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| Laurence Tardieu | |
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+5Aeriale Li kenavo Menyne coline 9 participants | |
Auteur | Message |
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kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Laurence Tardieu Sam 7 Nov 2009 - 17:21 | |
| A l'abandon(images de Aude Samama) - Citation :
- Une femme est allongée dans l'herbe, seule. En elle jaillit un flot de sensations et de souvenirs intenses, aussi intenses que leurs contours sont vagues. Un visage, une voix, des bribes de l'enfance... Une odeur d'herbe, une soif brûlante et une envie de pleurer, qui n'est ni joie ni tristesse. Le temps, le lieu, tous les repères se brouillent pour laisser place aux émotions.
Petit livre qui tient dans une main, 44 pages, 10 images… À quoi rêvent les morts ? Est-ce qu’ils se souviennent ? De quoi se souviennent-ils ? Est-ce qu’on peut emporter au tout dernier instant, lorsqu’on bascule dans la nuit, un ultime souvenir, d’un être qu’on a terriblement aimé, ou de quelques chose qu’on a terriblement aimé ? On ne partirait pas tout seul. On garderait l’empreinte d’un amour, qu’on n’en finirait pas de serrer contre soi. L’éternité entière pour se souvenir, de cet être, de ce lieu, de ce moment, pour se souvenir encore et encore, et revoir, et rêver, et éprouver. La nuit ne serait pas profonde, mais heureuse, ardente. Semblable à un ciel traversé d’éclairs.C’était comment l’enfance ? Est-ce que c’était doux ? Est-ce que c’était si doux ? Je ne sais plus. J’ai oublié. Pourquoi dit-on souvent que l’enfance est heureuse, insouciante, légère ? Contempler le visage de ma mère, encore et encore. Le garder comme un rêve au-dessus de moi. Mais il s’efface. On ne garde rien. Je voudrais me souvenir. Basculer des années en arrière. C’est difficile. Le passé ne se tient pas comme une petite poche bien propre, bien étanche, bien jolie, dans laquelle on peut puiser à sa guise. Le passé est une plaque mouvante. Il se dérobe lorsqu’on le cherche.invitation pour se laisser emporter par ces mots et images dans un voyage-rêve... | |
| | | rivela Zen littéraire
Messages : 3875 Inscription le : 06/01/2009 Localisation : Entre lacs et montagnes
| Sujet: Re: Laurence Tardieu Sam 7 Nov 2009 - 19:31 | |
| c'est joli et romantique ça pourrait faire un joli cadeau de noël. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Laurence Tardieu Sam 7 Nov 2009 - 20:57 | |
| - kenavo a écrit:
A l'abandon (images de Aude Samama)
Petit livre qui tient dans une main, 44 pages, 10 images…
invitation pour se laisser emporter par ces mots et images dans un voyage-rêve... J'ai vécu deux expériences de lecture très différentes avec Laurence Tardieu...L'une très agréable ( Puisque rien ne dure), l'autre très décevante ( Rêve d'amour)... L'as-tu lu Kenavo?...Ces 40 pages (moins de 30 en écriture)valent-elles vraiment le coup? | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Laurence Tardieu Sam 7 Nov 2009 - 22:14 | |
| - rivela a écrit:
- c'est joli et romantique ça pourrait faire un joli cadeau de noël.
euh.. 'cadeau' .. disons plutôt une petite attention - il est tout petit et 40 pages - coline a écrit:
- J'ai vécu deux expériences de lecture très différentes avec Laurence Tardieu...L'une très agréable (Puisque rien ne dure), l'autre très décevante (Rêve d'amour)...
L'as-tu lu Kenavo?...Ces 40 pages (moins de 30 en écriture)valent-elles vraiment le coup? hm.. disons, je connais ta libraire.. je suis certaine qu'elle ne va rien dire si tu prends le livre, t'installe près du feu, demande un thé.. et avant que tu as bu ton thè, tu auras lu le livre et tu vas le remettre si tu n'es pas conquise pour moi c'est la première lecture d'elle et puisque j'avais suivi ce fil et vu les avis différents, je voulais faire connaissance.. et puis il y a ce très bon commentaire dans PAGES des libraires pour ce petit bouquin.. et je me suis dit - allez, on essaie.. disons - son écriture est vraiment très joli, et pour les images d'Aude Samama, oui.. je pense que cela vaut le coup | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Laurence Tardieu Sam 7 Nov 2009 - 22:26 | |
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| | | Eve Lyne Sage de la littérature
Messages : 1936 Inscription le : 08/08/2008
| Sujet: Re: Laurence Tardieu Mer 21 Avr 2010 - 11:44 | |
| Un temps fou.
Maud et Vincent se sont rencontrés une première fois il y a six ans au cours d'une soirée. Ils ont alors passé la nuit ensemble à parler de tout et de rien, sans toutefois évoquer la moindre parcelle de leurs vies respectives. Puis, Vincent a coupé tout contact, comme si cette nuit n'avait été qu'un songe. Six ans après, il lui téléphone. Il est scénariste, elle écrit, il a besoin de sa collaboration. Alors qu'elle était confrontée à l'angoisse de la page blanche, à l'inspiration manquante, les souvenirs resurgissent et avec eux l'envie de dévoiler une partie de son enfance donc de son intimité.
Je n'ai pas été embarquée car il s'agit plutôt d'un ensemble de constats, sensibles certes, sur le désir de l'autre, le temps qui passe, les traces que laissent les émotions, l'écriture, la vision rêvée de l'Autre. Les réflexions sont pertinentes et délicates. Cependant je suis restée détachée des protagonistes et j'ai trouvé le temps bien long, avec un très fort sentiment de tourner en rond. Si je m'étais écoutée, j'aurais sauté des pages pour en terminer au plus vite. Pour ceux qui aiment les chants d'amour à sens unique...
Peut-on appeler roman ce livre ? J'ai un doute. Il s'agit davantage d'une analyse des sentiments, de leur distorsion avec la réalité, de la force du présent dans notre vie, de la place des souvenirs (fiables ou déformés), etc. Un livre pour réfléchir à certains thèmes chers à l'auteur, plutôt que pour s'évader.
Pour résumer, une déception d'autant plus vive que j'avais été touchée par la sensibilité de Puisque rien ne dure. | |
| | | mimi54 Zen littéraire
Messages : 6043 Inscription le : 02/05/2010
| Sujet: Re: Laurence Tardieu Jeu 11 Nov 2010 - 19:50 | |
| Le jugement de LéaLaurence Tardieu n’a pas son pareil pour transcrire en si peu de mots, mais si pertinents tous les sentiments d’une femme et d’une mère qui attend que les jurés décident ou non de sa culpabilité. Léa est accusée d’infanticide, le crime le plus horrible qui soit dans nos sociétés. C’est avant tout une femme qui est là, avec toutes ses ambigüités, toutes ses souffrances. Elle est là, seule avec son gardien. Elle n’a rien pu dire à son procès. C’est devant cet homme qui ne peut rein pour elle, n’est là que pour la surveiller, quelle va peu à peu se libérer, aller au plus profond d’elle-même, va tenter d’expliquer l’inexplicable, revisiter sa plus tendre enfance pour en décrypter les origines de tout cela. « Certaines choses, on ne peut pas les raconter. Ce serait trop misérable. » p39 Cette femme est tellement seule sur sa chaise à attendre que d’autres décident de son avenir ; elle parle d’elle, de son enfance, de son enfant. C’est ce surveillant, si humain, qui parviendra à ce qu’elle se libère, pour ne pas qu’elle devienne folle. La présence discrète d’un homme, mais efficace et chaleureuse. Voilà une femme qui a commis l’infanticide, mais à laquelle je me suis attachée, sans la juger. Comment a-t-elle pu en arriver là ? Elle ne le dit pas ouvertement. Par petite touche elle dessine la fille qu’elle a été pour sa mère, et, son père. Peut-on être vraiment mère quand on n’a pas été profondément l’enfant de quelqu’un ? C’est quoi être mère ? Elle aussi se pose la question ; sans en avoir les réponses. L’écriture de Laurence Tardieu est d’un rythme soutenu, les mots sont choisis, sans fioritures inutiles ; l’essentiel, rien que l’essentiel, comme pour laisser le lecteur à sa propre réflexion sur le sujet, douloureux, et, toujours d’actualité. Une lecture qui m’a imprégnée tant elle poignante. | |
| | | mimi54 Zen littéraire
Messages : 6043 Inscription le : 02/05/2010
| Sujet: Re: Laurence Tardieu Sam 27 Nov 2010 - 23:41 | |
| Comme un père - Citation :
- Par un hasard douloureux de la vie, Louise, à vingt-cinq ans, perd sa mère et retrouve son père. Emprisonné depuis vingt ans, celui-ci demande l'hospitalité à sa fille avant de recommencer une nouvelle vie. Louise accepte, dans le déchirement et la culpabilité. Pendant cinq jours, le père et la fille vont tenter de vivre ensemble. Enfermée dans son hostilité, Louise découvre cette partie d'elle-même qu'elle a toujours niée. Mais ce subit retour du passé est le prix qu'elle doit payer pour aller de l'avant.
Laurence Tardieu a vingt-neuf ans. Elle nous donne ici son premier roman.
Un tout petit texte, tout en finesse, mais dont les mots et les phrases sont claires nettes et précises. Dans ce premier roman, Laurence Tardieu s’attarde sur la relation père –fille, ou plutôt, la non relation père –fille. Et je dois dire que c’est assez émouvant de voir deux êtres liés de chair et de sang ne pas se reconnaître, non pas physiquement mais en tant parents. Louise s’est depuis longtemps détachée de ce père en prison depuis 20 ans. Elle l’héberger, par pur sens de l’hospitalité, mais……mais……Voilà une situation impensable, mais pas si rare que cela. Ce texte se situe sur deux niveaux narratif, mais, à mon sens, construit un peu maladroitement. Ce double niveau permet à Laurence Tardieu, au travers de son personnage d’engager une réflexion sur la création artistique. C’est ce qui rend à mes yeux ce roman un peu moins bien que le jugement de Léa. La manière que Laurence Tardieu a d’explorer les sentiments humains est très plaisante, et est de plus en plus travaillée au fil de son œuvre. | |
| | | Cassiopée Main aguerrie
Messages : 347 Inscription le : 28/07/2011 Localisation : France
| Sujet: Re: Laurence Tardieu Mar 6 Déc 2011 - 22:01 | |
| La confusion des peines - Citation :
- « Ecrire, c’était lutter contre le silence. »
« Nous sommes dans le vertige du silence …. » « Dis-moi pourquoi tu te tais … » « Ecrire, c’était aussi tenter de mettre en ordre ce qui dans ma vie l’était si peu. Avoir l’illusion de triompher sur le désordre. »
C’est une de ces familles où on se tait et où on se tient droit quelles que soient les circonstances. Une famille où on « met de côté ce qui déborde », les rires trop forts, les pleurs, les cris … On est lisse, calme, maître de la situation. On s’aime mais on ne le montre pas ou alors seulement quand on pense que l’autre ne le voit pas. On ne s’attendrit pas, on avance, on accepte les événements et on fait avec.
Les parents se doivent d’être lisses, parfaits, solides, presqu’invulnérables … Et si un jour, une faille apparaît dans l’armure, qu’un enfant cherche le dialogue en s’engouffrant dans cette brèche, on fait cas de rien, on n’a rien à dire, à quoi bon raconter sa vie ?
Certains ont besoin de se toucher, de s’embrasser, de se téléphoner, de se voir, de se parler …. Ce n’est pas ainsi chez Laurence Tardieu …. Alors comme d’autres écrivains ou pas, (qui n’a pas un jour pris la plume pour exprimer tout ce qui lui encombrait le cœur, l’esprit, étouffait sa vie, jusqu’à se sentir mieux parce qu’enfin « c’est dit » ?) avant elle, elle a pris le stylo, comme on prend le taureau par les cornes, par besoin vital, nécessaire, pour sa survie à elle, au risque de perdre son père ….
Car il s’agit de survie, pour continuer à vivre, il fallait que ce livre soit écrit. Nécessité de mettre des mots sur des situations (sa mère malade qui meurt, son père emprisonné, ses difficultés avec sa sœur …). Oui, elle raconte à petites touches, sans s’étaler, leur vie à tous et on peut penser que c’est sans intérêt … Oui, elle donne des informations sur ce qu’ils ont vécu …
Là n’est pas la question … Que ce soit sa vie et qu’elle se guérisse par l’écriture, pourquoi pas ?
Mais être capable de nous toucher par ses mots, ses émotions, ses phrases à fleur de peau, sa façon de s’exprimer alors qu’elle écrit à son père, sans que jamais, on ne se sente « voyeur », c’est très fort ….
Moi qui aime la musique des mots, qui m’en délecte, qui apprécie la belle orthographe, les termes choisis, élus, pour nous émouvoir, nous toucher au cœur, je me suis régalée avec l’écriture …. J’irai presque jusqu’à dire que peu importe le contenu du livre tant les mots vous arrivent comme autant de cadeaux ….
Laurence Tardieu a écrit pour exister, parler, sortir de ce silence qui tue, qui étouffe, pour dire à son père qu’elle l’aime, malgré les non-dits, malgré ces « Non, Laurence, tu n’écriras pas ce livre tant que je serai là…. »
Laurence, vous permettez que je vous appelle Laurence ? Votre livre est un cri d’amour, puisse votre père le comprendre … Et puissions-nous, parents, comprendre, qu’à trop vouloir être irréprochables, on aime mal nos enfants et on risque de perdre le fil, ce fil si ténu de la communication …..
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| | | mimi54 Zen littéraire
Messages : 6043 Inscription le : 02/05/2010
| Sujet: Re: Laurence Tardieu Ven 9 Déc 2011 - 8:21 | |
| La confusion des peinesL’objet, le point de départ, le prétexte de ce livre est abordé, certes, assez pour que le lecteur comprenne. Par un temps, il m’a un peu gêné, tant cela paraissait éloigné de la matière du livre. Et puis, insidieusement, comme Laurence Tardieu, j’ai laissé de côté tout cela pour ne retenir que l’essentiel, et plus beau : l’amour d’une fille pour son père, qui faute d’avoir pu être dit, est écrit. Dans cette famille comme dans tant d’autres, on s’aime, mais on ne se le dit pas, on ne se touche pas. A quoi bon le dire ? Le montrer tous les jours n’est pas l’essentiel ? C’est ce qui revient le plus souvent quand on aborde le sujet entre 4 yeux. - Citation :
- « Entre nous pas d’effusions. On ne dit pas la douleur. On ne dit pas l’amour. On en vibre, on en défaille, mais on les tait. On les cache. »
Plutôt qu’un roman, ces pages sont plus, pour moi, tantôt une confession, avec la narration à la troisième personne, tantôt une lettre lorsque Laurence Tardieu s’adresse directement à son père. La construction y est hétérogène, pas vraiment organisée ; et cela traduit une certaine confusion, un malaise par rapport à tout ce que peut ressentir l’auteur. La longueur et la complexité des phrases sont aussi marquant. Des phrases, des mots qui raisonnent, qui interpellent. Comme d’autres, écrire pour Laurence Tardieu, c’est comprendre, se libérer, évacuer, c’est sortir d’un long silence. - Citation :
- « Je reprends la parole parce que je ne peux pas faire autrement. Je prends la parole pour reprendre mon souffle. »
Un souffle que, moi lectrice, aie un temps, un peu perdu, avec ces phrases longues t lourdes, et qui s’est apaisé ensuite. - Citation :
- « De ce silence nous sommes tous responsables : mon père ne disant rien, nous n’osant rien demander. »
« Le silence est pour nous un territoire si intime, si familier, qu’il constitue notre espace vital, le seul au sein duquel nous sachions nous mouvoir, même si nous y étouffons, mais où nous nous obstinons à errer. » « Ecrire c’est lutter contre le silence. (..)Ecrire c’est aussi tenter de mettre en ordre ce qui dans ma vie l’était si peu. » De Laurence Tardieu, j’ai tout lu, sauf un temps fou. Comme un père et Le jugement de Léa, ses deux premiers ouvrages, m’ont particulièrement marquée. La justice y occupe une grande place, et je mesure pleinement, en lisant cet ouvrage-là, combien le sujet a pu la toucher personnellement. Etait-ce déjà deux timides tentatives de libération ? Les dernières lignes sonnent comme un apaisement, un nouveau départ, la naissance de quelqu’un d’autre. | |
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