Deux mots sur Ungaretti.....
De « D’une fleur cueillie à l’autre offerte, l’inexprimable rien (1914) » à «[…]D’égarement en égarement, Tzigane aux tentes d’Asies, Le velours de ses yeux revient, Foudroyante pitié. (1970)», Ungaretti est un poète italien dont on parle finalement peu.
Né en Egypte, les premières pages d’Ungaretti sont grainées de sable, poussières du désert. Ce désert, le « rien », le vide, l’espace de la vie que le sable comble pour filer dans un autre trou et laisser un refuge, un oasis, à moins que ça ne soit un mirage ? De cette lumière brûlante et desséchante mais aussi de l’épreuve de la guerre 14-18, Ungaretti, en homme meurtri, nous offre une poésie épurée, aux mots brefs et rudes. Chaque petit jet est un appel tantôt d’espoir, tantôt de désespoir, le temps d’un souffle, le temps de...mais déjà il n’est plus.
Après l’Egypte natale, il partira pour Milan et Paris, autre lumière et enfin Rome et sa campagne. Un autre chant, une autre terre, une patrie et sa mémoire. Même si sa plume garde ce côté laconique dans l’expression des sentiments, Ungaretti joue avec les sonorités des mots et leurs images comme un magicien.
A l’âge de 40 ans, il écrit « La Pitié » (1928) qu’il traduit lui-même en français. Tout une remise en question de la vie, de la poésie font de ses mots une terrible angoisse.
Vient « La Douleur » (1937-1946) où surgissent nombreux doutes sur le sens de la vie et de la poésie ; le cœur d’Ungaretti saigne la perte de son frère, son départ au Brésil,la mort de son fils, la 2de guerre mondiale. Dans le tréfonds de ses tourments, la poésie d’Ungaretti devient plus ample, comme un chant soutenu et solennel qui tentera de se calmer avec « Jour par jour » (1946), le poème de la mort de son fils.
Dès lors, le regard Ungaretti sur les choses de la vie sera différent, emprunt de la sérénité de celui qui a souffert, qui a vécu, une sérénité spirituelle où s’alterneront toujours paix et révolte. « Le Carnet du Vieillard » (1952-1960) témoigne de sa pleine maîtrise où ne s’éteint pas le combat entre joie et malheur. Un regard de velours, une foudroyante pitié (cf. première phrase du commentaire), clôt son dernier poème comme une résignation, serait-ce l’espoir d’avoir trouvé l’apaisement ?
Chaque poème est intimement lié à Ungaretti, à ses émotions, à son vécu. Et c’est avec beaucoup de pudeur qu’il faut entamer cette lecture où il n’y a pas de demi-mesure, dont la violence nous ébranle.
J'ai tout lu d'Ungaretti et je n'ai pas encore tout découvert, il faut être patient avec la poésie...