Andrew Haigh

Je trouve que leurs échanges constituent aussi une forme de rapprochement, y compris dans l'expression d'une solitude et d'une douleur.

Une forme de rapprochement ? J'ai eu l'impression d'un vaste container a priori étanche, et tout le monde était content qu'il soit étanche. Et puis il a fallu une petite fissure, et tout le contenu s'est mis à ficher le camp.
Et Charlotte Rampling n'a plus vu que du mensonge, du faux-semblant chez son mari. Mais peut-être que tout ça est dû au fait que la nouvelle est arrivée tard dans leur vie : l'amour passé, c'est aussi (et surtout ?) la vie passée du mari, sa jeunesse et l'avenir qu'il avait alors... c'est pour suggérer cela que ce n'est pas simplement le squelette de la jeune femme qui a été retrouvé, mais la jeune femme en entier, certes morte, mais fraîche, belle, immobilisée dans la glace, il me semble qu'il en parlait très bien, Tom Courtenay : il ne l'avait pas vu, mais c'est ainsi qu'il se la figurait, un bloc de son passé qui revient.
J'aime bien les diapositives vues sur un drap qui rappelle un suaire, ou le drap blanc d'un fantôme qui revient troubler.

Mais c'est peut-être une construction purement intellectuelle que je me fais.

Je le reverrai en DVD avec un autre état d'esprit. J'y vois trop une construction littéraire qui ne correspondrait pas à la vie. Mais je veux bien que cette disproportion dans sa réaction soit un révélateur d'un édifice déjà fragile. Ce que le film ne suggère pas vraiment. Et à ce compte on peut tout projeter sur ce non-dit non-montré.

Très intéressant vos échanges. Et ça me fait peut-être voir les choses un peu différemment. Comme Marko je l'ai trouvée bien chiante (enfin c'est mon mot à moi!)avec sa façon d'être étrangère au trouble compréhensible de Geof; Tout ce qu'on pourrait à la rigueur lui reprocher, à Geoff, c'est de ne jamais avoir parlé de Katyia. Bon. Mais  il a droit à son jardin secret,aussi. Et quand on voit comment elle réagit, on comprend qu'il ait été prudent. Et maintenant il en parle, finalement c'est déjà pas mal.
Mais finalement, peut-être que Kate est plus dérangée, non pas la découverte de cette "infidélité intérieure" de Geoff, que par l'ampleur de sa propre réaction, qui Marko le dit, frise le ridicule.

eXPie a écrit:

Il n'y a pas de prouesse cinématographique, c'est vrai, et c'est reposant. Tout repose sur le jeu des deux acteurs et sur une certaine banalité apparente : on est dans le quotidien. Ça change de l'hystérie de pas mal de films, qui peut-être ne font peut-être pas confiance aux acteurs. La caméra ne fait pas de loopings dans la cuisine : je trouve ça bien.

Si tu te mets à aimer les œuvres non inventives parce qu'elles reposent, on est mal barrés  .

Looking, The Movie

Je viens de le voir... et c'est vraiment une très bonne 'conclusion' de cette série... j'aurais aimé retrouver ces personnages, mais bon, puisque ce n'est pas le cas, je prends cette fin et reste avec une bonne impression pour tout ce que Andrew Haigh et ses auteurs ont crée...

J'espère le voir très bientôt. C'est quand même dommage qu'ils n'aient pas pu développer encore un peu plus cette série qui est très réussie.

Marko a écrit:

C'est quand même dommage qu'ils n'aient pas pu développer encore un peu plus cette série qui est très réussie.

tout à fait d'accord avec toi...

Un final digne d'un beau film d'auteur. Une réflexion sur l'engagement et la possibilité du changement avec un refus du déterminisme. Une vision généreuse et subtile qui fait du bien et qui assume sa part de romantisme et de sentimentalisme. A la fin on est partagé entre l'envie de rire et de pleurer. C'est super chouette. Dire qu'il faut dire adieu à cette ville et à cette bande d'amis qui vont continuer leur chemin sans nous!

Marko a écrit:

Dire qu'il faut dire adieu à cette ville et à cette bande d'amis qui vont continuer leur chemin sans nous!

oui, c'est marrant comment on peut s'attacher parfois à des caractères inventés... aussi bien en livres qu'en films...