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Jack-Hubert, tu m'apprends l'existence de cette révolution tranquille (je suis de toute façon ignare sur tout ce qui touche à l'histoire du Québec, hélas). Je suis allée voir ça d'un peu plus près, et je suis stupéfaite de lire que la séparation de l'église et de l'état n'eut lieu qu'en 1965, et que le clergé avait jusque là la main mise sur l'éducation, la santé et le social.

Armor-Argoat a écrit:

Jack-Hubert, tu m'apprends l'existence de cette révolution tranquille (je suis de toute façon ignare sur tout ce qui touche à l'histoire du Québec, hélas). Je suis allée voir ça d'un peu plus près, et je suis stupéfaite de lire que la séparation de l'église et de l'état n'eut lieu qu'en 1965, et que le clergé avait jusque là la main mise sur l'éducation, la santé et le social.

Nous devons probablement cette réalité au fait que nous occupons une place assez isolée sur le continent américain. Je soupçonne que le conservatisme politique et social y sont particulièrement fertiles. Nous devons garder en souvenir que lors de la Conquête, les Anglais se sont associés au clergé pour assurer une domination sur les francophones tenus en captivité. Le clergé exerça une domination d'autant plus insidieuse qu'elle se faisait dans notre langue d'usage.

colimasson a écrit:

Chymère a écrit:

L'homme est-il mortel ou immortel ? de Josette M. Abel....

Pas inintéressant, mais impossible à conseiller à une personne n'ayant déjà pas quelques repères sur le New-Age et les questions spirituelles de cet ordre. Un peu trop de jargonnage par moment, et une façon d'exprimer des idées sans présenter suffisamment de sources, de repères et d'explication, du coup il faut être capable de s'en poser soi même pour ne pas s'y sentir perdu et/ou ne pas rejeter le propos en bloc...

Fait fonctionner le fil sur l'ésotérisme !
Enfin, peut-être ne jugeais-tu pas cela nécessaire puisque ce livre ne semble pas t'avoir vraiment emballée...

Celui-là... je dirais que ce n'est pas celui qui m'a le plus emballée sur le sujet, non. Il y a des passages intéressants, mais trop de "trucs qui tombent comme ça" sans que l'auteure précise suffisamment ses sources.

Après, je songe à alimenter le fil... mais je ne sais pas trop avec quoi en fait...   
Non parce que comme je suis une des rares à m'y intéresser, je veux bien intéresser les autres mais je ne sais pas d'où et de quoi partir (c'est super vaste comme sujet en fait )? Mais si certains ont des questions, des sujets sur lesquels ils s'interrogent ou de rejets, pourquoi pas... je veux bien y répondre sur le post.
Ou alors on met tous les livres de ce type dans le post paranormal, aussi...   

Si Jean Starobinski est surtout connue pour être un critique littéraire érudit, la seconde face de ses intérêts intellectuels est moins réputée. Avant de se former à l’étude et au professorat des textes, Starobinski suit des études de médecine et de psychiatrie qui s’achèvent par la publication d’une thèse sur « L’histoire du traitement de la mélancolie ». Le présent ouvrage s’ouvre d’ailleurs sur cette thèse synthétique et richement documentée publiée en 1960. En guise d’introduction, on suivra l’évolution des considérations portées sur la mélancolie en elle-même ainsi que les différents curatifs proposés pour en débarrasser ses victimes. L’exercice paraît trivial –d’ailleurs, on se demande s’il n’a pas déjà été effectué par un étudiant moins connu que Jean Starobinski. Pourtant, il faut se détacher de nos conceptions modernes pour retrouver cet état de virginité psychiatrique qui caractérisa l’histoire avant le 18e siècle et la désignation de la « nostalgie » en tant que terme médical. Dans cette perspective, il s’agit de comprendre les textes anciens au-delà des mots et de retrouver, sous d’autres termes, sous d’autres définitions, derrière des images et des concepts en abondance, ce qu’on finira par regrouper derrière une symptomatologie d’ailleurs très mobile. L’impossibilité de figer un état mental apparaît d’ailleurs très bien dans l’évolution de l’usage des mots et souligne une nouvelle fois la difficulté de l’entreprise de Jean Starobinski.


« Hofer eut la main heureuse : à l’aide de retour (nostos) et de douleur (algos), il créa nostalgia, mot dont la fortune fut telle que nous en avons complètement oublié l’origine. Il nous est si familier que nous l’imaginons mal de formation récente et surtout de formation savante. Ce néologisme pédant a été si bien accepté qu’il a fini par perdre son sens primitivement médical et par se fondre dans la langue commune. Il est entré tard dans le Dictionnaire de l’Académie : 1835. Son succès l’a dépouillé de toute signification technique : il est devenu un terme littéraire (donc vague). C’est là souvent le sort des vocables qui désignent des maladies mentales en vogue : pareille aventure est advenue au mot « mélancolie » (dont les psychiatres du XIXe siècle ne voulaient plus, tant il était galvaudé) et n’est pas loin d’advenir au mot « schizophrénie », autre néologisme formé en Suisse. »


On acceptera donc le panorama littéraire, philosophique et médical de Jean Starobinski comme une vue non exhaustive de la psychologie humaine depuis qu’elle détient l’art de la parole et de l’écriture. D’ailleurs, Starobinski ne s’est pas contenté de cette seule « Histoire du traitement de la mélancolie » -pliant ses recherches sitôt ses études terminées. S’ensuivent une « Anatomie de la mélancolie » et une « Leçon de la nostalgie » qui complètent ces premières observations, les renforcent et les approfondissent sous l’angle d’étude de différents textes et personnages. Les contradictions inhérentes au trouble semblent des constantes qui ne datent pas d’hier. Pourquoi la mélancolie, que certains considèrent comme une débilité d’esprit, fut-elle également galvanisée comme preuve de la supériorité et du génie de l’âme ? Ainsi Esquirol écrivait-il déjà très sérieusement que « plus l’intelligence est développée, plus le cerveau est mis en activité, plus la monomanie est à craindre », ce que d’autres développeront en termes plus littéraires et personnels des siècles plus tard.


Si Jean Starobinski semble parfois dépassé par l’ampleur du sujet qui l’intéresse, il finit par se concentrer essentiellement sur ce dernier aspect paradoxal pour dresser des analyses orientées des œuvres de quelques auteurs ciblés. La question qu’il se pose est d’une évidence telle qu’on se la sera déjà posée plusieurs fois, sans jamais avoir essayé de répondre : si la mélancolie est l’état d’âme caractérisé par l’impuissance d’agir et la disparition de toute volonté, comment se fait-il qu’elle ait toutefois réussi à se sublimer en œuvres chez certaines de ses victimes ? A travers l’étude des contes folkloriques, d’E. T. A. Hoffmann et de Kierkegaard, Starobinski émet l’hypothèse d’un « Salut par l’ironie ». Position paradoxale par excellence, « l’ironie connaît la puissance du non-savoir, qui éclaire de façon égale le savoir et le non-connaissable » (Wilhelm Szilasi). En autres recours, et en se référant aux œuvres de Baudelaire, de Gérard de Nerval et de Bandello, Jean Starobinski décline ensuite la mélancolie comme « Rêve et immortalité mélancolique », dans un balancement incessant entre répulsion et attrait pour la vie –ou pour la mort.


Au bout des 600 pages qui constituent ce regroupement de réflexions sur le thème de la mélancolie, il semble que Jean Starobinski n’a toujours pas fini ses recherches et que nous, lecteurs, n’avons toujours pas apaisé notre soif de questionnements. L’encre de la mélancolie se présente peut-être comme l’achèvement d’une réflexion personnelle car, à l’âge de 93 ans, il serait étonnant que son auteur la poursuive encore de manière décisive. Pourtant, la lecture de cet ouvrage très dense nécessite du temps, une méticulosité d’étude et des références culturelles déjà bien installées. Jean Starobinski semble avoir tranché : entre la médecine et la littérature, ce sont les aspects essentiellement littéraires qui retiennent ici notre attention et qui constitueront les difficultés de lecture les plus dangereuses. En effet, comme pour toute analyse littéraire, celle-ci ne devient intéressante qu’à partir du moment où le lecteur en connaît ne serait-ce que les grandes lignes –ce qui n’est pas toujours le cas dans cette étude fouillée qui nous perdra à maintes reprises. La difficulté de rentrer immédiatement dans l’analyse de Starobinski tient aussi, peut-être, à l’écriture sèche et rigoureuse qui le caractérise. D’un premier abord très scolaire, effectuant parfois la paraphrase plus qu’il n’est nécessaire, elle se révèle toutefois plus illuminante qu’il n’y paraît. On découvrira ainsi que les traitements médicaux chers à notre 20e siècle existaient déjà en germe depuis des siècles, et que ses premières critiques n’avaient pas attendu l’arrivée de l’antipsychiatrie pour se manifester (« […] Que devenir, si celui dont on attend le secours a lui-même besoin de secours ? »).


En citant Nietzsche, Kierkegaard ou Baudelaire, en se concentrant sur leur peine à être sincère, sur leur déception de n’avoir pas mené une vie à leur convenance , le premier écrivant que « notre sincérité habituelle est un masque qui n’a pas conscience d’être masque » et le second poursuivant en disant que sa « vie présente est comme une contrefaçon rabougrie d’une édition originale de mon moi », Jean Starobinski mérite lui-même de devenir un objet d’étude mélancolique à part entière.




Parmi les traitements les plus loufoques...

J. C. Reil a écrit:

Les chats étaient choisis d’après la gamme, et mis en rang avec la queue tournée en arrière. Des marteaux garnis de clous pointus pouvaient s’abattre sur ces queues, et le chat ainsi atteint émettait sa note. Lorsqu’on jouait une fugue de cet instrument, et surtout si le malade était placé de façon à ne rien perdre de la physionomie et des grimaces de ces animaux, la femme de Loth elle-même eût été tirée de sa rigidité et rendue à la raison.

Une anecdote sur JJR :

Citation :

Jean-Jacques Rousseau, à vingt-six ans, saisi d’une « noire mélancolie » et convaincu d’avoir un « polype au cœur », quitte Mme de Warens et se rend à Montpellier : il se présente à ses compagnons de voyage comme un Anglais du nom de Dudding. Pourquoi ce déguisement et ce pseudonyme ? Rousseau, qui venait de lire les romans de l’abbé Prévost, savait que le vrai mélancolique est nécessairement un Anglais. Ce nom d’emprunt l’aidait à construire la personnalité et la maladie prestigieuses qu’il souhaitait avoir.

Une preuve de la nature mélancolique de ce post :

Citation :

L’idée la plus répandue est que les langues anciennes sont dotées d’une énergie supérieure à celle des langues vernaculaires modernes. La citation est nécessaire pour consolider un propos, compenser une faiblesse. Elle n’est pas simplement un ajout, un « surpoids » (Montaigne), elle donne du lustre à la pensée, car « tout est dit » (La Bruyère) et il est difficile de penser autre chose que ce que les anciens ont déjà admirablement exprimé. Il serait tentant de voir dans cette conviction un sentiment d’infériorité mélancolique.

Une définition parmi tant d'autres de la mélancolie :

Philippe Pinel a écrit:

Les principaux symptômes […] consistent dans un air triste, mélancolique, dans un regard stupide, des yeux parfois hagards, une figure inanimée, un dégoût général, une indifférence pour tout ; le pouls est faible, lent ; d’autres fois fréquent, mais à peine sensible : un assoupissement assez constant : pendant le sommeil, quelques expressions échappées avec des sanglots et des larmes ; la presque impossibilité de quitter le lit ; un silence opiniâtre, le refus des boissons et d’aliments, l’amaigrissement, le marasme et la mort.

Starobinski ouvre des portes et donne furieusement envie de lire une myriade d'auteurs...

*peinture de Caspar David Friedrich

Je ne savais pas non plus que le Québec avait été clérical jusqu'en 1965.

Chymère a écrit:

Non parce que comme je suis une des rares à m'y intéresser, je veux bien intéresser les autres mais je ne sais pas d'où et de quoi partir (c'est super vaste comme sujet en fait )? Mais si certains ont des questions, des sujets sur lesquels ils s'interrogent ou de rejets, pourquoi pas... je veux bien y répondre sur le post.  

Sans qu'il soit question que tu nous fasses un cours en "partant" de quoi que ce soit, tu peux simplement nous parler des livres que tu lis à ce sujet au fur et à mesure...

Une question que j'avais en te lisant à propos de Jean Starobinski et de la mélancolie, c'était... as-tu déjà lu Julia Kristeva, colimasson? Cette question m'est venue assez spontanément. Pour ma part, je n'ai pas vraiment lu Starobinski sauf au détour de quelques extraits choisi et dont je n'ai pas vraiment de souvenirs. C'est bon de savoir que Starobinski s'est intéressé à la question de la mélancolie sur un plan médical. Toutefois comme tout bon critique littéraire se respecte, il faut nécessairement passer par l'épreuve de feu psychanalytique.

Pour le cléricalisme du Québec, c'est assez prodigieux comme cas d'espèce. En ce qui concerne la communauté sourde locale, nous avons vécu cette révolution de l'intérieur et avons même été frappés de plein fouet par les effets de l'improvisation gouvernementale en matière de services éducatifs publics consacrés aux Sourds. Nous avons été intégrés sauvagement dans le milieu scolaire dit «normal» et nous avons été amenés par multiples processus d'isolement à vivre un peu cette espèce de désoeuvrement qui peut frapper de manière analogue la psyché québécoise. Je le dis bien sûr en riant à moitié, puisqu'il faut revenir aux discours et aux classiques qui analysent la période de la révolution tranquille.

Merci pour ton analyse du livre de Starobinski, Coli. Il me ferait diablement envie si j' avais ma meilleure
forme..
JHB, je te conseille la lecture de Starobinski et notamment Rousseau, la tranparence et l' obstacle.
Kristeva, non merci, elle ne  s' est jamais débarrassé de son jargon.
Je ne sais pas si elle s' adresse à Sollers dans son jargon, mais ça m' étonnerait que Sollers lui laisse
placer un mot !

jack-hubert bukowski a écrit:

Une question que j'avais en te lisant à propos de Jean Starobinski et de la mélancolie, c'était... as-tu déjà lu Julia Kristeva, colimasson?

Non, et je ne connais pas du tout... quel serait le rapport avec Starobinski ?

bix229 a écrit:

Merci pour ton analyse du livre de Starobinski, Coli. Il me ferait diablement envie si j' avais ma meilleure
forme..

Trop mélancolique pour te plonger dans cette lecture ?
Voilà pour toi un bon remède :

Citation :

Comme l’humeur mélancolique est sèche et froide, il faudra prescrire des mets humides et tièdes : des poissons frais, des fruits bien mûrs, de jeunes agneaux, des poulets, toutes sortes de jeunes animaux femelles, etc. On interdira, comme le faisait déjà Galien, les viandes âgées et lourdes, le thon, la baleine ; on tiendra pour nocives toutes les légumineuses, qui augmentent les flatulences. Le vin coupé et léger est très recommandé : il réjouira l’âme par sa douce chaleur.

Michael Pollack, Vienne 1900, une identité blessée


D'Adalbert Stifter à Robert Musil, le livre passionnant de M. Pollak raconte l'histoire intellectuelle autrichienne de 1804 (premier éclatement de l'Empire austro-hongrois) à 1918 (fin de l'Empire).
Le titre de l'ouvrage est donc particulièrement restrictif au regard du matériau proposé par l'auteur.


Le livre se découpe selon les trois grands thèmes que souhaite développer Pollak et qui, pour lui, expriment le plus clairement possible les interrogations, les errances et le pessimisme qui nourrissent l'univers intellectuel  autrichien et qui n'empêchent nullement sa richesse.

Premier thème : la difficile identité nationale et culturelle d'une élite qui se veut d'abord autrichienne, multinationale et qui cependant ne peut pas ne pas loucher sur son voisin allemand. La censure intellectuelle fait rage et les écrivains se voient acculer à être imprimés en Allemagne , s'ils veulent avoir une quelconque audience. Les autres nationalités de l'Empire (Hongroise, de Bohême, Ruthène, Serbe, Bosniaque, Italienne, Polonaise et autres…) opèrent un repli sur elles-mêmes qui les rendent quasiment silencieuses. Pendant ce temps, les écrivains ont recours aux postes de fonctionnaires que leur offre la Cour impériale pour pouvoir survivre (c'est le cas de Stifter ou Grillparzer qui joueront un rôle pédagogique important après la révolution de 1848 à travers le Ministère de l'Instruction).
Plus tard, les écrivains du Jung-Wien, les Sécessionnistes et autres feu-follet (Karl Kraus…), tout comme les philosophes devront également souffrir de cette difficulté à se reconnaitre dans une identité nationale et culturelle, se réfugiant dans les rais d'une élite exclusivement composée d'hommes et de germanophones.

 Second thème : l'antisémitisme vs le sionisme imposent aux intellectuels une réaction de repli vers l'art pour l'art et l'idéalisation du rôle de l'artiste. Nombreux sont les intellectuels issus de la grande bourgeoisie juive. Leur difficulté est qu'ils n'appartiennent pas à l'aristocratie des salons qui quoique déclinante se reconnait à son antisémitisme mondain (même Hofmannsthal est un aristocrate récent qui ne peut prétendre à l'héritage intellectuel des anciennes élites viennoises). Mais nombreux également sont les juifs qui ne se reconnaissent pas dans le combat politique de Theodor Herzl (fondateur du sionisme). La plupart vont donc se réfugier dans la sublimation du rôle de l'artiste, le maudit, l'Idéal, en rejoignant le mouvement des Jung-Wien (Hofmannsthal, Schnitzler, Adrian, Beer-Hoffmann…) ou la Sécession (grand courant pictural qui ne se revendique plus de l'Histoire mais peint des sujets psychologiques où l'on sent l'influence de la psychanalyse freudienne et de la libération des pulsions sexuelles).

 
D'ailleurs le troisième thème du livre est la recherche de  l'identité sexuelle. Cette recherche est faite par de jeunes hommes de bonnes familles qui n'ont pas d'autres choix que le recours aux prostitués (avec tout ce que cela engage de problèmes moraux et médicaux, d'angoisse et d'avilissement), puisque les jeunes filles de leurs castes sont tenues sous clefs (la virginité de la fille étant la garantie d'une dote sérieuse alors que les tractations financières qui entourent chaque union s'apparentent encore aux sombres âges du passé). De cette sexualité cachée, honteuse, culpabilisante jaillit la peur panique de la Femme, être 'pervers polymorphe' (selon les mots même de Freud), catin ou sainte. Cette femme, dont il faut se méfier et qui est au mieux une actrice renommée, est d'autant plus torturante qu'elle offre l'inspiration par son idéalisation et étouffe l'intelligence créative lorsque le poète succombe à ses attraits. Evidemment, cette sexualité taboue œuvre à la somatisation des artistes et à leur incapacité à parler librement de leurs désirs.

 Grâce à l'exploration de ses trois thèmes, Michael Pollak propose un panorama extrêmement riche et complexe de cette Vienne qui malgré cela offre en réponse aux frustrations d'une identité blessée, des réponses artistiques d'une rare fécondité et d'une grande modernité.

 
Un livre absolument passionnant.   

@shanidar,
Merci de parler de cette étude de Michael Pollack. Tu me rappelle ainsi de courir cette semaine voir une exposition qui va se terminer sous peu : Vienne - Berlin. L'art entre deux métropoles. De Schiele à Grosz. Pour plus d'informations, voir ici.

Maline a écrit:

@shanidar,
Merci de parler de cette étude de Michael Pollack. Tu me rappelle ainsi de courir cette semaine voir une exposition qui va se terminer sous peu : Vienne - Berlin. L'art entre deux métropoles. De Schiele à Grosz. Pour plus d'informations, voir ici.

je t'envie...

Destiné à ceux qui souhaitent remédier à une culture judéo-chrétienne déficiente, le condensé La Bible et les Saints permet d’éclaircir de nombreux questionnements qu’on peut se faire lorsque, confronté à une peinture, on se demande quel est l’intérêt de la scène représentée ou lorsque, profitant du repos alloué par les jours fériés religieux, on se demande quel évènement se trouve à l’origine d’une accalmie du monde moderne.


On se réfèrera donc aux entrées contentant le nom de Saints et d’évènements significatifs de la Bible pour retrouver son chemin dans un dédale de références devenues obscures. Bref, Gaston Duchet-Suchaux ne livre que l’essentiel : les textes religieux évoquant le personnage ou la scène, un résumé de la légende et l’histoire de sa représentation picturale. Ce dernier point est le plus intéressant, qui permet de prendre conscience de l’évolution des rapports entre les hommes et le texte religieux. Les iconographies liées à Marie ou à la scène de la Passion sont par exemple très éloquentes et témoignent d’une pudeur affective des premiers siècles progressivement remplacée par une communion des sentiments allant jusqu’à l’extase mystique.


On pourra comparer cette histoire des représentations avec les quelques peintures et icônes intégrées dans cet ouvrage. Des premiers temps jusqu’au triomphe de Raphaël ou au maniérisme de Tintoret, ce sera l’occasion de découvrir de nouveaux artistes et de nouveaux épisodes bibliques dont on pourra immédiatement éclaircir la thématique. Pourquoi Loth est-il si souvent représenté avec ses deux filles ? Qui est cette Suzanne que l’on représente toujours entourée de vieillards ? Et que fait donc sainte Agathe portant ses deux mamelons sur un plateau ? La Bible et les Saints ne permettra pas une illumination mystique mais allumera déjà quelques chandelles dans le paysage religieux déserté des plus incultes.


Qu'est-ce qu'il fout avec sa biche ?



Saint Gilles et la biche de Maître de Saint Gilles

Citation :

Au cours d’une partie de chasse, un roi blesse la biche et le saint ermite ; pour se faire pardonner, il offre à ce dernier de faire construire non loin de là un monastère dont il devient l’abbé. Cette histoire est liée à la fondation légendaire de la fameuse abbaye de Saint-Gilles du Gard, lieu d’un pèlerinage important sur les reliques du saint, passe obligé sur la route de Compostelle et principal port d’embarquement pour la Terre sainte, avec la construction d’Aigues-Mortes au XIIIe siècle.

Oh, le lac Léman   


La pêche miraculeuse de Konrad Witz

Citation :

Jésus est debout sur la rive d’un lac qui n’est autre que le lac Léman avec à l’arrière-plan le mont Salève.

La fameuse Agathe...



Sainte Agathe de Zurbaran

Citation :

Agathe décide de rester vierge et de consacrer sa vie au Christ. Mais le préfet romain de Sicile, Quintianus, ayant entendu parler de sa grande beauté, tente de la séduire. Devant sa résistance, il l’envoie dans un lupanar, où elle conserve miraculeusement sa virginité. Elle est alors soumise au supplice le plus cruel ; attachée à une colonne, la tête en bas, un bourreau lui tord puis lui arrache les seins avec une tenaille.

Lu également, et toutes ces avancées sur l'intelligence animale m'ont passionnée !
Il me semble qu'Igor l'a lu aussi?

J'avais entendu parler de l'auteur et du bouquin je ne sais plus où, là tu me donnes très envie de le lire !   

Invité a écrit:

Des expériences ont prouvé que chez les oiseaux, la période durant laquelle l’oisillon s’attache est très courte, de l’ordre de quelques heures après la naissance. Subsituez une boule de billard à la mère, et vous ferez un oiseau qui toute sa vie recherchera la boule de billard parfaite…

Fleur rhétorique ou encore figure de style destinée à distraire les oisillons que nous sommes...? Sérieusement, comment expliquer que l'oisillon oublie avec une telle faculté?