Laurence Tardieu

Puisque rien ne dure

Gravement malade, Geneviève qui se meurt écrit à Vincent. Elle appelle à son chevet son compagnon d'avant.
Vincent n’hésite pas longtemps, et bien que ce soit une épreuve, il roule à vive allure vers celle qu’il a aimée.

« Comme tant d’autres la lettre de Geneviève écrite au crayon à papier d’une main tremblante aurait pu s’égarer et jamais je ne l’aurais reçue, jamais je n’aurais appris que Geneviève est en train de mourir, j’aurais continué à vivre comme chaque jour, de façon médiocre et satisfaisante, ne dérogeant jamais à mon précepte favori, sois sage ô ma douleur et tiens-toi plus tranquille, parce que c’est la seule manière pour moi de tenir debout, je le sais, la seule manière. Mais je ne peux pas rebrousser chemin. Je ne peux plus tricher. Je vais au-devant de toi et c’est comme aller au-devant d’un abîme. »

Quinze ans qu’ils se sont séparés. Quinze ans qu’ils ne se sont pas vus.

Quinze ans auparavant, leur petite Clara, 8 ans, n'est pas revenue de l'école pourtant située à cent mètres de la maison. Et nul n'a jamais su ce qu'elle est devenue.
La douleur de l’impossible deuil a muré Geneviève et Vincent dans leur silence. L'impossibilité de communiquer a gangrené leur amour, jusqu'à une séparation inéluctable...
Geneviève a choisi la solitude à la campagne, survivant dans l’écriture.
Vincent,l ui, a tenté vainement d’oublier. De prendre la fuite.

Et voilà que Geneviève veut le voir une dernière fois avant sa mort.
Pour enfin parler... se délivrer. Trouver la paix

Ce livre triste dépeint la détresse des survivants à un tel drame. Sans voyeurisme, sans pathos, avec une grande délicatesse.
Au-delà de tout, il s’en dégage une grande douceur, une impression de paix.
C’est un livre sensible que l’on doit garder très longtemps en mémoire.

(Ce livre a fait partie de la sélection France Culture-Télérama).


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Bonsoir,

J'ai eu la chance ce mois dernier de rencontrer Laurence Tardieu en "petite conférence" où nous avons pu lui poser des questions sur son premier roman publié comme un père.

" par un hasard douloureux de la vie, Louise, à vingt-cinq ans, perd samère et retrouve son père. Emprisonné depuis vingt ans, celui ci demande l'hospitalité à sa fille avant de recommencr une nouvelle vie. Louise accepte, dans e déchirement et la culpabilité. Pendant cinq jours, le père et la fille vont tenter de vivre ensemble. Enfermée dans son hostilité, Louise découvre cette partie d'elle même qu'elle a toujours niée. mais ce subit retour du passé est le prix qu'elle doit payer pour aller de l'avant".

On voit dans ce roman apparaître une écriture au plus proche des sentiments, qui prend au coeur par un sens de l'écriture très "charnel" et plein de musicalité, Laurence Tardieu nous a d'ailleurs révélé qu'il était important pour elle qu'il y ait une "musicalité de l'écriture". l'histoire de Louise est très interessante également car, sans vouloir trop en révéler, elle est "humaine", elle est loin d'être parfaite, n'a pas de caractère héroïque, elle vit cette intrusion dans sa vie comme une jeune fille la vivrait dans la réalité sans excès héroïque ni peine tragique. enfin, c'est un livre qui mérite d'être lu deux fois afin de pouvoir en ressortir tous les réseaux, les malices de son écriture qui s'installent au fil des pages.

Merci Liou-Saé de nous parler de cette "conférence"...
J'ai beaucoup aimé Puisque rien ne dure, je note donc cet autre titre dont tu parles, Comme un père, tu me donnes envie de le lire...

Rêve d'amour

Bon je sais que je peux être impitoyable...Mince!...15, 50 euros tout de même!...
Tout ça pour lire à la p.145 (il y en 159) ces lignes très justes: "C'était très peu, sur une feuille de papier cela ne dépasserait pas trois lignes mais ce très peu m'avait rendu ma mère."

Bon alors...de quoi il s'agit?
La narratrice, Alice Grangé a trente ans. Elle a perdu sa mère lorsqu'elle était toute petite. Elle a vécu avec son père, un être silencieux, peu abordable et triste qui avait fait disparaître tout souvenir de sa femme.
Au moment de mourir, le père donne à Alice un nom...Le nom d'un homme: Emmanuel Basini...Il dit à sa fille que c'était l'amour de sa mère...
Alice va rencontrer Emmanuel Basini pour apprendre de sa mère ce que son propre père ne lui a jamais dit, ce qu'elle n'a jamais osé lui demander.

Tout le récit se passe en questions dont nous n'aurons jamais la réponse...Questions qui nous ennuient de plus en plus...nous lassent...Répétitions des mots, des expressions (pour noircir des pages?)....
Je ne sais pas si c'est la maison d'édition qui a imposé à Laurence Tardieu d'écrire un nouveau livre...
Résultat pitoyable...Dommage pour Laurence Tardieu!
Visiblement, là, elle n'avait rien à dire...
Ce n'est même pas aussi bien écrit que Puisque rien ne dure...

Puisque rien ne dure

Une fois de plus, Coline, tu as su écrire ce que je n'arrive pas à mettre en mots.
C'est triste mais pas déprimant.
C'est beau et douloureux.
Quand on pose le livre, on se dit qu'il est vraiment important de profiter au maximum de tous ces petits moments de vie... Que l'Amour ce n'est pas cette chose impossible mais tout simplement ces liens, cette complicité qui nous attachent à l'autre, aux autres.

Citation :

La valeur d'une vie tient aux choix que l'on fait.

Encore un bonheur de lecture que nous aurons partagé menine...
Par contre...euh..."Rêve d'amour"...pas terrible...

Est-ce que le nouveau roman va pouvoir réconcilier Coline avec cette auteure?

"Un temps fou", de Laurence Tardieu : Laurence Tardieu au vertige de l'amour

LE MONDE DES LIVRES | 26.03.09
Christine Rousseau

Dans son Journal amoureux, Dominique Rolin notait : "Ecrire, c'est aimer, aimer c'est écrire." A sa manière, pleine de grâce, de douceur et de délicatesse, Laurence Tardieu semble faire sienne cette profession de foi dans l'écriture et l'amour. Un sentiment qu'elle ne cesse d'explorer avec acuité, depuis ses débuts, à travers des variations à la ligne mélodique toujours plus vives, plus intenses. Que l'on pense notamment au poignant Puisque rien ne dure ou plus récemment à Rêve d'amour (Stock, 2006, 2008), dans la droite ligne desquels se place Un temps fou. Un monologue vertigineux, tant dans l'écriture, irisée d'attente, de désir et de rêves, que dans la construction où se dessine, dans les entrelacs du temps, l'histoire d'une passion singulière, complexe. Mais aussi et surtout celle d'une femme qui renaît à la vie.

C'est là du reste, aux prémices de cette renaissance - formulée dans un rêve - que l'on découvre Maud, la narratrice, romancière de son état. Mariée et mère d'une petite fille qu'elle chérit tendrement, Maud s'est laissée peu à peu glisser, puis figer, dans une vie conjugale morne et sans contours. Au point de ne plus parvenir à écrire. "Mon impuissance allait de pair avec une forme de sécheresse : j'étais devenue creuse, vidée de toute substance, de tout passé, de tout souvenir. J'avais perdu le lien avec mon enfance, avec mes rêves, avec mes désirs. J'étais devenue un désert." Ou presque, car au fond d'elle est demeuré intact l'éclat d'un souvenir, devenu presque irréel à force d'être ressassé : la rencontre avec Vincent, l'homme qui "l'a désarmée". Au moins le temps d'une soirée, remplie de complicité, de silences, de désirs inassouvis... Car, au terme de la nuit, Vincent est parti. Maud, alors, a tenté d'effacer toutes traces de cette rencontre. En vain. "On n'oublie rien de ce qui vous a traversé."

Aussi, lorsque, après six ans de silence et d'attente nourrie d'images et de rêveries, Vincent l'appelle pour la revoir et lui parler d'un projet de film, Maud vacille sous le coup de cette réapparition, de cet "éblouissement". Soudain, le voile brumeux qui jusqu'alors la tenait en lisière de l'existence se déchire, laissant affluer en elle doutes, peurs, interrogations. "D'où vient l'amour ? (...) Du présent, ou du passé ? De ce que le corps éprouve et dont il est irradié, ou de ce dont il a manqué et après quoi il ne cesse de courir ?" Ses souvenirs reviennent, la ramenant à son enfance - là même où se sont fondés son désir mais également sa peur d'aimer et de vivre.

Libérée, rendue à elle-même et à l'écriture, Maud se laisse envahir peu à peu par un désir violent, impétueux, palpable à chaque page, à chaque ligne. Bien plus que les mots, ce sont les silences qui se font étreintes dans cette longue montée du désir que dépeint admirablement Laurence Tardieu. Dans cette valse lente et impatiente, où, au fil de rendez-vous dans un Paris miroitant de neige, Maud et Vincent se retrouvent, se frôlent, éprouvent d'un regard, d'un baiser, d'une caresse fugitive, l'évidence du désir, d'un lien secret.

Sitôt cette "première fois" voluptueusement esquissée en quelques mots fiévreux, le récit s'accélère. Un an, deux ans, dix ans, quinze ans... "Avec vous j'ai compris que le sentiment d'éternité ne s'inscrit pas dans l'avenir, mais dans dans la profondeur et la défaillance vertigineuse du présent." C'est là, précisément, dans ce temps fou, ce présent vertigineux fait d'attente, de ruptures, de retrouvailles, de fêlures et de meurtrissures, de honte, de duperie, de tromperie, mais aussi de réminiscences heureuses ou douloureuses que Laurence Tardieu inscrit le second acte de cette passion. Ou plutôt de cette quête amoureuse dans laquelle elle s'interroge sur la naissance du désir, sur le bonheur d'aimer, de vivre et d'écrire. A travers le murmure caressant d'une voix qui enveloppe, étreint et résonne intimement bien après la lecture.

source: ici

kenavo a écrit:

Est-ce que le nouveau roman va pouvoir réconcilier Coline avec cette auteure?

Euh...Je ne vais pas me précipiter dessus, c'est sûr...J'attends vos impressions...

"Un temps fou"

J'avais aimé "Puisque rien ne dure", sensible, intimement douloureux... c'est donc avec une certaine confiance que je suis allée vers "Un temps fou", la critique de Jérôme Garcin m'y avait poussée aussi, la voici :

Citation :

L'objet du désir

"On n'oublie rien de ce qui vous a traversé" C'est une expression que Laurence Tardieu, 37 ans, aime utiliser dans ses romans dont les personnages sont toujours «traversés», sans pouvoir les repousser tellement le choc est violent, par le désir, l'émotion, le souvenir, le regret, le désespoir, la colère, autant de sentiments qui appartiennent plus au langage du corps qu'à celui de l'esprit.
Traversée, Maud l'a été il y a six ans lorsqu'elle a rencontré Vincent. Elle, écrivain. Lui, cinéaste. Une nuit, une seule, a suffi, croit-elle, à bouleverser leur vie. Mais le temps a passé. Il s'est éloigné, elle s'est mariée, a eu une petite fille. Lorsque Vincent, prétextant un projet de film, la rappelle, d'une voix gravée en elle, Maud est rattrapée par ce désir qui resurgit, intact, plus fervent encore d'avoir été rêvé, de s'être reposé. Laurence Tardieu décrit leurs retrouvailles dans un Paris enneigé avec des mots d'une étonnante sensualité; elle n'a pas son pareil pour exprimer la fièvre avec douceur, l'intensité avec délicatesse, l'absolu avec simplicité. Elle n'en rajoute jamais. Elle en retranche parfois. C'est là que se glisse le lecteur.
A nouveau, les années filent, plus longues encore. Maud feint d'oublier Vincent, parti aux Etats-Unis. Sa vie reprend, elle a retrouvé l'inspiration, sa fille quitte l'enfance, et son compagnon, Eric, joue au théâtre. «Le temps ne passe pas. Ce qui passe, c'est nous.» Mais il y aura une dernière nuit. Elle tombera comme un téléphone portable sur du marbre, en se brisant. «Un temps fou» est un roman d'amour sur la mémoire des corps qui se souviennent de tout ce qu'on a oublié, qui expriment ce qu'on ne peut pas dire, qui jouissent fort mais pleurent en silence. Des corps traversés.

Jérôme Garcin, Le Nouvel observateur

J'ai lu ce livre en une soirée, happée par des phrases courtes et intenses, le désir brûlant de Maud est comme palpable...
Cependant, malgré ce désir brûlant remarquablement retranscrit, je ne parviens pas à être si enthousiaste, je n'ai pas été si touchée au final. J'ai trouvé justement souvent l'expression de ce désir un peu facile. Sûrement l'expression de ces sentiments est-elle trop appuyée, des phrases qui se succèdent mais qui parfois n'apportent pas grand chose, des métaphores trop faciles, déjà vues, comme évidentes, banales.
La faille s'ouvre davantage dans la seconde partie du livre, où Maud et Vincent se retrouvent, avec son lot de désillusion, l'idée que les souvenirs ne reflètent pas la réalité que l'on s'est construite.


Et la critique de Coline concernant "Rêve d'amour" ne m'incite pas vraiment à poursuivre...

"Qu’y a t-il de plus intime que la lecture ? Ce chuchotement qui nous atteint au plus profond de nous, comme si, tout autour, une nuit accidentelle était tombée sur le monde et l’avait rendu silencieux. Soudain, il n’y a plus rien. Il n’y a que le texte, qui résonne en nous."


"Avec vous, j’ai compris que le sentiment d’éternité ne s’inscrit pas dans l’avenir mais dans la profondeur et la défaillance vertigineuse du présent."


"La douceur gagne tout le corps, toute la tête, elle prend possession de vous, comme une vague qui n’en finirait pas de grandir, de plus en plus ample, de plus en plus puissante, la douceur vire maintenant à la tempête, une tempête qui gronde au-dedans de vous, le vent qui se lève, qui dévaste tout, le corps qui se sait soudainement submergé de désir : vous êtes emporté, vous ne comprenez plus ce qu’auparavant vous pensiez comprendre, la vie qui vous paraissait simple, aux contours bien nets".

Li a écrit:

Cependant, malgré ce désir brûlant remarquablement retranscrit, je ne parviens pas à être si enthousiaste, je n'ai pas été si touchée au final. J'ai trouvé justement souvent l'expression de ce désir un peu facile. Sûrement l'expression de ces sentiments est-elle trop appuyée, des phrases qui se succèdent mais qui parfois n'apportent pas grand chose, des métaphores trop faciles, trop évidentes, déjà vues, comme évidentes, banales.

Je dois dire...et je sais que je ne vais pas dans le sens des avis autres entendus ça et là, j'ai ressenti la même chose sur Puisque rien ne dure

L'auteur est dotée d'une belle écriture, sensible et fine, mais je n'avais pas été spécialement touchée par son histoire qui m'avait paru manquer de vécu, les personnages manquant de chair, de consistance, trop éthérés pour moi (surtout elle)

Je ne poursuivrai donc pas avec Laurence Tardieu et vos derniers com' me confirment l'impression que j'en ai

Eh oui...Elle nous déçoit un peu la petite Laurence Tardieu...C'est dommage...

Je viens de finir Rêve d'amour.
L' histoire d'une femme de 30 ans qui à perdu sa mère à l'âge de 5 ans et qui viens de perdre son père avec qui elle a vécu une vie sans se parler
pas par haine de l'un vers l'autre mais parce que lui comme elle sont réservé, timide, plutôt solitaire. Cela veut dire qu'elle grandit sans une mère, et qu'elle n'a jamais rien su d'elle à cause de l'absence de dialogue avec son père.
Son père meurt, et elle fait la connaissance d'une personne que sa mère à aimé il y a 25 ans, avant sa mort.
Et toutes questions qu'elle se posait sur sa mère, cet homme lui en donnera quelques réponses presque rien, mais ça suffit pour accepter de continuer dans la vie, et arrêter de vivre avec le passé et ses interrogations.

J'ai bien aimé ce livre ça décrit une courte période de la vie d'une femme,c'est un portrait tout en douceur, très intime. Il ne se passe pas grand chose c'est assez proche de ce que l'on peut ressentir en réalité et des questions que l'on se pose souvent sur nous et notre entourage.

un extrait.
Les mères portent leur enfant. J’ai l’impression de porter ma mère : j’ai l’impression qu’elle est là, quelque part, au creux de moi. Ma mère, qui m’a donné la vie. Ma mère, que j’ai perdue, et que je garde en moi. Je me demande soudain : si ma mère n’était pas morte, aurais-je su ce qu’est une mère ? L’aurais-je mieux su ? Moi qui ai connu mon père, qui ai vécu avec lui pendant plus de vingt ans, qui ai été si proche jusqu’à en partager la souffrance silencieuse. Nous qui n’avions pas besoin de nous parler pour connaître la solitude qui habitait l’autre, crois que je ne le sais pas. Je ne pourrais pas dire ce qu’est un père. Je ne pourrais pas le définir. La seule chose que je pourrais dire, c’est : mon père a été l’homme dans l’ombre duquel j’ai grandi, mon père a été l’homme qui ne m’a jamais prise dans ses bras et que j’ai tant aimé, mon père a été l’homme sans lequel je n’aurais pas su tenir debout. Mon père a été l’homme qui, parce que nous n’avons jamais rien su nous dire, m’a tant donné envie d’écrire.
Est-ce que ça ressemble à un père, ça ? Non, je ne le crois pas. Je ne crois pas que les autres pères puissent se définir ainsi. On ne connaît rien d’universel : on ne connaît que ce qui nous a traverse.

rivela a écrit:

Je viens de finir Rêve d'amour.


J'ai bien aimé ce livre ça décrit une courte période de la vie d'une femme,c'est un portrait tout en douceur, très intime.

La douceur, oui, c'est aussi ce qui m'a semblé caractériser Puisque rien ne dure...Une douceur au coeur de situations pourtant difficiles...
J'écrivais:

coline a écrit:

Au-delà de tout, il s’en dégage une grande douceur, une impression de paix.

Ta critique Rivela, compense un peu celles plus mitigées lues plus haut...
J'ai acheté le livre au Festival de Nice (l'auteur le présentant, ça m'a incitée) mais je l'ai laissé de côté.

Je vais donc retenter...C'est vrai qu'il se dégage beaucoup de douceur dans ses écrits mais dans l'ensemble je me rapproche de l'avis de Li.

A voir donc!