Elizabeth Taylor

J'ai vu Angel de Ozon d'après son oeuvre, et j'avais adoré l'analyse des personnages. Je m'étais toujours dit que je reviendrai sur l'auteur dont vous disiez plutôt grand bien.
A lire Guillaume (que je resalue avec plaisir!) c'est maintenant une certitude, je vais le faire très vite!

Quant au manque d'intérêt des possibles lecteurs je crois qu'Epi a raison. Moi-même j'ai failli me faire avoir

Contente de voir ce fil qui remonte...
pour moi la lecture d'Angel m'avait un peu froidi.. j'ai adoré avant Hester Lilly et Mrs Palfrey (on a fait un peu le même chemin, Guillaume ) - mais Angel m'était pas trop sympa..
mais en rangeant mes livres, j'ai découvert encore un livre d'elle qui me reste à lire.. j'en ai bien envie

oui c'est rigolo que nous l'ayons dans le même ordre kenavo. Sauf pour Angel, je n'y suis pas encore. Aériale, si tu souhaites revenir vers Taylor, je te conseille de lire Mrs Palfrey. C'est un petit livre très délicat aux contours narratifs peu conventionnels (kenavo je parle sous ton contrôle, corrige moi si je me trompe) : une pensionnaire très agée dans une maison de retraite (d'ailleurs jamais décrit telle quelle, c'est là tout le charme du lieu décrit comme un 'Hotel') qui tombe amoureuse d'un beau jeune homme un peu débraillé mais fort de toute sa fraicheur un peu cavalière et maladroite... lui-même entiché d'une jeune femme pas très intéressante et un peu fanée...comparatif assez savoureux quand on connait intimement les pensées vives et les désirs ranimés de la vieille femme amoureuse. Rien de très explicite entre les deux personnages, aucun impair commis car la bienséance règne avant tout. Mais quel amusement de suivre le tracé de ces deux-là ! Amusement vite assombri par le ratage des rencontres, l'incommunicabilité des générations que l'âge oppose définitivement. Quand l'une souffre à mourir de son arthrose, l'autre s'impatiente de trouver un sens véritable à sa vie d'artiste...

guillaume a écrit:

(kenavo je parle sous ton contrôle, corrige moi si je me trompe)

rien à contredire

Hier soir j'ai terminé de lire ' Le coeur lourd' de Taylor. C'est une très très belle oeuvre. Assez courte (200 pages en collection Rivages) à la cadence rytmée, à l'écriture serrée et allant droit au but. Comme si l'auteur avait voulu en finir au plus vite dès le commencement. Il faut dire que TOUT est dit dans cette merveille de sensibilité et d'ironie. C'en est même assez troublant d'efficacité dès lors qu'on reprend le fil narratif d'une trame à la complexité saisissante. Une femme aigrie, mesquine, égoiste et sans générosité perd son époux fadasse lors d'un voyage raté et barbant à Istanbul. Une jeune romancière américaine qu'elle rencontre lui apporte ton son soutien salvateur et sa bienveillance désintéressée ; une vague amitié se noue dès leur retour à Londres, mais que la vieille acariatre reniera avec une mauvaise foi et une hypocrisie déconcertante. S'ensuivra alors des pages d'une finesse remarquable sur le don de l'amitié renversé par la mesquinerie petite-bourgeoise, le conformisme étriqué de ceux qui ne savant pas aimer d'un amour confiant et entier. Je ne vous raconterai pas l'histoire bien sûr... qui s'étend bien au-delà du tout début que j'ai résumé. Ce n'est qu'un début. Un début de fin de vie qui vous plante un décor, une ambiance, une famille, des relations et un environnement social dont Taylor va disséquer avec une plume des plus acides et révoltée la nullité des sentiments, la nullité des intentions, la nullité des relations vraies, la nullité des arrières-pensées de basses zones. Ah il faut lire ce passage sensationnel relatant un repas de noel désastreux qu'on ne souhaiterait à personne, cette description affligeante, et affligée, d'une scène de mariage à la tristesse et à la mascarade presque drôle, toutes ces petites scènes de fuite en avant où chacun ne pense qu'à son petit argent, sa petite vérité, son petit bon sens, son petit plaisir endimmanché, ces petites vengeances de couloir...Un roman savoureux sur le thème du don et de la mauvaise conscience. Tout cela enrobée d'un langage des plus lisses et bienséants pour mieux vous faire avaler la pilule des horreurs des autres et de leur vilénie conscendante. On sort du livre assez perplexe sur les dures vérités de la nature humaine...mais surtout ému et rendu muet par l'issue tragique du roman. Implacable du début jusqu'à la fin sur sa trame ; profondément juste sur la vérité du coeur humain qui y est décrit avec lucidité et une certaine compassion tout de même. "Un coeur lourd", nous dit Taylor. Oui, en effet. Force est de constater que la flèche qu'elle y décoche vous le fend. En larmes.

Citation :

Sauf pour Angel, je n'y suis pas encore. Aériale, si tu souhaites revenir vers Taylor, je te conseille de lire Mrs Palfrey. C'est un petit livre très délicat aux contours narratifs peu conventionnels

C'est noté Guillaume! J'ai vu qu'il l'avait à la Bibli (mais sorti)
Les univers de E. Taylor me paraissent toujours assez grinçants, ça coince aux entournures disons! Une dame agée amoureuse d'un jeune homme, une autre désinteressée donne son amitié à une veuve revêche et hypocrite...
Les vernis pètent et ça m'a l'air bien rosse tout ça J'aime!

Merci pour tes explications qui donnent envie.

guillaume a écrit:

Hier soir j'ai terminé de lire ' Le coeur lourd' de Taylor.

je ne le connais pas (encore ) mais ce que tu en dis, donne envie de noter

guillaume a écrit:

Hier soir j'ai terminé de lire ' Le coeur lourd' de Taylor. Ah il faut lire ce passage sensationnel relatant un repas de noel désastreux qu'on ne souhaiterait à personne, cette description affligeante, et affligée, d'une scène de mariage à la tristesse et à la mascarade presque drôle, toutes ces petites scènes de fuite en avant où chacun ne pense qu'à son petit argent, sa petite vérité, son petit bon sens, son petit plaisir endimmanché, ces petites vengeances de couloir...Un roman savoureux sur le thème du don et de la mauvaise conscience. Tout cela enrobée d'un langage des plus lisses et bienséants pour mieux vous faire avaler la pilule des horreurs des autres et de leur vilénie conscendante. [...]"Un coeur lourd", nous dit Taylor. Oui, en effet. Force est de constater que la flèche qu'elle y décoche vous le fend. En larmes.

Je retiens...D'autant plus que les thèmes abordés sont intéressants à exploiter en théâtre...

guillaume a écrit:

' Le coeur lourd' de Taylor.

Il paraît trop bon ce livre, je suis obligée de le noter. Merci Guillaume !

Découvert Elizabeth Taylor avec ce livre, bon choix en tous cas.
Rien d'extraordinaire ne se passe (deuil quand même), comme dirait Beatrix Beck, on a tous une vie, on peut tous raconter une histoire.
Très bonne analyse des caractères, écriture sans folie mais très précise.

J'ai beaucoup aimé.

darkanny a écrit:

Découvert Elizabeth Taylor avec ce livre, bon choix en tous cas.
Rien d'extraordinaire ne se passe (deuil quand même), comme dirait Beatrix Beck, on a tous une vie, on peut tous raconter une histoire.
Très bonne analyse des caractères, écriture sans folie mais très précise.

J'ai beaucoup aimé.

Elizabeth taylor est presque toujours un bon choix, tu verras si tu en lis d'autres. C'est vraiment un auteur que j'aime.

J'ai lu "Angel" fût un temps et j'avais détesté le personnage parce qu'elle me paraissait froide, cruelle et méchante.
Elle a ce caractère qui, à la fois repoussant, vous donne pitié d'elle. Cependant, j'ai bien envie de relire ce livre car avec le temps, la façon de voir les choses change et ce personnage peut être intéressant à étudier.
Après je n'ai pas été particulièrement interpellée par le style de Taylor.. Donc à "voir".

Je viens de voir l'adaptation de son livre Mrs Palfrey, Hôtel Claremont



avec les acteurs Joan Plowright (sublime) et Rupert Friend (très sympa)



J'ai bien aimé le roman et j'ai trouvé les images sont à la hauteur du livre
Très bon moment de ciné.. qui m'a aussi donné envie de retrouver Elizabeth Taylor dans un de ses romans