Godzilla (1954)
Un bateau de pêcheurs disparait, bientôt suivi par plusieurs des bateaux partis à sa recherche. Quand un survivant à la dérive échoue miraculeusement sur la plage d'un petit village de pêcheurs et que la pêche est mauvaise revient la légende d'un monstre marin : Godzilla. Peu après c'est le monstre qui fait surface...
Scientifiques, militaires et journalistes... tout le monde est témoin du phénomène qui ne tarde pas à faire de gros ravages à Tokyo.
Le monstre prend le temps pour apparaitre et il n'est que rarement le centre de l'attention. Outre les personnages du vieux scientifique qui veut étudier le monstre qui a survécut aux essais de bombes qui l'ont réveillé (avec les pêcheurs la référence aux essais US est directe explique le DVD du BFI), de sa fille, de son copain et du scientifique et vétéran de la guerre qui malgré lui trouve le moyen de vaincre le monstre, c'est la population qui occupe l'écran, et les ruines. Les ruines du village, les ruines de la ville incendiée et dévastée et les populations victime qui fuient, les enfants. Tous des échos très concrets du passé du pays, et de son présent. Le monstre est la catastrophe qui représente à la fois une survie et "le plus jamais ça". Cette force de la nature aveugle n'a pas de volonté propre, elle est aveugle alors que les actions des hommes...
Entre l'inefficacité belliqueuse et confiante des militaires et le voyeurisme des journalistes qui jusqu'à leur dernier souffle se régalent du spectacle meurtrier le dilemme moral est laissé aux mains de la science et du sacrifice de celui qui meurt avec son arme plus destructrice encore que l'arme nucléaire. qui meurt parce qu'il refuse que l'on fasse de sa découverte une arme.
La musique puissante et les effets spéciaux qui mettent en valeur les choix de réalisme et d'ampleur (qui s'ils sont datés n'ont donc pas trop mal vieillis) donnent un spectacle dérangeant et hypnotique dans la destruction de la ville qui est un passage assez étendu du film, avec un souci accablant du détail et des flammes et des flammes... et les cris déchirants du monstre. Un cri et un rythme qui sont d'ailleurs un écho de l'ouverture déjà marquante bien qu'aveugle du film.
Le mythique monstre éco-éthico-atomique de l'ère pacifique laisse déciment une très forte impression. (à noter que c'est vers une édition anglaise que je me suis tourné, version d'origine non bricolée semble-t-il, pas de reporter américain, pour cause d'absence d'édition française ?).