L'amour dure trois ans [Frédéric Beigbeder]

-L'Amour dure trois ans-- Frédéric Beigbeder

Citation :

Marc Marronnier, critique littéraire le jour et chroniqueur mondain la nuit, vient de divorcer d’Anne. Il est sûr à présent que l’amour ne dure que 3 ans. Il a même écrit un pamphlet pour le démontrer mais sa rencontre avec Alice va renverser toutes ses certitudes.

Personne ne s'est lancé? Je vais donc être la première (la seule peut-être?) à m'y coller. Bon, je ne vais surprendre personne si je vous dis que ce n'est pas l'affaire du mois ni la daube qu'elle aurait pu donner, juste un produit commercial, assez bien rendu et vite vendu mais pas non plus désagréable à ingérer. Des petites répliques chocs (déjà vues sur la BA) une superbe fille Louise Bourgoin (quelle pêche, à la météo on ne devait voir que du soleil avec elle) et un acteur hyper sympa, Gaspard Proust, décontracté et au charme certain, qui incarne au mieux son illustre modèle, le cynisme passant mieux quand il a la bouille de Proust...

Ceci dit il n'y a pas de surprises, c'est la comédie romantique version fashion, avec l'inévitable va et vient entre désillusions, promesses et coups fourrés inhérents, mais aussi le ton gentiment provoc, un mélange de désinvolture et de nouveau romantisme. Beigbeder a convoqué tout le gratin et quelques scènes suffiraient à elles mêmes tant elles sont jouissives (Valérie Lemercier en éditrice coupeuse de tête, Joey Starr en marié qui décoiffe, Anny Duperey en femme affranchie etc) On y retrouve même Michel Legrand, bref il y a de bonnes surprises. Mais on n'évite pas non plus les baisses de rythme ni ce côté prévisible. En gros ça peut agacer comme ça peut vous détendre, tout dépend. De toutes façons on l'aura oublié dans peu de temps. J'ai préféré de loin La délicatesse dans le genre, mais La critique a l'air de me donner tort, alors...


Bourgoin toujours entre la pluie et le beau temps.

L'amour dure trois ans

Je serai moins indulgent qu'Aériale. Rien de surprenant dans le film par rapport à la figure médiatique qu'incarne Beigbeder, et ce rendez-vous devient très vite complaisant et répétitif. Gaspard Proust et Louise Bourgoin sont assez maladroits dans leur jeu, et peinent à trouver la distance nécessaire pour donner une crédibilité à leurs personnages. Les seconds rôles (de Frédérique Bel à JoeyStarr) ne trouvent pas franchement leur place et prennent systématiquement la pose.
On peut trouver le propos amusant par sa désinvolture et ses fausses contradictions, mais les péripéties sont agaçantes tant elles manquent d'imagination et de légèreté. L'amour dure trois ans suit alors une trame prévisible jusqu'à son dénouement en forme d'énième sortie de piste. Rien ne justifie en tout cas le passage de la littérature au cinéma.

Avadoro a écrit:

Rien ne justifie en tout cas le passage de la littérature au cinéma.

Oh si ! Il y a beaucoup plus de gens qui vont au cinéma que de gens qui lisent un bouquin dans l'année !
Et, donc, ça fait nettement plus d'argent.

Bien sûr eXPie...je parlais d'un strict point de vue "artistique" (Beigbeder aurait pu faire un peu plus d'efforts).

Aeriale a écrit:

-L'Amour dure trois ans-- Frédéric Beigbeder

Citation :

Marc Marronnier, critique littéraire le jour et chroniqueur mondain la nuit, vient de divorcer d’Anne. Il est sûr à présent que l’amour ne dure que 3 ans. Il a même écrit un pamphlet pour le démontrer mais sa rencontre avec Alice va renverser toutes ses certitudes.

Personne ne s'est lancé? Je vais donc être la première (la seule peut-être?) à m'y coller. Bon, je ne vais surprendre personne si je vous dis que ce n'est pas l'affaire du mois ni la daube qu'elle aurait pu donner, juste un produit commercial, assez bien rendu et vite vendu mais pas non plus désagréable à ingérer. Des petites répliques chocs (déjà vues sur la BA) une superbe fille Louise Bourgoin (quelle pêche, à la météo on ne devait voir que du soleil avec elle) et un acteur hyper sympa, Gaspard Proust, décontracté et au charme certain, qui incarne au mieux son illustre modèle, le cynisme passant mieux quand il a la bouille de Proust...
Ceci dit il n'y a pas de surprises, c'est la comédie romantique version fashion, avec l'inévitable va et vient entre désillusions, promesses et coups fourrés inhérents, mais aussi le ton gentiment provoc, un mélange de désinvolture et de nouveau romantisme. Beigbeder a convoqué tout le gratin et quelques scènes suffiraient à elles mêmes tant elles sont jouissives (Valérie Lemercier en éditrice coupeuse de tête, Joey Starr en marié qui décoiffe, Anny Duperey en femme affranchie etc) On y retrouve même Michel Legrand, bref il y a de bonnes surprises. Mais on n'évite pas non plus les baisses de rythme ni ce côté prévisible. En gros ça peut agacer comme ça peut vous détendre, tout dépend. De toutes façons on l'aura oublié dans peu de temps. J'ai préféré de loin La délicatesse dans le genre, mais La critique a l'air de me donner tort, alors...

L'amour dure trois ans. Le premier film de Frédéric Beigbeder, 1h38. 98 minutes de trop ? Sans aller jusque là, la copie de l'élève Beigbeder est loin de valoir la moyenne, mais il est probable qu'il s'en fout, puisqu'il s'est fait plaisir à s'essayer à un nouveau support, en multipliant les citations littéraires, musicales et cinématographiques à l'envi. Ses deux références explicites sont le Woody Allen d'Annie Hall et le Michel Deville de L'ours et la poupée. Pas mal, mais ce n'est pas en reprenant quelques tics de l'un (les confessions face caméra) et les trucs de l'autre (l'incongruité et le chevaleresque déphasé) que l'on bâtit un film qui tient la route. Pour commencer, la direction d'acteurs fait cruellement défaut : si Louise Bourgoin ne s'en sort pas mal, de par sa fraîcheur, Gaspar Proust, qui n'a que l'expérience de ses one man shows, est trop souvent laissé à lui-même. Quelques seconds rôles tentent de colmater les brèches : Nicolas Bedos (il faudrait le revoir, lui), Valérie Lemercier, Bernard Menez, entre autres, mais leurs rôles sont en marge. Entre égocentrisme assumé et auto-dérision bienvenue, Beigbeder avait les moyens de réaliser autre chose que cette comédie romantique bancale qui navigue à vue entre cynisme et bluette. Dans le fond, le film est trop sage et ne décoiffe pas autant qu'espéré (si ce n'est dans le duo impossible entre Michel Legrand et Joey Starr). Pire, il y a un paquet de scènes totalement inutiles, des morceaux de dialogues insipides et une espèce de je-m'en-foutisme général qui rend l'entreprise suicidaire car sabordée de l'intérieur. C'est dommage, mais pas très surprenant de la part de Beigbeder qui a aussi cette fâcheuse tendance masochiste dans ses écrits. A se demander si l'animal n'a pas qu'une seule crainte, celle d'être pris au sérieux ?

traversay a écrit:

Aeriale a écrit:

-L'Amour dure trois ans-- Frédéric Beigbeder

Citation :

Marc Marronnier, critique littéraire le jour et chroniqueur mondain la nuit, vient de divorcer d’Anne. Il est sûr à présent que l’amour ne dure que 3 ans. Il a même écrit un pamphlet pour le démontrer mais sa rencontre avec Alice va renverser toutes ses certitudes.

Personne ne s'est lancé? Je vais donc être la première (la seule peut-être?) à m'y coller. Bon, je ne vais surprendre personne si je vous dis que ce n'est pas l'affaire du mois ni la daube qu'elle aurait pu donner, juste un produit commercial, assez bien rendu et vite vendu mais pas non plus désagréable à ingérer. Des petites répliques chocs (déjà vues sur la BA) une superbe fille Louise Bourgoin (quelle pêche, à la météo on ne devait voir que du soleil avec elle) et un acteur hyper sympa, Gaspard Proust, décontracté et au charme certain, qui incarne au mieux son illustre modèle, le cynisme passant mieux quand il a la bouille de Proust...
Ceci dit il n'y a pas de surprises, c'est la comédie romantique version fashion, avec l'inévitable va et vient entre désillusions, promesses et coups fourrés inhérents, mais aussi le ton gentiment provoc, un mélange de désinvolture et de nouveau romantisme. Beigbeder a convoqué tout le gratin et quelques scènes suffiraient à elles mêmes tant elles sont jouissives (Valérie Lemercier en éditrice coupeuse de tête, Joey Starr en marié qui décoiffe, Anny Duperey en femme affranchie etc) On y retrouve même Michel Legrand, bref il y a de bonnes surprises. Mais on n'évite pas non plus les baisses de rythme ni ce côté prévisible. En gros ça peut agacer comme ça peut vous détendre, tout dépend. De toutes façons on l'aura oublié dans peu de temps. J'ai préféré de loin La délicatesse dans le genre, mais La critique a l'air de me donner tort, alors...

L'amour dure trois ans. Le premier film de Frédéric Beigbeder, 1h38. 98 minutes de trop ? Sans aller jusque là, la copie de l'élève Beigbeder est loin de valoir la moyenne, mais il est probable qu'il s'en fout, puisqu'il s'est fait plaisir à s'essayer à un nouveau support, en multipliant les citations littéraires, musicales et cinématographiques à l'envi. Ses deux références explicites sont le Woody Allen d'Annie Hall et le Michel Deville de L'ours et la poupée. Pas mal, mais ce n'est pas en reprenant quelques tics de l'un (les confessions face caméra) et les trucs de l'autre (l'incongruité et le chevaleresque déphasé) que l'on bâtit un film qui tient la route. Pour commencer, la direction d'acteurs fait cruellement défaut : si Louise Bourgoin ne s'en sort pas mal, de par sa fraîcheur, Gaspar Proust, qui n'a que l'expérience de ses one man shows, est trop souvent laissé à lui-même. Quelques seconds rôles tentent de colmater les brèches : Nicolas Bedos (il faudrait le revoir, lui), Valérie Lemercier, Bernard Menez, entre autres, mais leurs rôles sont en marge. Entre égocentrisme assumé et auto-dérision bienvenue, Beigbeder avait les moyens de réaliser autre chose que cette comédie romantique bancale qui navigue à vue entre cynisme et bluette. Dans le fond, le film est trop sage et ne décoiffe pas autant qu'espéré (si ce n'est dans le duo impossible entre Michel Legrand et Joey Starr). Pire, il y a un paquet de scènes totalement inutiles, des morceaux de dialogues insipides et une espèce de je-m'en-foutisme général qui rend l'entreprise suicidaire car sabordée de l'intérieur. C'est dommage, mais pas très surprenant de la part de Beigbeder qui a aussi cette fâcheuse tendance masochiste dans ses écrits. A se demander si l'animal n'a pas qu'une seule crainte, celle d'être pris au sérieux ?

Etrangement j'ai trouvé un certain plaisir à voir ce film bien que ce ne soit pas vraiment du cinéma (ou très peu). Et d'autant plus que je suis en train de lire Proust et qu'il est manifeste que c'est la référence essentielle de ce film (et du roman d'origine forcément) ... Si si!! Outre le fait qu'on voit son portrait en forme de cible criblée de fléchettes comme l'auteur indépassable à abattre sur le mur du salon parmi d'autres artistes, et que le nom du comédien Gaspar Proust évoque l'illustre écrivain (bien que sans aucun lien de parenté et choisi d'abord pour sa ressemblance avec Beigbeder), les thèmes abordés sont totalement proustiens. Notamment ces "intermittentences du coeur" d'un Beigbeder/narrateur constamment indécis et contradictoire avec son Albertine/Louise Bourgoin (qui par contre n'est pas lesbienne) et la transposition dans les soirées people des déambulations de Proust au sein de l'Aristocratie. C'est un amour de Swann à l'époque de la téléréalité, du bling bling et de l'appauvrissement du langage. L'autodérision en plus (Beigbeder sait très bien qu'il ne sera jamais un Marcel Proust) et un regard à la fois immature et aigu sur ce petit monde factice qui l'entoure. Cela tient du film à sketchs et on trouve aussi bien des blagues de potaches peu inspirées (pas tant que ça) que des répliques qui font mouche (j'ai souvent ri ou souri). C'est joyeusement bordélique, très inégal mais plutôt plus intéressant que bien des comédies lourdingues qu'on peut voir sur les écrans régulièrement. J'ai aimé cette façon de montrer que sa propre vision de l'amour et du couple est d'une immaturité totale en apparence tout en parvenant à restituer quelque chose de l'air du temps en observateur à la fois candide et très malin. C'est beaucoup plus subtil que ça en l'air sous l'apparence d'un grand n'importe quoi qui s'achève sur un mariage homo kitschissime avec Michel Legrand au piano (et Joe Starr avec son surfer!!). Beigbder n'est pas un cinéaste et peut-être pas un grand écrivain mais il a une place et quelque chose à dire qui a du séduire un Michel Houellebecq ventant les mérites de son "Un roman français" plus récemment. Je suis probablement très indulgent mais ce type a quelque chose d'intéressant. Une façon d'avoir l'air de se foutre de tout avec délectation tout en touchant à des choses très justes. J'aime bien ce non-film!

J'avais plus ou moins renoncé à ce film... Peut-être que je peux tout de même attendre le dvd ou un vrai creux d'la vague devant une salle de ciné.

Queenie a écrit:

J'avais plus ou moins renoncé à ce film... Peut-être que je peux tout de même attendre le dvd ou un vrai creux d'la vague devant une salle de ciné.

Tu peux attendre sans problème!