Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Francis Carco

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animal
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MessageSujet: Francis Carco   Francis Carco EmptyMar 14 Fév 2012 - 22:44

Francis Carco Cff18410

Francis Carco (1886-1958)

Citation :
(...) ce poète et romancier qui fut l'un des écrivains français réalisant les plus forts tirages de l'entre-deux guerres.
Auteur d'une centaine d'ouvrages, il fut successivement lauréat du Grand Prix du roman de l'Académie française (1922), membre éminent de l'Académie Goncourt à partir de 1937, commandeur de la Légion d'honneur (1949), couronné par le Grand Prix de la ville de Paris (1957). Il a marqué de son empreinte la littérature de la première moitié du XXe siècle et Céline s'inspira de son style pour écrire son Voyage au bout de la nuit.
editions-du-rocher.com

plus de détail : wikipedia.org



Jésus-La-Caille (1914)

Une traversée de 18 mois dans le Paris d'alors, à Montmartre surtout, en compagnie de Jésus-La-Caille et de Fernande, respectivement gigolo et proxénète et homosexuel pour l'un, prostituée pour l'autre. Deux figures. Bambou le compagnon de Jésus-La-Caille part en prison, puis c'est le Corse, l'homme et proxénète de Fernande. reste Pépé La Vache et toute une population de la nuit, des bars et du pavé. Rapports de séductions, de peurs, d'amours, rapports de force... trouble au fil des journées humides et des verres nombreux. Un temps Jésus-La-Caille et Fernande seront ensembles, et avec d'autres.

Avec une langue d'époque c'est parfois un peu confus d'autant qu'il n'y a pas que la langue qui évite de nouer tous les fils de l'histoire. Il faut que ça flotte dans un hébètement désemparée un peu craintif. Et blessé énamouré en dépit du bon sens et des intérêts (et un peu maso il faut le dire). Et autre source de vacheries des uns comme des autres.

Étrange, émaillé de descriptions qui sente les heures d'attente tranquille de cette ville qui si elle a changé aura sans doute toujours des rues et son ciel.

Le quatrième de couverture de mon édition est une citation de Julien Green, extraite de son Journal :

"Relu Jésus-la-Caille qui m'a paru excellent d'un bout à l'autre. On y chercherait en vain une faute, une vulgarité. Ce sujet extraordinairement scabreux est traité sans fausse pudeur."

Le déroulement de l'histoire ou cette histoire elle même ne sont pas exceptionnels, il y a une construction de roman mais le ton qui masque avec indolence la tension de l'attente est réel et il y a une transparence des attitudes qui les rend très proches. Comme être témoin et soi-même dans une sorte de passage à vide. Le tout en porte à faux par l'entremise de ce monde à la marge.

Pas la lecture du siècle mais intéressant pour des raisons très diverses de contenu et d'époque.
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Bédoulène
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MessageSujet: Re: Francis Carco   Francis Carco EmptyMer 15 Fév 2012 - 9:42

il me semblait qu'il y avait un fil déjà ouvert à et y avoir laissé un message ?
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Constance
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MessageSujet: Re: Francis Carco   Francis Carco EmptyMer 15 Fév 2012 - 11:33

Bédoulène a écrit:
il me semblait qu'il y avait un fil déjà ouvert à et y avoir laissé un message ?


Nous en avons toutes deux discuté sur le fil "Coup de coeur poétique", Bédoulène. sourire
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MessageSujet: Re: Francis Carco   Francis Carco EmptyVen 17 Fév 2012 - 22:30

c'était ici les poèmes.

début (pas ce qu'il y a de mieux dans le bouquin d'ailleurs) :

Citation :
Il pleuvait. L'eau mollement, fouettait les vitres du petit bar.
- Bonsoir, la Vache, dit en entrant Jésus-la-Caille et, plus bas, - il était blême :
- Bambou est fait.
- Bambou ?
Pépé-la-Vache, abandonnant la lecture de Paris-Sport, déchargea un coup de poing sur la table.
- De quoi ? s'exclama-t-il, on a fait l'môme Bambou !
Il rabattit par habitude le bord de son chapeau de feutre, caressa ses courtes moustaches et, moulé dans son chandail gris au col lâche, planta ses yeux brillants dans ceux, très clairs, de Jésus-la-Caille, qui soutint ce regard sans broncher.
Près d'eux, des musicos jouaient au zanzibar. Les dés heurtaient le marbre mince. Des voyous, debout près du mur, s'essayaient à lancer les billes de l'appareil à jetons.
Il était deux heures du matin.
- T'aurais pas vu Mina ? demande la Caille.
- Non, j'ai pas vu Mina.
- Mina en était. Figure-toi : c'est elle qui lève le pante, mais il voulait un gigolo. Bambou arrive. On s'entend. A la caisse, la Jeanne, qui observait le client, leur fait signe de la tête : "Non! Non! Méfiez-vous. Il n'est pas franc." Tu parles! Vingt minutes après, Mina rappliquait en vitesse : "L'môme est poissé!" Là-dessus elle en a joué un air à fond de train.
La Caille parlait vite. Sa jolie gueule de fille, à peine fardée, s'animait étrangement. Il se leva. La martingale du pardessus brida ses reins souples.
Pépé-la-Vache serra la main que l'ami de Bambou lui tendait et, le regardant s'éloigner :
- Un coup du Corse, murmura-t-il, ou j'suis manchot. C'est aller fort. Atout! Et atout!... Sauf Mina... Mais Mina va la boucler.
Il jugeait sobrement les choses. Il connaissait la haine instinctive du Corse pour le couple équivoque et, comme le Corse, il détestait Bambou, la Caille et ceux de leur espèce, mais ne le montrait point. Tout prudence, au contraire, il favorisait à Montmartre l'action de la police qu'il flétrissait afin d'affirmer des sentiments violents alors que, dans les bars, on déclarait : "Mort au bourriques et mort aux tantes!"
Pépé-la-Vache, qui admirait la force et la préférait à tout, reprit la lecture de Paris-Sport, mais ne put s'y intéresser. Il évoquait Bambou. D'autres arrestations de même ordre lui furent présentes à l'esprit. Il savait le rôle qu'il y avait joué. Ici, les circonstances le portaient à croire que le Corse s'était occupé de l'affaire. Cela l'humiliait, l'intriguait... Enfin, il se demandait comment Bambou, petit homme brun vicieux, était tombé dans un piège et pourquoi l'on n'avait pas mis la main du même coup sur les deux amis.
Pépé rejeta alors son journal, paya son verre et, poussant la porte vitrée du bar, prit à droite la direction qu'avait suivie la Caille.


Dernière édition par animal le Sam 18 Fév 2012 - 12:58, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Francis Carco   Francis Carco EmptySam 18 Fév 2012 - 11:19

Etant une inconditionnelle de Carco, je ne peux donner qu'un avis subjectif cependant, en quelques lignes, Francis Carco plante le décor et son atmosphère glauque, et en quelques mots, il y brosse le portrait des principaux personnages de son roman.
Avec ces quelques éléments descriptifs, un peintre pourrait aisément représenter cette scène.
C'est un coup de maître !

Sinon, le nom générique de "Jésus" fut attribué aux homosexuels s'adonnant à la prostitution, par le service des mœurs de la police parisienne.
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MessageSujet: Re: Francis Carco   Francis Carco EmptySam 18 Fév 2012 - 13:02

Par rapport à d'autres pages je dirai quand même non. à la relire hier si elle est réussie c'est vrai et qu'elle travaille déjà à emmêler quelques visions elle n'a pas l'acuité particulière qui se développe plus loin. En cela elle est assez trompeuse et apparait un peu sommaire.
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Bédoulène
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MessageSujet: Re: Francis Carco   Francis Carco EmptySam 18 Fév 2012 - 16:53

j'ai la mémoire qui flanche... merci Constance et Animal.

je m'y replongerais certainement.
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MessageSujet: Re: Francis Carco   Francis Carco EmptyVen 1 Nov 2013 - 11:28

Dans une veine populaire, la poésie de Francis Carco n'est pas sans charme.

À Éliane

Il pleut – c’est merveilleux. Je t’aime.
Nous resterons à la maison :
Rien ne nous plaît plus que nous-mêmes
Par ce temps d’arrière-saison.

Il pleut. Les taxis vont et viennent
On voit rouler les autobus
Et les remorqueurs sur la Seine
Font un bruit…qu’on ne s’entend plus !

C’est merveilleux : il pleut. J’écoute
La pluie dont le crépitement
Heurte la vitre goutte à goutte…
Et tu me souris tendrement.

Je t’aime. Oh ! Ce bruit d’eau qui pleure,
Qui sanglote comme un adieu
Tu vas me quitter tout à l’heure :
On dirait qu’il pleut dans tes yeux.
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MessageSujet: Re: Francis Carco   Francis Carco EmptyVen 1 Nov 2013 - 12:11

merci Thierry, il faut que j'y revienne !
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MessageSujet: Re: Francis Carco   Francis Carco EmptyJeu 16 Jan 2014 - 12:30

.

Francis Carco 00067-11

Grand prix du roman de l'Académie française en 1922.



En préambule au roman, Albin Michel propose un extrait de "Francis Carco vous parle" (Dans la série des entretiens de la Radiodiffusion française.), extrait dans lequel l'auteur dévoile les éléments inspirateurs du roman.

Extrait du préambule :


Citation :
- Abordons, maintenant L'homme traqué. Comment avez-vous eu l'idée d'écrire ce livre ?
- J'habitais Montmartre. Et chaque fois que j'emprunterais le raidillon de la rue Tholozé pour gagner le sommet de la butte, j'apercevais, à gauche, dans le sous-sol d'une boulangerie, un geindre qui défournait des pains. Une grande lumière montait du soupirail.
- Rue Tholozé ?
- Certainement. A l'angle de la rue des Abbesses, en face du bureau de tabac. Et cette lumière, vers trois ou quatre heures du matin, m'attirait, me fascinait. Des filles qui rentraient se coucher s'arrêtaient devant le fournil.
- Vous avez cependant situé votre roman aux Halles ?
- C'est mon droit. Vous venez de me demander comment j'ai eu l'idée de l'homme traqué. Je vous réponds. La présence du geindre dans le fournil, le décor, m'ont fourni le cadre de mon récit. Je n'ai fait par la suite que le transposer dans le quartier des Halles.




Début des années 20. Depuis trois semaines, le quartier des Halles est en émoi, les "filles de joie" râlent contre la multiplication des rafles de police, mais l'assassin d'une concierge de la rue Saint-Denis court toujours.
François Lampieur, un ouvrier boulanger du quartier " à voir Lampieur avec ses cheveux coupés ras, son pantalon tenu comme au régiment par une bretelle qui servait de ceinture, son tricot à raies bleues, son attitude courbée, ses larges mains, ses épaules puissamment arrondies et l'expression sérieuse de son visage, l'idée ne venait à personne qu'il pût cacher, sous des dehors semblables, autre chose qu'une espèce d'honnête homme bourru, d'une quarantaine d'années et sans aucune conversation", n'éprouve aucun remords d'avoir commis ce crime crapuleux - dont il a caché le butin dans l'excavation d'un mur de son fournil - seule le tourmente l'idée obsessionnelle que l'une des prostituées qui battent le pavé ne puisse témoigner de son étrange absence à l'heure du crime alors qu'elle accomplissait le rituel de la ficelle glissée avec douze sous de pain dans le soupirail "et, elles attendaient, pour la retirer, que le morceau de pain, noué à son extrêmité, y suspendît son poids."  

Alors quand, là "où il prenait chaque soir un verre de vin blanc avant dîner", le bistrotier Fouasse avance l'idée qu'une femme était dans le coup et garantit que "Et si jamais on met la patte dessus, cherchez pas, ce sera cause à la femme, comme toujours", Lampieur sombre dans les affres de l'angoisse, se martelant intérieurement cette affirmation sonnant comme une sentence.


Lampieur coudoie quotidiennement les prostituées, des habituées du débit du père Fouasse, mais laquelle d'entre elles pourrait le dénoncer à la police ?


"C'était presque une enfant que Léontine ou plutôt un de ces êtres chétifs, comme on en rencontre dans les villes, et qui, flétris avant même que d'avoir jamais eu des couleurs, accusent seize ou trente ans à vingt et ne vieillissent plus", et si elle a fait le choix de garder le silence - par mépris pour la police, et en même temps par crainte d'être suspectée pour n'avoir pas immédiatement parlé - elle se fait involontairement la complice de Lampieur.

Cependant, mue par sa fascination pour ce crime, Léontine commet l'imprudence d'espionner Lampieur, elle le suit ... elle est à sa merci.

Victime née, terrifiée, elle se soumet au désir charnel de Lampieur, puis, sans concertation, en une floue logique tacite, frappée de fatalité, ils font vie commune. S'ensuit alors une existence morne, s'installe une relation maître-esclave nouée autour du crime, ponctuée par les injures et les coups expiatoires de Lampieur; humiliations auxquelles Léontine accorde le pardon au nom d'une mission quasi mystique en l'acceptation de la figure rédemptrice ... jusqu'à sa rébellion et sa fuite qui entraîneront leur perte.



Dans un climat à la Simenon, Francis carco délaisse l'intrigue policière et nous fournit, dès les premières pages, tous les éléments de ce roman noir, axé sur une fine étude  psychologique des deux principaux protagonistes travaillés par leur conscience.
En toile de fond, le Paris du début des années 20 nous plonge dans ce qui fut l'univers interlope du quartier des Halles, antan quartier malfamé où le bourgeois haussmannien venait s'encanailler au sortir du spectacle (la tournée des Grands-ducs).
Carco nous laisse à voir l'envers du décor de ce Paris pittoresque de carte postale, où se cotoient les filles de joie débarquées de leur province, les clochards, les ouvriers, les artisans, et les petits commerçants. C'est le Paris populaire des hôtels de passe crasseux, des chambres au meublé vétuste et miteux, celui des petites gens qui noient leur misère dans les débits d'alcool.


Extraits :


Citation :
C'était l'heure vague et vide qui précède celle de l'apéritif. De rares consommateurs, assis sur les banquettes, devant un demi-setier d'aramon, étalaient des mégots qu'ils avaient ramassés dehors et en confectionnaient pour leur usage des cigarettes. [...]
Etrange retraite que ce débit ! resserrée en façon de couloir, malpropre, pleine d'une poisseuse humidité ... Mais elle avait son caractère, quand, se mêlant aux malheureux qui en formaient la peu brillante pratique, des prostituées en cheveux et grossièrement maquillées y venaient à la nuit se chauffer près du poêle. (p.15)



Citation :
Néanmoins, Léontine approchait des Halles et prenait, par les rues de la Grande-Truanderie et Pierre lescot, le chemin qu'elle s'était fixé. Partout, dans les recoins et les bars, des maraîchers, des hommes de peine, des pauvresses, de mornes individus habillés de guenilles se pressaient, s'agitaient. Des camions circulaient parmi ce flot humain et stoppaient sans dommage pour personne devant les entrepôts.
Des porteurs arrivaient; ils déchargeaient les camions. Celui-ci contenait, proprement partagés en deux, des cochons aux chairs roses; celui-là, des moutons, et d'autres, qui se frayaient nonchalamment une voie à travers tant d'issues encombrées, des peaux roulées ou entassées l'une sur l'autre et puant l'abattoir. (p.76 et p.77)




Citation :
Le lendemain, elle se réveilla dans la chambre de Lampieur et non pas comme celui-ci l'aurait peut-être souhaité, mais comme une prostituée qui n'aspire qu'au repos et qui reporte sur un seul homme l'horreur qu'elle a de tous les hommes et de sa propre ignominie. Léontine regarda autour d'elle; une affreuse humiliation s'ajoutait à sa honte et elle en sentit l'aiguillon. Or léontine ne pouvait s'en prendre qu'à elle seule d'être tombée si bas qu'il lui fallait, désormais, accepter de subir la volonté de Lampieur. (p.95)



Francis Carco 13259710

Les Halles, le matin




En 1946, Robert Bibal a mis en scène "L'homme traqué", scénario de Francis Carco et Claude Dolbert, et musique de Vincent Scotto.  


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MessageSujet: Re: Francis Carco   Francis Carco EmptyJeu 16 Jan 2014 - 14:38

merci Constance, je suis sure que ce livre me plairait (encore un livre sur la liste) mais je poursuis le temps, mais il est toujours derrière moi !  jypeurien

fautes corrigées oups


Dernière édition par Bédoulène le Ven 17 Jan 2014 - 14:58, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Francis Carco   Francis Carco EmptyJeu 16 Jan 2014 - 14:40

Carco et MacOrlan, lus dans l' adolescence et oubliés depuis... Y retourner ?
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MessageSujet: Re: Francis Carco   Francis Carco EmptyVen 17 Jan 2014 - 11:45

Bédoulène a écrit:
merci Constance, je suis sure que ce livre me plairait (encore un liste sur la liste) mais je poursuit toujours le temps, mais il est toujours derrière moi !  jypeurien 


Nous en sommes tous là, Bédoulène ...  jypeurien pour ma part, depuis 5 ans, hors quelques écarts, je me suis fixé la priorité d'explorer l'oeuvre des auteurs français quasi oubliés de la première moitié du XX ème siècle.


bix229 a écrit:
Carco et MacOrlan, lus dans l' adolescence et oubliés depuis... Y retourner ?


Comme l'a si justement écrit Sigismond, on ne lit pas de la même manière à l'adolescence qu'à l'âge adulte, Bix.

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MessageSujet: Re: Francis Carco   Francis Carco EmptyVen 17 Jan 2014 - 14:54

Je dirai meme plus, on ne lit pas de la meme façon à tous les ages de la vie. Ni meme d' une semaine et
d' un jour ou l' autre. Il y a tellement d' incidentes, d' humeurs, de disponibilité ou non, que le sort d' un
seul livre peut patir ou bénéficier du moment où nous le lisons.

Sans parler de la pluralité en nous de composantes diverses, et parfois contradictoires ! jypeurien
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MessageSujet: Re: Francis Carco   Francis Carco EmptyMar 1 Avr 2014 - 10:49

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Francis Carco 4aaa10



Ce roman dédié à Roland Dorgelès et publié en 1919, fut écrit par Francis Carco durant sa période de réforme,(approximativement entre 1917 et 1918).
Pour l'anedocte, il écrivit à l'un de ses amis "Vous avez bien voulu me promettre votre appui pour le prix Goncourt. Voici "L’Equipe" que je présente à ces Messieurs et je vous demande de ne pas me lâcher, bien qu’il soit tard. Un mot dans l’Opinion ou aux Débats me rendrait tout à fait service ..."  

Ce roman se déroule à La Belle Epoque à Paris (sur deux mois, entre mai et juin 1914) dans le quartier de Belleville, en ce temps-là, le territoire des "apaches" - de jeunes gouapes constituées en équipes menées par un petit caïd. - qui ont investi ce quartier, se contentant de vivre d'escroqueries au bonneteau, de viles besognes, du butin de leurs fric-frac, de menus larcins, de l'escamotage de la bourse des bourgeois, de proxénétisme etc  ... et parfois allant jusqu'à l'homicide.

Marcel Bouve dit le Capitaine, l'un des ces caïds âgé de vingt-neuf ans, jeune homme endurci par les Bataillons disciplinaines d'Afrique et déjà muni "d'un casier judiciare assez lourd", que seule la perspective du bagne de Cayenne effraie, recouvre la liberté après un séjour de cinq mois à la prison de la Santé. Abandonné par son équipe - Tango, Figure, Zanzi, La Mouchette et Flippe - durant son incarcération, il en fait son deuil néanmoins, car l'on ne badine pas avec l'honneur chez les "apaches", Bobèche, celui qui a "dégrené" ses hommes et pris sa place "il aura son rouge".
Sous le regard éperdu d'amour de Marie-Bonheur - "On la respectait à Belleville où, depuis trois années, qu'elle vivait avec Bouve, on pouvait la citer en exemple aux femmes dont la conduite manquait d'exactitude" - Bouve prépare froidement sa vengeance. Aidé de Flippe et de Figure, il piège Bobèche et le défie en un combat singulier au couteau dont il sort vainqueur. Mille-Pattes, un complice de Bobèche s'accommode pourtant de la situation, et se débarrasse du cadavre en le jetant dans la Seine.
Sa vengeance assouvie, Bouve jouit quelque temps de l'excitante satisfaction d'avoir lavé son honneur selon la loi de son milieu cependant, peu à peu, alors que "Ses principes ne le gênaient point" un étrange vague à l'âme l'envahit. Et ce mal-être, qu'il ne peut analyser, s'accroît le jour où la mère de Bobèche le supplie de lui dire ce qu'il a fait du corps.
Témoin gênant, susceptible de le dénoncer à la police, la vieille femme doit alors être supprimée ... mais, même chez un être primitif tel que que Bouve, peuvent s'éveiller une sensibilité angoissée et naître le remords ... alors, se découvrant indigne de porter son titre de Capitaine, il décide de changer de quartier, et peut-être de mener une autre existence plus apaisée, au grand soulagement de Marie-Bonheur.
Mais la grande Histoire fait fi des petites histoires du peuple : Alexandre Millerand a rétabli les défilés militaires pour exciter la fibre patriotique des français, et les préparer à la guerre ...  

Si Eugène Dabit dépeint l'humble condition ouvrière, Francis Carco s'attache à nous faire partager le quotidien des voyous dans l'atmosphère pittoresque de Belleville, faubourg de Paris qui prend des airs de village autarcique où, franchies les portes de l'octroi des fortifs contrôlées par des douaniers (Le Douanier Rousseau), l'ailleurs devient une expédition; c'était le temps des "apaches" où, entre deux mauvais coups, l'absinthe se buvait dans "des verres à Bordeaux" et "le marc toujours dans de grands verres", tandis que fleurissaient les guinguettes au-delà de la frontière des fortifs, là où le vin blanc hors taxes se buvait goulûment sous les tonnelles.
D'une écriture alerte, au-delà de l'intrigue du roman narrée avec une neutralité bienveillante pour ses personnages, Carco nous fait revivre un épisode de l'histoire de Paris qui alimenta les gazettes des méfaits de ce monde interlope de La Belle Epoque, que lisait le bourgeois avec le légitime mais non moins exaltant frisson de la peur.


Francis Carco 4_apac11



Extraits :



Francis Carco 4_ab_f10

Les fortifications

Citation :
Par la fenêtre de sa chambre d'hôtel, Marcel Bouve, qu'on appelait le Capitaine, regardait le talus net des fortifications dont l'inclinaison allait, de droite à gauche, vers la porte du Pré-Saint-Gervais. [...] Des poteaux noirs - comme on en voit près des gares de marchandises -, noirs et serrés, épais, découpés en dent de scie et de hauteur égale, enjambaient les "fortifs" pour délimiter la zone des terrains militaires. (p.7)



Francis Carco Tout-p10

Citation :
Ils s'installèrent à une petite table d'où l'on voyait la rue et, par-delà le terrain nu qui va jusqu'à la caserne des Tourelles, l'épaulement noir des fortifs. Des trams éléctriques passaient. Des femmes sortaient des fabriques de chaussure du quartier et de vagues ouvriers, des enfants qui portaient du pain, des filles et toutes sortes de gens mal vêtus animaient les trottoirs. (p.16)


Francis Carco 4_cliq10

Clique répétant dans les fossés des fortifs photo Agence Rol 1912 (Médiathèque de l'architecture et du patrimoine)

Citation :
Du haut des fortifications, quelques matins plus tard, le Capitaine écoutait la "clique" des Tourelles sonner du clairon dans le fossé qu'il dominait. Sa silhouette se dessinait sur le mélancolique horizon des banlieues. Il avait plu. En bas, alignés à trois mètres l'un de l'autre, les hommes s'époumonnaient contre le rempart, qui renvoyait, comme une balle, la sonnerie et - avec elle - cette nostalgie qui accompagne toujours la voix dure des clairons. (p.20)


Francis Carco 4_euga10

Photo de la rue du Pré-Saint-Gervais par Eugène Atget (1919)

Citation :
Bouve contemplait la rue oblique au tournant de laquelle, sous les arbres, des bicoques noires et vertes se dressaient. C'était la grande rue du Pré-Saint-Gervais. Le long du talus des fossés des fortifications, de petits espaces entourés de ficelles rafistolées découpaient des rectangles de grandeur inégale, où il ne poussait rien. [...] Au-dessus du talus serpentait un chemin gris. Des barrières le bordaient et derrière ces barrières, après des maisonnettes construites à l'aide de mille débris, après des buissons étranges, des carcasses d'ustensiles de toute provenance, des tas de vieilleries, des cheminées d'usines dégorgeaient sur le ciel leur fumée. (p.91)


Francis Carco 4_la_p11

La porte d'Allemagne rebaptisée porte de Pantin en 1914

Citation :
À la porte de Chaumont et à celle de Pantin, quand Bouve et la Marie-Bonheur allaient jusque là, les taxis hachaient l'air des coups pressés de leurs moteurs. De grandes charrettes passaient entre les grilles où les fonctionnaires de l'octroi consultaient des tarifs. On voyait, derrière ces grilles, des routes blanches s'enfoncer tout droit dans une autre ville. Ils dépassaient quelquefois la porte. (p.93)


Citation :

Le Capitaine reprit :
Nous, on appelait à partir de l'avenue Secrétan, pis la rue Botzaris et tout le haut de Belleville, le plateau. Les vieux parlent encore du temps qu'il y avait des fours à chaux, par là. J'en ai vu. C'était à nous, y avait notre bande. (p.146)


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Citation :
Cependant, en approchant de la rue des Bois, où se trouve l'hôtel qu'il habitait, Bouve se rappela les paroles qu'il avait dites à la Marie-Bonheur avant de la quitter et il redouta, plus que tout au monde, de revoir la fille et de lui avouer qu'il était incapable, désormais, de prendre aucune résolution. [...] Bouve, que rien n'arrachait plus à la triste opinion qu'il avait de lui-même, escalada le talus des fortifications. Il s'assit dans l'herbe mouillée de rosée.  (p.169)


Histoire des fortifications :



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Les fortifications porte de Clichy par Van Gogh (1887)



Citation :

L'enceinte de Thiers est une enceinte créée entre 1841 et 1844 autour de Paris, à la suite d'une proposition d'Adolphe Thiers.

Englobant la totalité de la capitale, soit près de 80 km2, l'enceinte de Thiers se situe alors entre les actuels boulevards des Maréchaux, appelés à l'origine "rue militaire" et le futur emplacement du boulevard périphérique qui continue de matérialiser la séparation entre Paris et sa banlieue.

Déclassées par la loi du 19 avril 1919, les fortifications sont progressivement détruites jusqu’en 1929. Leurs emplacements font d’abord place à des terrains vagues, qui sont progressivement réhabilités à partir des années 1930 par la construction de logements sociaux (les habitations à bon marché ou HBM), d’équipements sportifs et de parcs.(Wikipédia)



Les Apaches :  




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Apaches par Léo Rauth (1911)


Citation :
Plusieurs explications circulent quant à l'attribution du nom Apaches à ces gangs parisiens.

Certains y voient la trace des rédacteurs en chef des journaux de l'époque, à l'instar de deux journalistes Parisiens, Arthur Dupin et Victor Morris, qui nomment ainsi les petits truands des quartiers parisiens. D'autres racontent plus volontiers que le surnom Apaches s'est imposé aux différents gangs, ces derniers revendiquant une sorte de lignée de descendance avec les "vrais" Apaches outre-Atlantique des années 1880, Géronimo en tête.

Gang de jeunes bandits, les Apaches ont sévi dans plusieurs quartiers parisiens des années 1880 aux années 1920. Se déplaçant uniquement en bande, les Apaches pratiquaient l'arnaque de rue, le proxénétisme ou encore l'escroquerie, et se sont démarqués des autres truands de l'époque par une certaine forme de liberté de moeurs, ainsi que par la forte composante féminine au sein de leur gang.  (voir le film "Casque d'or" de Jacques Becker, librement inspiré de l’histoire vraie d’Amélie Élie, surnommée "Casque d’or")

Les gangs "Apaches" ont cessé d'exister après la Première Guerre mondiale qui en viendra à bout en transformant les Apaches  en "chair à canon" : ils seront en première ligne.(source : 13 ème rue)




"L'Équipe" fut adapté et réalisé par Jean Kerchbron pour la télévision, et diffusé en 1973.
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