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| Coup de coeur et bar de la poésie | |
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Auteur | Message |
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bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Lun 17 Mai 2010 - 19:14 | |
| J' attends à la fenetre Que se raasemblent autour de mes ossements les bootleggers morts de Chicago Je suis le dernier gangster, enfin en sureté. J' attends à la fenetre blindée. Je regarde dans la rue et je reconnais Mes deux bourreaux de Saint-Louis. Comme ils sont devenus vieux... Rouillés les pistolets que dans leurs doigts goutteux ils tiennent. Gregory CORSO Cité dans Chicago Ballade de Hans Magnus Enzensberger
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| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Mar 18 Mai 2010 - 9:40 | |
| Nous
Nous les extravagants, les bohèmes, les fous, Nous qui aimons les filles, les liqueurs fortes, la nudité mouvante des tables où s’érige, phallus, le cornet à dés. Nous les écorchés de la vie, les poètes. Nous qui aimons tout, tout; l’église, la taverne, l’antique, le moderne, la théosophie, le cubisme. Nous aux coeurs puissants comme des moteurs qui aimons les combats de coqs les soirs élégiaques, le vrombissement des abeilles dans les matins d’or, la mélodie sauvage du tam-tam, l’harmonie rauque des klaxons, la nostalgie poignante des banjos. Nous, les fous, les poètes, nous qui écrivons nos vers les plus tendres dans des bouges et qui lisons l’Imitation dans les dancings. Nous qui n’apportons point la paix, mais le poignard triste de notre plume et l’encre rouge de notre coeur !
Carl Brouard
("Anthologie secrète", édition "Mémoire d'encrier") Biographie de ce poète haïtien :- Spoiler:
Carl Brouard naît le 5 décembre 1902 à Port-au-Prince d'une famille bourgeoise. Son père, Rafaël Brouard, est un négociant de la Place ; sa mère, Cléomie Gaetjens, une bourgeoise puritaine. Le couple a eu quatre enfants. Brouard vit une enfance heureuse dans les frais ombrages de Bizoton. En octobre 1907, Carl Brouard est inscrit à l'école Erima Guignard. En 1912, il est accepté au Collège des Pères du Saint-Esprit en classe de huitième. Il est déjà un grand amateur du Moyen-Âge. L'année d'après, il quitte le Collège du Saint-Esprit pour étudier sous la supervision de Catts Pressoir, alors en deuxième année de médecine. Carl Brouard a seize ans quand les marines débarquent en Haïti. Le jeune Brouard en est meurtri : « 28 juillet 1915. L'Américain foulait notre sol. Bien qu'alors en pantalons courts [...] la mélancolie dilata nos yeux ». En 1919, Brouard achève son cycle d'études scolaires chez Catts Pressoir. C'est un jeune homme curieux qui se nourrit de la vision nationaliste de Jean Price-Mars, auteur de La vocation de l'élite. À vingt ans, Brouard se brouille avec son père. Alcoolique, le jeune Brouard mène une vie de bohème, qui effraie les gens de sa classe sociale et il commence à s'intéresser au vaudou. Les parents de Carl Brouard partent pour la France où le jeune Brouard séjourne brièvement, fasciné par la vie parisienne. En 1922, il revient au pays où il suit de près les débats de son temps et considère Price-Mars comme « le seul écrivain à avoir eu de l'influence sur sa génération ». Amoureux d'Anna Lerebours, femme d'origine modeste, Brouard l'épouse en 1936. De cette union, naîtront deux filles, Cléomie et Olga. En 1927, Brouard fait paraître son unique recueil Écrit sur du Ruban rose. La même année, à la parution de La Revue indigène, on le retrouvera membre du comité de rédaction à côté des écrivains Émile Roumer, Normil Sylvain, Jacques Roumain, Antonio Vieux, Philippe Thoby-Marcelin et Daniel Heurtelou. Brouard collabore à La Trouée, revue éphémère fondée en 1927 par Richard Salnave, Daniel Heurtelou, Max Hudicourt et Jacques Roumain. En 1928, Brouard publie un article dans lequel il affirme : « Après tout, le vaudou est notre seule originalité » à la suite de la parution du monumental essai Ainsi parla l'oncle de Jean Price-Mars. Il s'initie au vaudou. En 1929, Brouard devient gérant-responsable du journal Le petit impartial. Comme ses précédents directeurs Georges Petit et Jacques Roumain, il sera emprisonné. La cause : une interférence de lignes dans le compte-rendu du procès de Roumain : « Louis Borno s'est hissé au rang de malfaiteurs » au lieu de « au pouvoir ». Brouard prend une part active dans la vie culturelle haïtienne, en publiant des articles critiques sur Stéphen Alexis, Jacques Roumain, Jean Price-Mars entre autres. En 1930, reprochant aux marxistes haïtiens leur vision sociale étroite, Brouard évite le cénacle de Jacques Roumain et intègre le groupe Les Griots, composé des trois D : Louis Diaquoi, Lorimer Denis et François Duvalier. Chef de file des Griots, Brouard travaille à valoriser le folklore haïtien et écrit cette célèbre formule : « Nous remîmes en honneur l'assotor et l'açon ». Carl Brouard continue à écrire et à publier dans les journaux, mais son errance et sa vie de bohème ne lui permettent pas de poursuivre son œuvre. En 1963, les amis de Carl Brouard, à l'initiative de l'historien Roger Gaillard, forment le « Comité Soixantième Anniversaire de Carl Brouard » qui publie une anthologie des œuvres de Brouard sous le titre de Pages retrouvées. Affaibli et miné par l'alcool, Carl Brouard meurt à Port-au-Prince en novembre 1965, seul, en pleine rue. Il aura des funérailles officielles. Chantées le 29 novembre, les funérailles, dit un journal de l'époque, étaient officielles et populaires. (Ile en île)
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| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| | | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| | | | Invité Invité
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Ven 21 Mai 2010 - 23:56 | |
| Merci à vs Bix, et Constance de faire vivre ce fil.
Derniers coups de coeur:
Sanglot, sanglot, pur sanglot! Fenêtre, où nul ne s'appuie! Inconsolable enclos plein de ma nuit!
C'est le trop tard, le trop tôt qui de tes formes décidents: tu les habilles, rideau, robe du vide!
Rainer Maria Rilke
*****
Procès-Verbal
Cet individu était seul Il marchair comme un fou il parlait aux pavés souriait aux fenêtres pleurait en dedans de lui-même et sans répondre aux questions il se heurt aux gens, semblait ne pas les voir.
Nous l'avons arrêté.
Jean Tardieu |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Sam 22 Mai 2010 - 1:11 | |
| Merci Lara, on attendra un peu... | |
| | | swallow Sage de la littérature
Messages : 1366 Inscription le : 06/02/2007 Localisation : Tolède. Espagne.
| Sujet: J´aimais tout. Sam 22 Mai 2010 - 8:17 | |
| Merci aussi à Constance qui m´a permis de découvrir qu´EGON SCHIELE avait aussi écrit des poèmes.("J´aimais tout"). | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Dim 23 Mai 2010 - 19:06 | |
| ... Swallow
L'ombre
Ton ombre est couleur de la pluie, De mes regrets, du temps qui passe. Elle disparaît et s'efface Mais envahit tout, à la nuit. Sous le métro de la Chapelle, Dans ce quartier pauvre et bruyant, Elle m'attend, derrière les piliers noirs, Où d'autres ombres fraternelles, Font aux passants, qu'elles appellent, De grands gestes de désespoir. Mais les passants ne se retournent pas. Aucun n'a jamais su pourquoi, Dans le vent qui fait clignoter les réverbères, Dans le vent froid, tant de mystère Soudain se ferme sur ses pas ...
Et moi qui cherche où tu peux être, Moi qui sais que tu m'attends là, Je passe sans te reconnaître. Je vais et viens toute la nuit, Je marche seul comme autrefois, Et ton ombre couleur de pluie, Que le vent chasse à chaque pas, Ton ombre se perd dans la nuit Mais je la sens tout près de moi ...
Francis Carco
(In La bohême et mon coeur)
Toile sans titre, de David Schneuer | |
| | | LunaStella Envolée postale
Messages : 224 Inscription le : 11/04/2010 Age : 30 Localisation : Lyon
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Dim 23 Mai 2010 - 22:48 | |
| La Courbe de tes yeux
La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur, Un rond de danse et de douceur, Auréole du temps, berceau nocturne et sûr, Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.
Feuilles de jour et mousse de rosée, Roseaux du vent, sourires parfumés, Ailes couvrant le monde de lumière, Bateaux chargés du ciel et de la mer, Chasseurs des bruits et sources des couleurs,
Parfums éclos d'une couvée d'aurores Qui gît toujours sur la paille des astres, Comme le jour dépend de l'innocence Le monde entier dépend de tes yeux purs Et tout mon sang coule dans leurs regards.Paul ELUARD, Capitale de la douleur, (1926) Romantique invétérée ... | |
| | | Livvy Main aguerrie
Messages : 530 Inscription le : 11/03/2010 Age : 46 Localisation : Belgique
| | | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Lun 24 Mai 2010 - 10:56 | |
| Sarah, voluptueuse et rousse, charme les serpents : dans sa tunique de satin vert constellé de verroterie, elle appelle lascivement les étreintes larges et molles, intenses et lentes et persuasives. Le tambourin nasille sur d'étranges rythmes, de plus étranges motifs selon les paresseux enveloppements des boas engourdis et des tendres pythons. Et les quinquets encrassent l'atmosphère crapuleuse de la baraque en planches : des odeurs stagnent, senteurs des chairs moites et chaudes, parfums d'aisselles trempées, de toisons prostituées à toutes les luxures, parfums violents où se définit l'infecte puissance des muscs et des cambouis ... La flamme des lampes est lourde et charnellement triste. Et tous sont là : troupeau de mâles énervés, les maxillaires durs et cruels, avec le même pli douloureux des lèvres et la fixité du regard. Sarah danse, souple dans la spirale mouvante des monstres : elle s'échauffe peu à peu, petite prostituée nerveuse, petite prostituée du délire ... Elle entrelace la complexité des rythmes et là danse l'enivre et les bêtes la violent d'une possession totale : une étreinte lui lie la taille et l'enserre d'une volupté morbide. Elle danse les cuisses baguées d'écailles, la gorge serrée d'une tendresse sans nom, crispée, souillée, pamée, radieuse. Et, d'un geste grave, elle élève la tête en triangle des monstres à fleur de bouche, les yeux démesurément élargis, pétrifiés de peur, de terreur consentante.
Francis Carco
(In "Poèmes" ) | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Lun 24 Mai 2010 - 19:01 | |
| Je n'ai pas lu ses poèmes (j'ai mis l'accent grave mais je préfère le tréma ) mais j'ai lu l'un de ses livres "Jésus la caille". je m'y intéresserais. | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Lun 24 Mai 2010 - 19:22 | |
| - Bédoulène a écrit:
- Je n'ai pas lu ses poèmes (j'ai mis l'accent grave mais je préfère le tréma ) mais j'ai lu l'un de ses livres "Jésus la caille".
je m'y intéresserais. Pourtant le tréma ... ... "Je vous parle d'un temps ... " (Jésus-la-caille, c'était lui, disait Carco) roman écrit dans une langue d'une inoubliable verdeur ... | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| | | | Invité Invité
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Mer 26 Mai 2010 - 13:38 | |
| The Current Raymond CarverThese fish have no eyes these silver fish that come to me in dreams, scattering their roe and milt in the pockets of my brain. But there's one that comes - heavy, scarred, silent like the rest, that simply holds against the current, closing its dark mouth against the current, closing and opening as it holds to the current. - Spoiler:
Le courant
Ces poissons n’ont pas d’yeux Ces poissons argentés qui me visitent en rêve Et répandent leurs œufs et leur laitance Dans les poches de mon cerveau.
Mais il y en a un qui vient, Lourd, balafré, silencieux comme les autres, Qui se maintient simplement dans le courant,
Et il referme sa gueule obscure face au courant, il la ferme et il l’ouvre Tout en se maintenant dans le courant.
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