Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Yves Navarre

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MessageSujet: Yves Navarre   Yves Navarre EmptyLun 11 Juin 2012 - 15:05

Yves Navarre

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Né le 24 septembre 1940 à Condom et décédé le 24 janvier 1994 à Paris, est un écrivain français, cofondateur en 1975 avec Marie Cardinal du Syndicat des Ecrivains de Langue Française. Il a obtenu le prix Goncourt pour Le Jardin d'acclimatation en 1980.

Biographie


Après des études d'espagnol, d'anglais et de lettres modernes à l'Université de Lille, Yves Navarre est diplômé de l'École des hautes études commerciales du Nord (EDHEC), promotion 1964. Yves Navarre travaille dans la publicité comme concepteur-rédacteur.

Il commence à publier en 1971, initiant une carrière prolifique avec Lady Black, qui a pour personnages des travestis. Les Loukoums, histoire d'une maladie frappant les personnages à New York, le fait connaître en 1973. Navarre enchaîne alors les parutions, souvent autour du thème de l'amour entre deux hommes (Le Petit Galopin de nos corps, 1977 ; Portrait de Julien devant la fenêtre, 1979). Il écrit également des pièces de théâtre comme Il pleut, si on tuait papa-maman, Dialogue de sourdes, La Guerre des piscines, Lucienne de Carpentras (où l’on retrouve l’un des personnages principaux des Loukoums, Lucy Balfour) ou encore Les Dernières Clientes.

Le Jardin d'acclimatation, histoire d'un jeune homme de bonne famille envoyé à l'internement et à la lobotomie parce qu'homosexuel, reçoit le prix Goncourt en 1980. Navarre devient le porte-parole de François Mitterrand pour les homosexuels en 1981 et 1989, mais se sent incompris en tant que romancier.

Entre 1990 et 1993, il part vivre au Québec, à Montréal. Son roman de 1991, Ce sont amis que vent emporte, se situe dans cette ville où un sculpteur, Roch, vit en couple avec un danseur, David. Le roman raconte leur lutte contre le sida. De retour en France, frappé de dépression, il se suicide aux barbituriques le 24 janvier 1994.


Romans


Lady Black,Flammarion, 1971.
Evolène, Flammarion, 1972.
Les Loukoums, Flammarion, 1973.
Le Cœur qui cogne, Flammarion, 1974.
Killer : roman, Flammarion, 1975.
Plum Parade : vingt-quatre heures de la vie d'un mini-cirque, Flammarion, 1975.
Niagarak, Grasset, 1976.
Le Petit Galopin de nos corps, (publié en 1977 chez Robert Laffont), récemment réédité avec une préface de Serge Hefez, coll. "Classiques H&O poche", Béziers : H&O, 2005. 10,8 x 17,8cm. 256 pages. ISBN 2-84547-109-2
Kurwenal ou la Part des êtres, Robert Laffont, 1977.
Je vis où je m'attache, Robert Laffont, 1978.
Le Temps voulu, Flammarion, 1979.
Portrait de Julien devant sa fenêtre, Robert Laffont, 1979 ; H&O, 2006.
Le Jardin d'acclimatation, Flammarion, 1980.
Romances sans paroles, Flammarion, 1982.
Premières Pages, Flammarion, 1983.
L'Espérance de beaux voyages, 1 : Eté-automne, Flammarion, 1984.
Phénix, le paysage regarde, illustré par Jean Dieuzaide et Lucien Clergue, P. Montel, 1984.
Louise, Flammarion, 1985.
Fête des mères, Albin Michel, 1987.
Romans, un roman, Albin Michel, 1988
Hôtel Styx, Albin Michel, 1989.
Douce France, Québec, Leméac, 1990.
La Terrasse des audiences au moment de l'adieu, Montréal, Leméac, 1990.
Ce sont amis que vent emporte, Flammarion, 1991.
La Vie dans l'âme, carnets, Montréal, Le Jour / VLB, 1992.
Poudre d'or, Flammarion, 1993.
Dernier dimanche avant la fin du siècle, Flammarion, 1994.
La Ville Atlantique, Leméac/Actes Sud, 1996.
Dialogue de sourdes, Nice, La Traverse, 1999.
La Dame du fond de la cour, Leméac/Actes Sud, 2000.
Avant que tout me devienne insupportable, H&O, 2006.

Théâtre


Théâtre, 3 tomes, Flammarion, 1974, 1976, 1982.
1978 : Les Dernières Clientes d'Yves Navarre, mise en scène Louis Thierry, Studio des Champs-Élysées

Autres


Biographie, Flammarion, 1981.
Une vie de chat, Albin Michel, 1986.
Un condamné à vivre s'est échappé, textes, entretiens et poèmes, avec Pierre Salducci, Hull [Québec], Vents d'Ouest, 1997.

Source wikipedia
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MessageSujet: Re: Yves Navarre   Yves Navarre EmptyLun 11 Juin 2012 - 15:08

Yves Navarre et moi.

Yves Navarre fait partie de ces auteurs qui ont ancré mon adolescence, dont j'ai essayé de suivre tous les livres pendant des années.
D'abord il m’a fait découvrir l'homosexualité pour ce qu'elle était vraiment, ( on n’en parlait évidemment pas chez moi), cette façon différente d’être au monde, me l’a faite moins étrangère, il m'a ainsi ouverte à d'autres horizons.

Ensuite il parle au fil de ses livres d'une famille, la bourgeoisie affirmée, le conventionnel assumé, qui n'est certes pas le reflet de la famille où j'ai grandi, mais où j'ai croisé des attitudes que je ressentais dans mon quotidien, en premier lieu ce sentiment de ne pas appartenir au « clan », générateur d'une grande solitude, cette exigence de réussite, avec le travail pour moyen, cette idée d’une trace à suivre, l'impression de passer à côté de l'essentiel. Je n'ai pas du tout eu une adolescence malheureuse, mais elle a eu comme chez tant d'autres, ses difficultés et Yves Navarre, que j'avais en outre vu à la télévision tout de blanc vêtu, la mèche fort séduisante, parlant sans concessions, a été un de ces multiples petits phares qui m'ont aidée à m'orienter. J'ai lu et relu ses romans.

Je l'ai peu à peu abandonné en grandissant, trouvant mes marques, créant mon propre foyer que j'ai voulu différent. J'ai eu cependant quelques années plus tard, un certain pincement au cœur en apprenant sa mort par suicide : je ressentais la perte de quelqu'un que je n'avais pas connu, qui ne m'avait pas connue, mais qui comptait pour moi.

Voilà ce qu'il représente pour moi aujourd'hui, des années après, et j'ai envie de reprendre certains de ses livres. J'en ai envie et peur en même temps.
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MessageSujet: Re: Yves Navarre   Yves Navarre EmptyLun 11 Juin 2012 - 16:01

J'ai été très ému par "Le temps voulu" à l'adolescence. Je n'ai jamais rien lu d'autre de lui curieusement. Quelques conseils?
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MessageSujet: Re: Yves Navarre   Yves Navarre EmptyLun 11 Juin 2012 - 16:11

Difficile de conseiller précisément un livre ou l'autre, car je n'en ai sans doute pas relu depuis... disons 25 ans. Mais il laisse une marque forte en moi (il remue des choses qui ont été marquantes, voire douloureuses)
J'ai l'intention, et voila pourquoi j'ouvre ce fil, d’essayer des relectures, un ou deux si je suis déçue, ou pourquoi pas beaucoup plus; j'en ai pas mal dans ma bibliothèque personnelle et j'ai demandé à ma médiathèque d'en ressortir d’autres du dépôt. je te dirai donc au fil de tout cela.
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MessageSujet: Re: Yves Navarre   Yves Navarre EmptyLun 11 Juin 2012 - 16:20

comme topocl, j'ai beaucoup lu et relu Yves Navarre, pour la grâce d'un style qui va droit au coeur, pour la force d'une écriture qui atteint les tripes et vide les sens, pour cette phrase : La tendresse tue , l'absence de tendresse assassine... si je devais le relire je pense que je choisirais d'abord Les Loukoums et puis Le petit galopin de nos corps mais je ne suis pas sûre que la magie opèrerait encore...
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MessageSujet: Re: Yves Navarre   Yves Navarre EmptyMar 12 Juin 2012 - 11:19

Ne sachant plus moi-même trop comment m'orienter, j'ai suivi la piste de Marko : lu, hier soir, quelques pages de Le temps voulu. Plutôt contente de retrouver des impressions de lecture assez identiques : cette espèce d'urgence désespérée.
Surprise surtout de retrouver des phrases entières qui étaient comme inscrites au fond de moi qui n'attendaient que d'être réveillées

La première page :

Citation :
Quand ça arrive, en fait, on ne s'y attend pas. On n’attend plus. Un petit moment d'étourderie, et quelqu'un entre dans votre vie, bouscule, caresse, attaque, prend place. Avant même que tout commence, c'est déjà trop tard. On ne sait pas qui choisit qui, quand, comment, pourquoi. On ne le sait qu'après, quand tout est terminé, l’un rejetant sur l'autre toute la responsabilité, et inversement. Et si je te raconte l'histoire du jeune homme de l'été dernier, ce ne sera pas pour l‘accabler. Ce que nous avons vécu, ensemble, un temps, est accablant, vivant, exaltant, blessant, dérisoire. Je dois aller jusqu'au bout de cette histoire. Non pour m'en défaire mais pour la porter, comme un habit neuf, pour les jours à venir.

Rien ne justifie l'absurdité du malheur. Habitués à tout vouloir comprendre, nous oublions trop vite, par le fait des ruptures, cassures, fractures, quand on se quitte, ce que furent les instants d'abandon et de partage, pour ne pas dire de bonheur. Ces instants-là sont irremplaçables.

Shanidar, j'ai aussi les loukoums et le petit galopin de nos corps (j'ai toujours adoré ce titre), dans mes rayons je pense continuer avec eux.
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MessageSujet: Re: Yves Navarre   Yves Navarre EmptyMar 12 Juin 2012 - 11:24

Nos lectures datent de la même époque...De mon côté, j'avais lu (et aimé)Louise...mais c'est si loin!
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MessageSujet: Re: Yves Navarre   Yves Navarre EmptyMar 12 Juin 2012 - 11:32

Ca me rend toute émue de voir que plein de gens ont gardé un certain souvenir d'Yves Navarre!

(Décidément, j'aime ce forum! aime - mais je l'avais peut-être déjà dit! Embarassed )
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MessageSujet: Re: Yves Navarre   Yves Navarre EmptyMar 12 Juin 2012 - 13:24

J'avais lu Une vie de chat - évidemment !! me connaissant, je ne pouvais choisir que ce titre là rire innocent - quand j'étais adolescente, aussi,il y a un certain nombre d'années...
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MessageSujet: Re: Yves Navarre   Yves Navarre EmptyMar 12 Juin 2012 - 13:30

@ topocl, l'extrait que tu cites me revient en mémoire comme une vieille mélodie, une ritournelle adolescente que j'avais oublié... il y a chez Navarre une scansion de la phrase, un élan syncopé, une sécheresse qui force à s'arrêter sur les mots et en même temps qui est un rythme ensorcelant, il joue beaucoup avec les allitérations, les répétitions, il use de jeux de mots (écriture rude, dure, drue...) qui s'imprime directement dans la mémoire. Un peu comme les sonates de Chopin... parfois compliquées, parfois limpides mais toujours mélodieuses...
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MessageSujet: Re: Yves Navarre   Yves Navarre EmptyMar 12 Juin 2012 - 13:45

shanidar a écrit:
@ topocl, l'extrait que tu cites me revient en mémoire comme une vieille mélodie, une ritournelle adolescente que j'avais oublié... .

C'est drôle, cela m'a fait exactement la même chose!

shanidar a écrit:
. il y a chez Navarre une scansion de la phrase, un élan syncopé, une sécheresse qui force à s'arrêter sur les mots et en même temps qui est un rythme ensorcelant, il joue beaucoup avec les allitérations, les répétitions, il use de jeux de mots (écriture rude, dure, drue...) qui s'imprime directement dans la mémoire. Un peu comme les sonates de Chopin... parfois compliquées, parfois limpides mais toujours mélodieuses...

Tu exprimes cela à merveille! Merci, je me demandais comment j'allais le faire ressentir...
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MessageSujet: Re: Yves Navarre   Yves Navarre EmptyMar 12 Juin 2012 - 14:07

Il va falloir penser à le mettre au portail le mois prochain! Very Happy
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MessageSujet: Re: Yves Navarre   Yves Navarre EmptyMar 12 Juin 2012 - 16:16

coline a écrit:
Il va falloir penser à le mettre au portail le mois prochain! Very Happy

je commençais à y penser!sourire
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MessageSujet: Re: Yves Navarre   Yves Navarre EmptyMar 12 Juin 2012 - 19:30

Je me souviens avoir lu qu' il avait eu du mal à se faire publier et qu' il n' aimait pas les milieux littéraires...
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MessageSujet: Re: Yves Navarre   Yves Navarre EmptyMer 13 Juin 2012 - 8:22

Apparemment on est nombreux à avoir aimé Yves Navarre
J'ai trouvé ce petit texte sur paperblog.fr

Citation :
Je me rappelle Yves Navarre.


Je me rappelle l’examen que j’avais préparé à 17 ans. Ce sésame nécessaire pour entrer à l’université. J’avais choisi de parler de toi. Mon professeur de français ne te connaissais pas, c’est pour ça qu’elle m’avait laissé faire… peut-être aussi parce qu’elle savait que ma décision était irrévocable! Elle aurait préféré que je parle de « l’arrivisme dans la littérature »… rien à cirer !

J’étais sous ton charme et je voulais qu’il en soit de même pour tout le monde !

Je me rappelle ma présentation devant le jury. Mes premiers mots : « Je vais vous parler d’Yves Navarre, écrivain français, homosexuel, qui a gagné le prix Goncourt en 1980 avec « Le jardin d’acclimatation ». Je pensais impressionner d’emblée. Un « Goncourt », un gage de qualité, non ?

Je me rappelle un des membres du jury qui instantanément avait levé les yeux au ciel et dit qu’il n’avait pas aimé ce livre! Zut, raté ! … Ce n’était pas grave, du tac au tac j’ajoutais « Et bien, moi non plus ! ». Et sans lui laisser le temps de respirer : « Yves Navarre en a écrit beaucoup d’autres qui sont nettement meilleurs dont je vais vous parler ! » Non mais !

Je me rappelle de l’étonnement dans ses yeux. A la surprise de cet examinateur, cet « inspecteur de l’enseignement », c’était ajouté une lueur d’intérêt, de curiosité, de défi.

Je me rappelle la passion qui m’animait, mon envie de la partager, de la crier.

Tout avait commencé parce que je tournais en rond à la bibliothèque à la recherche d’un peu d’évasion. Une copine m’avait conseillé ce prix goncourt, c’est un peu incontournable un tel prix, the must have, parait-il. Manque de bol, tous les exemplaires étaient loués. Me restait à choisir un autre, au hasard,… « Le temps voulu ». Je lisais : «… Quand ça arrive, en fait, on ne s'y attend pas. On n'attend plus. Un petit moment d'étourderie, et quelqu'un entre dans votre vie, bouscule, caresse, attaque, prend place. Avant même que tout commence, c'est déjà trop tard. On ne sait pas qui choisit qui, quand, comment, pourquoi…". Ces quelques phrases... ça a été un choc, une révélation, un coup de foudre !


Je me rappelle de ses phrases courtes, coupées au cutter, nettes, tranchantes, vives, rapides. Je me rappelle ces textes rythmés, telle une quête insatiable. Je me rappelle ces histoires d’amour, d’amitié, d’espoir, d’hommes, de femmes et de chat. Je me rappelle ces amours belles et tristes.

Je me rappelle ce garçon qui mettait les lettres que lui écrivait son amour dans la poche arrière de son pantalon sans même les lire et qui au bout d’un certain temps, à force de les sentir contre lui en connaissait le contenu. Je me rappelle ce chat qui prépare une fête qui tourne à la cata pour fêter le retour de son maître. Je me rappelle ces nécrophiles, ces malades, ces âmes perdues. Je me rappelle cette maison de campagne dans laquelle tu écrivais. Je me rappelle...

Je me rappelle avoir parlé de ces amours…entre hommes, mais de l’amour quand même et tellement beau qu’il en devient universel. Je me rappelle avoir décrit... je ne sais plus ! Les mots venaient tout seuls, mes quelques notes n'étaient que l'énumération des émotions ressenties à la lecture de tes livres. Mon enthousiasme débordait et emportait tout sur son passage.

Je me rappelle « les loukoums », « le petit galopin de nos corps », « Niagarak », « Lecœur qui cogne », « Une vie de chat », « je vis où je m’attache »…
A l’époque, pour moi ces histoires de gays n’avaient pas d’importance. Etre homosexuel ou hétérosexuel, où est le problème ? C’est comme préférer la menthe à la grenadine, non ? De l’amour c’est de l’amour ! Et tu l’écrivais si bien ! Tu parlais de la difficulté d’aimer, d’être aimée, de ces amours qu’on voudrait exclusives mais qui étouffent.

Je me rappelle, à la fin de mon examen, cet inspecteur qui me félicite car je l’ai convaincu d’aller voir plus loin. Ah, ça y était j’avais un nouveau pote ! J’avais rallié quelqu’un à ma cause !

A l’époque, j’avais dévoré bon nombres de tes livres, certains avec plus d’appétit que d’autres. J’en avais acheté peu, mon budget d’étudiante ne me le permettait pas.

Je ne t’ai jamais relu par peur d’altérer les magnifiques souvenirs de notre rencontre. Mais régulièrement, à la bibliothèque j’allais voir si les morceaux de toi étaient toujours là. Il y a quelques années j’ai constaté qu’ils n’y étaient plus, sans doute relégué aux archives, il faut faire de la place aux « best-sellers ».

Es-tu toujours édité ? J’aimerais vraiment posséder « le temps voulu », c’était mon préféré !

Je me rappelle Yves Navarre, j’avais 17 ans. Je me rappelle que tu m’avais permis de découvrir que la littérature c’était une fenêtre sur la vie, sur demain.

Je me rappelle Yves Navarre et comme il y a 25 ans, je suis émue.

Touchant, non?
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