Philip Roth

J'en suis à seulement la 80ème page de la tâche et sur le point d'arrêter. Je me dis va voir ce que raconte les parfumés, des fois que.
et plein de remarques intéressantes, et une qui vraiment me fait dire que je vais persévérer, c'est celle d'epi, qui rejoint beaucoup mon ressenti sur ces premières pages :

Epi a écrit:

Cette histoire m’a ennuyée d’abord. L’histoire de Coleman n’accroche pas, elle irrite, elle lasse. Le personnage ne suscite aucune émotion. On se fiche éperdûment de son prétendu problème. Sa liaison même avec Faunia, une femme beaucoup plus jeune, illettrée, n’apporte pas plus d’intérêt. L’histoire de cette femme aussi d’ailleurs est plutôt ennuyeuse. Mais on continue de lire parce qu’il y a quelque chose qui retient l’attention. Qu’est-ce exactement ? Difficile de mettre le doigt dessus. Une façon de décrire cette Amérique sans complaisance, avec lucidité mais aussi avec une certaine fierté et affection ? Peut-être, mais cela ne suffit pas.

J'attends donc ce moment déclic !

Epi a écrit:

La Tache-Et puis à un moment le déclic. Enfin, il se passe quelque chose, quelque chose de très fort auquel on ne s’attendait pas. L’écriture aride, sèche, impersonnelle cède enfin à l’écriture-émotion. C’est l’histoire de Les qui commence. Ce passage n’est que révolte et rage, il est vivant. Les a la parole et tout explose. Moment incroyablement fort. Les le vétéran du Vietnam, le vilain qui a du mal à vivre depuis son retour de l’enfer.
[...]
Le sujet est traité avec empathie et sensibilité. On oublie Coleman et ses petites misères. Le rythme s’accélère, la lecture est différente. Voilà, on est piégé.

Oh oui, persévère encore un peu Queenie, j'espère que le moment où tu n'auras plus envie de le lâcher va arriver bientôt. Fais le au moins pour Les, il le vaut bien (encore plus beaucoup plus loin dans le livre où Roth lui réserve beaucoup beaucoup de place)

et dire que c'est un personnage qui m'a fait l'effet inverse

j'attends avec impatience tes impressions Queenie

animal a écrit:

et dire que c'est un personnage qui m'a fait l'effet inverse

j'attends avec impatience tes impressions Queenie

Oh non Animal tu es en train de casser tout mon truc là !
Non, sincèrement Queenie, Les vaut le détour, Roth a vraiment traité le sujet des vétérans du Vietnam avec beaucoup de sensibilité et lorsqu'il donne la parole à Les, c'est tout simplement très puissant, ça retourne les tripes, c'est bouleversant.

Bon, j'arrête et je laisse Queenie découvrir toute seule

Epi, je suis derrière toi pour Philip Roth! Ceci dit, je me demande s'il n'y a pas un âge pour aimer cet écrivain..?

Marie a écrit:

Epi, je suis derrière toi pour Philip Roth! Ceci dit, je me demande s'il n'y a pas un âge pour aimer cet écrivain..?

Ah merci pour le soutien Marie, je me sens moins seule

Ta remarque est pertinente, je n'avais pas pensé à ça mais effectivement, c'est peut-être bien le cas. Je pense tout de même que Queenie devrait persister dans sa lecture

Je m'étonne moi-même de défendre autant ce livre alors que j'étais vraiment réservée au début. Ce que je veux dire c'est qu'on peut arriver à adorer quelque chose qu'on a vraiment rejeté au départ, je trouve ça assez formidable.

Bon cette fois je ne dis plus rien, promis

peut être pour l'âge, je bloque un peu sur le même ordre d'idée qu'avec TC Boyle sans doute et l'impression d'auteur "qui sait tout", réducteur et étrange.

il y a des choses bien (autre que le personnage de Les) quand on avance dans le livre, de bons passages même (pour un animal)

(et des choses intéressantes tout court).

animal a écrit:

il y a des choses bien (autre que le personnage de Les) quand on avance dans le livre, de bons passages même (pour un animal)

(et des choses intéressantes tout court).

Ah oui, oui, bien sûr, il y a énormément de choses bien dans ce livre mais si je parlais plus particulièrement de Les, c'est parce que c'est à partir du passage le concernant que j'ai vraiment commencé à m'intéresser au reste, tout simplement parce que Roth m'a paru alors plus humain.

Arrêtez moi, censurez moi, j'ai dit que j'arrêtais et je n'y arrive pas, comme quand on commence à manger des smarties. Je ne vais plus lire ce fil, c'est mieux

Epi a écrit:

Arrêtez moi, censurez moi, j'ai dit que j'arrêtais et je n'y arrive pas, comme quand on commence à manger des smarties. Je ne vais plus lire ce fil, c'est mieux

et moi je ne trouvais jamais Roth aussi intéressant que maintenant

En fait, bon attention, je vais faire un gros effort là pour être claire , ce que j'aime chez Philip Roth, c'est son intelligence. L'intelligence du recul. Je ne veux pas dire que d'autres ne le sont pas... mais que son intelligence à lui me parle plus. Et sans doute à cause de mon propre recul. Quand dans Pastorale américaine Roth me conduit à réfléchir à ce que deviennent nos enfants, ce n'est certainement pas quelque chose que j'aurais pu comprendre sans en avoir. De même pour le vieillissement et la maladie dans Un homme. Je mets au défi quiconque d'entrer en empathie avec un texte comme Un homme sans avoir lui même connu la maladie... Et il a le pouvoir, tout doucement, d'introduire les idées. Qui font que l'on s'arrête et que l'on repense certaines choses de notre propre vie. Quand on dit de Roth, que c'est un écrivain " masculin", ou " égocentrique", j'ai toujours envie de répondre, ben oui, c'est un homme, et il parle de lui, de ce qu'il vit et de ce qu'il éprouve et il a le talent de le mettre en mots et d'accéder à l'universel.
De même pour l'histoire récente des Etats Unis! J'ai épousé un communiste, par exemple, était pour moi un chef d'oeuvre sur toute la période du Maccarthysme! et puis de la chasse aux sorcières de tous temps et en tous lieux, et c'est là qu'il atteint l'universel.

Marie a écrit:

Et il a le pouvoir, tout doucement, d'introduire les idées. Qui font que l'on s'arrête et que l'on repense certaines choses de notre propre vie. Quand on dit de Roth, que c'est un écrivain " masculin", ou " égocentrique", j'ai toujours envie de répondre, ben oui, c'est un homme, et il parle de lui, de ce qu'il vit et de ce qu'il éprouve et il a le talent de le mettre en mots et d'accéder à l'universel.

C'est tout à fait ça, tu dis très clairement ce que j'ai ressenti. Je n'ai vécu en aucune manière ce qu'ont vécu ses personnages mais leur histoire est universelle parce qu'elle va au-delà, l'histoire même est anecdotique, ce qui compte, ce sont les réactions à une situation difficile qui met en danger sa propre intégrité, voire sa vie ou la direction qu'elle peut prendre selon le choix que l'on fait à un moment donné. Bon, là c'est moi qui ne suis pas très claire. Demain il fera jour, Marie, tu exagères

Si, c'est très clair! Il est très sensible à la fragilité de la vie, Philip Roth, peut être parce qu'il est juif, je ne sais pas..
C'est très bien dit dans Le complot contre l'Amérique!
Mais il fait jour, Epi

En fait, c'est idiot ce que je viens de dire.. il est coscient de la fragilité de la vie parce qu'il est lucide,plus que bien d'autres, et il est peut être plus lucide parce qu'il est juif, et c'est là où je ne sais pas.
J'ai bien regardé, il fait jour ici.

Marie a écrit:

J'ai bien regardé, il fait jour ici.

Je crois que si je continue, je vais bientôt voir le jour se lever ici Mais je serais là demain