Philip Roth

Marie "

Citation :

Et il a le pouvoir, tout doucement, d'introduire les idées.

C´est justement la raison pour laquelle Roth est un des ecrivains qui me deçoit rarement.
Dans le fond l´histoire du roman m´importe peu. Mais je veux trouver du neuf, sous forme d´idées nouvelles ( pas ce que l´on rabache partout, ni ce qui est dans l´air, ni le politiquement correct ni ce que l´on trouverait dans les magazines). J´ai bien fit DU NEUF, et ce n´est pas si facile de surprendre le lecteur avec des idées audacieuses qui lui etaient jusqu´alors inconnues.

Après avoir lu Marie et Epi, Animal et Swallow, je n'ai qu'une envie lire d'autres livres de Roth (je n'ai lu que la tâche)

Bonjour, j'ai découvert P. Roth assez tard. Je n'ai pas lu ses premiers romans. J'ai commencé directement par Pastorale américaine, J'ai épousé un communiste, La tâche et La bête qui meurt. J'ai lu sur des blogs que ce n'était pas facile à lire. Ce n'est pas vrai (à mon avis). L'écriture est somptueuse, c'est un très grand romancier.

La Tâche. C'est assez horrible, je lis je lis et je pense
complètement à autre chose, je m'aperçois que j'ai tourné 2-3 pages
mais que je ne sais même pas ce que j'ai lu.
Ce livre ne parvient décidemment pas à me passionner au point de "couper du monde"...

Je commence à comprendre ce qui "cloche" entre lui et moi. Trop... "journalistique"... l'impression qu'il avait TOUT nous dire Roth, toutes les anecdotes possibles et imaginables, toute l'histoire des noirs à travers Coleman Silk. Et il ne fait QUE dire. Une suite d'évènements, de dates, de lieux, de personnes...
ça manque de vie, de chair, d'éclats, de quelque chose de vicéral. Enfin, je trouve.
Il s'éparpille tant à vouloir tant dire que je suis toute embrouillée et n'ai plus envie de rien suivre.

Queenie a écrit:

La Tâche.
Je commence à comprendre ce qui "cloche" entre lui et moi. Trop... "journalistique"... l'impression qu'il avait TOUT nous dire Roth, toutes les anecdotes possibles et imaginables, toute l'histoire des noirs à travers Coleman Silk. Et il ne fait QUE dire. Une suite d'évènements, de dates, de lieux, de personnes...
ça manque de vie, de chair, d'éclats, de quelque chose de vicéral. Enfin, je trouve.
Il s'éparpille tant à vouloir tant dire que je suis toute embrouillée et n'ai plus envie de rien suivre.

Il me fait exactement le même effet, j'ai lu deux livres de lui avec cette impression, il m'en reste un sur mes étagères, juste pour voir si ce sera pareil, mais je le crains cet auteur n'est pas pour moi. Ca arrive.

Queenie a écrit:

La Tâche. Je commence à comprendre ce qui "cloche" entre lui et moi. Trop... "journalistique"... l'impression qu'il avait TOUT nous dire Roth, toutes les anecdotes possibles et imaginables, toute l'histoire des noirs à travers Coleman Silk. Et il ne fait QUE dire. Une suite d'évènements, de dates, de lieux, de personnes...
ça manque de vie, de chair, d'éclats, de quelque chose de vicéral. Enfin, je trouve.
Il s'éparpille tant à vouloir tant dire que je suis toute embrouillée et n'ai plus envie de rien suivre.

Tu n'as pas tort, j'ai eu à certains moments cette impression aussi. Pourtant, il y a quelque chose... de plus que ça... sisi

J'ai abandonné La tâche, j'ai l'impression de perdre mon temps, et j'ai trop de livres qui m'attendent.

Je fais totalement confiance en Queenie sur ce coup là

sentinelle a écrit:

Je fais totalement confiance en Queenie sur ce coup là

Je dirais que ça t'arrange plutôt bien oui
Je me sens vraiment désolée pour vous les filles mais je me dis que ce n'est pas grave, vous êtes jeunes et avez encore le temps de réparer

Je viens de termine "Un homme" , très particulier, au début très morbide puis on s'y habitue. Finalement c'est une vue aiguë de notre condition de pauvres mortels.
Alors que je ne me souviens guère de "Portnoy", peut-être avais-je même abandonné sa lecture en cours, j'ai finalement beaucoup aimé celui-ci.
Vue sans concession de ce que nous sommes, malgré tout ce que nous nous complaisons à croire de nous-mêmes. Des êtres avec des faiblesses aussi, voués à la maladie, à la décrépitude et la solitude qui peut l'accompagner et finalement à la mort. Beaucoup passent leur vie à vouloir l'oublier : au début, naturellement, car - jeune - on se croit immortel, puis par confort et peur c'est alors une pensée qu'on évite .
L'âge venant on est amenéà l'envisager mais bien souvent on garde cela pour soi, aux heures sombres.
Ici c'est dit et j'ai trouvé que finalement c'est presque salutaire, en tout cas dédramatisant.
Et puis, j'ai beaucoup apprécié la magnifique dernière demi-page que Stell A a citée, page 3 de ce fil.

"II entra un mercredi matin de bonne heure, pour se faire opérer de l'artère carotide droite. Le cérémonial avait été exactement le même que pour l’opération de Ia carotide gauche. II attendit dans l'antichambre vitrée avec tous les candidats à l'intervention, I'appel de son nom. Et dans sa chemise d'hôpital impalpable, ses pantoufles en papier, il fut conduit par une infirmière en salle d'opération. Cette fois, quand l'anesthésiste masqué lui demanda s'il voulait une anesthésie locale ou générale, il demanda la générale, pour rendre cette intervention plus supportable que la précédente.
Les paroles prononcées par les os l'avaient rendu allègre, insubmersible. De même que son triomphe de haute lutte sur son propre marasme. Plus rien ne pourrait éteindre la vitalité de ce gamin dont le petit corps-torpille fuselé, immaculé, avait jadis chevauché les grosses vagues atlantiques, dans l'océan déchaîné, à cent mètres des grèves. Oh, quelle ivresse ! I'odeur de l'eau salée, la brûlure du soleil ! La lumière du jour, la lumière qui pénétrait partout, jour après jour d'été, la lumière du jour, brasillant sur la mer vivante, trésor optique si vaste, d'une valeur si astronomique, qu'il croyait voir sous la loupe de son père, gravée à ses initiales, la planète elle même, parfaite, précieuse, sa demeure, ce joyau d'un million, d'un billion, d'un trillion de carats, la Terre ! Il coula sans venir voir le coup, sans jamais pressentir I'issue, avide au contraire de s'assouvir encore, mais il ne se réveilla pas. Arrêt cardiaque. II n'était plus. Affranchi de l'être, entré dans le nulle part, sans même en avoir conscience. Comme il le craignait depuis le début."

Merci pour ce commentaire Monilet et cet extrait. J'ai laissé ce livre dans un coin de la bibliothèque et tu me donnes envie de le reprendre.

De rien, c'est bien naturel, Cachemire.
Bonne lecture.

Un homme

Je l’ai trouvé touchant, moi, ce vieil homme. Sans doute, plus jeune, il m’aurait agacée : volage, inconsistant, laissant ce qu’il a entre les jambes guider son destin. Il quitte les femmes et elles l’abandonnent : fuir le bonheur de peur qu’il se sauve ? Il reconnaît son choix pour la facilité, le mensonge et les faiblesses. C’est un homme, juste un être humain. Et puis, la vieillesse, la maladie, le corps qui lâche, le sien, celui des autres. L’écart se creuse entre la volonté de vivre et l’abandon des possibilités physiques. Le combat pour la vie se durcit alors que les moyens de lutter s’amenuisent… Un très beau ressenti de lecture pour ma part…

Extraits choisis :

P 125 : « Tandis que le mensonge, le mensonge n’est qu’une manipulation minable, une manipulation méprisable de l’autre. On regarde l’autre agir selon des informations incomplètes autrement dit s’humilier. C’est tellement banal le mensonge, et en même temps, quand on te ment, tu n’en reviens pas. Les gens que vous bafouez, vous les menteurs, avalent tellement de couleuvres qu’ils finissent par baisser dans votre estime, malgré vous, n’est-ce pas ? Je suis sûre que les menteurs sont si habiles, si tenaces, si fourbes que c’est la personne à qui ils mentent qui finit par leur sembler sérieusement limitée. Vous en arrivez sans doute à oublier que vous mentez- ou alors vous vous dites que c’est un pieux mensonge, commis par gentillesse, pour épargner votre compagne asexuée. »

P157 : « S’il avait connu la souffrance mortelle de chaque homme, de chaque femme croisés pendant sa vie active, s’il avait connu leur douloureux parcours fait de regret, de deuil, de stoïcisme, de peur, de panique, de terreur, s’il avait découvert toutes les choses auxquelles ils avaient dû dire adieu alors même qu’elles leur étaient si vitales, s’il avait connu le détail de leur destruction en règle, il lui aurait fallu rester au bout du fil toute la journée et une partie de la nuit, à passer encore une centaine d’appels. Ce n’est pas une bataille, la vieillesse, c’est un massacre. »

J'ai lu votre discussion au sujet de Ph.ROTH.
Il y a quelques années de cela,, j'avais acheté "le Théâtre de Sabbath" de Ph. Roth pour ma mère....elle a commencé le roman et l'a abandonné étant assez déroutée par l'écriture (surtout les conversations téléphoniques en italique). A l'époque, je n'avais vraiment pas le temps de le lire mais d'autres de la famille ont essayé et même résultat: abandon

Bref, je me suis dite que j'avais très mal choisi mon cadeau mais ça a déteint sur mon envie de lire le Théâtre de Sabbath; le livre est resté sur l'étagère de ma bibliothèque et attend.

Au vu d'un tel échec à la lecture, je me suis dite que peut-être je devrais commencer à lire Roth avec un autre roman et là, je suis tombée sur des personnes qui comme vous sont assez partagés: soit c'est génial, soit c'est pas terrible.

Je voulais donc demander si quelqu'un avait lu le Théâtre de Sabbath ? Quelle première lecture me conseilleriez-vous? la Tache qui a l'air de plaire à plus d'un ?

Cliniou a écrit:

Je voulais donc demander si quelqu'un avait lu le Théâtre de Sabbath ? Quelle première lecture me conseilleriez-vous? la Tache qui a l'air de plaire à plus d'un ?

J'ai lu Théâtre de Sabbath.. et c'est en effet pas le livre pour entrer dans le monde de Philippe Roth..
Je dirais - si on connaît son écriture, si on aime le genre de ses histoires - c'est une lecture qui est à faire.. mais pour débuter.. non, plutôt pas..

Je ne suis pas LA grande adepte de Philippe Roth donc je ne pourrais te dire lequel choisir.. mais je pense qu'avec La Tache tu vas avoir une lecture qui va te donner la possibilité d'accès et si cela se trouve tu vas découvrir un bon moment de lecture..

et si tu veux vraiment lire un bon auteur américain, tu choisis un livre de John Updike