Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Sylvie Germain

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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   germain - Sylvie Germain - Page 13 EmptyJeu 30 Juil 2009 - 7:19

coline a écrit:
Marie...enfin...toi Marie (puisque tu viens juste de lire et apprécier Magnus) mais les autres aussi...je vous invite à lire La pleurante des rues de Prague...
Tout a fait d'accord.
Ce livre est empreint de douceur. Tel un baume, une agréable lecture pour l'esprit et le coeur.
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   germain - Sylvie Germain - Page 13 EmptyVen 31 Juil 2009 - 23:50

La Pleurante des rues de Pragues

Citation :
Sylvie Germain:
Comment ne boiterait-elle pas, la géante, quand il lui faut porter dans les plis de ses hardes tant et tant de corps disparus, d'hommes et de femmes naufragés, d'enfants aux pieds nus, aux yeux hallucinés, siècles après siècles. Quand il lui faut porter le corps si lourd de l'Histoire, depuis les confins du passé jusqu'à la pointe du présent.

Comment pourrait-elle avoir un visage qui lui soit propre, et même un corps de chair et d'os, Quand sa face n'est faite que de l'effacement de milliards de visages et que son corps n'est fait que des sueurs et des larmes des morts et de tous les vivants.

Comment surtout pourrait-elle se montrer au grand jour, se laisser voir de face et se laisser toucher, alors qu'elle n'est qu'un suaire , sans fin tissé et déchiré, sans cesse enveloppant de nouveaux corps de douleur.
Bulle: Incroyablement ravie de ce livre, du message que Sylvie Germain a voulue laisser.
Chaque apparition à son histoire et son questionnement . Pourquoi est-ce arrivé ainsi . Aurait-il pu être évité. Pourquoi l'humain est si malsain parfois? Pourquoi mourir, simplement pour avoir omis de porter l'étoile jaune.

c'est écrit d'une main de maître.

Citation :
Sylvie Germain :
C'est que sous ses grands airs, l'Histoire pue.
Il conviendrait de le sentir, et il importe de le dire,
pour que l'on sache à quel point la douleur des victimes
fait vraiment mal et que l'on n'oublie pas
qu'une larme pèse un poids gigantesque.
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   germain - Sylvie Germain - Page 13 EmptySam 1 Aoû 2009 - 0:07

Eh bien de mon côté je me suis relu ce soir pour la énième fois La pleurante des rues de Prague...
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   germain - Sylvie Germain - Page 13 EmptySam 1 Aoû 2009 - 0:12

coline a écrit:
Eh bien de mon côté je me suis relu ce soir pour la énième fois La pleurante des rues de Prague...
content

Je crois que je vais aussi le lire souvent. content
Elle touche à tous les sujets ou presque, même de son papa.
Je suis conquise!!!
à bientôt Sylvie Germain content très bientôt même.
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   germain - Sylvie Germain - Page 13 EmptySam 1 Aoû 2009 - 22:44

germain - Sylvie Germain - Page 13 Germai10

Hors champ
(Parution : 20 août 2009)

Aurélien, presque la cinquantaine aime Clotilde, travaille et entretient de bonnes relations avec ses collègues, s’occupe de son demi-frère handicapé Joël et s’entend bien avec Biedronka, sa mère d’origine polonaise. Jusqu’au jour où il semble à Aurélien que les autres ne le remarquent plus, l’évitent jusqu’à l’oublier complètement. Il a l’impression de disparaître au propre comme au figuré. Même Clotilde, elle qui avait émis l’idée d’avoir un enfant de lui, se met à changer d’attitude et l’ignore du jour au lendemain. Seule refuge possible, Aurélien cherche auprès de Biedronka une réponse à sa disparition sociale.

Extrait :

P38 : « Toutes les nuits se ressemblent, et il en va de même avec les jours de la semaine, tous devenus ouvrés, indifférenciés. Les semaines n’ont plus ni commencement ni fin, et chacun suit comme il peut le rythme qui lui est imparti. Aurélien a l’impression d’être en déséquilibre continuel tant dans sa relation à l’espace que dans celle au temps. Du coup, rien ne va plus entre le sommeil et lui, un épuisant jeu de cache-cache et de rendez-vous ratés s’est mis en place. ».


Le récit se découpe en sept jours, un par chapitre. J’ai beaucoup aimé l’écriture, les descriptions de ressentis, l’histoire dans ce malaise et cette terreur qui s’installent. Mon passage préféré est celui du métro (« Aurélien se tient figé au milieu de l’espace empuanti. […] Il attend » (de la page 114 à la page 116).
A présent, je n’ai qu’une hâte, c’est de lire vos lectures de ce texte car je n’ai absolument pas compris la fin ou du moins, j’ai trois lectures possibles mais aucune ne me convient pleinement… Frustration… Frustration…
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   germain - Sylvie Germain - Page 13 EmptyDim 2 Aoû 2009 - 21:21

Nathria a écrit:
germain - Sylvie Germain - Page 13 Germai10

Hors champ
(Parution : 20 août 2009)

A présent, je n’ai qu’une hâte, c’est de lire vos lectures de ce texte car je n’ai absolument pas compris la fin ou du moins, j’ai trois lectures possibles mais aucune ne me convient pleinement… Frustration… Frustration…

Je suis impatiente bien sûr...et en mêmetemps j'ai peur d'être déçue...
Je vais me précipiter dessus dès sa sortie... content
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   germain - Sylvie Germain - Page 13 EmptyLun 3 Aoû 2009 - 10:02

Nathria a écrit:
Le récit se découpe en sept jours, un par chapitre. J’ai beaucoup aimé l’écriture, les descriptions de ressentis, l’histoire dans ce malaise et cette terreur qui s’installent. Mon passage préféré est celui du métro (« Aurélien se tient figé au milieu de l’espace empuanti. […] Il attend » (de la page 114 à la page 116).
A présent, je n’ai qu’une hâte, c’est de lire vos lectures de ce texte car je n’ai absolument pas compris la fin ou du moins, j’ai trois lectures possibles mais aucune ne me convient pleinement… Frustration… Frustration…
Ce que tu résumes à la fin de ton post correspond à ce que j'ai éprouvé à la suite de Magnus Nath! L'écriture de Sylvie Germain est superbe, on ne peut le nier, mais parfois elle nous laisse trop dans le flou et ça me dérange un peu...

Ceci dit j'ai hâte de la relire. Je tenterai celui-ci Very Happy
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   germain - Sylvie Germain - Page 13 EmptyLun 3 Aoû 2009 - 17:18

aériale a écrit:
Ce que tu résumes à la fin de ton post correspond à ce que j'ai éprouvé à la suite de Magnus Nath! L'écriture de Sylvie Germain est superbe, on ne peut le nier, mais parfois elle nous laisse trop dans le flou et ça me dérange un peu...

Ceci dit j'ai hâte de la relire. Je tenterai celui-ci Very Happy

Cette impression de flou dont tu parles je l'ai ressentie pour Magnus et pour L'Inaperçu. Je suis restée un peu sur ma faim, une impression d'inachevé. Cependant j'ai beaucoup aimé ces deux livres. Les autres romans que j'ai lus d'elle m'ont semblé bien plus abouti.
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Marko
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   germain - Sylvie Germain - Page 13 EmptyLun 3 Aoû 2009 - 20:34

Vu à Avignon avec Coline et lu ensuite tellement j'étais complètement envouté:

La pleurante des rues de Prague

Autant je commence à saturer lorsqu'elle entre dans une transe lyrique et poétique à partir de récits issus du quotidien (j'ai eu récemment une impression de trop plein avec Immensités et un peu aussi avec Magnus), autant elle est fabuleuse (dans tous les sens du terme) quand elle aborde l'allégorie et les histoires mythologiques (en fait l'essentiel de son oeuvre depuis son premier roman et surtout dans la trilogie: Jours de colère, L'enfant méduse et Tobie des marais).

Avec la pleurante on est dans un récit de pur enchantement. Cette géante immatérielle nait de la plume même de l'écrivain(e) (magnifique idée), pénètre dans les pages du livre et s'incarne comme une émanation flottante de la mémoire (celle de Sylvie Germain d'abord qui évoque notamment, dans un passage bouleversant, la mort de son père). Elle est une idée poétique qui dessine les contours d'une souffrance individuelle puis à travers elle de toute la collectivité.

A partir de ce principe singulier, Sylvie Germain donne naissance à des apparitions incroyablement intenses et physiques, magnétiques même. Sensation que je n'avais pas éprouvée depuis Hyacinthe de Bosco.

Et quand un cygne s'anime de violents mouvements d'ailes et fusionne avec la géante dans une transe littéralement extatique, on atteint à un degré de poésie absolument sidérant. La comédienne dans la représentation d'Avignon (voir fil de Coline sur le festival) en donne une interprétation remarquable et bouleversante.

Citation :
Soudain l'un des cygnes qui dormait non loin d'elle s'ébroua de son sommeil, se leva, fit quelques pas dandinants et déploya ses ailes.
Lorsqu'il s'envola il traversa le corps de la géante demeurée jusque-là immobile. Avec ses ailes grandes ouvertes, son corps puissant, il traversa en plein dos cette femme de brume et de buée. Alors le cygne parut un instant illuminé, sa blancheur prit l'éclat du givre et, au lieu de se poser sur le fleuve, il s'éleva très haut et resta un moment dans l'air, la gorge bombée, les ailes arquées et le cou droit tendu vers le ciel. Il émit un cri rauque puis redescendit vers l'eau mais ne s'y posa pas encore; il se mit à courir sur l'onde qu'il frappait de ses pattes à grande vitesse tout en battant avec force de ses ailes. Il semblait danser, en proie à une extrême exaltation comme dans la fougue du désir, et sa danse n'avait rien de la grâce légendaire impartie à sa race.
Sa danse était brutale, ses coups d'ailes saccadés et sonores, et son cou se tordait plutôt qu'il n'ondulait. Sa danse était sans grâce ni finesse, mais belle d'une rude et austère beauté. Vraie beauté de sa race.

Il dansait, le cygne, il dansait au ras de l'eau, à fleur de nuit, au coeur de la ville, si proche des humains et cependant si étranger; il dansait, touché au plus profond de sa chair animale, de sa chair de vivant, par un émoi bien plus puissant, bien plus troublant encore que celui du désir. C'était l'émoi d'avoir traversé le corps de la géante immatérielle, son torse de pleurante séculaire. C'était l'émoi d'avoir senti s'irradier en lui le mystère de la pitié, - de la pitié pour toute chair de vivant, qu'elle soit d'homme ou d'animal. C'était le fol émoi d'appartenir à la communauté des vivants, toutes races mêlées.
Il dansait, le cygne, il dansait comme danse un sorcier qui incante la pluie, le soleil, la fécondité de la terre. Et il n'était ni mâle ni femelle, et pas même oiseau; il était, en cet instant, un vivant, rien qu'un vivant ébloui par l'obscure splendeur de la chair, par le chant sourd de son propre sang. Un vivant ivre de sentir battre en lui le pouls de la vie, la vigueur du présent. Il incantait la nuit, l'étoile, toute la ville, en trépidant sur le fleuve dont il martelait l'eau à coups d'ailes.
Et l'étoile tremblait, dans le ciel et sur l'eau, comme une bouche où point le mot, longtemps mûri et réfléchi, d'une bénédiction. Et l'étoile brillait, comme une lèvre où luit le mot, profond mûri et fécondé de patiente pensée, d'un aveu d'amour et de fidélité.
Enfin le cygne se calma, il retomba sur l'eau et s'y laissa glisser. Il s'éloigna, plein d'indolence, porté par le courant.
La géante avait disparu. Les autres cygnes et les canards dormaient paisiblement le long des berges. De nouvelles étoiles scintillaient dans le ciel.

Un (court) texte à ne pas manquer!
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   germain - Sylvie Germain - Page 13 EmptyLun 3 Aoû 2009 - 20:46

Merci d'en parler aussi bien...et de raviver ce magnifique souvenir de théâtre content
Quel monument cette Pleurante des rues de Prague!...(129 pages)
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   germain - Sylvie Germain - Page 13 EmptyMar 4 Aoû 2009 - 12:54

aériale a écrit:
Ceci dit j'ai hâte de la relire. Je tenterai celui-ci
Oui, oui, le texte et la réflexion sont intéressants, il ne faut pas hésiter!

Je n'ai pas lu la pleurante, je vais jeter y un oeil!
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   germain - Sylvie Germain - Page 13 EmptyMar 4 Aoû 2009 - 21:52

Nuit-d'Ambre

Encore un roman foisonnant d’événements et de personnages. Il est la suite du Livre des nuits. La suite de la saga de la famille Péniel. Donc le deuxième roman écrit par Sylvie Germain.

« Non, le livre ne se refermait pas.
[…] Le livre des noms d’arrachant à l’oubli , au silence. Le livre des nuits volées en éclats et qui, page à page, pas à pas, reprenait encore une fois son errance. A contre-terre, à contre-ciel.
[…]Il repartait une fois encore, de son pas d’homme au cœur têtu. A contre-nuit. »


Dans ce roman, le patriarche du clan Péniel, Nuit-d’Or-Gueule-de-loup, vit encore à 100 ans. Mais « il est mort à sa mémoire, mort de trop de mémoire. Mémoire défigurée par la douleur, à jamais saccagée par la fureur d’un nom. Sachsenhausen. » Le nom du camp où moururent sa femme bien-aimée, Ruth, et leurs enfants. Il en est resté inconsolable. Il vit avec sa dernière femme, l’étrange Mahaut qui est revenue un jour d’Asie.
« Ce n’était pas l’amour qui les liait, pas même du désir, mais un commun sentiment d’absence au monde, d’exil hors de tout, de tous et de soi-même. »

Mais je vais centrer mon commentaire sur celui qui portera le surnom de Nuit-d’Ambre, le petit-fils du patriarche : Charles-Victor.

Je n’ai encore pas lu de roman de Sylvie Germain aussi noir. Celui-ci est placé sous le signe du Mal. Par les échos des guerres encore (la guerre d’Algérie notamment) et par la terrible histoire de Nuit-d’Ambre, l’histoire d’un assassin.

Le récit nous fait cheminer avec lui jusqu’à l’horreur.
Je choisis pas mal de passages qui expliquent comment il y est amené et qui permettent aussi d’apprécier l’ écriture que je trouve merveilleuse de Sylvie Germain.

Alors que Charles-Victor avait cinq ans, des chasseurs ont rapporté à la maison le corps de son frère, abattu par erreur. Dès lors, « La nuit qui, par le cri de sa mère un soir de septembre s’empara de son enfance, ne le quitta plus. »

« Car il fut terrible le cri de la mère, lorsqu’on lui rapporta le corps de son fils. Son fils premier-né. L’enfant de sa jeunesse, conçu un jour de pluie et de peau merveilleusement nue. Celui qui battait le tambour de l’attente, du temps où l’ennemi occupait leur terre, et retenait le père si loin de là.[…] Le petit compagnon qui inventait l’espérance et la joie en pleine latitude-guerre. […] Petit-Tambour. »

« Et lui, Charles-Victor, le second fils, resta planté tout seul avec ses cinq ans devenus soudain plus lourds qu’un cent d’années. Tout seul, abandonné, trahi.
Ca il venait en un instant d’être trahi par tous. Le frère mort, la mère folle, le père en larmes. Nul n’avait donc souci de lui ?
[…] Il les haïssait tous à perdre la raison.»

« Cri et nuit l’avaient arraché à son enfance, détourné de sa filiation, frappé de solitude. »


« Il voulait être seul, radicalement seul. Il devait aller jusqu’au bout de cette solitude dans laquelle les siens venaient de le jeter, de l’oublier. »

Désormais, il va repousser toute tendresse, tout amour et toute amitié.

« Il détestait les sentiments, se méfiait de tous et de tout. […] Ils font semblant d’aimer pour mieux laisser tomber après. Moi, on ne m’aura plus. » disait-il.

Il se donna le titre de « Prince-très-sale-et-très-méchant » pour investir ses terres et « fonder son règne d’enfant trahi, sauvé de l’abandon par la révolte et la colère. »

Ses terres ? Une ancienne usine bombardée, un blockhaus rempli de détritus, une galerie parcourue de rails où stationnait une vieille draisine, des WC au fond d’un terrain vague à un endroit où il y avait eu, avant la guerre, un bistrot.
Sa compagne de jeu est une petite gitane, sauvage comme lui. Il l’appelle Lulla-ma guerre
.
Une petite soeur lui arrive, conçue « dans les larmes du père, dans un lit de détresse, hors désir. »
La mère « qui s’éloignait chaque jour un peu plus hors d’elle-même » est comme étrangère, indifférente à cette enfant venue avant-terme, l’irréveillée.

Quand l’enfant finit par ouvrir les yeux, Charles-Victor la veut pour lui et lui donne le nom de Baladine. Il veut devenir son maître et l’ensauvage. Heureusement Baladine a un domaine auquel son frère n’a pas accès : « La musique était sa zone franche. »

Répudiant sa terre, Charles-Victor part étudier la philosophie à Paris.
Celui qui s’appelle maintenant Nuit-d’Ambre-Vent-de-feu fait des belles rencontres, mais elles ne deviendront jamais ni des amitiés ni des amours. Il en est incapable.
Ces rencontres vont le troubler et le renvoyer à sa douloureuse mémoire.

« Le prochain qui me rouvre cette plaie de mémoire, je le tue. Quel qu’il soit, je le tue ! »

Voilà…Il ne voit pas d’autre issue : « commettre un meurtre afin d’en finir avec son passé, sa mémoire, ses tourments- afin de tordre définitivement le cou à toute forme de pitié et même de sentiment en général. »

« Tuer, pour se libérer de tous et de tout, et de lui-même. Tuer, pour exister enfin en toute liberté, -hors la loi. »

« Alors il accomplirait son œuvre de meurtre- son œuvre de libération par laquelle, d’un même geste, il trancherait enfin ces liens obscurs qui l’enchaînaient encore à sa vieille blessure et par là-même tous les liens le rattachant encore aux autres. »

Au printemps, il devait remettre sa thèse. Une étude consacrée au concept de trahison. « Le thème sur lequel s’était construit sa vie. »

Mais au printemps de cette année-là « La ville s’emportait, -contre tout. Elle entrait en colère, appelait à l’émeute ».

« Sous les pavés, la plage. Sous l’oubli, - le déni, - la mémoire. »

« Sous le crime, la vraie vie. »

La victime sera un garçon pur, au grand cœur qui croyait Nuit-d’Ambre son ami.
« Il déconcertait Nuit-d’Ambre ; il lui présentait un double inversé de lui-même, un curieux négatif. Cette semblable blessure qui les avait marqués tous deux dès l’origine s’était faite soumission, tendresse et humilité chez l’un, révolte, colère et orgueil chez l’autre. »

Un massacre eut lieu.
"Le rôle de Nuit-d’Ambre, dans cette mise à mort dont il fut l’instigateur, ne fut même pas celui de l’assassin ; - pire, peut-être, il eut le rôle de celui qui livre. Le rôle le plus bas, le plus abject. Celui du traître. »

Je vous rassure, je suis loin d’avoir tout dit de cette histoire cruelle et ne dévoilerai pas comment elle se termine. Elle est terrible mais traversée par des personnages lumineux, de la famille de Nuit-d’Ambre, ou de ses rencontres.

On retrouve comme toujours les références à la Bible et aux mythes (ici Orphée, Chronos…).
La poésie dans ce roman se teinte souvent de violence.
Sylvie Germain questionne, mène forcément à la réflexion. Dieu, la guerre, le mal, le poids du leg en chacun des générations qui l’ont précédé…
Elle n’épargne au lecteur nulle violence et sait aussi le mener, avec ses personnages, vers une douceur…et en dépit de tout, une espérance…
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   germain - Sylvie Germain - Page 13 EmptyMar 4 Aoû 2009 - 21:59

Il me reste donc à enchainer Le livre des nuits et Nuit d'Ambre... Mais je fais une petite pose avec Sylvie Germain pour ne pas saturer de sa prose lyrique. Elle me fait penser à Patrick Grainville dont je viens de lire La Diane Rousse qui est foisonnant, brillant, hypnotique mais qui finit par asphyxier. A petite dose donc...
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   germain - Sylvie Germain - Page 13 EmptyMar 4 Aoû 2009 - 22:11

Marko a écrit:
Il me reste donc à enchainer Le livre des nuits et Nuit d'Ambre... Mais je fais une petite pose avec Sylvie Germain pour ne pas saturer de sa prose lyrique. Elle me fait penser à Patrick Grainville dont je viens de lire La Diane Rousse qui est foisonnant, brillant, hypnotique mais qui finit par asphyxier. A petite dose donc...

Oui, fais une pause..Tu as raison...Je devrais en faire une moi aussi... content
Ce dernier roman lu , je n'arrivais pas à le lâcher et pourtant quelle violence!... Sa prose est envoûtante...
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   germain - Sylvie Germain - Page 13 EmptyMar 4 Aoû 2009 - 22:15

coline a écrit:

Oui, fais une pause..Tu as raison...Je devrais en faire une moi aussi... content

Tu vas avoir du mal laugh
As-tu son livre sur Vermeer "Patience et Songe de Lumière" . ça devrait faire une bonne pause un peu plus calme...
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   germain - Sylvie Germain - Page 13 Empty

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