Source : Wikipedia.
Nelle
Harper Lee dite
Harper Lee (née le 28 avril 1926 à Monroeville dans l'Alabama) est une écrivaine américaine particulièrement connue pour son roman
To Kill a Mockingbird (
Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur),
Prix Pulitzer en 1961. Vendu à 30 millions d'exemplaires, ce livre est un classique de la littérature américaine, étudié à ce titre dans de nombreux collèges et lycées des États-Unis, et régulièrement cité en tête des classements des critiques et libraires.
Elle reçoit en 2007 la médaille présidentielle de la liberté du président américain George W. Bush pour sa contribution à la littérature.
Lee
Harper travaille quelque temps à New York comme employée de bureau dans une compagnie aérienne où elle se charge des réservations. Mais bientôt elle décide de se lancer dans une carrière d'écrivain, avec le soutien moral et financier de ses amis. Truman Capote l'entraîne en 1959 dans l'écriture d'un roman sur un quadruple meurtre, qui va devenir
De sang-froid (
In Cold Blood).
Son silence et sa très grande discrétion depuis la parution de son unique livre alimentent les rumeurs, d'autant plus qu'elle aurait déclaré s'être mise à la rédaction d'un second roman peu après
Ne tirez pas sur l'oiseau-moqueur. Les bruits courent parmi ses admirateurs qu'elle aurait écrit plusieurs romans, sans en publier aucun, ou qu'elle aurait continué à publier sous un pseudonyme.
Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur est adapté au cinéma sous le titre
Du Silence et des Ombres.
J'ai lu et grandement apprécié
"Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" en avril dernier....et je me demande encore pourquoi, je n'avais pas pensé à ouvrir un fil sur cette auteure!
Les Etats-Unis, Alabama, dans les années 30. Le Sud profond, la Grande Dépression n'en finit pas de laminer les agriculteurs pauvres et les ouvriers.
Alabama, état sécessionniste, état esclavagiste, état ségrégationiste, état agricole, état languissant sous le soleil et le vent.
Atticus Finch, avocat, élève seul ses deux enfants,
Jem et
Scout (Jean Louise pour l'éta civil), secondé par la gouvernante noire
Calpurnia. Le lecteur se laisse emporter par la douceur de la chronique familiale, par le regard de l'enfance, par la plume de la narratrice sous l'emprise de ses souvenirs. Le temps s'écoule lentement, tel un fleuve paressant sous le soleil de plomb: les vacances d'été sont attendues avec impatience, l'école, pour
Scout, est un carcan ennuyeux.
Scout est un véritable garçon manqué: elle n'hésite pas à utiliser ses poings et ses pieds pour se tailler une place dans la fratrie mais aussi dans l'espace scolaire. Son frère et elle sont fascinés par le mystère de l'enfermement d'un de leur voisin:
Arthur « Boo » Radley, invisible depuis son adolescence agitée. Au fil des étés, ils inventent mille stratagèmes pour tenter de le faire sortir de chez lui...à leurs risques et périls parfois! Un lien se créé, timide communication muette: un creux dans un arbre sert de lieu d'offrande (friandises, statuettes de savons, pièces anciennes), d'autel d'une possible amitié jusqu'au jour où ce creux est cimenté. La vie reprend son cours, les enfants grandissent, la vie coule paisiblement, la chronique pourrait rester douce chronique de l'enfance. Mais la réalité du Sud rattrappe le récit:
Atticus est commis d'office pour défendre un Noir accusé de viol sur une femme blanche!
Le monde des adultes vu par les yeux des enfants prend des couleurs criardes et tristes à la fois: le carcan de la tradition, la société sudiste qui ne s'est toujours pas remise de l'abolition de l'esclavage, rendent aveugle à la raison et à la logique du coeur. Le fossé entre Noirs et Blancs est un abysse qui semble impossible à combler: pourtant un frémissement a lieu, un frémissement porteur d'espoir, un frémissement fragile mais existant qui est celui du doute semé dans l'esprit des hommes, le doute s'installe et la parole du Blanc n'est plus Evangile.
D'ailleurs, comme le fait si bien remarquer
Scout du haut de ses 8 ans, comment peut-on être choqué et horrifié par la politique d'Hitler et rester injuste et odieux envers les Noirs? L'adulte ne verrait-il que la paille dans l'oeil de son voisin et nullement la poutre qui lui obscurcit la vue (et le jugement)? Les enfants auraient-ils moins de préjugés que les adultes? Auraient-ils plus de capacité à ouvrir leur coeur à autrui, à l'étranger? Auraient-ils moins peur que les grands?
Le personnage du père est une réussite romanesque et un modèle de tolérance et d'amour. L'éducation libre, qu'il donne à ses enfants, ne produit pas, malgré les apparences, de « sauvageons » mais bien des citoyens pensants et dignes, de futurs adultes au raisonnement le plus juste possible. Il veut être la personne en qui ses enfants puissent toujours faire confiance, il veut être un homme debout, un véritable humain: il veut pouvoir toujours se regarder, sans honte, dans une glace mais surtout dans le regard de ses enfants. Il les aide à grandir, à se construire, à être de grandes personnes dignes de ce nom!
La métaphore de l'oiseau moqueur est le fil rouge du roman: le lien qui décille le regard porté sur les gens de couleur.
« Tirez sur tous les geais bleus que vous voudrez, si vous arrivez à les toucher, mais souvenez-vous que c'est un péché de tuer un oiseau moqueur! (....) Ton père a raison. Les moqueurs ne font rien d'autre que de la musique pour notre plaisir. Ils ne viennent pas picorer dans le jardin des gens, ils ne font pas leur nid dans les séchoirs à maïs, ils ne font que chanter pour nous de tout leur coeur. Voilà pourquoi c'est un péché de tuer un oiseau moqueur » (p 144)
Un écho se fait entendre p 373
« (Mr Underwood) se contentait de dire que c'était un péché de tuer des infirmes, qu'ils soient debout, assis ou en train de s'évader. Il comparait la mort de Tom au massacre absurde des oiseaux chanteurs par les chasseurs et les enfants.... ».
L'oiseau moqueur, emblème du Sud, de la tradition et des bonnes manières que néglige voire refuse Scout, mais aussi il est une figure mythologique pour certains peuples: il aurait apporter le langage aux hommes et appris le chant aux oiseaux.
« Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur » est le récit d'une enfance qui prend conscience de la brutalité du monde des adultes, mais aussi description d'un Sud rural, reculé qui semble avoir été épargné par la brutalité d'un
« Mississipi burning »: une onde légère mais persistante parcourt ce monde figé par les lourdes traditions coloniales, celle du doute, ténue mais insidieuse qui peu à peu fera triompher une égalité. L'égalité certes mais encore le regard, le point de vue....mais sans doute est-ce du ressort des prochaines générations étatsuniennes? Les grands pas de l'Humanité sont souvent une suite de minuscules avancées .