Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Sylvie Germain

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Aeriale
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   Sylvie Germain - Page 2 EmptyMer 9 Avr 2008 - 19:02

mimi a écrit:


Hum en lisant ce que vous avez écrit sur Magnus, je constate une similitude entre les personnages car Laudes est aussi en mal et recherche d'identité. Thème réccurent chez l'auteur ?

Par contre, Aériale dit : ""On suit tout celà avec respect mais toujours dans la distance, comme le dit Sophie. Le mystère est préservé, mais au détriment des émotions, le plus souvent étouffées..." C'est vrai sans doute mais je trouve, en ce qui me concerne, que la distance est bonne. Au-delà, elle me dérange parfois (Lambeaux de Juliet) et me laisse un sentiment de voyeurisme et de malaise (je sais, c'est bête !!)
Oui, je comprends ce que tu ressens pour Lambeaux Mimi.
Moi aussi, même si j'ai trouvé le texte bien écrit, cette proximité m'a un peu génée.
Dans Magnus, au contraire, l'écriture (si belle soit-elle, et on te rappellera pour les posts-it Wink ) m'a paru un peu trop éthérée, mais c'est tout de même une histoire qui m'a marquée.
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Lou
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MessageSujet: Tobie des Marais   Sylvie Germain - Page 2 EmptySam 12 Avr 2008 - 23:08

Tobie des Marais

L’histoire : au cœur du marais poitevin vit Tobie, petit garçon roulant la nuit à toute allure sur son tricycle. Où va-t-il ? Voir le Diable, qui aurait volé la tête de sa mère. En réalité, c’est l’histoire d’une famille brisée qui se dessine peu à peu : décapitée par un fil de fer alors qu’elle galopait à travers la forêt, Anna est retrouvée ensanglantée sur sa jument. Théodore, son mari, fou de ne retrouver qu’un corps sans tête, est frappé d’une attaque et devient un père fantôme, parfois absent, parfois violent. Deborah, l’arrière-grand-mère de Tobie, pilier de la famille, tente d’épauler Théodore et d’élever l’orphelin. C’est beaucoup demander à une femme qui a vu sa famille périr et disparaître dans l’Atlantique alors qu’elle cherchait à émigrer aux Etats-Unis ; puis qui a perdu son mari à la guerre, avant de voir ses filles disparaître à leur tour. Devenu adulte, Tobie est envoyé par son père à Bordeaux afin de recouvrir une dette. Cette mission servira de prétexte à voyage initiatique où l’amour, l’amitié et le rapport à ses chers disparus bouleverseront Tobie.

C’est une superbe histoire que nous livre Sylvie Germain. Dans une prose riche et musicale, elle nous transporte dans un univers oscillant entre réalité et fiction, où les anges et les disparus sont tout aussi présents que des vivants ancrés dans une réalité souvent dure. C’est aussi un monde magnifique qu’elle nous dépeint ; avec beaucoup de grâce et de spiritualité, Sylvie Germain décrit un Marais Poitevin sensuel et capiteux, extraordinaire, où le surnaturel communie avec la nature et les hommes. Chaque bruissement, chaque frôlement prend une dimension nouvelle et renvoie les personnages à un passé omniprésent, où l’histoire le dispute à la religion et au poids des racines. Terriblement poétique, ce roman touchant allie une histoire brillamment menée à une plume érudite et précise, le tout dans un éveil des sens permanent.

J'en avais parlé là à l'origine : http://myloubook.hautetfort.com/archive/2007/12/20/tout-en-finesse.html
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   Sylvie Germain - Page 2 EmptyDim 13 Avr 2008 - 11:16

Lou a écrit:
L’histoire : au cœur du marais poitevin vit Tobie, petit garçon roulant la nuit à toute allure sur son tricycle. Où va-t-il ? Voir le Diable, qui aurait volé la tête de sa mère.

Lou est en train de parler de Tobie des marais... Wink
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   Sylvie Germain - Page 2 EmptyDim 13 Avr 2008 - 11:18

Sylvie Germain ne laisse pas indifférent...Il y a ses inconditionnels et ceux qui ne supportent pas...Je fais partie de la première catégorie...Lou aussi apparemment... Wink
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   Sylvie Germain - Page 2 EmptyLun 21 Avr 2008 - 20:11

premier roman lu de cette auteure et je suis sous le charme aime

"Magnus"


Franz-Georg est né avant la guerre (celle de 39/40) en Allemagne mais il ne garde aucun souvenir de son enfance, seulement ce que sa mère lui a en a raconté: sa maladie qui lui a fait perdre la mémoire et lui a fait perdre le langage qu'elle lui a lentement et patiemment réappris.
Franz-Georg porte les deux prénoms de ses deux oncles maternels tombés au combat, tombés dans l'enfer de Stalingrad. En plus de sa perte de mémoire, il doit porter le fardeau de ces "ancêtres", héros de guerre glorifiés par sa mère.
Franz-Georg a du mal à saisir ce qui se passe autour de lui: sa mère, omniprésente, son père présent sans l'être vraiment et qui ne s'intéresse pas à lui, son fils. Ce père en blouse blanche, important, sévère dont les patients du curieux hôpital dont il a la charge, meurent par milliers du typhus. Ce père qui chante en compagnie de ses collègues des lieder au cours de soirées charmantes et conviviales. Heureusement, Magnus, l'ours en peluche que Franz-Georg serre souvent contre lui, est là pour l'écouter et recevoir ses inquiétudes, ses interrogations.
Un jour, la panique chamboule la maisonnée et sa vie: ses parents partent précipitamment et une fuite incompréhensible commence pour Franz-Georg, une fuite qui l'amènera en Autriche d'où partira son père vers l'Amérique du Sud pour leur préparer une autre vie. Seulement, son père ne donnera plus jamais signe de vie et sa mère, si élégante et belle autrefois, s'étiolera à attendre, en vain, un signe.
Les années passent, sa mère le confie, à la fin de sa vie, à son frère aîné, le pasteur qui a fui le régime nazi pour gagner l'Angleterre. Une nouvelle vie commence pour Franz-Georg qui doit abandonner son prénom et son nom, connotés: dorénavant, il s'appellera Adam, comme le premier Homme. Magnus, l'ours en peluche fait toujours partie du paysage et provoque d'étranges rêves chez Adam: une sensation de peur intense, une jeune femme qui s'écroule en le protégeant, une odeur de fumée et le noir de la terreur.
Qui peut bien être cette jeune femme? Pourquoi son image est-elle ancrée en lui aussi profondément? Pourquoi ce trou de la petite enfance à la suite duquel il a du tout réapprendre? Franz-Georg/Adam part à la recherche de cette identité en allant, en Amérique du sud, sur les traces de son père. La quête le mènera à se poser d'autres questions et à subir une autre perte de mémoire....il s'appellera Magnus.
De Londres à Vienne en passant par Rome et la France, Magnus cherchera ses origines: dans son délire en Amérique du Sud, il a parlé une langue inconnue qui n'était ni de l'anglais et ni de l'allemand.
Sylvie Germain relate une quête dense, troublante et remplie d'émotion sur l'identité avec un fil conducteur extraordinaire: l'ours en peluche, "à l'oreille roussie", dont le foulard porte ce nom MAGNUS, symbole de l'enfance, lien d'une force inouïe avec le passé perdu recherché sans cesse au cours d'une vie riche en rebondissements....un conte sombre et lumineux qui serpente dans la forêt des sensations perdues. Un conte qui porte le poids de l'Histoire, le poids des horreurs, le poids de l'oubli qui est à deux doigts de la lumière de la mémoire enfin recouvrée. Un conte qui étreint le coeur, qui secoue les consciences par le regard d'un enfant qui ne sait plus d'où il vient ni qui il est parce qu'il pose des questions essentielles. Comment peut-on grandir et devenir un homme qui tienne debout, si toute sa vie n'est qu'illusions et mensonges? Comment être un homme quand un pan entier de sa vie n'est faite que d'incompréhension du monde que l'on côtoie? Comment devenir adulte sans perdre son âme, sans être torturé par l'ignorance de ses origines? En effet, "Magnus" nous parle de ce qui est universel chez l'être humain: l'importance de la filiation (comment comprendre le monde si on ne sait pas d'où l'on vient ni qui l'on est?), de l'amour parental sécurisant, antidote au sentiment d'abandon, socle de l'estime de soi et enfin l'importance de regarder vers l'avant malgré les pans sombres du passé car il est essentiel d'avancer pour continuer à vivre.
Sylvie Germain distille les pistes de compréhension du récit au fil de ses "séquences" "notules" "echo" "résonnances" "fragments" qui construisent le personnage et ses interrogations tout en éclairant le récit par des explications poétiques et en lui donnant une position historique.
"Magnus" est un grand roman, beau, émouvant, poétique, éprouvant et déstabilisant par sa forme et son contenu. C'est l'âme humaine, dans ce qu'elle a de plus beau et de plus sombre qui est ici explorée. Une fois la dernière ligne lue, on reste la gorge nouée, muet d'émotion, l'écho de la quête de soi résonnant longtemps encore!
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   Sylvie Germain - Page 2 EmptyLun 21 Avr 2008 - 21:27

Chatperlipopette a écrit:
premier roman lu de cette auteure et je suis sous le charme aime

"Magnus"



Alors continue Chap' parce que (à mon avis honte ) ce n'est pas son meilleur...Tu ne seras pas déçue par les autres...
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   Sylvie Germain - Page 2 EmptyMar 22 Avr 2008 - 8:34

j'ai "Tobie des marais" et "L'enfant méduse" en attente dans ma PAL...sur les étagères de la bibliothèque cat
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   Sylvie Germain - Page 2 EmptyMar 22 Avr 2008 - 13:05

Chatperlipopette a écrit:
j'ai "Tobie des marais" et "L'enfant méduse" en attente dans ma PAL...sur les étagères de la bibliothèque cat

Tu pourras y ajouter La pleurante des rues de Prague et La chanson des Mal-Aimant...
Je n'ai pas encore lu L'enfant Méduse...
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   Sylvie Germain - Page 2 EmptyMar 8 Juil 2008 - 14:46

Je viens de terminer Jours de colère...
Il me faudra peut-être un temps pour parler de ce roman sublime. Je pèse mes mots...sublime...
En attendant, j'ai hâte tout de même de redire quelques mots sur Sylvie Germain, espérant vous amener, si ce n'est déjà fait, à aborder une oeuvre qui tient une place un peu à part dans notre Littérature. Je mets évidemment le L majuscule au mot Littérature...

De livre en livre lu, j’apprécie chaque fois davantage l’œuvre originale, la voix singulière de Sylvie Germain (romancière, conteuse, essayiste).
Son œuvre est déjà considérable et l’on y retrouve toujours ses préoccupations éthiques, ses interrogations sur le sens de la vie, sur le mal dans l'homme…
Dans ses récits passionnants, elle mêle constamment l’imaginaire et le mysticisme à la réalité la plus concrète de la nature et de la chair et des sens de l’homme. D'où ces histoires, mi-concrètes, mi-sacrées, ces contes envoûtants d’une violence et d’une beauté inouïes à dimension métaphysique mais d’une grande sensualité.
Le mot mysticisme et le mot sacré en arrêtent quelques uns...N'ayez crainte, ils sont élément d'un tout infiniment vaste et n'ont pas du tout chez Sylvie Germain vocation à convertir...

J’admire la puissance créatrice de cette auteure, la densité et la profondeur de ses récits, la puissance et la grâce de son langage poétique (aux accents lyriques parfois), la richesse foisonnante de son vocabulaire, ses extraordinaires compositions picturales.
Et aussi la douceur de sa voix de conteuse qui confronte le lecteur à la noirceur la plus terrible en le guidant toujours vers l’espoir, la beauté, l’amour et la lumière.
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   Sylvie Germain - Page 2 EmptyMar 8 Juil 2008 - 17:04

JOURS DE COLERE

Prix Fémina en 1989.

J’aime que dans notre culture et notre littérature qui ont abandonné la représentation de la vie rurale, Sylvie Germain ait situé ce récit à partir d’un lieu-dit, le hameau du Leu-aux-Chênes dans le Morvan vers Clamecy…Au pays des hommes de la forêt…

"Ils étaient hommes des forêts. Et les forêts les avaient faits à leur image. A leur puissance, leur solitude, leur dureté. Dureté puisée dans celle de leur sol commun, ce socle de garnit d'un rose tendre vieux de million s de siècles, bruissant de sources, troué d'étangs, partout saillant d'entre les herbes, les fougères et les ronces. Un même chant les habitait, hommes et les arbres. Un chant depuis toujours confronté au silence, à la roche. Un chant sans mélodie. Un chant brutal, heurté comme les saisons, - des étés écrasants de chaleur, de longs hivers pétrifiés sous la neige. Un chant fait de cris, de clameurs, de résonances et de stridences. Un chant qui scandait autant leurs joies que leurs colères."

Juste avant la forêt qui le domine, Le Leu-aux-Chênes accroche en montant cinq fermes à la roche. Celles de ses habitants qui vivent de l’exploitation et du travail dans la forêt.
La première en arrivant est la Ferme-du-Pas, celle d' Ambroise Mauperthuis, le patron de tous les autres. Un homme veuf et violent, père de deux fils (Ephraïm et Marceau) dont personne ne sait et n’ose demander comment il est devenu du jour au lendemain propriétaire de ces forêts qui appartenaient à un homme de la vallée, un dénommé Corvol.
Tout en haut du hameau, la Ferme-du-bout, celle des Verselay : Jousé ,un homme bon, Edmée, pieuse et bonne, toute entière dévouée au culte de la Vierge, et leur fille, Reine, Reine-la-grasse, énorme et belle, « son corps comme un royaume». Reine nonchalante et toujours affamée, affamée de tendresse.

Lorsqu ’Ephraïm Mauperthuis rencontre Reine il en tombe aussitôt amoureux. Ambroise Maupertuis avait d’autres projets pour lui : lui faire épouser la fille Corvol et accroître encore sa richesse.
Ni les coups du père en travers de son visage, ni le reniement ni le déshéritement ne feront renoncer Ephraïm à épouser Reine.
Chaque année, pendant neuf ans, au 15 août, Reine mettra au monde un garçon. Neuf garçons soudés, aimants et merveilleux, aux caractères très différents.
Les trois premiers étaient nés le matin, celui du milieu à midi, et les autres le soir.

« Un matin, aux premières lueurs de l’aube, ils se mirent tous les neufs en chemin vers la clairière de Notre-Dame-des-Hêtres. Là ils choisirent treize arbres alignés en arc de cercle sur le pourtour de la clairière, face à la statue. Et ils se mirent au travail. Dans le tronc de chacun de ces arbres ils sculptèrent un ange. Dans le hêtre dressé juste en face de la Madone ils donnèrent forme à un ange aux bras chargés de fruits à la gloire de leur mère, et à sa gauche à un ange aux mains ouvertes, portant son cœur au creux des paumes. C’était là l’hommage rendu par les fils à l’amour que leur père avait toujours porté à Reinette-la-Grasse...Et ils avaient travaillé de telle façon les troncs que lorsque le vent se levait il s’engouffrait dans les trous, dans les plis et les fentes creusées dans le bois. Le vent qui filait à travers la clairière glissait dans la bouche des anges, sifflait au ras de leurs lèvres, entre leurs doigts, entre leurs ailes, dans les plis de leurs robes. Râles et stridences, mugissements et chuintements. La clairière chantait, le vent fredonnait des airs aux accents tantôt vifs, tantôt lents, la lumière ondoyait le long des troncs sculptés, et les arbres vibraient d’avoir été ainsi marqués de l’empreinte des anges. »

Comme Ambroise Maupertuis n’avait pas réussi à se faire obéir de son aîné, il obligea son second fils à épouser la fille Corvol. Un mariage sans amour, homme et femme aussi désespérés l’un que l’autre…Un mariage qui permit cependant la naissance d’ une très belle petite fille, Camille, au caractère bien trempé. Elle fit à l’excès et bien étrangement le bonheur et la fierté de son rude grand’père…Il la tenait bien à l’écart de tous, y compris de Claude et Marceau, ses parents.
Jusqu’au jour où, à l’occasion d’une fête religieuse en forêt, Camille rencontra les neuf frères, ses cousins… Ceux que le grand’père avait reniés et détestait, ceux qu’ils ne considérait plus que comme ses ouvriers…

Je n’en dirai pas plus de cette histoire dont les péripéties sont multiples et tumultueuses.
L’essentiel n’est pas dans mes mots:l’explication et les manifestations du malheur.
Elle est passionnante et éblouissante, cruelle et poétique, violente et tendre, réaliste et imaginaire cette histoire d’une folie dévastatrice née d’un fantasme d’amour…
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   Sylvie Germain - Page 2 EmptyMar 8 Juil 2008 - 19:00

coline a écrit:

Son œuvre est déjà considérable et l’on y retrouve toujours ses préoccupations éthiques, ses interrogations sur le sens de la vie, sur le mal dans l'homme…
Dans ses récits passionnants, elle mêle constamment l’imaginaire et le mysticisme à la réalité la plus concrète de la nature et de la chair et des sens de l’homme. D'où ces histoires, mi-concrètes, mi-sacrées, ces contes envoûtants d’une violence et d’une beauté inouïes à dimension métaphysique mais d’une grande sensualité.
Tu en parles bien Coline, et si je reconnais qu'elle possède une superbe écriture, elle m'éloigne parfois trop de ses personnages à force de mysticisme.
Mais je dois dire que c'est un plaisir de la lire!
Peut-être tenterai-je un jour ce fameux livre...Wink
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   Sylvie Germain - Page 2 EmptyMar 8 Juil 2008 - 19:51

aériale a écrit:
elle m'éloigne parfois trop de ses personnages à force de mysticisme.
Peut-être tenterai-je un jour ce fameux livre...Wink

C'est dommage Aériale...Dans celui-ci il y a certes une famille qui voue un culte à Marie mais ce n'est pas du tout l'essentiel de l'histoire...

Et... oui...vraiment...c'est un plaisir de lire une si belle écriture...

Incipit de Jours de colère:

" Chez les vieux la folie fait la pause. Elle s'immobilise à la façon d'une chouette effraie qu'engourdiraient peu à peu le froid, la fatigue, la faim, au creux d'un arbre sec, jusqu'à la statufier en vague ombre blême clignotant des paupières sur un regard démesuré d'absence et de stupeur. Mais avant de parvenir à cet état de prostration, la foliedoit s'être depuis longtemps faufilée dans le coeur de celui ou celle en qui elle mûrira, et avoir longuement louvoyé dans ses pensées, ses rêves, sa mémoire et ses sens en sautillant ou piétinant, en chantonnant ou bien criant, en ondoyant ou en courant, -selon.
Chez Ambroise Maupertuis la folie était entrée en coup de vent, avait grimpé par bonds puis s'était cabrée en une pose tout arquée de violence. La folie furieuse, comme un éclat de foudre qui se pétrifierait en plein ciel. Une folie qui lui était venue face à une femme qu'il ne connaissait pas, qu'il n'avait vue que morte, poignardée à la gorge, un matin de printemps sur les berges de l'Yonne."
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   Sylvie Germain - Page 2 EmptyMar 8 Juil 2008 - 19:53

Moi j'ai noté La pleurante des rues de Prague Wink
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   Sylvie Germain - Page 2 EmptyMar 8 Juil 2008 - 19:59

kenavo a écrit:
Moi j'ai noté La pleurante des rues de Prague Wink

Extrait:
"On le croyait nôtre, inséparable, d'une indéfectible complicité, ce corps second. On se leurrait. Le voilà qui s'en va, nous renie, nous oublie. Et la douleur pénètre dans chaque pore de la peau, elle s'insinue partout, et la raison, que l'on tâche pourtant d'endurcir, éclate, s'effrite. La raison ne veut plus rien entendre, c'est l'épouvante. On se heurte à l'absence de l'autre, on ne sait plus où aller, où se cacher, où fuir. On s'humilie, on se surprend à épier, éperdument, sa silhouette dans la rue, dans la foule, à sursauter au moindre bruit, comme s'il s'en revenait ; tous les pas sont ses pas. Mais lui, elle, marche ailleurs, si loin de nous, indifférent. On l'accuse, le maudit, l'injurie, mais le pardon déjà se trame au fond de nous. On voudrait mourir, mais on perdure, tendu dans le désir fou de le revoir. Encore une fois, juste une fois, rien qu'une fois. On le hait, mais on l'appelle avec l'immense patience, et douleur et amour des prophètes rappelant leur peuple frivole à la fidélité. On se moque, on médit de l'infidèle, - on blasphème, mais un mendiant recroquevillé au fond de nous lui tend la main, l'implore.

Et l'on s'envole, à cheval sur son nom ; on dérive vers les cimes glacées du silence où se gèlent nos larmes, nos appels. On tremble, on est si nu, on a si froid. On supplie l'autre de venir vêtir notre nudité de son corps. On est si nu, que l'on est écorché, à moitié dépeaussé. On est nu jusqu'au coeur. Et l'on se sent petit, infiniment, laid, tout ratatiné de chagrin et de froid, indésirable à soi-même, à tous, de n'être plus désiré par l'autre.

L'autre qui jamais ne reviendra. "


Un extrait qui n'est pas le reflet de tout le livre...mais qui me touche profondément par sa justesse...
J'ai adoré aussi La pleurante des rues de Prague... Plus onirique que Jours de colère...
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   Sylvie Germain - Page 2 EmptyMar 8 Juil 2008 - 20:12

coline a écrit:
Un extrait qui n'est pas le reflet de tout le livre...mais qui me touche profondément par sa justesse...
J'ai adoré aussi La pleurante des rues de Prague... Plus onirique que Jours de colère...
Merci pour cet extrait.. du moment que tu parlais de lire Sylvie Germain, j'ai lu ce fil.. et je me suis noté ce titre parce que je trouvais qu'il me conviendrait le mieux pour commencer à découvrir l'univers de cette auteure.
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