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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Allan Pettersson Jeu 2 Fév 2012 - 14:33
Allan Pettersson (1911-1980)
L'oeuvre à laquelle je travaille est ma propre vie, celle qui est comblée, celle qui est maudite: j'y travaille pour retrouver le chant que l'âme a chanté autrefois. Elle prit corps auprès des petites gens qui ne croyaient pas en eux, qui furent traités comme des chiens, qu'ils soient blancs ou noirs, pour lesquelles la vie ne fut qu'un chemin maudit menant obligatoirement à la mort. Mais ces gens compatirent cependant au sort des autres, un puissant désir les emplissait d'une croyance - et alors le chant sortit avec violence, ardent, suppliant...jusqu'à ce que le monde leur demande de se taire. (...) Quand l'ange voué à rendre à l'âme ce chant, si simple et clair qu'un enfant s'arrêtera de pleurer, viendra-t-il? (Extrait d'une lettre de Allan Pettersson à Leif Aare)
Citation :
Gustaf Allan Pettersson est un compositeur et altiste suédois, né le 19 septembre 1911 à Västra Ryd et mort le 20 juin 1980 à Stockholm
Né d'un père forgeron alcoolique et violent qui eut quatre enfants, Allan Pettersson grandit dans la misère à Stockholm, où il vécut l'essentiel de sa vie. Il dit de lui-même : « Je ne suis pas tombé de mon berceau sur un piano, je n'ai pas passé d'enfance avec un père compositeur… non, j'ai appris à manier le fer brûlant avec le marteau d'un forgeron. Mon père était un forgeron qui avait dû dire non à Dieu, mais pas à l'alcool. Ma mère était une femme pieuse qui chantait et jouait avec ses quatre enfants. »
En 1930, il commença à étudier le violon et l'alto, ainsi que l'harmonie et le contrepoint au Conservatoire de Musique royal de Stockholm. Il devint un altiste distingué et commença à composer des chansons et des pièces pour petits orchestres de chambre. Au début de la Seconde Guerre mondiale, il étudiait l'alto à Paris. Durant les années 1940, il fut violoniste au sein de l'Orchestre de la Société des Concert de Stockholm, et prenait des cours particuliers de composition avec Karl-Birger Blomdahl et Otto Olsson. Ses compositions pendant cette décennie se résument à 24 Chansons Pieds-nus (1943-45) et un concerto pour violon et quatuor à cordes (1949).
En 1951, Pettersson composa la première de ses dix-sept symphonies, qu'il laissa inachevée. Les autres suivront rapidement. Également en 1951, il étudiera la composition à Paris, auprès de René Leibowitz et Arthur Honegger.
Il retourna en Suède en 1953. Cette même année, on lui diagnostiqua une polyarthrite et, à l'achèvement de sa cinquième symphonie en 1962, sa santé comme sa faculté à se mouvoir étaient sérieusement compromises. Son plus grand succès vint quelques années plus tard avec sa Septième Symphonie (1966-1967), qui est à ce jour la plus enregistrée de ses œuvres.
Le chef d'orchestre Antal Doráti assurera la création de nombre de ses symphonies et contribuera à asseoir sa notoriété durant les années 1970.
Allan Pettersson fut hospitalisé pour neuf mois en 1970, juste après la composition de sa Neuvième - et plus longue - Symphonie, et commença à composer la Dixième de son lit d'hôpital en 1972. On notera des similitude de circonstances de composition avec la composition de la Quinzième Symphonie de Dimitri Chostakovitch, qui lui est tout à fait contemporaine. La diffusion de l'enregistrement de sa Septième Symphonie (avec Antal Dorati conduisant le Philharmonique de Stockholm) fut un véritable évènement qui assura à Pettersson une renommée internationale. Durant la dernière année de sa vie, il composa la cantate Vox Humana (1974, sur des textes de poètes latinoaméricains. Un concerto pour violon et orchestre (1977-78) et pour alto et orchestre (1979), une Douzième Symphonie pour chœur mixte et orchestre (1973) sur des poèmes de Pablo Neruda, et une seizième symphonie (1979) qui produit une partie solo de saxophone alto particulièrement virtuose. Il commença aussi une Dix-Septième Symphonie, mais mourut avant de pouvoir la terminer.
Cauchemar de celui qui porte la responsabilité - je pourrais nommer les lecteurs, les rédacteurs, les intendants, les journalistes et aussi, tout particulièrement, les interprètes - on rêve: le génie, celui qui est méconnu, comparable à Schubert, au Schumann de l'époque de Düsseldorf, au Bartok durant son séjour aux USA, ce génie existe de nos jours, il a été parmi nous. Personne ne l'a reconnu. (Gerd Albrecht, chef d'orchestre)
Est-il possible que dans notre monde musical, encore si stérile, un musicien n'arrive pas à trouver sa place, que ce réseau ridicule de verbiage et de commerce existe, circule et échoue? Ce sont là des interrogations sans fin. Je ne peux et ne désire apporter aucune réponse, mais je dois avouer que je suis profondément honteux: il y a là-bas en haut, à Stockholm, un petit altiste, qui a vomi symphonie sur symphonie, comme un volcan - il est mort depuis huit ans - j'en ai entendu parler pour la première fois il y a quatre ans! (Andreas K.W. Meyer)
Je viens d'écouter cette fameuse 7e symphonie qui a été accueillie par une ovation debout et 4 rappels à sa création par Dorati, le 13 octobre 1968. Allan Pettersson était déjà très handicapé par sa polyarthrite rhumatoïde. Un grand quotidien de Stockholm titrait le lendemain: Dimanche soir, nous avons été témoins d'un événement qui ne se reproduira pas de si tôt; un grand compositeur suédois fut en effet présenté au public, interprété, et se vit attribuer le statut de grand compositeur suédois.
J'ai eu envie de faire ce post parce que ce que j'ai entendu en écoutant cette musique et le peu que j'ai pu lire sur ce compositeur, à commencer par ses propres écrits épars, m'a énormément touché en me donnant le sentiment d'avoir affaire à un être d'exception injustement méconnu. Un homme blessé par la vie, comme Schubert a pu l'être en son temps, et qui y a puisé une énergie et une beauté créatrices sidérantes. Pas de dodécaphonisme ou d'expérimentations électroniques, pas d'avant garde ou de révolution, il a creusé un sillon qui s'étend de Bruckner et Mahler à Shostakovich. On entend des climats terriblement sombres et parfois dissonants qui coexistent avec des envolées lyriques extrêmement pures et de toute beauté, donnant l'impression d'une lutte perpétuelle entre la folie ou la cruauté du monde et l'innocence perdue qui tente de se frayer un chemin. A la fin de cette longue plage musicale continue de 45 minutes on a le sentiment que c'est peut-être l'innocence qui a vaincu mais elle se fait bien modeste, fragile, éphémère et la symphonie s'achève doucement comme un point de suspension ou d'interrogation. C'est un chef d'oeuvre et j'espère avoir un jour la possibilité de l'écouter en concert (avec un voyage en Suède s'il le faut pour voir Leif Segerstam le diriger par exemple).
Extrait: Après une éclaircie sereine mais transitoire j'aime particulièrement le thème musical qui démarre à 2'49 et qui rappelle Shostakovich sous la forme d'une sorte de marche ou de valse funèbre.
et le final:
Je vais lire l'ouvrage qui est consacré à Allan Pettersson et peut-être y trouverai-je d'autres citations que je pourrai ajouter à ce fil.
Dernière édition par Marko le Jeu 2 Fév 2012 - 18:38, édité 1 fois
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Allan Pettersson Jeu 2 Fév 2012 - 15:22
Comme nous sommes sur un forum littéraire je fais un pont...
La 12e symphonie pour choeur mixte et orchestre d'Allan Pettersson utilise le(s) poème(s) de Pablo Neruda: Los muertos de la plaza dont je ne sais pas s'il existe une traduction française (je n'ai pas trouvé).
Pour les hispanophones:
Citation :
Poema Los Muertos De La Plaza de Pablo Neruda Los Muertos De La Plaza de Pablo Neruda. Este poema es parte de la obra literaria y Poemas Pablo Neruda Otros de sus poemas como Los Puentes de Pablo Neruda - Madrid (1936) de Pablo Neruda - Madrid (1937) de Pablo Neruda - Maestranzas De Noche de Pablo Neruda - Mariposa De Otoño de Pablo Neruda - pueden interesarte, asi como otros poemas romanticos, de amor, familia, amigos y mas. Poemas Pablo Neruda Poema Los Muertos De La Plaza de Pablo Neruda
(28 de enero de 1948. Santiago de Chile)
YO no vengo a llorar aquí donde cayeron: vengo a vosotros, acudo a los que viven. Acudo a ti y a mí y en tu pecho golpeo. Cayeron otros antes. Recuerdas? Sí, recuerdas. Otros que el mismo nombre y apellido tuvieron. En San Gregorio, en Lonquimay lluvioso, en Ranquil, derramados por el viento, en Iquique, enterrados en la arena, a lo largo del mar y del desierto, a lo largo del humo y de la lluvia, desde las pampas a los archipiélagos fueron asesinados otros hombres, otros que como tú se llamaban Antonio y que eran como tú pescadores o herreros: carne de Chile, rostros cicatrizados por el viento, martirizados por la pampa, firmados por el sufrimiento.
Yo encontré por los muros de la patria, junto a la nieve y su cristalería, detrás del río de ramaje verde, debajo del nitrato y de la espiga, una gota de sangre de mi pueblo y cada gota, como el fuego, ardía.
Allan Pettersson a par ailleurs lui-même écrit les textes de ses 24 Chants pour les va-nu-pieds pour voix et piano. La musique est simple et mélodique comme des chants populaires.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Allan Pettersson Jeu 2 Fév 2012 - 18:09
Et il a donc une actualité qui m'a d'ailleurs mis sur son chemin...
Christian Lindberg a reconstitué la 1ère symphonie qui n'existait qu'à l'état de fragments. Elle est couplée avec la 2e en attendant l'enregistrement d'une nouvelle intégrale de l'ensemble des symphonies (il en existe déjà une en coffret ou à l'unité chez CPO). Je suis curieux de regarder le DVD qui est associé au disque. Il y a apparemment un portrait du compositeur en plus des explications concernant la reconstitution de la 1ère symphonie.
Citation :
En 1951, à l’âge de 40 ans, Allan Pettersson quitte le confort matériel que lui procure son poste d’altiste à l’Orchestre de la société des concerts de Stockholm pour se consacrer entièrement à la composition. Il part à Paris étudier le dodécaphonisme avec René Leibowitz et suit en parallèle (et en antidote) l’enseignement d’Arthur Honegger. Il entame durant ces études la composition de sa Symphonie n°1, qu’il n’achèvera jamais et dont il interdira toute exécution. Happé par la commande de la Radio suédoise de ce qui allait devenir sa Symphonie n°2, Pettersson travailla épisodiquement à sa première symphonie avant de l’abandonner définitivement en 1955. Pourquoi ? La Symphonie n°1 de Pettersson était un mystère que le chef et compositeur Christian Lindberg a révélé à l’occasion du centenaire de sa naissance (voir notre dossier). Dans un DVD inclus en bonus, il y explique avec l’appui de musicologues passionnés comment l’œuvre a été obtenue de la veuve et reconstituée. Valait-elle la peine d’être exhumée et restituée ? Absolument. Longue d’une demi-heure, elle se divise en deux parties d’égales durées séparées par une courte citation d’une des plus mélodiques des Chansons aux pieds nus, procédé que le compositeur utilisera de manière frappante à travers son œuvre, particulièrement dans la Symphonie n°6 et le Concerto pour violon n°2. La première partie stupéfie par sa maturité d’écriture : Pettersson y est entièrement là, avec ce mélange d’atmosphère prenante, ponctuée de rythmes complexes et de climax savamment dosés. La seconde partie nous donne à voir le compositeur dans son atelier, on entend des ébauches, des bribes d’idées, on assiste à l’œuvre en formation, et il est fascinant de découvrir cela avec notre connaissance rétrospective de l’œuvre colossale de 16 symphonies qui restait à venir. La Symphonie n°2 avait déjà fait l’objet de deux enregistrements dont un facilement disponible chez CPO par l’attentionné Alun Francis, mais Christian Lindberg met un soin et une concentration tels dans cette œuvre qu’il la hisse au rang des grandes symphonies d’Allan Pettersson. Dès les premières mesures, lent battement de mesure qui sort du néant, nous sommes captivés. Lindberg se sort de tous les pièges et les contradictions du style de Pettersson : il crée un sens narratif continu, donne du liant entre les silences et les accents fortissimos, réussit la gageure de concilier l’indispensable mouvement collectif de l’orchestre et de mettre en valeur l’individualité des interventions des solistes, enfin il sait équilibrer le dramatisme général de l’œuvre en dénichant la fraîcheur enfantine et même la pointe d’humour avec lesquelles Pettersson a émaillé sa symphonie. L’orchestre est galvanisé, et enregistré de manière superlative.
Christian Lindberg a tout compris à Allan Pettersson. Engagé, le DVD qui complète le disque a été réalisé aux frais du chef d’orchestre. Habilement composé entre la narration de la découverte de la Symphonie n°1 et la vie du compositeur, le documentaire intéressera aussi bien les passionnés de Pettersson que ceux qui souhaitent en faire une première approche.
Aux côtés d’Antal Dorati, qui avait joué un rôle critique dans la reconnaissance internationale du compositeur dans les années 1960, et de Sergiu Comissiona, son meilleur interprète jusqu’alors, Christian Lindberg entre au panthéon de la légende petterssonienne. (Clé d'or Resmusica)
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Allan Pettersson Ven 3 Fév 2012 - 13:25
Marko a écrit:
Je vais lire l'ouvrage qui est consacré à Allan Pettersson et peut-être y trouverai-je d'autres citations que je pourrai ajouter à ce fil.
Livre partiellement consultable sur ce site pour ceux que ça intéresserait: Allan Pettersson par Jean-Luc Caron
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Allan Pettersson Sam 4 Fév 2012 - 14:03
Vox Humana , cantate pour solistes, choeur mixte et orchestre à cordes (1974) d'après des poèmes sud-américains.
coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
Sujet: Re: Allan Pettersson Jeu 9 Fév 2012 - 18:50
Marko a écrit:
Allan Pettersson (1911-1980)
Je viens d'écouter cette fameuse 7e symphonie qui a été accueillie par une ovation debout et 4 rappels à sa création par Dorati, le 13 octobre 1968. [...] J'ai eu envie de faire ce post parce que ce que j'ai entendu en écoutant cette musique et le peu que j'ai pu lire sur ce compositeur, à commencer par ses propres écrits épars, m'a énormément touché en me donnant le sentiment d'avoir affaire à un être d'exception injustement méconnu. Un homme blessé par la vie, comme Schubert a pu l'être en son temps, et qui y a puisé une énergie et une beauté créatrices sidérantes.
et le final:
Eh bien c'est encore une belle découverte que tu nous fais partager... J'aime beaucoup ce final.
Marko a écrit:
Allan Pettersson a par ailleurs lui-même écrit les textes de ses 24 Chants pour les va-nu-pieds pour voix et piano. La musique est simple et mélodique comme des chants populaires.
En voici peut-être un...si je ne me trompe... clic
On les trouve quelque part traduits ces textes?
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Allan Pettersson Ven 10 Fév 2012 - 16:29
coline a écrit:
Marko a écrit:
Allan Pettersson a par ailleurs lui-même écrit les textes de ses 24 Chants pour les va-nu-pieds pour voix et piano. La musique est simple et mélodique comme des chants populaires.
On les trouve quelque part traduits ces textes?
Ces chants sont intégralement traduits en français dans le livre consacré à Allan Pettersson (voir plus haut) comme en anglais pour 8 d'entre eux dans le livret du disque de Christian Lindberg. Ils sont autant de petites vignettes autobiographiques sous la forme de ballades qui évoquent la misère, la mort, le froid, l'innocence... Certains les comparent à l'univers de Gorki. Le langage comme la musique sont simples et directs, s'adressant au peuple et à ceux qui souffrent.
Chant 1: Chanson de lamentation
Parmi les nombreuses choses qui sont maigres, ma vieille jument et mon vieil amoureux, mon offrande à mon maître est moins que le minimum. Parmi les choses qui sont belles, tout ce qui est silence est le plus beau, la fleur de mon maître, qui se tient là et se couche.
Parmi ce qui attriste, j'aimerais souffrir énormément, car la joie du monde déçoit un petit invité solitaire. Parmi ceux qui interrogent je fais de même et j'interroge, mais celui que j'interroge toujours ne me répond jamais.
Parmi les nombreuses choses qui deviennent folles, que tu connais peut-être en toi-même, la plus folle est l'homme qui pense qu'il sait quelque chose.
coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
Sujet: Re: Allan Pettersson Ven 10 Fév 2012 - 16:43
Marko a écrit:
coline a écrit:
Marko a écrit:
Allan Pettersson a par ailleurs lui-même écrit les textes de ses 24 Chants pour les va-nu-pieds pour voix et piano. La musique est simple et mélodique comme des chants populaires.
On les trouve quelque part traduits ces textes?
Ces chants sont intégralement traduits en français dans le livre consacré à Allan Pettersson (voir plus haut) comme en anglais pour 8 d'entre eux dans le livret du disque de Christian Lindberg. Ils sont autant de petites vignettes autobiographiques sous la forme de ballades qui évoquent la misère, la mort, le froid, l'innocence... Certains les comparent à l'univers de Gorki. Le langage comme la musique sont simples et directs, s'adressant au peuple et à ceux qui souffrent.
Chant 1: Chanson de lamentation
Parmi les nombreuses choses qui sont maigres, ma vieille jument et mon vieil amoureux, mon offrande à mon maître est moins que le minimum. Parmi les choses qui sont belles, tout ce qui est silence est le plus beau, la fleur de mon maître, qui se tient là et se couche.
Parmi ce qui attriste, j'aimerais souffrir énormément, car la joie du monde déçoit un petit invité solitaire. Parmi ceux qui interrogent je fais de même et j'interroge, mais celui que j'interroge toujours ne me répond jamais.
Parmi les nombreuses choses qui deviennent folles, que tu connais peut-être en toi-même, la plus folle est l'homme qui pense qu'il sait quelque chose.
Merci!...
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Allan Pettersson Sam 11 Fév 2012 - 23:01
Je viens d'écouter le 2e concerto pour violon écrit tardivement en 1977/1978. C'est une oeuvre extrêmement puissante et belle. Elle est scindée en 2 parties très contrastées mais jouées d'un seul tenant de 55' environ. Le CD propose un découpage en 10 plages qui sont pratiques pour repérer certains passages particulièrement lyriques.
Les 30 premières minutes (plages 1 à 6) sont très complexes avec une écriture contrapuntique où s'enchevêtrent de manière conflictuelle le violon soliste et l'orchestre. C'est très impressionnant et très virtuose mais il faut y entrer. A l'issu de cet affrontement démarrent les 20 dernières minutes (plages 7 à 10) qui sont d'une grande beauté lyrique dans la pure tradition postromantique avec des sonorités plus étranges mais tonales et très mélodiques. Comme si le combat conte l'obscurantisme du monde était presque gagné avec seulement quelques échos résiduels de sonorités plus dissonantes. C'est grâce à cette partie envoûtante et le contraste qu'elle forme avec ce qui précède que ce concerto remporte un grand succès à chaque fois qu'il est joué. C'est une formidable découverte pour moi car on ressent immédiatement que c'est déjà un classique et une oeuvre indispensable. Un disque à découvrir absolument pour ceux qui aiment les concertos pour violon (notamment au XXe siècle).
Citation :
Le Concerto n°2 de Pettersson est un chef-d’œuvre de prime abord intimidant pour l’auditeur comme pour les musiciens, mais qui saura se faire reconnaître et aimer pour la maîtrise et la passion qu’il déploie dans le dialogue entre le soliste et l’orchestre, et pour son sujet qui est emblématique du XXème siècle, celui d’« un être humain (…) qui cherche à échapper à la menace du monde extérieur et de la collectivité », selon les termes du compositeur. Ce magnifique enregistrement s’inscrit parmi les sommets de l’intégrale de l’œuvre de Pettersson par le label CPO. (Resmusica)
Citation :
Le concerto, achevé en 1978, appartient à une période plus difficile d’accès du compositeur, qui commence à la Symphonie n°10 (1972), où le combat, la lutte, la douleur, prennent le pas sur le lyrisme. De fait, le concerto est extrêmement exigeant techniquement, et dure près d’une heure, soit près du double de la durée habituelle dans ce répertoire. Mais à la différence des symphonies qui le précèdent ou le suivent, il est profondément marqué par un retour au lyrisme, avec des mélodies d’une pureté fraîche et claire comme un lac de Scandinavie. La première moitié de l’œuvre est celle du combat entre le soliste et l’orchestre, limpide représentation de l’individu face à la société. On entend ici ce que Pettersson, créateur atypique et isolé autant par son tempérament que par la polyarthrite rhumatoïde qui le paralysait, disait de lui-même : «Je ne suis pas un compositeur ; je suis une voix criant, une voix criant qui menace de se noyer dans le bruit du temps ». L’autre moitié de l’œuvre est un chant, avec une mélodie d’une grande pureté, et on trouve l’autre face de l’humanisme de Pettersson, protectrice et universaliste : « Lorsque je compose (…), là, entre les côtes, se trouve un lieu de rendez-vous (…) où je rencontre toute l’espèce humaine, où chacun toujours se trouve et où chacun est un ».
Pour écouter la seconde partie plus accessible et "mélodique" il faut démarrer la vidéo à 31'48. La musique devient de plus en plus pure jusqu'à la fin. Certains thèmes faisant toujours penser à Shostakovich: