent que les oeuvres littéraires nous en fassent en découvrir d'autres. Mais les oeuvres musicales ne sont pas en reste et c'est intéressant, surtout pour ceux qui, comme moi, n'ont pas une culture musicale classique et jazzeuse très poussée.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: oeuvres musicales en littérature et poésie Ven 3 Fév 2012 - 14:30
L'omniprésence de Wagner dans La recherche du temps perdu dont L'enchantement du Vendredi Saint (version orchestrale ensuite intégrée dans Parsifal) est une des musiques préférées de Marcel Proust et le modèle principal de la fameuse Sonate de Vinteuil qui circule comme un leitmotive dans toute l'oeuvre.
Mais alors, autant que par l’identité que j’avais remarquée tout à l’heure entre la phrase de Vinteuil et celle de Wagner, j’étais troublé par cette habileté vulcanienne. Serait-ce elle qui donnerait chez les grands artistes l’illusion d’une originalité foncière, irréductible en apparence, reflet d’une réalité plus qu’humaine, en fait produit d’un labeur industrieux ? Si l’art n’est que cela, il n’est pas plus réel que la vie, et je n’avais pas tant de regrets à avoir. Je continuais à jouer Tristan. Séparé de Wagner par la cloison sonore, je l’entendais exulter, m’inviter à partager sa joie, j’entendais redoubler le rire immortellement jeune et les coups de marteau de Siegfried ; du reste, plus merveilleusement frappées étaient ces phrases, plus librement l’habileté technique de l’ouvrier servait à leur faire quitter la terre, oiseaux pareils non au cygne de Lohengrin mais à cet aéroplane que j’avais vu à Balbec changer son énergie en élévation, planer au-dessus des flots, et se perdre dans le ciel. Peut-être, comme les oiseaux qui montent le plus haut, qui volent le plus vite, ont une aile plus puissante, fallait-il de ces appareils vraiment matériels pour explorer l’infini, de ces cent vingt chevaux marque Mystère, où pourtant, si haut qu’on plane, on est un peu empêché de goûter le silence des espaces par le puissant ronflement du moteur ! (La Prisonnière)
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: oeuvres musicales en littérature et poésie Ven 3 Fév 2012 - 14:38
nezumi a écrit:
Contente que ce fil t'intéresse! Par le jeu des références il est fréquent que les oeuvres littéraires nous en fassent en découvrir d'autres. Mais les oeuvres musicales ne sont pas en reste et c'est intéressant, surtout pour ceux qui, comme moi, n'ont pas une culture musicale classique et jazzeuse très poussée.
C'est ce que j'aime le plus. Me laisser guider par cette toile d'araignée qui mène d'une oeuvre à une autre par un jeu de correspondances et de citations parfois inattendues ou nouvelles.
Dernière édition par Marko le Ven 3 Fév 2012 - 18:46, édité 1 fois
Invité Invité
Sujet: Re: oeuvres musicales en littérature et poésie Ven 3 Fév 2012 - 17:39
Merci pour cet ajout Marko, qui correspond à merveille au principe de ce fil.
shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
Sujet: Re: oeuvres musicales en littérature et poésie Ven 3 Fév 2012 - 18:25
Impossible de lire Marelle de Julio Cortazar sans fredonner quelques vieux airs de jazz, sans penser aux premiers musiciens US qui vinrent éblouir les nuits parisiennes...
Les nuages rouges et aplatis sur le Quartier latin, la nuit, l'air humide et les gouttes de pluie qu'un vent incertain jette contre la fenêtre faiblement éclairée, les vitres sales, l'une cassée et barrée de sparadrap rose. Plus haut, sous les gouttières de plomb, doivent dormir les pigeons, de plomb eux aussi, perdus en eux-mêmes, exemplairement antigargouilles. Protégé par la fenêtre, le parallélépipède moisi qui sent la vodka et la bougie, les vêtements mouillés et les restes de nourriture, vague atelier de Babs céramiste et de Ronald musicien, siège du Club, chaises de rotin, chaises longues déteintes, bouts de crayons et fils de fer par terre, une chouette empaillée à la tête mitée, un air banal, mal joué sur un vieux disque avec un âpre bruit de fond, un gratter crisser crépiter incessant, un saxo lamentable qui, un soir, en 28 ou en 29 a joué comme à tâtons sur un mauvais piano. Mais après venait une guitare incisive qui semblait annoncer autre chose et soudain (Ronald les avait avertis en levant un doigt) un cornet se détacha de l'ensemble et laissa tomber les premières notes du thème en s'appuyant sur elles comme sur un tremplin.
Bix s'élança et retomba en plein coeur, le clair dessin s'inscrivit dans le silence avec l'éclat d'un coup de griffe. Deux morts se battaient fraternellement, s'enlaçant, puis s'ignorant, Bix et Eddie Lang (qui s'appelait Salvatore Massaro) jouaient à la balle I'm coming Virginia, et où était-il enterré Bix, maintenant que, pensa Oliveira, et Eddie Lang, à combien de miles l'un de l'autre leurs néants qui, en une nuit future de Paris, se battaient guitare contre cornet, gin contre déveine, le jazz.
Invité Invité
Sujet: Re: oeuvres musicales en littérature et poésie Sam 4 Fév 2012 - 10:49
Super Shanidar, merci pour cette belle contribution!
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: oeuvres musicales en littérature et poésie Sam 4 Fév 2012 - 11:00
J'aime bien ce fil!
Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
Sujet: Re: oeuvres musicales en littérature et poésie Ven 10 Fév 2012 - 0:28
Un jour, dans une conversation avec des collègues de l'orchestre qui parlaient d'un ton léger de la possibilité de composer des portraits musicaux, d'authentiques portraits, pas des portraits types, comme ceux de samuel goldenberg et schmuyle, de moussorgsky, il déclara que son portrait, au cas où il existerait effectivement en musique , ne se trouverait dans aucune composition pour violoncelle, mais dans une très brève étude de chopin, l'opus vingt-cinq, numéro neuf, en sol bémol majeur. Ils voulurent savoir pourquoi, et il répondit qu'il ne parvenait pas à se voir lui-même dans quoi que ce soit qui eût été écrit sur une portée musicale et que cela lui semblait être la meilleure des raisons. Et que, en cinquante-huit secondes, chopin avait dit tout ce qu'il était possible de dire d'une personne qu'il ne pouvait pas avoir connue.
Et la mort tombe amoureuse du violoncelliste ( et court à sa fin) en l'écoutant jouer la Suite n°6 BWV 1012 de Jean Sébastien Bach
Les intermittences de la mort José Saramago
Dernière édition par Marie le Ven 10 Fév 2012 - 22:43, édité 1 fois
Invité Invité
Sujet: Re: oeuvres musicales en littérature et poésie Ven 10 Fév 2012 - 13:37
Merci pour ces morceaux Marie! La musique semble jouer un rôle tout particulier dans ce roman visiblement...
Invité Invité
Sujet: Re: oeuvres musicales en littérature et poésie Sam 9 Juin 2012 - 17:36
Le commissaire Laviolette, dans le Secret des Andrônes, de Pierre Magnan, se délecte à écouter une oeuvre de Mozart pour cor mais est dérangé par une silhouette inquiétante toute de noir vêtue...Ce n'est pas le même interprète et je ne suis pas sûre du morceau, mais pourquoi pas celui-ci ?
C'était la dernière des Nuits de la Citadelle. Or Laviolette, cette année-là, s'était installé à demeure à Sisteron afin de ne rater aucun spectacle. Il se dirigea donc parmi la foule vers le cloître St Dominique. Il suivit la file au guichet, prit son billet, paya et s'en alla, tournant délibérément le dos à l'entrée, sous le regard surpris de quelques personnes qui observaient son manège. C'est qu'il savait, non loin de là, un endroit commode pour écouter selon son goût. Il aimait la musique en solitaire et détestait les applaudissements à tout rompre qui saluent indifféremment toutes les interprétations, bonnes ou mauvaises. Encore que - il le reconnaissait volontiers - le public de Sisteron fût parcimonieux à cet endroit. Il s'enfonça sous un quinconce de micocouliers où quelques bancs, très éloignés les uns des autres, se blottissaient au plus obscur de la charmille. A mi-hauteur du clocher, le talus de l'esplanade masquait le public et la fosse de l'orchestre. En revanche, par contraste avec la clarté aveuglante qui délimitait les parties intactes de l'église au toit crevé, la nuit alentour était parfaitement obscure. La soirée était tiède, l'air léger, les feuilles des arbres frémissaient sans bruit. Laviolette étala son pardessus sur le banc et s'allongea à la clocharde. Il entendait les soupirs des instruments qu'on accorde et le brouhaha du parterre. Il allait se redresser pour, tout de même, en rouler une avant le début du concert, lorsqu'il perçut un pas discret sur sa gauche. Entre l'entonnoir de clarté et les profondeurs du feuillage, une forme indéfinissable passa, drapée dans un vêtement sombre qui luisait faiblement. "Qu'est-ce qu'il vient foutre ici celui-là ?" se dit Laviolette avec humeur. Il craignait d'être interpellé, que quelqu'un s'interposât entre lui et le bonheur de cette nuit. Mais la silhouette passait son chemin et Laviolette ne la distinguait plus qu'à peine qui s'installait sur le banc le plus à l'écart. L'orchestre éclata, les lumières s'éteignirent. Laviolette oublia le passant. Il ne songea plus à fumer. Roulé dans son pardessus, le panama sur l'oeil, menton posé au creux de la main, il s'abandonna à la musique. Il écouta sans remuer, à l’entracte, s'éteindre au plus profond des grottes de la Baume ces graves échos qui convenaient à son caractère. Plus tard, le cor de Vescovo s'éleva à son tour. Mozart, Vescovo et Sisteron célébrèrent leur mariage d'amour. Aucun air du monde n'eût mieux convenu au crève-coeur du son du cor. Il planait sur l'alpe de Lure et de Vilhosc. Il lançait très loin ses appels sur les murmures du vent dominant. La lune sortit des brumes, au delà de Laragne, et le regard vague de Laviolette qui errait dans cette direction fut bien forcé de s'accrocher au passage à cette silhouette immobile sur le banc le plus lointain, qui s'interposait entre l'horizon et lui. "Un facteur...", se dit-il. Un ample ciré noir encapuchonnait l'inconnu de la tête aux pieds. "Je suis stupide...Depuis trente ans les facteurs ne portent plus ce genre de ciré..." Il détourna les yeux. La vision de cet intrus l'indisposait et le gênait. Soutenu par l'orchestre, le son du cor escaladait un dernier arpège et s'éteignait d'un seul coup. mais son âme persistait une seconde entière dans les replis de pierre de la Baume.
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: oeuvres musicales en littérature et poésie Lun 16 Juil 2012 - 19:39
Ça va faire plaisir à Darkanny et à d'autres :
Pornography - The Cure
L'apocalypse des homards, Jean-Marc Agrati
Citation :
Il met Pornography des Cure. La nostalgie pulse, elle remplit l'espace. Les Curés ont judicieusement glissé dans leur chanson ce petit air de James Bond qui évoque toute la force de l'empire technologique et qui coule comme un jus chaud dans le renflement de ma bite. Puis on a de formidables explosions et on est bien obligé de se taire.
(Je n'ai pas réussi à entendre ce "petit air de James Bond".
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Sujet: Re: oeuvres musicales en littérature et poésie